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Critiques de Marianne Jaeglé (76)
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Vincent qu'on assassine

Nous sommes le 25 juillet 1890, à Auvers-sur-Oise. Vincent, comme a son habitude, sort de l’ auberge Ravoux avec son chevalet sous le bras et dans l’autre main, sa mallette de couleurs et ses pinceaux, Il a son chapeau de paille sur la tête, celui-là même qu’il porte sur son autoportrait « au chapeau de paille ». Il s’en va effectuer sa promenade parmi les champs de blé et les corbeaux, là où il puise son inspiration!



Que s’est-il passé le 25 juillet 1890 dans les champs d’Auvers-sur-Oise. Meurtre, suicide ou accident ? Vincent a bien reçu une balle dans la poitrine, il mourra deux jours plus tard en ayant déclaré, dans un souffle, aux gendarmes «Je me suis blessé, n’accusez personne ». Le mystère reste entier. Où s’est-il procuré cette arme ?



Depuis le décès de Vincent, la thèse du suicide n’avait jamais été remise en question. Cette thèse était retenue à la fois par ses biographes ainsi que par les médecins qui avaient étudié, rétrospectivement, les circonstances de son décès. Et voilà que surgissent deux américains – Steven Naifeh et Gregory White Smith – qui balaient la thèse du suicide pour avancer la thèse d’un accident à la suite de la rencontre avec les jeunes frères Secrétan, deux chenapans qui s’amusaient à tyranniser Vincent.



Marianne Jaeglé s’appuie sur la théorie de ces deux américains pour nous raconter les deux dernières années de la vie de Vincent Van Gogh. Malgré une enquête sérieuse, tous les éléments recueillis par ces deux auteurs américains sont intéressants mais n’apportent pas de preuves objectives souligne Léo Jansen. Néanmoins, j’ai pris un réel plaisir à me laisser embarquer par Marianne Jaeglé dont la plume est très agréable, pleine de sensibilité, elle a su me toucher ardemment et alimenter ma passion et aussi ma compassion pour Vincent.



J’ai beaucoup aimé partager la vie de Vincent depuis Arles, en passant par l’hospice de Saint-Rémy-de-Provence jusqu’à l’auberge Ravoux d’Auvers-sur-Oise. J’ai retrouvé des éléments de son histoire que j’avais oubliés, notamment, l’incompréhension et les disputes avec Paul Gauguin qui généraient tellement d’angoisses pour Vincent. Paul Gauguin n’est pas particulièrement sympathique dans ce récit mais vivre avec Vincent n’était pas chose facile. Marianne Jaeglé dépeint avec beaucoup de subtilité, la cohabitation avec Vincent. La plume de l’auteure dégage une belle empathie pour Vincent que j’ai reçue puissance X.



Elle met en exergue toute la tendresse et la complicité qui unissaient les deux frères, Théo et Vincent. Certains passages de leur correspondance sont très émouvants. Théo avait détecté le potentiel de son frère, il ne l’aurait jamais laissé tomber, il était persuadé qu’un jour Vincent obtiendrait enfin la reconnaissance qu’il mérite !



Que Vincent était fragile, il avait si peu confiance en lui, il se dévalorisait sans cesse. A force d’infortunes, il se maudissait sans cesse et parfois, sa tête s’emplissait de voix, de bruits. Aujourd’hui, la médecine moderne poserait le diagnostic d’hallucinations auditives ! L’auteure pénètre avec finesse la personnalité de Vincent, son dialogue intérieur, son humanité, son besoin de fraternité et j’ai pu mesurer à quel point l’échec de cet atelier commun avec Gauguin restait une blessure profonde pour Vincent.



Je ne pouvais pas abandonner Vincent en fermant ce livre. J’ai donc emmené ma nièce de douze ans à l’Atelier des Lumières, à Paris, où Vincent est à l’honneur. Pour une enfant, ce fut un véritable spectacle féérique mais pour moi, une plongée dans la peinture de Vincent. A Paris, au milieu de l’Atelier, il reste l’ancien four de cette ancienne fonderie. A chaque immersion dans la grande salle, le même tableau, au format réel du peintre célébré, est projeté sur le mur du four. Pas de spectacle mais plutôt un sublime tête à tête avec l’esprit du peintre. Grâce à la plume de l’auteure, j’ai revu toutes les toiles, à la naissance desquelles j’ai pu assister, infiltrée dans la tête de Vincent si obsédé par la peinture et si bien évoquée par Marianne Jaeglé.



J’ai hâte de relire « Que les Blés sont beaux » de notre ami Alain Yvars qui conseille aussi de lire le catalogue de la Fondation Van Gogh pour avoir une approche complète de la biographie de Vincent.



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Vincent qu'on assassine

C'est avec beaucoup d'émotion que je me prépare à rédiger ma chronique sur ce livre. J'ai le coeur serré et les mots qui se bousculent dans ma tête. Mais il faut que je parle de cette biographie romancée qui m'a arraché quelques larmes, sinon je ne pourrai pas passer à une autre lecture.



Comme le titre l'indique quelqu'un a tué Vincent van Gogh, contrairement à ce qu'on a cru pendant 120 ans.

C'est le livre biographique Van Gogh : The life écrit par les américains Steven Naifeh et Gregory White Smith en 2011 qui tire cette conclusion. C'est de cette biographie que Marianne Jaeglé a été inspirée. Elle a rassemblé tout le matériel nécessaire, les correspondances du peintre avec son frère Théo, les lettres de Paul Gauguin et plusieurs autres informations. C'est un travail de recherche extraordinaire, une véritable oeuvre d'art.



Avec une belle écriture poétique, Marianne Jaeglé retrace les deux dernières années de la vie de Vincent van Gogh. le peintre mal aimé, nous apparaît avec toute sa sensibilité et sa passion pour la peinture. Impossible de ne pas être touché par cette personnalité hors du commun qui n'a jamais fait de mal à personne.

C'est rare qu'un livre me touche autant. Je lis depuis toujours, j'ai aimé plusieurs bouquins, mais côté sensibilité, je compterai désormais trois oeuvres : Notre dame de Paris de Victor Hugo durant mon adolescence , ‘Les pêcheurs' de Chigozie Obioma, lu l'année dernière et "Vincent qu'on assassine".

Encore un coup de coeur, un de plus…

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Vincent qu'on assassine

Nous suivons Van Gogh dans son parcours sinueux depuis Arles jusqu'à Auvers-sur-Oise.

