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3.79/5 (sur 106 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bayonne , 1965
Biographie :

Née à Bayonne en 1965. Vit et travaille au Pays basque. Elle y enseigne les lettres classiques. Marie Cosnay a écrit pour la scène et publié dans de nombreuses revues. Elle continue un travail d’écriture et de traduction.
Bourse d’encouragement du CNL pour l’écriture de Déplacements en 2004.

Source : http://arpel.aquitaine.fr
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Lecture de Jean-Marie Gleize: une création originale inspirée par Une série de créations littéraires originales inspirées par les collections de la BIS. Ce cycle est proposé par la Maison des écrivains et de la littérature (Mel) en partenariat avec la BIS. Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Saison 4 / 2020 : Linda Lê, Arno Bertina, Muriel Pic, Jean-Marie Gleize, Jean-Christophe Bailly. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne": * saison 1 : Pierre Bergounioux, Marianne Alphant, Arlette Farge et Eugène Durif paru en septembre 2018. * saison 2 : Jacques Rebotier, Marie Cosnay, Claudine Galea et Fanny Taillandier, paru en septembre 2019. * saison 3 : Hubert Haddad, Line Amselem, Christian Prigent, Mona Ozouf, Laure Murat, publication prévue en septembre 2020.

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Citations et extraits (98) Voir plus Ajouter une citation
Némini et moi restâmes un long moment devant notre océan, immobiles nous regardions courir les mouettes et les passereaux égarés. C’est le moment que j’ai choisi pour me livrer à la folie, à la cacophonie intérieure. J’ai fait une petite révérence fabriquée à Némini. Je lui ai pris le bras. Alors la nuit est revenue, nous le crûmes, elle est venue avec sa peau de pêche brune, molle et moisie en fait. Bonjour, salut à la nuit et double révérence pour l’occasion, j’ai ôté un chapeau que je n’avais pas, je l’ai mis de nouveau sur mon crâne pour l’empêcher de s’échapper en grosses bouffées glaciales tourbillonnantes.
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Quand l'amour advenait, c'était toujours le même amour, il portait avec lui la possibilité du même désastre. Il avait ceci de particulier, l'amour, que de lui on ne savait rien, on ne touchait rien,-mais une brillance infinie et durable par quoi s'évanouir.
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Marie Cosnay
C’est alors qu’un passant …



C’est alors qu’un passant, le béret dans sa main droite, s’est arrêté. Droit comme un I il m’a posé une question : qu’est-ce qu’un moment ? Répondez donc, qu’est-ce qu’un moment ? Le passant était pressé et pressant. Le passant n’avait peut-être pas toute sa raison mais il tombait bien. Il a répondu lui-même, brusquement, à la question : le moment, c’est ce point où se rencontrent ceux qui sont là, vous et moi et celui à qui vous pensez. Pardon, je ne crois pas au présent, j’ai dit.

