Un soir où Atiq Rahimi et moi nous nous plaignions de concert de notre épuisement, je lui conseillai le Donormyl, en vente libre. On peut aller jusqu’à deux comprimés, ordonnai-je à ce patient réticent. Atiq s’administra avec prudence la moitié d’un comprimé. Je n’attendais rien moins que les remerciements d’un Proust à une princesse de Caraman-Chimay, mais Atiq me laissa sans nouvelles, jusqu’à ce que notre éditeur m’apprenne que j’avais manqué le tuer : mon camarade insomniaque affirmait s’être traîné comateux pendant trois jours.