A Arles, il repeint une maison abandonnée qui devient "la Maison Jaune". Il voudrait la transformer en école du Midi. Paul Gauguin vient le rejoindre mais ils sont tellement différents que la relation s'envenime vite. Paul semble plus solide, très écrasant.

Vincent est hypersensible, confronté aux moqueries des gamins du coin.

Ses originalités sont mal perçues. Il peint avec frénésie des peintures qui, on le sait maintenant deviendront des chefs d'oeuvres.

Pris d'une crise de désespoir, Vincent se tranche l'oreille. Il passera quelques temps dans un asile à Saint-Rémy financièrement couvert par Théo qui vide un héritage pour faire vivre son frère.

Il arrive ensuite à Auvers-sur-Oise où il sera suivi par le docteur Gachet et finira ses jours atteint par le tir d'une arme. La sienne ou celle d'un fils de bourgeois qui l'avait pris pour cible.? Le doute plane...Jean-Michel Guenassia l'avait déjà sous entendu dans son livre magnifique "La valse des arbres et du ciel".

Marianne Jaeglé nous livre un roman qui part à la rencontre du peintre, de l'homme blessé dans son âme, honteux de ne pas pouvoir subvenir à ses besoins. Son écriture est magnifique et les ambiances sont décrites de façon à ce qu'on se retrouve dans le décor du livre.

Après avoir lu "La valse des arbres et du ciel", "La veuve des Van Gogh" et celui-ci, j'ai trouvé que de nombreux évènements se recoupaient comme le lien très fort entre les deux frères, la sympathie naissante entre Johanna, la belle-soeur et Vincent. Le plus imaginatif des trois livres que j'ai lus est celui de Jean-Michel Guenassia mais, après tout un roman n'est pas obligé de respecter les faits à la lettre. le plus respectueux de la nature du peintre est celui de Marianne Jaeglé et "La veuve des Van Gogh" amène un vent de renouveau après la mort des deux frères.

Je sais qu'il existe d'autres oeuvres sur Vincent van Gogh mais je crois que je vais m'arrêter ici pour mes lectures à son sujet.
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Vincent qu'on assassine

Le dernier roman de Jean-Michel Guenassia qui mettait en scène les dernières semaines de Vincent Van Gogh à Auvers sur Oise m'a appris le travail , les recherches de deux historiens américains, remettant en cause la légende du suicide de cet artiste. Légende entretenue par tous, dont le

fameux "bon Docteur Gachet"... et ceci dure plus de 120 ans... Alors qu'en réalité il fut tué...



La lecture du roman de J.M. Guenassia m'a incitée à aller plus avant ; c'est ainsi que j'ai choisi la lecture du roman de Marianne Jaeglé, que je lis pour la toute première fois, et avec infiniment de plaisir !



L'écrivain a une écriture fluide, poétique, pleine de sensibilité et d'empathie envers cet artiste-peintre, écorché vif, ayant vécu son art comme un sacerdoce, tour à tour "bonheur et ultime souffrance"

Marianne Jaeglé, s'est également inspirée des investigations des deux historiens, Steven Naifeh et Gregory White Smith. Elle met en scène les trois unités de lieux : Arles, St Rémy de Provence et Auvers-sur-Oise



Elle explique dans un interview ses supports et la documentation utilisés pour ce roman: les célèbres lettres, bien sûr, de Van Gogh à son frère Théo,qu'elle connaissait depuis fort longtemps, mais également d'autres correspondances, dont celle de Gauguin, Emile Bernard, et un ouvrage des

plus détaillés et précieux sur la période très riche bien que des plus éprouvantes , vécue à Arles entre Van Gogh et Paul Gauguin, cet "Atelier du midi" commun , tant rêvé par Vincent !!

[" Van Gogh et Gauguin, L'Atelier du midi"de Douglas W. Druick et Peter Kort Zegers, Gallimard, 2002]



En dehors de son cadet , Théo, ayant compris d'instinct le talent et l'originalité de son frère, Van Gogh, sa vie durant, vécut une traversée du désert, une incompréhension tenace de ses contemporains, et même des autres artistes, dont Paul Gauguin, l'ami qu'il admire et aime tant , et méprise les toiles trop vite bâclées, trop "émotionnelles"...à son goût!!



Le destin de Van Gogh, nous le connaissons tous... mais le livre de Marianne Jaeglé réussit un tour de force en écrivant avec poésie et finesse les questionnements, le regard unique , l'amour viscéral de Van Gogh pour sa peinture...ce décalage avec les autres, dont il souffre tant, qu'il essaye pourtant de réduire, tant qu'il peut, sans succès, jamais !!.

Un idéaliste qui ne rêvait que de fraternité, de partages avec d'autres peintres, d'autres artistes, cet atelier communautaire , qu'il a tout fait pour concrétiser...



Cette complicité et affection exclusives entre Théo et Van Gogh... nous les "revisitons" avec moult émotion... grâce aux lignes de Marianne Jaeglé. Théo n'aurait pas été aussi constant dans la certitude du talent de son frère... nous n'aurions sans doute pas eu la chance, le bonheur, de connaître, admirer les oeuvres de Vincent, encouragé moralement et financièrement par un Théo, seul dans son indéfectible appréciation de la peinture de Vincent, toujours, fidèle et tenace et espérant que l'on reconnaisse enfin le talent de Vincent...



"La vie sans son aîné, sans ce grand rêve de peinture et d'avenir que celui-ci portait pour eux deux lui fait horreur. Comment Théo fera-t-il pour y croire encore ? Où trouvera-t-il encore le courage de vendre des tableaux dénués de grâce, faits par des peintres qu'il n'estime pas ?

Où puisera-t-il la force de dialoguer avec ceux qui n'ont pas su reconnaître le talent de son frère ?" (p. 301)



Un roman bouleversant, à l'écriture des plus prenantes...J'ai adoré cette lecture. Je regarderaisûrement très vite du côté des ateliers d'écriture qu'anime Marianne Jaeglé [cf "Ecrire, de la page blanche à la publication" , édition Scrineo, 2014]



"Tu es trop jeune pour le savoir, ajoute-t-il à voix basse: un peintre peint non seulement avec de la couleur mais aussi de l'abnégation et des renoncements à soi et le coeur brisé" (p. 232)



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Vincent qu'on assassine

"En plein air, exposé au vent, au soleil, à la curiosité des gens, on travaille comme on peut, répond Vincent. On remplit sa toile à la diable. Alors pourtant, on attrape le vrai et l'essentiel : le plus difficile c'est ça."