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Lorsque paraissent à telle heure le ciel gris plissé et trois martinets bondissant dans le cadre, j’ai la même inquiétude que celle qu’eurent les voyageurs, paysans, archéologues ou fils de rois égarés devant les murs du château endormi caché par les taillis.
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C’est la salle centrale du palais, les fresques sur les murs de la rotonde montrent des hommes mourant dans les bras de vieilles vierges bleues, les hommes tombent de croix, de gibets, tombent, tombent.
J’ai fait un rêve, dit Kent le barbu à l’un des hommes qui trépignent par là, hésitent, n’osent pas s’asseoir, contemplent la table dressée sans savoir si c’est pour eux et l’un d’eux pépie : voici mon fils de la main gauche (rires), Prépa Sup de Co Erasmus à Shanghai, etc.
Le rêve : une fille avait commis un acte épouvantable. Je la livrais aux autorités après bonne combinaison d’un code secret. Je la serrais contre moi. Je voulais qu’elle échappe et qu’elle n’échappe pas (Kent).
Le vieux bonhomme a besoin d’aide : Lear bringuebale. Les ombres sont au garde-à-vous. Le vieux bonhomme et le barbu qui soutient le vieux bonhomme avancent de concert. Il pourrait y avoir de la musique, il n’y en a pas. Un homme en livrée fait tinter une fourchette contre la porcelaine d’une assiette.
Prépa Sup de Co Erasmus à Shanghai, dit Glouc (tout bas) à qui veut entendre. Son fils toussote, derrière. Entre le vieux Lear qui le fixe avec mépris et son père qui radote, le fils, Ed alias Edmond, va prendre une décision. N’importe quelle décision, tant il se sent mal (rien ne passe, ne va passer entre ici et ici – la glotte). La vie est mal fichue. Vingt ans et la vie si mal fichue. La queue d’un dragon. Rien à en tirer sauf un fil de conscience. Il entend comme pour la première fois la plaisanterie du père : de la main gauche. Il tourne les talons. On lui ouvre la porte vers le parc.
Il tournicote dans les jardins, les cyprès taillés en pointe, drôles de jeunes gens jamais consolés, il déplie, plie une lettre, la met dans sa poche, la retrouve, s’inquiète, la lit, replie. Il a une fossette sur la joue gauche. Une des filles passe par là, l’aînée de Lear, 1,80 mètre. Elle salue le garçon. Pas mal. Irrésistible même, perdu ainsi dans les allées semées de cyprès et de rosiers en boutons. Un peu mal fagoté c’est vrai. Mélancolique. Elle hésite un moment (Shanghai etc., pense-t-il qu’elle doit penser et il meurt de honte), elle passe. Ils se sont tous arrangés pour être en retard, les prétendants suivent les filles en sage colonne le long des allées ratissées du jardin de la famille du vieux Lear.
Sur la table Lear a, de l’avant-bras, balayé les couverts. Les ombres et les hommes en livrée ont couru pour empêcher que tout ne dégringole. Sur la table Lear a ouvert une carte vieille comme son arrière-grand-père. Les territoires. Sociétés. Pays et possessions. On les joue aux dés. Pas exactement aux dés : Lear jette un rubis minuscule sur la carte. L’Est, qui veut l’Est. La fille qui veut, accompagnée de son andouille de fiancé, s’agenouille, baise la main fripée (énorme, énorme et qui pourrait écraser encore) de Lear.
En échange, ma fille, dis-moi comme tu m’aimes.
On sait la suite, je vous aime père comme les mots ne peuvent pas dire, je vous aime plus que et plus que.
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J'aurais voulu qu'il y eût quelques monstres à tuer, des forêts ombrageuses où jeter des pierres qui déclenchent des orages. La Garonne est bleue dans la nuit, quelques flaques plus sombres gisent. Je superpose : l'Adour, sa couleur spéciale en fin de journée de chaleur, le choc vif de cette couleur sur les carcasses rouges des cargos. Le ciel par-dessus, qui est un malheur qui dure.
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il n’y a pas un noir en ville, ce sont les quartiers dans lesquels on passe mais tu ne trouves pas ça bizarre, il n’y a pas un noir dans cette ville, peut-être ça s’explique par les quartiers où l’on va mais, station Larissa, Maurice dit que c’est vrai, les noirs se cachent, ils ne sortent que le soir, même pour prier ils ne viennent plus, ceux qui venaient ne viennent plus, Maurice nous donne le numéro de téléphone de Trésor, qui vient du Congo et est enfermé dans le centre de rétention de Corinthe, Cécile va lui dire qu’on l’appellera, pour faire passer le temps puisque le temps ne passe pas là-bas et qu’il ne risque pas maintenant de passer : une loi a été votée il y a trois mois qui remplace le maximum de 18 mois de rétention administrative par une rétention prolongeable à perpétuité, c’est anticonstitutionnel bien sûr, le prix à payer à Aube dorée, ils font profil un peu bas depuis que des membres importants ont été écroués, profil un peu bas mais à côté de ça
ces nuits sont à toi, Alexis
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Les cheveux des arbres sont touffus, dessinent des monts d’étoffe au ciel. Je me repose d’avoir à tout prix voulu défaire les espaces d’oubli, ces endroits où quelque chose gît, corps ou aveu, puis doucement est cousu dans les draps qui couvrent. Je me repose d’être descendue au pays des ombres gardé par le chien aux têtes multiples.
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Au dernier moment, j’ai dégringolé. Rien de bon pour la migraine. Les forces manquent. Le bleu dans la fente s’éclaircit un peu, légèrement, je dirais qu’il jaunit, lumière, lumière, plein midi.
Bravo.
Je dirais que je suis à moitié de ma deuxième ascension, pieds sur les échelons grattés dans le pilier de glace, j’éclaire au-dessus et j’éclaire au-dessous, les souterrains et les lunes en quartier, je dégringole pour la deuxième fois.
Cette fois, ce n’est pas une dégringolade technique, c’est une dégringolade superémotive.
Ce que j’ai vu je l’ai vu.
J’ai cru le revoir et je le revois.
Le voir, donc. Le voir du fond du trou ou du sommeil ou de l’état hyperémotif de l’enfance ou adolescence.
Ce que j’ai cru voir je l’ai vu et je vais le revoir si je veux mais j’économise l’énergie du smartphone et l’économise la mienne, j’économise le tout et je ferme les yeux et je vois. J’ai vu de grandes bêtes. J’ai vu des monstres et j’ai vu des bisons.
Je n’en ai pas fini.
Je vois un jeune homme qui revient du passé, il conduit une mobylette, ses cheveux dans le vent sont tenus par un turban : c’est l’apparition au turban. Les miracles avaient lieu, des miracles coupés, des miracles à moitié – la moitié ne retirait rien au fait que c’était des sortes de miracles ou des chemins de miracles – ce qu’il faut pour donner l’aile, l’essor. Je rêvais de turban sur la route de l’église (puisque église il y avait) et le dimanche le rêve lui-même paraissait en turban, sur sa mobylette. Le rêve n’était pas de ceux qui communient mais sur la place il faisait tourner son moteur et regardait passer les filles qui allaient communier, le faisait en fumant, l’air de bien se marrer. Je crois alors maladivement aux rêves en turban et aux moteurs des églises, il me faut voir un médecin qui soigne le corps qui voit avec des aiguilles puis un autre qui soigne le corps qui voit avec de l’eau de mer puis un autre qui soigne le corps qui voit avec de l’énergie mais c’est une catastrophe, bref depuis le jour de l’église je vois bouger le rideau orangé de ma chambre où quelque chose appelle.
Un jeune homme en turban ?
J’ai peur.
Le rideau, derrière le rideau un picotement, un bec d’oiseau frappeur. C’est ça, peut-être, le manque de courage : je n’ai pas bougé, je n’ai pas posé de questions devant le rideau orangé.
Je ne veux pas savoir ce qui appelle.
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Emma disait bon de penser le rejoindre. Mais quand ses mains se crispèrent douloureuses, m’attrapant avec la force qu’elle eut jusqu’au bout, maigre et musculeuse m’empoignant et les mots prononcés à voix trop basse pour que quiconque les recueillît, pendant ces trois jours de murmures, tous mes yeux dans ceux d’Emma j’avais beau fixer, écouter avec mes oreilles du corps et les autres, je ne sus d’elle ni quelle souffrance ni l’acceptation ou non, ni la résistance au bord, ni l’amitié qu’elle me portait encore, ou plutôt je croyais affreusement voir la nulle amitié qu’il y avait lieu maintenant de porter à quiconque.
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