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3.86/5 (sur 144 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lyon , le 3/02/1942
Biographie :

Marie Chaix, écrivain français, est la Fille d'Albert Beugras, bras droit de Jacques Doriot pendant l'Occupation à la tête du Parti populaire français, et la sœur de la chanteuse Anne Sylvestre.

Diplômée d'allemand, attachée de presse aux éditions du Seuil, elle devient la secrétaire de la chanteuse Barbara (de 1966 à 1970), à laquelle elle consacre une biographie éditée en avril 1986 aux éditions Calmann-Lévy. En 1968, elle épouse le journaliste Jean-Francois Chaix et se remarie, en 1992, avec l'écrivain américain Harry Mathews dont elle est également la traductrice. Elle a deux filles, Émilie et Léonore, et vit aux États-Unis depuis son remariage.

L'œuvre littéraire de Marie Chaix raconte l'histoire de sa famille. Son premier roman, Les Lauriers du lac de Constance, écrit en 1974, est un récit de l'histoire de son père pendant l'Occupation allemande et les conséquences. Puis dans Les Silences ou la vie d'une femme (1976), elle raconte la vie et la mort de sa mère en 1971. Juliette chemin des Cerisiers, en 1985, évoque le dévouement des domestiques restés au service de la famille pendant l'incarcération du chef de famille.

Pendant quinze ans, Marie Chaix ne publie rien. Son blocage est sans doute dû au décès de son éditeur et ami, Alain Oulman. Elle ne revient sur la scène littéraire qu'en 2005 avec L'Été du sureau, des « bribes de mémoires » — l'expression est du critique littéraire Pierre Assouline — provoquées par la séparation de sa fille ainée, Émilie et de son gendre, l'écrivain Richard Morgiève, qui la renvoie au divorce de ses parents et à son roman familial.
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Source : Wikipédia
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Bibliographie de Marie Chaix   (16)Voir plus

