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4.79/5 (sur 84 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Passionnée de musique, Marianne Clogenson embrasse la carrière d’animatrice en danse durant treize ans.

Devenue maman à plein temps, elle se tourne vers son autre passion : la littérature.

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France Art - Marianne Clogenson


Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Balsamine allait quitter mademoiselle Leclaire lorsqu’elle se tourna vers la jeune femme.
⸺S’il vous plait, est-ce que je peux vous demander un service ?
⸺Lequel ?
⸺Ne dites à personne qui est ma grand-mère.
⸺Tous mes collègues savent déjà. Mais je vous promets que je ne dirai rien à vos camarades. C’est bien de cela dont il s’agit n’est-ce-pas ?
⸺Oui c’est bien ça.
Balsamine se dirigeait vers le foyer. Le poste de télévision projetait un dessin animé. Une jeune fille blonde aux yeux clairs qui devait avoir son âge, regardait déjà le programme. Elle étendait ses jambes, prenant ainsi toute la place du sofa, et bâillait avec nonchalance. Une robe en lamé doré, fluide comme une rivière, découvrait ses genoux. Balsamine s’assit sur un fauteuil et regarda l’écran sans faire de bruit. Elle prévoyait avec une mèche de cheveux de cacher son visage et se prit d’intérêt pour le programme. La jeune fille blonde aux yeux clairs terminait de regarder l’émission quand elle s’aperçut que Balsamine se tenait assise non loin d’elle, elle déclara d’une voix nasillarde :
⸺Non mais franchement pour qui nous prend-on ? Des bébés pour oser nous passer des dessins animés ? Je veux de la musique moi ! Puisque c’est comme ça je retourne dans ma chambre. T’es nouvelle toi. T’aimes les Stones ?
⸺Euh... ouais comme tout le monde, fit la nouvelle élève sur le ton le plus détaché que l’exigeait le code de la jeunesse.
⸺Non, pas comme tout le monde. Ici, ils considèrent ça comme de la musique de sauvage. Tu vas voir.
Plantant Balsamine seule au foyer, elle monta au second étage. Intriguée, la nouvelle élève suivait cette fille à la silhouette dentelée. Elle pensait qu’elle était très belle et avec l’allure qu’elle affichait, elle ressemblait à une vedette de cinéma. Celle-ci s’enferma dans sa chambre en claquant la porte derrière elle. Très vite résonnaient les premières notes de la chanson «Fool to Cry»du groupe précité. L’arrivée de mademoiselle Leclaire ne se fit pas attendre. Avec un visage impassible, elle entra sans frapper dans la chambre de la fautive.
⸺Chantal veuillez baisser le volume je vous prie.
⸺Oh pardon je ne m’étais pas rendue compte. Je croyais que le week-end on pouvait mettre plus fort puisqu’il n’y a personne, répondit l’adolescente d’une voix doucereuse.
⸺Le règlement est le même quel que soit le jour ou la nuit, en semaine ou durant le week-end et vous le savez très bien. Cessez ce vacarme je vous prie. Regardez, vous avez une nouvelle camarde, vous devriez faire connaissance. En attendant mettez moins fort.
Chantal s’exécuta. Une fois la gouvernante partie, elle toisa Balsamine et déclara de sa voix nasillarde :
⸺Comme tout le monde. Tu as vu ?
Puis la contemplant de la tête aux pieds, elle claqua à nouveau la porte.
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La venue de la jeune femme ne sembla pas déranger son employeur qui ouvrit impassiblement une boite contenant des cigares. Il en alluma un avant de se replonger dans sa lecture.
—Et alors ? soupira-t-il.
Monsieur Hess était un homme à la silhouette massive et courtaude, avec de la sueur qui luisait sur le visage et le cou. S’allongeant dans son large fauteuil capitonné, comme on prend place sur un transat à la plage, le proxénète tira une bouffée de son cigare et attendit la liste des revendications, un sourire en coin. Sa transpiration alléchait les mouches qu’il laissait promener sur ses vêtements, comme pour se donner une allure plus repoussante encore.
—On dirait qu’elle est en colère la p’tite dame. Qu’est-ce qui l’amène ?
—Où est l’argent de ma passe d’hier soir ?
—Tu veux dire, celui que tu as planqué dans ta cachette secrète ?
Sa cachète secrète, une planche mal vissée qu’elle avait découverte par hasard et derrière laquelle elle avait l’habitude d’y cacher un peu d’argent qu’elle envoyait avec parcimonie à madame Rezoul, son ancienne voisine. Lorsqu’elle était partie travailler ce matin, Iéna et Bouvines l’avaient découverte et vidée.
—Je vais devoir subir une autre partie de roulette russe. C’est ça ? se surprit à demander Agnès tout en regrettant d’avoir prononcé sa phrase à voix haute.
Monsieur Hess tourna son visage vers Karl, un grand maigre à l’allure désarticulée, se tenant de guingois, l’arme à la main.
—Elle comprend vite celle-là.
Tous les hommes ricanèrent. Agnès devina que son larcin avait entraîné la colère de son patron, qui par esprit de vengeance, ne voulait pas laisser son employée impunie. Elle voulut se justifier, mais la voix éraillée de Karl l’interrompit.
—Les vilaines filles méritent une punition.