Alors là…! je me suis trouvée embarquée dès les premières lignes. Une écriture pleine, fine, vive, qui plonge le lecteur dans les dernières années de la vie Vincent. Je n'arrive plus à le voir comme Vincent van Gogh. C'était Vincent, et Théo aussi. Les frères maudits et le frère fantôme. Tous étaient réincarnés. Ce roman possède une rare puissance. J'étais en immersion et il me fallait, lorsque je le lâchais, un petit temps pour revenir à ma réalité, parce que j'étais avec lui, dans sa tête. Vincent. Pas une once de méchanceté, une folle admiration pour Gauguin et si coupable vis-à-vis de Théo. J'avançais dans les champs en plein été du côté d'Arles au début -elle était belle cette maison jaune- puis je vins à Auvers. Je savais pourtant qu'il ne fallait pas y aller, moins de soleil, moins de vie. Ca allait se finir avec le livre. J'ai même pensé m'arrêter avant la fin. Oh pas beaucoup, dix ou vingt pages… en fonction. Pour ne pas être à ses côtés, dans sa chambre, dans sa souffrance. Et puis l'écriture me tenait. Tellement personnelle, on ressent, on voit, on est avec Vincent. C'était assez incroyable d'y être, et très souvent c'était difficile. J'ai adoré !



"C'est la peinture qui a voulu de moi, la peinture et personne d'autre.
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Vincent qu'on assassine



De la maison jaune d’Arles, (qui a bien changé en plus d’un siècle, mais qu’on peut encore bien reconnaître ) en passant par Saint- Rémy, pour finir à Auvers-sur-Oise, nous suivons, au quotidien, les dernières années de la vie de Vincent, un être humble, pathétique, illuminé par le soleil de la Camargue, captivé, chaviré par le bleu du ciel provençal , passionné, obsédé par le besoin de peindre sans relâche, prolifique à en perdre la raison, voulant partagé cette beauté avec son ami Paul, tourmenté d’être à la charge de son frère Théo . Un homme raillé, incompris, malheureux, inquiet, La plume empathique de Marianne Jaeglé qui raconte ces deux ans, permet de mieux comprendre les tourments poignants de Van Gogh et surtout de croire à une autre hypothèse que la version officielle, celle du suicide.

Je retrouve dans ces pages l’atmosphère des lieux évoqués que je connais bien s’agissant d’Arles et de Saint-Rémy, une invitation à mettre mes pas dans ceux de Vincent en faisant un détour par le musée Angladon-Dubrujeaud à Avignon, qui abrite le seul tableau de Van Gogh en Provence – Wagons de chemin de fer – 1888- dans notre région

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Un instant dans la vie de Léonard de Vinci

J'ai découvert avec enthousiasme Marianne Jaeglé avec son texte « C'est Vincent qu'on assassine », et ce deuxième recueil, bien que très différent est une lecture captivante, nous faisant voyager allègrement entre les Arts, peinture, photographie, Musique et Littérature…et à travers les époques.

Des préférences pour « les instants de vie » de Harper Lee et de Colette, où on apprend à quel point celle-ci adorait son père, qui lui rendait bien, et dont le rêve de toute sa vie fut d'écrire , mais malheureusement sans succès ! Sa talentueuse fille aura réalisé son Rêve, au-delà de ses espérances.. !..



Dans la « Note au lecteur » , Marianne Jaeglé s'est inspiré du texte d'Antonio Tabucchi, « Rêves de rêves » où il rend hommage aux créateurs qu'il admire en imaginant leurs songes.



« Les oeuvres que nous aimons nous aident à vivre. Elles sont une lumière, une consolation, un encouragement, la preuve que nous ne sommes pas si seuls que nous le pensons parfois ; elles révèlent que d'autres ont vécu ce que nous vivons (…) (p. 187)



A son tour, elle a eu envie de rendre hommage à « ceux dont les oeuvres (l')accompagnent depuis toujours, comme de précieuses et secrètes amitiés »…

Parmi celles-ci : Basho (1644-1694), le Caravage (v. 1571-1610), Théophile Gautier Verrochio (1435-1488), Felix Mendelsohn (1809-1847), Primo Levi, Chaplin, Joanne Rowling, dite J.K. Rowling (1965),Malaparte, Colette, Michel-Ange, Dostoïevski, Albrecht Dürer (1471-1528), Homère, Romain Gary, Irène Némirovsky, Lee Miller, Harper Lee, Picasso, Leonard de Vinci, Paul Claudel.



J'ai retrouvé avec autant de plaisir son écriture fluide, poétique, pleine de sensibilité et d'empathie envers « ses personnages »…dans ce volume : ses artistes préférés, ainsi que de fines analyses et observations sur l'Acte créateur !



« Harper Lee--Mais comment se fait-il que depuis elle n'arrive plus à écrire ?

(...) Elle en a vu, à New-York, de ces écrivains devenus aigris et blessés après un échec qui les ferme au reste du monde. Elle en a vu aussi que le succès a rendus incroyablement avides et enflés d'orgueil, seulement capables de ressasser ce qui les a un instant rendus célèbres.

Pour elle, c'est autre chose qui s'est produit. Une voix en elle s'est tue, ni plus ni moins. C'est comme si en mettant dans le livre à la fois son enfance, l'amour pour son père, le souvenir de Truman [Capote ], le portrait de cette Amérique blanche si hypocrite et si violente sous ses dehors policés, elle avait tout donné et qu'il ne lui était rien resté à dire.

Ou peut-être a-t-elle peur désormais de demeurer en deçà d'elle-même et de l'-Oiseau moqueur- en écrivant autre chose ?

Est-il possible de vivre sans écrire ? de continuer d'exister sans créer ? (p. 162)”



Je me permets une petite parenthèse et anecdote personnelles...Cette lecture m'a enchantée, j'ai envie de l'offrir et de la transmettre. Elle va donc aller rejoindre une autre maison amie: celle d'une libraire que j'ai le Bonheur de retrouver à Paris, après plusieurs années…Un livre fait pour elle, aimant aussi les arts et la littérature… nous avons travaillé un moment en choeur à la librairie du Musée d'Orsay… et détail amusant et significatif : cette amie libraire, a choisi pour deux de ses trois enfants, deux prénoms bien significatifs :Leonardo, Vincent… !



