Shelfie with Marianne Power
Essayer de trouver le bonheur peut paraître une entreprise égoïste, mais ça ne l'est vraiment pas. Quand on est malheureux comme je l'ai été pendant des années, notre tristesse est si prégnante qu'elle affecte tous ceux qui nous entourent. On n'a aucune patience, on est brusque et cassant, irritable, notre gentillesse est une pure façade, on se coupe des autres et on s'enferme dans sa prison de chagrin. On est aussi, souvent, une source d'inquiétude pour ceux qui nous aiment.
Par moments, ces livres donnaient l'impression de vouloir négocier âprement la nature même de la condition humaine - faite de quantité d'émotions, y compris des mauvaises. Personne n'est parfait. Mais j'allais tout de même tenter le coup. Et plus je hissais la barre haut, plus je me sentais nulle.
Mais, pour l'essentiel, cette expérience avait été l'occasion d'une prise de conscience capitale : j'avais compris que je n'avais essuyé que de rares rejets parce que je m'étais mise en quatre pour éviter de tendre le bâton pour me faire battre (...)
Un des arguments des détracteurs du développement personnel, c'est que si ces bouquins marchaient, il suffirait d'en lire un et le problème serait réglé, nous serions guéris ! J'en avais téléchargé pas moins de cinq la semaine précédente. Plus j'en lisais, plus je voulais en lire. Je continuais de penser que le secret du bonheur me serait délivré dans le prochain livre, et sinon dans le suivant, etc. Je ne cherchais même plus à comprendre pourquoi quoi que ce soit par moi-même. Je m'en remettais à ces hommes et ces femmes dont la pensée m'accompagnait : que me dirait de faire John ? Ou Tony ? Ou Susan ?
Début mai, j'étais tombée sur une citation de J.K. Rowling : "Il est impossible de vivre sans jamais échouer, sauf si on fait tellement attention que l'on ne vit pas du tout. Dans ce cas, on échoue, par défaut."
Cette appréhension, cette anxiété et ces sentiments d'échecs étaient omniprésents. Je les entendais fredonner en permanence dans le coin de ma tête. La gueule de bois ne faisait que pousser le volume.
Mais à chaque célébration d'un événement majeur d'une vie qui n'était pas la mienne, je me sentais un peu plus laissée pour-compte, un peu plus seule, un peu plus inutile.
Pourquoi étais-je incapable de faire ce qui semblait à la portée de toutes les autres filles - rencontrer quelqu'un, tomber amoureuse, se marier?
Le risque inhérent au développement personnel, c'est qu'il peut créer une attente dangereuse : si on n'est pas, chaque jour et en toutes circonstances, un croisement de Mary Poppins, de Bouddha et de Jésus, c'est qu'on s'y est mal pris. Et qu'on doit redoubler d'effort.
Pourquoi se prive-t-on de lier conversation avec les gens autour de nous? C'est idiot ! On devrait faire ça tout le temps, au lieu petit groupe de rester dans notre petit groupe à rabâcher sempiternellement les mêmes âneries !
Je me sentais jamais assez jolie,donc je dépensais de l l'argent en vêtements.
Gandhi a eu beau nous dire d'être le changement qu'on veut voir dans le monde, ça reste une tâche ingrate quand on dit bonjour à des inconnus à Archway.