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3.65/5 (sur 37 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 21/12/1935
Mort(e) à : Blois , le 15/08/2017
Biographie :

Marie Depussé est un écrivain français. Elle a été professeur de littérature (ENS, agrégation de lettres classiques). Elle a débuté en Amérique - Mount Holyoke – Howard University, puis a enseigné à la Sorbonne, qu'elle quitte, en 71, pour l'Université Paris VII-Diderot. Dans le cadre de cette université, elle pratique un enseignement en milieu carcéral.
Elle travaille, dans le même temps, à la clinique psychiatrique de La Borde et à Paris comme psychanalyste. Elle a longtemps enseigné à l'Université Paris VII-Denis-Diderot. Elle se lance dans la publication de récits chez POL à partir de 1993, inaugurant avec l'évocation d'un lieu cher, la clinique psychiatrique de son ami Jean Oury. Elle a par ailleurs régulièrement collaboré à la revue fondée par Michel Butel l'Autre journal.
Elle apparaît dans le film documentaire de Nicolas Philibert consacré à la clinique psychiatrique de La Borde, La Moindre des choses.
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Vidéo de
Marie Depussé dans sa cabane à La Borde le 14 juillet 1993, avec Carine Toly, Jean Oury et Boudu, à l'occasion de la parution de "Dieu gît dans les détails" aux éditions P.O.L

Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
" Les fous

Je dis les fous. Par prudence. Dire, comme chacun s'autorise à le faire, les psychotiques, est une violence qui engendre des diagnostics, à vie. Par tendresse. On ne peut dire "les fous" sans les aimer un peu. Tous les pensionnaires ne méritent pas le mot. A côté des fous, il y a les fragiles, les boudeurs de la vie, les très fatigués. Si je m'autorise à les désigner, indifféremment, par le mot, c'est que les habitants de La Borde l'aiment bien. Nous, les fous.

Il ne les vexe pas : au contraire..."
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La peur a toujours des complices, qui trouvent là occasion de faire carrière, des gens inertes, silencieux, redoutables. La peur des étudiants rencontre le besoin de certains d'entre nous, longtemps contrarié, de jouer au professeur, comme on peut jouer au douanier ou au flic. Ils portent un regard acéré sur la conformité des devoirs, vérifient la dimension des marges, et le nombre des parties, qu'il s'agisse de Rimbaud ou d'un film de Renoir. Et ils mettent parfois de sales notes. Un grand psychiatre, Jean Oury, définit une folie très répandue chez les gens qui ne sont pas dans les asiles, ceux qu'il appelle les normopathes, en ces termes : des gens qui se prennent pour leur fonction.
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Le corps médical protège comme il peut ses malades de la défaite de la mort. Certains, des infirmières aux médecins, ont du mal à parler. Il n'y a pas si longtemps, ils touchaient les corps. C'est de plus en plus rare, à cause de la multiplication des machines, les merveilleuses machines, qui rendent les gestes inutiles. Il leur faut maintenant parler. Non pas faire des discours. Je parle de basculement vers l'autre, le paysage détruit de l'autre, l'envisager, et y planter des arbres. La parole peut faire ça. (p.104)
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Il y a au-dessus de La Borde un ciel de gentillesse, une nébuleuse discrète et un peu floue, qui autorise à vivre, dans le détail, de pauvres vies tordues.
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A la fin de l'année scolaire, une lassitude prend les étudiants, en prison, une surdité. Comme s'ils arrêtaient de jouer. Ils ont étudié Corneille, Faulkner, oui ils veulent bien, encore, mais.: "Vous allez nous abandonner. Vous comme les autres, avec votre allure généreuse, qui se glisse dans des créneaux horaires déterminés, vous allez nous laisser l'été." (p.20)
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Les enfants ont besoin d’ombre pour grandir, comme les poireaux. Ils ont besoin de secret, de silence.
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Parce que demain on recommencera. On ira vers lui, et il sera vivant. ça aide à dormir.
Si on se force à aller à l'hôpital il ne faut pas y aller. Il arrive pourtant qu'on se force, quand on rend visite à un ami qu'on n'a pas encore vu couché là. On a peur, de ne pas le reconnaître, de trop sourire. Mais si on l'aime, quelque chose en nous s'ajuste, quelque chose de l'ordre de ce qu'on appelle l'âme du violoncelle. Quand on y va tous les jours ça va. Je ne parle pas de bonheur, quoique...
Il y a des heures, dans les jours, où l'on pourrait parler de ça. Mais avant d'ouvrir la porte de la chambre, on a le corps noué, la tête traversée par des trains qui déraillent.
On sait qu'il y a eu la nuit, que la fatigue augmente dans son sourire. Puis on ouvre la porte, doucement, et on avance, il est réveillé, il nous regarde. On ravale le chagrin, on le tasse n'importe où dans le corps et on avance vers lui avec du bonheur dans les yeux, quelque chose que peut-être on ne lui a jamais ou si peu donné à voir quand on pouvait jouer et rire ensemble parce que la vie qu'on vit est fait d'encombrements, de ratures, d'oublis.

Il ne vous demande pas de parler, il vous regarde. Il suffit de rester au pied du mur de la souffrance, de sa peur. Et de tenir. A la distance, difficile à trouver, qui respecte son énigme de vivant. Etre tout près de ce qu'il a de plus lointain. Il suffit de voir son sourire, le mystère de ce sourire, pour tenir. Le chagrin c'est pour vous. C'est lui qui va mourir.
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Parce qu'au-delà de l'éventuelle douceur, épique, de l'heure, il faut qu'un être, qu'on paye assez mal pour cela, ne manque pas, ne manque jamais, l'heure de la rencontre avec le fou suppliant ou rêveur, l'urgence de l'occasion, qui se fout de l'heure des repas, comme de la cadence des bureaux. S'il manque cette heure, le kairos, comme dit le directeur, qui aime dire les choses en grec, le fou meurt, très vite, très facilement, sans autre forme de reproche. (p.26-27)
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Des gens haineux disent parfois: "Mais ici, c'est sale."
Savent-ils que le corps des malades mentaux, que leurs gestes, effritent l'espace au lieu de l'habiter, en une desquamation monotone qui remplit les cendriers, fait déborder les chiottes, salit, efface la grâce des objets, pulvérise? Qu'ils ont besoin, souvent, de la poussière, qui les protège de la violence du jour, de celle des autres, et qu'il faut faire très doucement quand on balaye?
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Je crois que ce qu’on désigne du terme ingrat de « psychothérapie institutionnelle » a commencé par cet acte simple, de l’ordre du baptême : appeler les fous par leur nom. La façon dont il a prononcé son nom : Jacqueline. Tout commence là. (p.37)
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