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Vincent qu'on assassine

Peu importe que la thèse avancée ici au sujet de la mort de Vincent Van Gogh soit réelle ou erronée (d'aucuns la supposent farfelue mais après la lecture de ce livre, je suis encline à la croire très vraisemblable), peu importe car ce roman est bouleversant et superbement écrit. J'ai rarement lu de si belles pages sur la peinture, les affres de la création et la douleur du mal-être et, je ne regarderai plus les toiles de Van Gogh de la même façon.
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Vincent qu'on assassine

Ma première rencontre avec l’œuvre de Vincent van Gogh remonte à l'année 1964, dans ce petit musée proche de la ville natale de Vincent, à Nuenen, grâce au sculpteur Pierre de Grauw, et aux étudiants des beaux arts de Paris.



Le village de Nuenen montre ce qui a façonné la production de l’artiste, c’est dans cette région brabançonne qu'il a suivi ses premières leçons de dessin et produit un quart de son œuvre.



Cette réalité loin de la flamboyance de ses futures peintures d' Arles, m'avait sidérée par les scènes sombres et poignantes montrant des mangeurs de patates ou de vieilles paysannes, des laboureurs, cette glaise devait inspirer toute son œuvre, et irriguer sa perception de la nature et de la vie, cette humanité allait coller littéralement à chaque coup de ses pinceaux.



Mon livre de référence, écrit par Charles Estienne et publié en 1953, décrit un peintre devenu fou, Van Gogh se suicide à cause d'une volée de corbeaux, ( idem chez Frank Elgard Amsterdam 1994) .



Le livre de Marianne Jaeglé est d'une bien plus grande finesse, pour nous initier par étapes à la vision de Vincent, à sa cohérence sa force et son abnégation, à l'explosion des couleurs qui l'habitaient.

Son livre charnel, sensuel, ardent nous dit, et nous fait lire le ressenti palpable des émotions du peintre, "Etre la pulsation de l'herbe qui croit, de la fleur qui s'épanouit, habiter les volutes des nuages, le crissement des cigales, le cuir fatigué des chaussures.p177"



Toute sa sensibilité est encore dans cette phrase  "Il lui faut habituer son corps à une peau, à une odeur, à une voix, à la proximité d'une autre chair, à sa chaleur. Il a besoin de temps...Il lui faut des caresses, des baisers, être rassuré de l'attention qu'on lui porte, sans quoi son corps ne peut pas. Il lui faut pouvoir s'abandonner à la douceur, à la confiance..."

P47



Est-ce alors un malade mental ou un peintre génial ?



La lumière est enfin porté sur les médecins dont la mission est de protéger, comprendre, accompagner Van Gogh. Ils ont failli, et plus encore méprisé. Le bon docteur Gachet laissant pourrir des toiles à l'humidité et malgré les remarques avisées de Vincent. L'excuse dégradante aux lèvres fuse pourtant, il avait mieux à faire, "soigner mon jardin."



On est frappé par la légèreté des médecins, Félix de Rey ou Gachet, c'est si simpliste si peu cohérent d'invoquer la folie, face à un homme si complexe si novateur.



Avec le docteur Félix Rey une étape de plus est franchit, dans le mépris, et la vulgarité, quand il demande qu'on répare son poulailler avec un portrait de van Gogh. Lui qui ne voit dans le portrait qu'une mascarade, ne supporte pas ce que dit son visage, "Il regarde stupéfait la moustache qui vrille, l’œil coquin, les lèvres charnues."



Ils ont non seulement humilié leur malade, mais détourné la fougue du peintre et son inspiration en une folie qu'il fallait corriger, soigner, c'est l'inepte et invraisemblable comportement de ceux qui devait sauver. N'est ce pas la fatigue et le surmenage qui mène Vincent au bord du burn-out non la folie, .

L'artiste est hyper sensible et dans le cas de Vincent il se double d'une hyper activité, qui est un étonnement pour le jeune Hirschig, Théo lui même n'a pas les clés pour comprendre son frère, lui même englué dans un situation qui le dépasse.



Quand l'article d' Albert Aurier sort dans le Mercure de France , c'est la stupeur voir l’impression d'un canular. Personne n'y croit!

"Ce qui caractérise son œuvre, c'est l'excès, l'excès en la force, l'excès en la nervosité la violence en l'expression"...p 188 citation à lire.



Vincent peut-il entendre ces louanges ?



Non car un jour,

"Un an jour pour jour après la naissance du 1er enfant, Vincent est nommé exactement du prénom de son frère aîné,... Lui n'a jamais fait autre chose que tenter de le remplacer. Et tous les dimanches il y avait la rituelle promenade au cimetière.

Voilà pourquoi il est promis à l'errance, et l'échec quoi qu'il fasse."

P 174



L’absence du regard d'une mère, de son amour est insurmontable.



La voix d'Annie Ernaux me vient aux paupières, celle qui remplaça une sœur jamais nommée.

Vincent manque de bluff, d'aplomb, de feu sacré en lui même, il perçoit que Paul se moque de lui, alors qu' il partait avec les tournesols, sans complexe il réalise une copie de son tableau du « fauteuil aux tournesols » qui sera ensuite salué par Albert Aurier.



L'intelligence de Marianne Jaglée est de nous faire partager ses éblouissements, sur les godillots de cuir comme sur les tournesols, où les paysages d'Arles (la Nuit étoilée ).



Vincent aura peint une œuvre immense en 15 mois, 200 tableaux, et les chefs d’œuvre de l'art du XX ème, certains soulignent ses hallucinations, d'autres y voient l'expression tourmentée de l'âme humaine, et la prééminence de la couleur.



Je vais saluer comme les autres chroniques un livre lumineux, qui parle au cœur, qui cherche notre empathie, puis notre enthousiasme pour les peintures de Vincent.

L'écriture poétique est d'une belle sensibilité, un enchantement.

Un coup au cœur, oui.





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Vincent qu'on assassine

Vincent Van Gogh, sujet cher à mes yeux et à mon cœur. Au point de partir sur ses traces dès que possible et saisir toutes les opportunités d'admirer ses toiles. Au point aussi d'avoir envie d'en connaître plus sur lui. Donc j'ai lu beaucoup, hanté le Musée d'Orsay, je suis restée hypnotisée devant Les Iris, un jour d'été des années 80 au musée Getty de Malibu, j'ai marché dans ses pas à Auvers sur Oise et retracé son parcours dans "son" musée à Amsterdam. Et je viens de me régaler par la grâce de la plume de Marianne Jaeglé qui nous offre un voyage captivant dans l'esprit et l'environnement de l'artiste.



