Que signifie être riche ? Savoir se contenter de peu....
Constantinople, reine des villes, belle aux sept collines !....Couchée sur deux continents , la poitrine découverte, elle s'offre au borée qui se lève de la mer Noire et et au notus qui souffle de la mer de Marmara. Et l'on croit voir les deux courants contraires rivaliser d'assauts pour la conquérir. L'Orient et l'Occident bataillent , levant des gerbes d'écume, tournoient dans le grand tourbillon à la pointe de Sarayburnu, au pied de Sainte Sophie, au cœur de la ville.
(...) des mains faites pour bénir et pour être embrassées; des mains qui sentent l'encens et le mahaleb ; des mains faites pour offrir (...) Des mains faites pour tenir un nouveau-né. (...)
Des générations entières ont grandi entre ces mains; Les petits frères de Loxandra que sa mère lui laissa en mourant. (p. 10)
La nourriture, pour les Orientaux, est un sujet capital. Confucius, paraît-il, divorça de sa femme "parce que le riz n'était jamais assez blanc et qu'elle découpait mal la viande" et il se mit en quête d'une femme au palais plus délicat, qui devint sa seconde épouse, car "notre sort, disait-il, ne dépend pas des dieux, mais de ceux qui apprêtent notre nourriture" (p.20)
Notre-Dame de Baloukli les partageait tous, ses secrets, comme elle avait partagé ceux de sa mère, de sa grand-mère, de son arrière grand-mère. Cela faisait tant d'années que l'icône voyageait dans sa famille, passant de main en main, avant que Loxandra la reçoive à son tour, toute changée d'or et d'argent, de prières et de larmes...(p. 13 /- Actes Sud, 1994)
Qui, parmi les Grecs de Turquie, a pu retenir ses larmes en arrivant en Grèce et en écoutant l'hymne national , chanté en toute liberté ? En lisant pour la première fois sans se cacher un journal d'Athènes ? (p. 194 / Actes Sud, 1994))
Quand Loxandra chuchote, ça résonne comme les cloches de Sainte-Sophie. C'est qu'elle a une voix à réveiller les morts, la malheureuse. Elle n'a jamais su se maitriser. Et s'il n'y avait que sa voix ...
Mais il y a autre chose qu'Anna a appris auprès de grand-mère. Quelque chose qui n'existe pas dans les manuels de lecture avec les "b,a, ba" qu'on lui a donnés à l'école. Elle apprit à goûter à tout et à tout aimer. Le caviar et les olives, le soleil et la pluie. Elle apprit la joie d'être en vie, d'avoir des yeux et des oreilles. Elle apprit que le travail est un plaisir quand il se fait avec amour. (p 216)