Des mondes en corps - Spécial Pépites fiction ados
Cinq Pépites à la une pour cet épisode spécial du Café littéraire ! Les auteur.ice.s en sélection pour la Pépite fiction ados donnent corps à des mondes pluriels et singuliers.
Animé par Willy Richert.
Avec les auteur·rice·s
Anne-Laure Bondoux (Nous traverserons des orages, Gallimard Jeunesse),
Marie Boulic (Le Chant du bois, Thierry Magnier Éditions),
David Bry (Le Roi des Sylphes, Nathan),
Gaspard Flamant (Les Magni-Freaks, Sarbacane)
et Nicolas Michel (Oxcean, Talents hauts).
Avec la participation de Laureline Gondy et Lorenzo Montial du Book Club du pass Culture.
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Des fois, faut faire des choses qu'on n'a pas le droit de faire. Sinon rien ne bouge.
Et tous les ans, elles trouvent un défi, un truc à faire qui dépasse un peu leurs limites, leurs capacités, leur peur. Ca a vraiment commencé l'été de leurs huit ans, quand Maï a défié Nine de mettre ses doigts dans les narines d'un âne.
Je chante la graine qui pousse, le soleil qui fait croître et la terre qui nourrit, le bourgeon qui fleurit, le fruit qui mûrit, le tronc qui grandit, se dresse vers le ciel, prière universelle.
Je chante l'arbre abattu.
Je chante le bois façonné, le pouls du sol dont il est né, l'humus du ventre où il a poussé.
Je chante la barque, la mer et le vent, l'orage, la tempête et le courant, la vague, le ressac, la plage où je m'échoue et l'homme perdu au regard de fou. Je suis l'exilé et le colon, le prisonnier repentant, la main qui se tend, et le regard gorgé d'espoir. Je suis arbre, homme, femme, mer, terre, soleil et toutes les étoiles, je suis eux et je suis toi, je suis le prince de Lampedusa.
Je chante ce que l'homme contient de force et de fureur,
je vibre l'espoir qui enfle leur coeur,
je frémis la peur de ce qu'ils ont enduré,
je crie l'horreur qu'ils ont su affronter
Au début avec Nine, elles s'étaient apprivoisées. Mais ça n'avait pas pris très longtemps pour qu'elles se rendent comptent qu'elles aimaient bien se mettre au défi. C'était parfait. Nine était beaucoup moins folle que Maï parce qu'elle avait peur. Elle croit que Maï ne sait pas, mais elle l'a toujours su. Nine a tout le temps peur, mais elle a besoin de faire comme Maï. Et Maï, que Nine soit là, ca l'oblige à faire attention à elle. A elles.
Et tous les ans, elles trouvent un défi, un truc à faire qui dépasse un peu leurs limites, leurs capacités, leur peur. Ca a vraiment commencé l'été de leurs huit ans, quand Maï a défié Nine de mettre ses doigts dans les narines d'un âne. [...]
Et Nine l'a fait.
A travers les difficultés, vers les étoiles.
La nage pour elles, c'est en kilomètres que ça se compte depuis des années. Elles pratiquent la nage en eau libre. Celle qui vous envoie en face à face avec les vagues et vous laisse seule aux prises avec la puissance et l'immensité de la mer. En terme d'immensité, elles ont de quoi faire en partant de l'île.
P.31
Tu es là pour renouer
avec une forme de tranquillité.
Et pour faire, enfin,
quelque chose de beau.
Tu es là pour donner vie
à ce violon
et donner voix aux migrants
qui, eux,
ne sont plus.