La mort de Van Gogh un jour de juillet 1890 à Auvers sur Oise a toujours eu une part de mystère. Suicide ? Accident ? Accès de folie ? Aucun témoin n'a jamais levé le voile sur les circonstances exactes du coup de feu qui l'a blessé avant de causer sa mort. Très récemment, des chercheurs américains ont étayé la thèse du meurtre, point de départ de ce roman. Pour tenter d'y voir plus clair, l'auteure revient sur les deux dernières années de la vie de Vincent, à Arles, à Saint-Rémi de Provence et à Auvers, années aussi tourmentées que prolifiques.



Et Vincent revit, là, par la magie de la littérature. Torturé, désespéré de se trouver si différent des autres, terriblement seul mais totalement habité par sa soif de création. Déchiré, hanté par la culpabilité d'être un poids pour Théo, meurtri par le mépris des autres artistes et les moqueries de ceux qui ne le perçoivent que fou. Il s'interroge Vincent, sur tout, son travail, son comportement qui fait fuir, sa légitimité, son entêtement à poursuivre sa quête d'une peinture "à lui"... ça se bouscule dans sa tête, avec les conséquences que l'on connaît. L'internement à Arles puis à Saint-Rémi, la convalescence à Auvers...



Si Vincent nous semble ainsi plus proche, alors que dire de ses toiles ? Marianne Jaeglé les fait soudain s'animer et revivre sous les yeux du peintre. Ces toiles si souvent admirées, voilà qu'elles ont à présent une histoire rendue parfaitement compréhensible. Portraits, autoportraits, paysages et tournesols nous racontent Van Gogh avec une force décuplée.



Incompris, moqué, ignoré. L'histoire de Vincent ne pouvait que mal se terminer. C'est la société tout entière qui l'a tué, car "pour un artiste, être invisible, c'est comme être mort." L'auteure retrace parfaitement cette spirale qui mène au drame. L'histoire de Vincent c'est aussi celle de tout être dont on n'admet pas la différence au point de l'ostraciser. Une tendance qui malheureusement, n'a pas disparu.



C'est un magnifique moment que nous propose Marianne Jaeglé, en compagnie d'un artiste incomparable. Elle parvient à nous le faire ressentir tout comme lui voulait peindre ce qu'il ressentait. C'est superbe.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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L'Ami du Prince

12 avril 65 après Jésus-Christ, à sa villa de Nomentum située à une vingtaine de kilomètres de Rome, juste après le déjeuner, le philosophe Sénèque, conseiller de l’empereur, voit arriver une cohorte de soldats. Leur chef lui annonce qu’il est chargé d’apporter la nouvelle de sa mort au palais avant le soir. Il lui laisse le temps de mettre ses affaires en ordre. Avant de se trancher les veines, Sénèque utilise l’après-midi pour écrire une ultime lettre à son ami Lucilius, dressant le bilan de sa vie. Durant quinze années, il a été le précepteur, puis le conseiller et même l’ami de celui qui exige désormais sa mort : l’empereur Néron. Parce qu’il vit ses dernières heures, Sénèque peut enfin tenir un discours de vérité sur son élève. Dans cet ultime moment d’introspection, le philosophe interroge la réalité de la transmission du savoir et son expérience du pouvoir. Il affronte aussi ses propres erreurs et sa compromission dont il a tiré honneurs et fortune. Marianne Jaeglé fait revivre le stupéfiant face-à-face entre un philosophe épris de vertu et un un jeune homme imprévisible dont la vraie nature se révèle peu à peu.



Si Sénèque a pu se sentir l’ami du Prince, Marianne Jaeglé pourrait bien être l’amie de Sénèque... Son roman en fait un personnage attachant, elle nous le rend incroyablement proche. Condamné à l’exil en Corse pendant huit ans, Sénèque rentre à la demande d’Aggripine afin de développer les talents oratoires de son fils et le préparer au grand destin qu’elle lui construit à coups d’intrigues. Elle parvient à écarter le prince légitime Britannicus. Néron devient empereur à dix-sept ans en l’an 54 mais soumis à la volonté de cette mère ambitieuse et tyrannique. L’empire romain connaîtra cinq ans de paix et de prospérité sous l’influence modératrice de Sénèque et du préfet du prétoire Burrus, avant que le despote ne décide de prendre tout le pouvoir à son compte, son règne impitoyable dorénavant associé à d’innombrables crimes.



En postface « Comment et pourquoi j’ai écrit L’Ami du Prince », Marianne Jaeglé raconte la tentation d’écrire sur Néron qui la passionnait, y ayant d’abord renoncé du fait de temps trop lointains et d’une tâche lui semblant démesurée. Puis elle dit que Sénèque a pris la parole et s’est mis à lui raconter l’histoire telle qu’il l’avait vécue. Cette parole elle l’a couchée sur le papier et, par son intermédiaire, c’est Sénèque que j’ai pu entendre tout au long de cette lettre écrite à l’attention de son neveu. Elle s’efface devant cet homme qui a cru pouvoir enseigner la vertu à l’empereur. Elle se contente d’enregistrer sa parole comme si elle était sa secrétaire, une secrétaire à l’immense talent.



Par rapport aux temps trop lointains… La parole de Marianne Jaeglé m’a paru au contraire très contemporaine. Elle part de l’histoire telle qu’elle nous est parvenue – les sources sont peu nombreuses et souvent sujettes à caution – pour en faire un roman où l’émotion joue le premier rôle avant les faits et les ressentis exacts qu’on ne peut connaître entièrement. Elle dit en postface : « Ce n’était pas Néron, mais la confrontation entre celui qui avait tenté de l’élever (dans tous les sens du terme) et lui. » C’est cette mise en regard qui est le cœur du livre, c’est celle-ci qui me parle, toujours actuelle : dans les questionnements liés à l’éducation et à la transmission de valeurs.



Elle a réussi l’impensable, nous replonger dans cette période romaine fascinante, si éloignée de notre mode de vie qu’elle est difficile à imaginer, souvent simplifiée à l’extrême avec la vision d’un Néron psychopathe… Le roman redonne à celui-ci une complexité, le sort en partie de son mystère. Sénèque termine par cette question « Mais qui peut comprendre à quoi rêve les princes ? ». J’étais au côté de Sénèque, l’écriture de l’autrice parvenant à ce miracle d’abolir le temps, de faire revivre en grande partie ce qui a été effacé par les siècles. En même temps j’ai pensé aux enseignants quels qu’ils soient, qui croient comme Sénèque en leur mission, et vacillent quelquefois aux résultats incertains de leurs efforts. Pauline, la femme aimante de Sénèque voit clair quand elle lui reproche de s’accuser injustement : « Tu l’as rencontré alors qu’il avait déjà douze ans, m’a-elle rappelé. Son caractère était déjà formé. […] Tu n’as pas pu changer sa nature, a-t-elle dit encore. Il aurait fallu être un dieu pour cela, et tu n’es qu’un homme, même si tu es l’un des meilleurs ».



