Marie-Krystel Gendron

- Pour répondre à ta première question, non, je ne passe pas mon temps à épier mes voisins, mais je dois admettre que certaines personnes sont plus agréables à espionner que d'autres, que je déclare en flirtant un brin.

- Je vois...

J'attends la suite avec impatience, mais il tarde à continuer. Comme je suis sur le point de prendre la parole, il ajoute :

- J'aime que tu espionnes par ma fenêtre, mais seulement à travers la mienne, par contre.

Troublé, le cuisinier avala difficilement sa salive. Quelque chose d’unique dans les yeux de cette femme se révélait dangereusement attirant. En réalité, sa personne tout entière l’était, et il avait du mal à éviter de flirter avec elle. Ce soir-là, James Jacob’s comprit que s’il acceptait cet emploi, la promesse qu’il s’était fait des mois auparavant allait être difficile à tenir.

Les gens ont souvent beaucoup de difficulté à me croire, quand je leur apprends qu’être coiffeuse, ce n’est pas toujours une partie de plaisir. Que la clientèle peut parfois être assez exigeante, et plutôt intrusive, aussi. Eh bien, ce soir, mon homme vient d’en avoir la preuve une bonne fois pour toutes.

Une mère qui abandonne ce qu’elle a de plus précieux, ça ne me rentre pas dans la tête ! Je n’ai jamais tenu mon bébé dans mes bras, mais je sais que j’aurais donné ma vie pour épargner la sienne.

C’est fou comme la majorité des femmes ont en horreur les tons ambrés, mais que dès qu’elles en voient sur une tête connue, elles aiment donc ça, finalement. Je ne comprendrai jamais ce phénomène.

Pour être honnête, ce qui m’énerve – et qui va inévitablement arriver –, c’est de me faire niaiser avec mes obsessions. Oui, je l’admets, j’ai le besoin viscéral de placer mon toupet à mon goût tous les matins. Je veux bien croire qu’on est dans le fin fond des bois, mais c’est important pour ma santé mentale, OK ?

Il n’y a rien comme le confort de son chez-soi !

Si vous voulez mon avis, mon chum essaie de me faire croire que je lui ai dit que ça me ferait un immense plaisir… alors que j’étais pompette. C’est sûr qu’il ment pour me faire croire que je n’ai maintenant pas d’autre choix que de le suivre. La fille est pourtant pas mal certaine que, même après trois bouteilles de vin, elle ne pourrait jamais être assez affectée par l’alcool pour consentir à vivre en cohabitation durant plus de vingt-quatre heures avec des mouches noires !

Tout en avalant une lampée de vin, j’essaie de rassembler mes idées. Pas facile, quand on sait qu’elles s’éparpillent dans chacun des recoins de ma cervelle pour s’y incruster, et ainsi déclencher une autre fichue crise d’anxiété. Respirer un bon coup demeure ma seule option pour retrouver une certaine contenance.

Une coiffeuse nerveuse, disons que ça ne fait pas vraiment bonne impression ! Vous saviez qu’il faut aussi être bonne comédienne pour pratiquer ce métier ? En tout cas, moi, on ne m’avait pas mise au courant. Mais au fil des ans, tu réalises qu’il vaut beaucoup mieux faire semblant que tu maîtrises la situation même s’il n’en est rien.

Certains disent que la grossesse rend pétillante, que le teint devient plus lumineux, les cheveux étincelants. Ben… pas dans mon cas ! Comme j’ai de la difficulté à dormir parce que je passe mes nuits à me poser des questions, j’ai plutôt l’air d’un zombie, ces derniers temps.

J’imagine que toutes les futures mères se sont déjà retrouvées dans la même situation que moi, que je ne suis certainement pas la seule à me poser mille et une questions. Mais disons qu’il serait bénéfique pour ma santé mentale (et celle de mes proches) que j’apprenne à contrôler un peu mieux mes émotions.

Les hormones, ce que ça peut faire… Depuis que je suis enceinte, je rêve de voir pousser ma bedaine jusqu’à ce qu’elle ressemble à un gigantesque ballon de plage. Chaque matin, je me lève en courant pour aller vérifier si ça commence à paraître. Vous allez me dire qu’à seulement douze semaines, c’est normal de ne pas avoir pris beaucoup de poids. Vous avez probablement raison.

Ça, c’est ce qui m’arrive toujours quand je fais une crise d’anxiété. Je le sais, que mon problème se situe dans un recoin de ma cervelle mal programmée, mais je n’y peux rien. Au même rythme que mes pulsations cardiaques, ma respiration devient de plus en plus irrégulière. Un malaise qui, sournoisement, s’intensifie seconde après seconde.