Lors d’une visite du général Türr à Harmannsdorf en 1898, la conversation s’engage sur l’amitié qui avait lié le général à Garibaldi et sur certains aspects peu civilisés de la marche sur Palerme en mai 1860. Le général commente alors « le document que Garibaldi envoya au terme de cette campagne à tous les chefs d’État d’Europe afin de les inciter à conclure une alliance de paix ».
Pour Bertha von Suttner, l’adaptation au quotidien est différente. Elle a déjà une certaine expérience du travail, si l’on entend par là le fait de gagner sa vie en exerçant une activité rémunérée. Elle va donc de nouveau mettre à profit ses talents de musicienne et sa connaissance des langues en donnant des leçons de musique et de chant ou de français et d’allemand. À Tiflis, où une grande partie de la noblesse géorgienne vit à l’occidentale, elle n’a aucun mal à trouver des élèves, elles aussi élevées sur le modèle européen, et les leçons y sont « fort bien payées ».
À Zougdidi, vers la fin du séjour, elle retrouve une autre forme d’activité qui lui est familière et reprend ses fonctions de préceptrice, enseignant le piano et l’allemand aux deux fils bien nommés du prince Murat, Lucien et Napo, ce qui n’est pas sans lui rappeler les années parisiennes sous le Second Empire.
Ainsi, qu’il s’agisse d’en déterminer le nombre ou de mesurer leur degré d’éducation, les femmes échappent à toute donnée fiable. Véritable armée de l’ombre, il faut, pour arriver à les saisir, user de mille ruses, lire les textes entre les lignes, comparer les chiffres, fouiller les archives et les tiroirs à la recherche de traces habilement dissimulées ; et la chose se complique encore dès qu’il s’agit d’analyser le comportement des femmes de ce temps face à un événement politique. L’entreprise paraît là totalement vaine tant est subtil le travail fait par les femmes elles-mêmes pour brouiller les pistes et simuler l’indifférence, voire l’ignorance.
Parler de la femme au temps de Goethe, c'est donc évoquer non pas une femme, ni même une génération ou un type de femmes, c'est parler de trois générations singulièrement différentes les unes des autres.
La culture humaniste dont tous se revendiquent aux quatre coins de l’Europe leur permet de mettre quelque distance entre eux et la mêlée alors féroce de leur temps. Si l’on regarde de près les préoccupations qui transparaissent dans les lettres, il s’agit pour une bonne part de questions et de querelles érudites autour de publications savantes.
Après le verbe "aimer", "aider" est le plus beau verbe du monde.