On éprouve le plaisir de se venger, tout en se sentant parfaitement justifié à faire mal à qui nous a fait mal. Peut-on cependant prétendre faire justice quand on la fait soi-même, quand on se fait justice à soi-même? En effet, lorsqu'on s'octroie le droit de punir celui qu'on tient pour coupable, à quoi mesure-t-on la peine qu'on lui inflige, si ce n'est à sa propre peine? Or, quelle souffrance infligée au coupable pourrait suffire à compenser, chez la victime, la privation de tout ce qui faisait son être, la perte de ce qui donnait sens à sa vie, la mutilation irrémédiable de son bonheur (...) Il est des peines irréparables. Et pourtant le vengeur agit comme si c'était possible, "avec un optimisme féroce" (...)
Si l’obéissance est donc un acte humain, car il est un acte libre, désobéir peut tout autant être un acte dans lequel l’individu exprime sa dignité humaine en témoignant, par son refus d’obéir, de sa liberté.