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Harry Mathews invité de la librairie Les Cahiers de Colette à Paris le 18 juin 1991 à l'occasion de la parution de "Cuisine de pays" aux éditions P.O.L avec dans la librairie notamment Harry Mathews, Marie Chaix, Colette Kerber, Paul Otchakovsky-Laurens, Jean Echenoz, Carine Toly... Cuisine de pays, de Harry Mathews traduit de l?américain par Marie Chaix, Martin Winckler et Jean-Noël Vuarnet; Cuisine de pays est un recueil de treize nouvelles, où les techniques ludiques de l?Oulipo jouent un grand rôle. L?humour et la gravité s?y disputent la prééminence. On y apprendra non seulement la recette de la succulente (?) farce double, mais encore les raisons de la supériorité généralement admise des violonistes russes, ou encore les étonnants procédés de traduction du Pagolak. On ressentira aussi, à la lecture de ces textes qui vont de l?érudition joueuse au désespoir tranquille, un très réel vertige."
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Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
J'aime les gens qui n'osent
S'approprier les choses
Encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n'être
Qu'une simple fenêtre
Pour les yeux des enfants
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Sa vieillesse, on ne l'avait pas vue venir. Un jour, elle était encore jeune, une chose qui était peut-être un trop grand chagrin, l'avait fait trébucher puis s'évanouir pour de longs jours. La médecine appelle "coma" ce voyage silencieux entre les brumes. Puis, contre toute attente, l'endormie s'en était revenue, ouvrant les yeux sur une vie qu'elle ne reconnaissait pas : elle ne marcherait plus qu'avec une canne, ne laisserait plus courir ses mains sur un clavier... oh, d'un coup d'oeil elle ne pouvait évaluer tout ce qui désormais lui manquerait. Elle avait le temps d'y penser, elle était vieille, à présent.
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"Je me souviens, disais-tu, les cerisiers étaient en fleur. C'était un beau et lumineux printemps comme il en éclate parfois en Alsace après des hivers glacials. On nous laissait jouer dehors et nous levions souvent la tête vers le ciel, guettant les battements d'ailes et les cris d'oiseaux. Nous attendions le retour des cigognes. Il y avait un nid en haut du clocher de l'église. Dès qu'un vol d'oiseaux pointait à l'horizon, loin au-dessus des prés moutonnant de pétales blancs et roses, tous les enfants du village se retrouvaient sur la place de l'église. Ils agitaient les bras, poussaient des cris joyeux pour appeler les gracieuses bêtes qui tournoyaient autour du clocher, claquant du bec et déployant leurs larges ailes bordées de noir dans un lent balancement. Le jour où l'une d'elles toucherait le nid et s'y arrêterait au terme de son voyage, appelant peut-être un compagnon de quelques claquettements perçants mais tendres, les enfants en liesse se donneraient la main pour une ronde folle.
J'avais cinq ans alors et je sens encore le parfum frais de l'air bleu et des premières jacinthes dans les minuscules jardins si propres, si clairement dessinés devant chaque maison de la place.
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A gauche le salon beige et brun, à droite la salle à manger, tous deux lambrissés de bouleau de Norvège, donnant sur le hall par de larges ouvertures symétriques, coupées de portillons chromés aux arabesques ajourées que l'on retrouve, identique, sur la rampe d'escalier. Le même motif décore la mosaïque du sol et le tapis vieux rose qui la recouvre. Alice foule les quinze mètres de tapis jusqu'à l'escalier de marbre blanc, revêtu d'une moquette rouge, qui mène aux chambres du dernier étage. D'un œil lugubre recompte les Cariffa, seul peintre qui ait eu les honneurs du château. Pas un mur n'est épargné.
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Les souvenirs de son enfance étaient ceux auxquels elle semblait le plus tenir, comme si la petite fille de 1914, enfant de la grande guerre, avait détenu sous la masse de ses cheveux bruns et derrière ses yeux d'eau tous les secrets de la femme qu'elle deviendrait. L'Alsace était son paradis perdu, la terre nostalgique où plongeaient les racines qu'elle avait coupées un jour pour suivre l'homme de sa vie.
L'âge, dit-on, lorsqu'il touche à ces confins tremblants de la vieillesse, perturbe les mécanismes de la mémoire et la rend plus sélective : les images lointaines resurgissent avec netteté alors que le passé plus immédiat a tendance à s'estomper dans cette zone de grisaille qui souvent succède à l'âge mûr et introduit à un âge que l'on dit avancé précisément parce qu'il n'avance plus. Elle n'était pas encore vieille mais la maladie en bousculant la marche de son cerveau avait accéléré le processus de l'inconscient retour à l'enfance.
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Jean, mon petit Jean. Fini. Envolé dans les nuages sur les ailes d'un manège en feu. Et la grande maison grise résonnais de ses cris, atroce ritournelle, des entrailles de l'escalier sombre jusqu'à l'extrémité frémissante des branches de marronniers. Elle ne voulait pas, ne voulait pas qu'il parte. N'avait rien dit, n'était pas tombée. Hurle maintenant. Paul lui tenait la main, maman tu n'es pas seule, maman fais venir tes larmes, vide-toi de ce chagrin qui crie par ta bouche. Maman je suis là, ne me fais pas peur.
Elle s'était calmée, les sanglots de la tempête s'étaient défaits en petits ruisseaux qui s'écouleraient d'année en année au plus profond de ses clairières.
Elle s'était tue mais le cherchait partout. Dans les flammes des chapelles ardentes jusqu'à l'extase, dans le parfum de la terre humide, dans le vent des cyprès, le long des routes de France et d'Allemagne, au hasard des cimetières blancs et verts. Elle y marchait, chargée de fleurs, s'arrêtant devant les croix qui portaient l'inscription Unbekannt - inconnu - lançant froidement une fleur et continuant son pèlerinage de l'absurde. Disparu. Dispersé. Pourquoi là plutôt qu'ailleurs. Tous les Unbekannten de la terre étaient mes frères.
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Le coma est le dernier asile, l'ultime repaire de la somnambule. A l'abri sous ses paupières closes, elle divague. Sous les branches d'un arbre en fleur elle s'envole peut-être sur la balançoire que retient son père et secoue la tête en riant pour chasser les boucles qui entrent dans sa bouche. Tout à l'heure en courant dans les jambes larges de son pantalon blanc, elle descendra avec ses enfants le sentier bordé de mimosas qui tombe sur la plage et le sable tiède. Il y a une heure, peut-être voyait-elle arriver le cabriolet au bout de l'allée, un homme en descendre, marcher vers elle et l'entourer de ses bras. Demain, sait-on, elle entrera sur la scène d'un opéra doré et, "Prendi l'annel ti donno", chantera la Somnambula de Bellini, s'endormant doucement dans ses voiles.
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[Ma mère] essuie ses larmes contre mon rire et chante essouffl ée chante à mon oreille « à perpétuité à perpétuité il est sauvé à perpétuité » et nous tournoyons sous le plafond de nacre bleu le soleil bourdonne dans le Palais et nous valsons sur l’air des travaux forcés à perpétuité.
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Chez toutes les veuves qui vieillissent on retrouve, en bonne place, les images de ceux qui s'en sont allés avant elles.
Ils ont parfois des moustaches. On rencontre leurs portraits au-dessus des pianos, entre deux vases de Chine ou sur la dentelle d'une table de nuit. Ils y sont le plus souvent représentés dans la force de l'âge, le menton fier souligné d'un col blanc ou d'une cravate stricte. Il n'est pas rare qu'une chaîne de montre en or souligne la distinction de leur mise. Le regard sûr, parfois dominateur, exceptionnellement teinté de mélancolie, ils contemplent sérieusement et vainement du fond de leur néant cartonné le monde qu'ils ont quitté un jour semblable aux autres jours, dans la souffrance ou sans s'en apercevoir, à regret ou sereinement, conscients en tout cas d'avoir accompli leur tâche, leur devoir et leur destin, enfin d'avoir vécu. On les pleure, on les fête, on les fleurit, on les aime encore, les chers disparus, on ne les oublie pas, ils accompagnent de leur oeil tranquille la vie de leurs veuves qui s'ennuient. Ils les ont souvent fait attendre, marcher, pleurer ou souffrir, rarement fait rire, il est fréquent qu'ils aient fait la guerre, des affaires et des enfants mais aussi des infidélités. On ne leur en veut plus, on les vénère, on les aime parfois mieux morts que vivants, les chers disparus, leur image s'estompe à mesure que baisse la vue des veuves et que s'éteignent leurs jours. Ils sont légion, ils se ressemblent tous, ils ont en commun ce privilège d'être partis les premiers. La mort qui nivelle les souvenirs leur a donné cette patine chère au coeur des veuves qui s'étend tel un voile protecteur sur tous les édifices qu'a conçus leur mémoire.
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Les premiers souvenirs de la vie, bulles de rosée le long d'un fil de la vierge, sont suspendus entre un marronnier rose et une haie de troènes.
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