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Citation de Moglug


[incipit]
La Maison se dresse aux confins de la ville, en bordure d’un quartier appelé les « Peignes » où d’interminables immeubles sont alignés en rangs crénelés, telles des dents plus ou moins régulières. Séparées à la base par des cours de béton servant d’aires de jeux, les tours sont percées d’innombrables yeux. Là où elles n’ont pas encore poussé, s’étendent des ruines masquées par des palissades. Les enfants, d’ailleurs, s’intéressent bien plus aux décombres qui s’y cachent, refuge des rats et des chiens errants, qu’aux espaces aménagés pour eux.
C’est sur ce territoire neutre, à la frontière entre deux mondes, les immeubles et les terrains vagues, que fut bâtie la Maison. On l’appelle aussi « la grise ». Son ancienneté la rapproche des ruines, derniers vestiges des édifices de son temps. Elle est isolée – les tours gardent leurs distances – et, plus large que haute, elle ne ressemble pas du tout à une dent. Ses trois étages donnent sur une autoroute. Son toit est hérissé d’antennes et de fils, sa chaux s’effrite, ses lézardes pleurent. Elles est aussi dotée d’une cour, un long rectangle cerné de grillage. Autrefois, sa peinture était blanche. Désormais c’est le gris qui domine, sauf pour le mur à l’arrière, qui a jauni. Côté cour, s’entassent garages, appentis, bacs à ordures et niches à chiens. La façade, quant à elle, est triste et nue. Comme on pourrait s’y attendre.
Personne ne l’admettra, mais les habitants des tours ne voient pas la Maison grise d’un bon œil. Ils préféreraient ne pas l’avoir dans leur voisinage. Ils préféreraient en vérité qu’elle n’existe pas du tout.
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