Ce roman m’a captivé. Il bénéficie d’une dramaturgie passionnante et l’écriture est magnifique. Il permet de s’immerger dans un monde romain qui, par ses divers périodes politiques, a encore beaucoup a nous apprendre. C’est aussi une précieuse approche philosophique du stoïcisme, un courant qui a une large place dans notre culture, notamment dans Les Essais de Montaigne et dans l’œuvre d’André Comte-Sponville, entre autres. On ne manquera pas de penser, voir de le comparer au roman de Marguerite Yourcenar, Les mémoires d’Hadrien, immense chef-d’œuvre écrit il y a soixante-treize ans, mais d’une toute autre nature. L’Ami du Prince embrasse des thèmes plus concrets et parviendra plus facilement à séduire tous les publics y compris, je l’espère, à ouvrir des débats dans les écoles.



« Ainsi, au moyen d’exemples choisis parmi la littérature, les arts et l’Histoire, je me faisais fort de lui apprendre à raisonner et à choisir la vertu, la justice, le bien. »



J’ai lu ce roman dans le cadre de ma participation au jury Orange du livre 2024. C’est un des 20 livres de la première sélection établie lors des échanges et votes du 26 mars. Je ne sais pas s’il sera dans la sélection des 5 finalistes le 13 mai prochain, mais il y a de fortes chances qu’il soit dans les livres que je défendrais… C'est un roman qui va rejoindre "mes essentiels". Je le garde précieusement près de moi et si je le prête, il faudra me le rendre !

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Chronique complète avec illustrations en cliquant sur le lien direct ci-dessous...


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Un instant dans la vie de Léonard de Vinci

Dans le merveilleux Vincent qu'on assassine, Marianne Jaeglé faisait une démonstration époustouflante de son talent à entrer dans la tête de son sujet, à s'emparer de ses pensées et à les donner à ressentir à son lecteur, transporté et captivé. Van Gogh prenait vie, ses souffrances étaient les miennes, je voyais les couleurs qu'il percevait, j'entendais les sons qui le hantaient, je vivais ma lecture par tous les sens. Dans ce nouveau livre, elle choisit le format court, celui qui permet de capter très précisément un moment essentiel, un point de bascule. Elle nous offre vingt-et-un instantanés qui sont autant de plongées dans l'esprit de personnages qui ont marqué l'Histoire et le monde de l'Art. Écrivains, poètes, peintres, sculpteurs, photographes... saisis dans l'instant qui les révèle, ou au contraire souligne le mystère de la création, en explore les contours pour mieux en éclairer la beauté faite de complexité. C'est fin et d'une impeccable précision.



J'ai beaucoup apprécié d'abord l'éclectisme des portraits qui permet d'explorer plusieurs époques et plusieurs arts, de Chaplin à Homère, de J.K. Rolling à Malaparte, de Picasso à De Vinci en passant par Lee Miller, Irène Némirowsky ou Colette. En quelques pages, moins de dix en général, l'auteure nous projette dans un décor, un esprit, un contexte historique avec une facilité déconcertante. Pour certains, c'est une découverte totale (Matsuo Munefusa pour ce qui me concerne), pour d'autres cela permet de donner un contour à un nom lu ici ou là. Mais pour la plupart, déjà souvent croisés grâce à leurs œuvres ou à d'autres écrits, c'est l'impression d'entrer dans leur intimité. Chacun réagira donc en fonction de son degré de connaissance des uns et des autres ce qui promet des lectures très personnelles. Chacun sera plus ou moins sensible selon ses affinités. J'ai été très touchée par l'instant dans la vie de Colette et cette expérience singulière des premiers cahiers, "s'asseoir, tremper la plume dans le liquide à l'odeur amère, tracer patiemment une lettre après l'autre, comme on coud, comme on jardine, comme on prépare des confitures et qu'on fait grandir des enfants, sans impatience, elle sait qu'il suffit de s'y mettre, jour après jour, et de ne pas hésiter à raturer". J'ai été émue comme à chaque fois que je croise le visage de Lee Miller, foudroyée par cet instant terrible en compagnie de Curzio Malaparte déjà croisé dans de nombreux romans et qu'il va bien falloir que je me décide à lire un jour. Primo Levi m'a serré le cœur, j'ai eu envie de gifler Félix Mendelssohn, Picasso m'a fait sourire jaune et j'ai bien noté que Leonardo (da Vinci) bénéficiait d'un traitement de faveur en squattant un autre instant en plus du sien. "Quelque-chose de ce qu'il a créé survivra-t-il après sa mort prochaine ?" se demande-t-il tandis qu'il chemine vers la Loire où l'attend François Ier, trois tableaux pour tout bagage, dont le portrait d'une jeune femme au sourire mystérieux. Impossible de tous les citer, à chacun de picorer ces instants et de les savourer.



Car on peut les apprécier sur le moment, pour la précision de la langue, la justesse de la captation et de la restitution, et y revenir à l'occasion, au gré de nos parcours respectifs le long des chemins sinueux de l'art et de la littérature, pour éclairer une rencontre. Ces instants seront comme des échos à nos explorations, donnant envie de découvrir ou de redécouvrir certaines œuvres, certains artistes derrière les œuvres. Magnifique perspective.
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Ecrire, de la page blanche à la publication

Si tu le ne sais pas encore, il est fort possible que tu t'en doutes, ami lecteur mais j'écris. Des poèmes, des nouvelles, des âneries... J'écris tous les jours depuis 16 ans. Des guides d'écriture j'en ai lus quelques uns.

Ce qui m’intéresse c'est de voir dans quelle mesure mes méthodes de travail peuvent être améliorées, perfectionnées, affinées. Quand j'ai eu l'opportunité de lire un autre de ces « Guides pratiques » sur le sujet, je me suis jetée sur l'opportunité. Il y avait longtemps que je n'avais pas lu ce type d'ouvrage et je me suis dit que cela me ferait une occasion de faire le point sur ma pratique...



Encore plus que d'habitude, cette critique sera très personnelle puisque mon avis est logiquement tributaire de ma propre pratique de l'écriture et de ma vision de cette dernière.



Alors du très bon et du moyen-moyen dans l'ouvrage de Marianne Jaeglé.



