AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


Au dernier moment, j’ai dégringolé. Rien de bon pour la migraine. Les forces manquent. Le bleu dans la fente s’éclaircit un peu, légèrement, je dirais qu’il jaunit, lumière, lumière, plein midi.
Bravo.
Je dirais que je suis à moitié de ma deuxième ascension, pieds sur les échelons grattés dans le pilier de glace, j’éclaire au-dessus et j’éclaire au-dessous, les souterrains et les lunes en quartier, je dégringole pour la deuxième fois.
Cette fois, ce n’est pas une dégringolade technique, c’est une dégringolade superémotive.
Ce que j’ai vu je l’ai vu.
J’ai cru le revoir et je le revois.
Le voir, donc. Le voir du fond du trou ou du sommeil ou de l’état hyperémotif de l’enfance ou adolescence.
Ce que j’ai cru voir je l’ai vu et je vais le revoir si je veux mais j’économise l’énergie du smartphone et l’économise la mienne, j’économise le tout et je ferme les yeux et je vois. J’ai vu de grandes bêtes. J’ai vu des monstres et j’ai vu des bisons.
Je n’en ai pas fini.
Je vois un jeune homme qui revient du passé, il conduit une mobylette, ses cheveux dans le vent sont tenus par un turban : c’est l’apparition au turban. Les miracles avaient lieu, des miracles coupés, des miracles à moitié – la moitié ne retirait rien au fait que c’était des sortes de miracles ou des chemins de miracles – ce qu’il faut pour donner l’aile, l’essor. Je rêvais de turban sur la route de l’église (puisque église il y avait) et le dimanche le rêve lui-même paraissait en turban, sur sa mobylette. Le rêve n’était pas de ceux qui communient mais sur la place il faisait tourner son moteur et regardait passer les filles qui allaient communier, le faisait en fumant, l’air de bien se marrer. Je crois alors maladivement aux rêves en turban et aux moteurs des églises, il me faut voir un médecin qui soigne le corps qui voit avec des aiguilles puis un autre qui soigne le corps qui voit avec de l’eau de mer puis un autre qui soigne le corps qui voit avec de l’énergie mais c’est une catastrophe, bref depuis le jour de l’église je vois bouger le rideau orangé de ma chambre où quelque chose appelle.
Un jeune homme en turban ?
J’ai peur.
Le rideau, derrière le rideau un picotement, un bec d’oiseau frappeur. C’est ça, peut-être, le manque de courage : je n’ai pas bougé, je n’ai pas posé de questions devant le rideau orangé.
Je ne veux pas savoir ce qui appelle.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}