À l’idée de revivre un entraînement, le sang d’Agnès se glaça, et elle passa sous silence le repas qu’elle invoquait vouloir préparer pour Odile et elle. Apeurée, elle fit une prière muette pour que son amie soit épargnée. Elle n’était pas responsable.
—Et alors ma vieille, continuait monsieur Hess avec une pointe d’ironie dans la voix, je te rappelle que c’est moi le boss, et que sans moi tu ne bénéficierais pas de ma garde. Je suis ton protecteur. T’as jamais eu de problème avec la police que je sache. Par conséquent, tu n’essayes pas de me doubler en mettant de l’argent de côté. Imprime bien ça dans ta petite tête. Sinon...
L’ongle du pouce laissa une trace sur la gorge de l’homme qui tirait des ronds de fumée, et une once de fierté rendait son regard étincelant. Il laissa une mouche se promener de son cigare jusqu’à son poignet.
—Il était prévu qu’ils ne ramassent que trois mille francs par quinzaine, mais personne ne nous a livré de quoi manger, rappela la jeune femme en chassant la fumée que son patron lui envoyait à la figure.
—Si tu pèches par gourmandise, essaye la mousse au chocolat.
À ce souvenir, Agnès eut un haut-le-cœur et eut du mal à déglutir. Monsieur Hess poursuivait.
—Contente-toi de ramener le fric, et moi je m’occupe du reste.
—Laisse-moi au moins de quoi remplir le frigo, il est vide, suppliait-elle.
—Pourquoi faire ? riait-il en faisant signe à ses hommes de main de partir. Non pas toi Karl ! Reste, poursuivit-il calmement devant la femme qui tremblait. Alors comme ça tu voulais garder une part pour toi. Ça va te coûter cher ma vieille, grondait-il en agitant son index, tandis que Karl saisissait ses menus poignets dans le dos, en les maintenant fermement. Tu t’es pourtant bien amusée hier, je sais que tu t’es envoyée en l’air avec un type bourré aux as.
Agnès inspira sans montrer qu’elle rassemblait ce qu’il lui restait de dignité, pour ne pas ciller devant cet homme qui se disait être son protecteur.
—Parce que tu ignorais que nous t’avions surveillée ?
Les hommes de main avaient pour habitude de sillonner le quartier afin d’être en mesure de savoir laquelle de leur fille tenait compagnie à quel client, photo à l’appui. Agnès le savait. Le chantage auprès des personnalités étant pratique courante en cas de nécessité, toutes les précautions s’avéraient fructueuses.
—L’homme qui est venu me chercher m’a remise aux mains d’un autre, se justifia-t-elle.
—Le gars qui t’a emmenée est un type très connu dans le domaine du business, il se nomme Sigysmond. Si tu lisais les bonnes informations, tu le saurais, la sermonna-t-il en envoyant négligemment un magazine économique représentant la photo du géant à chevelure blanchie, sur son tas de paperasse.
Du fait que monsieur Hess avait prévu sa visite, et projeté de lui présenter l’article idoine, insuffla à Agnès un sentiment de défaite. La poigne de Karl se resserrait d’autant plus que la jeune femme forçait sur ses muscles.
—T’avais pas le droit de tout prendre. C’était pour acheter mon silence.
—Comme tu y vas ma poulette. Le surplus qu’il t’a donné c’est pour acheter mon silence. La parole d’une traînée comme toi contre la mienne ne vaut rien.
—Rends-moi le fric !
—Parle plus poliment.
Le mégot qu’il venait d’écraser laissait une ligne verticale de fumée qui se dissipa peu à peu. Monsieur Hess ouvrit une enveloppe à l’aide de son coupe-papier, oubliant Agnès et ses jérémiades. Celle-ci tenta l’approche séductrice.
—Allez, rends-le-moi et je te baise comme tu l’aimes, suggéra-t-elle en écartant une cuisse, dévoilant un morceau de dentelle appartenant à une tenue affriolante. Je t’en prie.
—Tu ne m’excites plus, rejeta l’homme en examinant son courrier.Tu es... Comment disent les jeunes aujourd’hui ? Ah oui, has been.
La lettre en question lui venait du policier Arcole, avec qui il s’était arrangé en triplant son salaire, pour que l’agent fermât les yeux sur son commerce. Dans la lettre, il assurait qu’avant de partir à la retraite, il formerait le stagiaire Valmy afin qu’il ne posât pas de problème.
—Je le fais pour Karl et tous ses collègues. Ils pourront me prendre tous ensemble, en même temps, mais je t’en prie, pas de roulette russe ni de mousse au chocolat.
Agnès entama une danse lancinante, comme le lui avait enseigné son mentor.
—Vois ça avec Karl s’il est d’accord. Il dépense son argent comme bon lui semble, déclara monsieur Hess en brûlant la preuve de ses manigances à l’aide de son briquet.
Sentant durcir quelque chose entre les jambes de Karl au contact de son dos, Agnès s’y frotta en ondulant le bas des reins et roula exagérément d’une épaule pour lui dévoiler un sein. L’homme relâcha sa prise révélant un silencieux.
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La solitude est un coquelicot perdu dans un champ de blé : tellement voyant et pourtant invisible dans la multitude. »
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Qu’importait la famille dont on était issu, il ne fallait pas renier ses origines, et ses enfants devaient le savoir.
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