Commençons par les limites de ce guide. Je crois que son plus gros défaut et de s'adresser à tout le monde : autant aux écrivants qui hésitent à se lancer qu'aux vieux routards de l'écriture. Au final cela donne un ouvrage peut-être pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions. Le débutant risque de se trouver un peu découragé par certains passages du guide. La brièveté de ce dernier donne l'impression que tout y est un peu survolé. Quelqu'un qui commence à écrire risque de trouver que cela reste superficiel. Quant au vieux briscard de la plume -ou du clavier- il risque de se lasser des conseils de base donnés sur un ton tellement bienveillant qu'il en devient légèrement abêtissant -l'utilisation du tutoiement augmentant d'autant plus ce travers-. Et que ce soit l'un ou l'autre type de lecteur, ce serait dommage de passer à côté de certaines pistes de réflexion que nous offre l'auteur.



A titre personnelle, j'ai vraiment trouvé de quoi améliorer mon travail ou du moins de nouvelles routes à explorer. Mais pour cela il m'a fallu faire abstraction du ton de madame Jaeglé. Cette dernière anime des ateliers d'écriture et elle s'adresse au lecteur non pas comme un guide à un passionné mais comme un professeur à son -très jeune- élève.



Enfin, tout au long de son récit, elle s'appuie sur des extraits et des citations d'auteurs confirmés parlant de leur travail. Les choix sont certes judicieux mais leur profusion en comparaison avec le poids plume de l'ouvrage -214 pages à peu près- donne la désagréable impression d'une compilation seulement agrémentée de quelques conseils personnels.



Un guide pratique dans lequel on trouve beaucoup de conseils judicieux mais qui risque de ne complètement contenter personne à force de vouloir s'adresser à tout le monde.
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Un instant dans la vie de Léonard de Vinci

2016, je venais d’achever "Vincent qu’on assassine" de Marianne Jaeglé, roman véritablement envoûtant. Tellement captivant que son souvenir, cinq ans après, est toujours intact. Je termine la lecture d’un nouvel ouvrage de l’auteure "Un instant dans la vie de Léonard de Vinci et autres histoires", de la même manière, j’en ressors éblouie.



Il s’agit là d’un recueil de vingt-et-une nouvelles, vingt-et-un instants dans la vie d’artistes qu’ils soient peintres, sculpteurs, musiciens ou écrivains. Un voyage dans le temps et l’espace qui nous raconte le moment fatidique, le petit déclic, la décision qui fit naître l’œuvre. L’écriture de Marianne Jaeglé est toujours d’une grande beauté, travaillée à l’extrême et pourtant si simple, la simplicité des grands. Elle est poétique, juste, alerte et chaque fois adaptée au personnage, son environnement à la fois géographique et temporel. Car, et c’est ce que j’ai particulièrement aimé, je me répète, nous voyageons de l’Antiquité avec Homère à notre époque. Si avec ce dernier, sa plume se fait facétieuse – elle a tout de même l’audace assumée de le traiter d’imposteur – elle est autrement plus intime, émouvante, quand il s’agit de Primo Lévi "Et cette peur qu’il a maintenant, de dormir, et de retourner là-bas, dans ce lieu qui absorbe et détruit tout le reste. Sa peur d’en être avalé. Auschwitz est ce gouffre gris…Primo ferme les yeux… Une marche après l’autre il entreprend de descendre l’escalier." La même tristesse anime sa main quand elle aborde un pan de la vie d’Irène Némirowsky, mais se fait plus joyeuse pour raconter l’instant où J.K. Rowling somnole dans le train qui la ramène de Manchester à Londres et a l’intuition de son fameux Harry Potter qu’elle écrira quelques années plus tard.



Et Léonard de Vinci, me direz-vous ? C’est vrai que le personnage fait le titre du recueil. Nous le suivons, dans la dernière nouvelle, sur les routes de France lorsqu’il quitte l’Italie pour se rendre à Amboise. Pourtant, nous en entendons parler avant par la bouche d’Andrea del Verrocchio, le maître que Leonardo finit par dépasser. A ce sujet, j’ai presque regretté que ce passage ne fût pas le premier. Léonard de Vinci eût été ainsi l’Alpha et l’Omega.



Il est évident que je ne peux décortiquer chacun de ces "instants de vie " je vous laisse le plaisir de les savourer. Savourer chaque mot, chaque moment, les picorer, les relire à l’envi dans l’ordre ou le désordre. L’auteur nous offre, en effet, une jolie boîte remplie de petits bonbons sucrés, acidulés, parfois amers mais toujours délicieux. Petites gourmandises supplémentaires, les explications données par l’auteur sur chacun des personnages abordés.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Jean-Paul Sartre

Ce livre de 36 pages est une très belle biographie de Jean-Paul Sartre.



A recommander!!!
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Vincent qu'on assassine

Très convaincant, Vincent qu’on assassine affirme que Van Gogh ne s’est pas suicidé mais a été tué, probablement par accident. C’est à partir des révélations de deux historiens américains, Steven Naifeh et Gregory White Smith, que Marianne Jaeglé propose cette enquête romancée qui nous fait vivre dans la peau de l’artiste.



Publié il y a deux ans, mais récemment sorti en format poche, l’ouvrage retrace les deux dernières années de ce peintre sensible, obsédé par la peinture et profondément tourmenté. (Gallimard Ed. Folio)



Connaissance des Arts - Juillet Août 2018



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Vincent qu'on assassine

Superbe!

Un roman magnifique par son écriture poétique et touchante. Marianne Jaegle nous offre la possibilité d'appréhender un peu mieux le personnage de van Gogh, sa personnalité, ses difficultés relationnelles aux autres, l'attachement extrême à son frère Théo....

Tout au long de l'histoire, quelques une des peintures les plus célèbres sont abordées, le contexte dans lequel elles ont été réalisées, vous ne les regarderez plus de la même manière après cette lecture; vous aurez sans aucun doute une grande compassion pour cet artiste si touchant mais pourtant si mal-mené en son temps par le peuple rural qu'il côtoyait à Arles notamment...et certains de ses contemporains artistes peintres tout comme lui...

Aujourd'hui je sais pourquoi il s'est coupé cette oreille!

Bref, je recommande!!!
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Vincent qu'on assassine

Alors que l'automne prend sa place, et que les tournesols laissent place aux fleurs de saison, je vous présente aujourd'hui Vincent qu'on assassine, biographie romancée du célèbre peintre à l'oreille cassée...



