Je ne dormais plus. Je passais mes nuits à lire à la lueur d'une chandelle. Mes yeux étaient brûlés par les veilles. Je sortais à l'aube car la lumière ne me blessait pas. J'allais à la rivière. Je croyais ma fin prochaine. J'entendais les âmes errantes des eaux vives qui m'appelaient. Quand j'approchais de la rivière, je tapais l'eau de la mazza pour les éloigner, mais je le faisais que par habitude. Qu'étais-je d'autre moi-même qu'une âme errante?
A la nuit tombée, je regardais parfois mon ombre sur le mur. Je rêvais souvent d'une dernière chasse de nuit dont j'étais la proie. Une vie d'homme tient à peu de gestes, à quelques ombres, à des rêves.
Je vécus ainsi, pendant des mois, comme un sauvage.