Mes os
Ils ont de beaux restes, mes os
déjà sciés c’est vrai
déjà
ravaudés
ils restent courageusement
Ils tiennent
la chair, la peau, par-dessus eux.
Leur troupe, je l’emmène
et m’emmène avec elle
(vieille impression : ne pas en être tout à fait)
devant des vitrines de musées, section préhistoire
où, parmi des cailloux prétendument taillés, des flèches,
se montrent des fémurs à fractures visibles
mais recollées.
Comme quoi, dans dix mille et des ans,
mes chers os maintenant sur le macadam, vous pourrez figurer
dans des expositions montées après un labeur fou
près de canettes à bière et de mitraillettes,
tout ce fourbi qui
dans ma vie
m’aura fourbue.
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