On le sait, Vincent Van Gogh s'est donné la mort. Pourtant, on comprend qu'il n'en est rien: Vincent, le peintre incompris, est victime de la société. Une société qui ne l'accepte pas. Des détracteurs qui le blessent au plus haut point. Quelle est donc cette personnalité si atypique que celle du peintre des tournesols ?



Quel coup de coeur ! On ne peut ressentir que de fortes émotions à la lecture de ce roman. On découvre un autre Van Gogh, un homme sensible, écrasé par les forts caractères. A la fin du livre, on regarde les tableaux du grand peintre différemment... Et on veut en savoir plus sur cet homme si célèbre, que l'on connaît si mal !
Lien : https://hipelos.home.blog/20..
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Vincent qu'on assassine

Et si Van Gogh ne s'était pas suicidé ? Si la légende construite autour de son dernier jour était fausse ?



En s'inspirant des conclusions des historiens Naifeh et White Smith, Marianne Jaeglé retrace les deux dernières années de la vie de Van Gogh, depuis son installation à Arles, à la recherche d'une lumière qui n'avait jamais été rendue sur la toile, de son internement à Saint-Remy de Provence jusqu'au jour de sa mort en juillet 1890.

Le lecteur partage tout avec le peintre : ses doutes, ses disputes avec Gauguin, les violences et moqueries lancées par les Arlésiens, son amour pour Théo et ses espoirs.

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Que s'est-il passé à Auvers-sur-Oise ? Et si la réalité n'avait rien en commun avec le récit du dernier jour de Van Gogh retenu par l'Histoire et participant à la construction du mythe de l'artiste maudit ?

Le suicide n'a pas eu lieu et Vincent Van Gogh est mort dans un stupide accident mettant en scène deux bourgeois parisiens. Voici ce que Marianne Jaeglé nous raconte dans ce roman très bien documenté.

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Le récit des deux dernières années du peintre est passionnant, l'écriture de l'autrice est très belle et le lecteur en apprend beaucoup sur le travail et la conception de l'art de Van Gogh. Ce roman se dévore et ce fut un coup de cœur pour moi.
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Vincent qu'on assassine

Grande admiratrice de Van Gogh, j'ai lu récemment le dernier roman de Jean-Michel Guenassia La valse des arbres et du ciel qui donne une version romancée des deux derniers mois de la vie de Van Gogh.



Deux historiens américains, Steven Naifeh et Gregory White Smith, auteurs d’une nouvelle biographie sur le peintre, "Van Gogh : the Life", remettent en cause la thèse du suicide de Van Gogh. Jean-Michel Guenassia développe dans son roman une hypothèse sur la mort de Van Gogh.



Nicole du blog Motspourmots a récemment lu Vincent qu'on assassine, un roman sur la fin de la vie du peintre. Quand elle m'a proposé de faire une lecture croisée de ces deux romans, je n'ai pas hésité une seconde. Nous avons échangé nos livres et publions nos chroniques respectives le même jour.

Une expérience originale et très agréable pour marquer la publication de mon 300ème article sur mon blog!



Dans un récit chronologique Marianne Jaéglé relate les deux dernières années de la vie du peintre.



Ses relations avec Paul Gauguin sont au centre de la première partie du récit qui débute à Arles en 1888 avec l'installation de Van Gogh dans "la Maison Jaune".

Il invite Paul Gauguin à le rejoindre pour réduire ses frais, vaincre sa solitude et dans l'espoir de créer à terme une communauté d'artistes. Contrairement à Van Gogh, Gauguin commence à être connu. Théo, le frère de Vincent, marchand d'art, fournit une rente mensuelle aux deux peintres.

Rapidement des tensions apparaissent entre les deux hommes, alors que Van Gogh voue une admiration sans borne à Gauguin, celui-ci est très vite exaspéré par ce peintre exalté au comportement extravagant, illuminé... Des divergences artistiques voient aussi le jour, Gauguin reproche à Van Gogh de se contenter de recopier le réel, alors que lui-même s'emploie à le récréer dans une approche plus moderne selon lui.



Ensuite Gauguin quitte Arles, l'état de Van Gogh s'aggrave, il souffre d'hallucinations, se taillade l'oreille et doit être interné à St Rémy de Provence.



La troisième partie correspond aux derniers mois de Van Gogh à Auvers-sur-Oise à partir de mai 1890 (période sur laquelle Jean-Michel Guenassia s'est centré) lorsque l'artiste quitte l'hôpital pour être pris en charge par le Dr Gachet, spécialiste des maladies nerveuses et amateur de peinture.



Ce récit nous montre un Van Gogh extrêmement touchant qui se sent "exclu, isolé, rejeté", qui souffre terriblement de solitude, qui aimerait pouvoir de parler de son travail avec d'autres artistes. Sa dépendance par rapport à Gauguin est particulièrement émouvante. Ce texte nous fait découvrir la personnalité de Van Gogh mais nous plonge aussi vraiment dans sa vie quotidienne, dans son processus de création artistique, on se sent vraiment dans ses pas.



La personnalité de Théo Van Gogh est également très bien restituée ainsi que le lien qui unit les deux frères. Vincent ressent beaucoup de culpabilité d'avoir déçu sa famille, d'être encore à la charge de son frère et éprouve un profond sentiment d'échec.



J'ai aimé lire ce livre en faisant en parallèle des recherches sur internet sur les multiples tableaux évoqués, le fauteuil de Gauguin, les portraits de la famille Roulin, le tableau de Gauguin représentant Van Gogh peignant des tournesols...



Suivre Vincent durant les deux dernières années de sa vie, découvrir la personnalité des deux frères Van Gogh, le lien qui les unit, les liens entre Van Gogh et Gauguin, ressentir le rejet social dont Vincent a fait l'objet sont les atouts majeurs de ce roman captivant et très bien documenté. L'écriture très fluide rend la lecture très agréable.



J'ai simplement regretté que l'auteur n'étaye pas son propos en insérant des extraits de la correspondance entre les deux frères comme l'a fait Jean-Michel Guenassia, il ne me reste plus qu'à les lire maintenant...



Marianne Jaéglé reprend la thèse énoncée par les deux historiens américains, bien différente de celle de Guenassia qui décrit un homme en apparence guéri et capable d'entretenir une relation amoureuse, mais ne peut-on pas conclure que c'est la société qui a assassiné Vincent Van Gogh en le rejetant complètement?



J'ai trouvé ce roman passionnant et très consistant. Je déplore qu'on en ait si peu parlé.





Merci à Nicole pour cette proposition de lecture croisée et à Delphine pour avoir inventé le concept !
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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