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Citations de Marie-Laure Hubert Nasser (45)


Je suis vendeuse en librairie. Enfin, je crois que maintenant, on peut oser lui donner ce nom-là : Librairie. Il y a livre et libre dans ce mot. Et pour moi, c'est une évasion.
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Par contre, je vais pouvoir lire des nuits entières. Me perdre dans la lecture jusqu'à ce que mes yeux se ferment et que l'esprit finisse la route de l'écriture. C'est magique quand le corps lâche et que la tête continue sur la voie de l'imaginaire.
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J’ai toujours cru que je ne finirais pas la journée. À moins que ce soit elle qui ne se termine jamais. Le temps est un élément auquel je pense souvent. Comme un ennemi qui me poursuit.
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Elle aimait l'imperfection et les détails qui trahissaient la vérité.
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Elle est si lisse et si pure à l'intérieur que les maux et les reproches ne peuvent s'accrocher sur ses parois. Râpeuse et repoussante à l'extérieur, elle est douce et tendre comme une pierre à savon, dedans. Rien ne reste du passage des malheurs précédents. Cette grotte est apparue lors du dernier cyclone et depuis, tout le village est en paix.
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Elle n'aimait pas croiser les gens. Ce n'était jamais simple avec les autres.
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- Il faut que tu m'aides, je n'y arriverai jamais sans toi.
- Mais que je t'aide à quoi ?
- A passer cet entretien.
Ils cherchent quelqu'un pour la boutique d'en face. Au CAPC.

(...)
- Ouais, bon, c'est du passé. Mais dans le cas présent, ben, comment veux-tu que je t'aide, ma belle ? J'y pige rien, moi. Encore, si c'était pour bosser chez H & M, je connais toutes les vendeuses, mais là ... J'en connais pas une de vendeuse. Et d'ailleurs, ils vendent quoi, dans ta cathédrale ?
- Des ouvrages pour approfondir ses connaissances après une visite, des catalogues d'expositions, des livres d'artistes pour faire des cadeaux originaux, tu vois ?

(...) Tout l'immeuble était au courant de cet espoir de rendez-vous. Cette information majeure avait donné lieu à une séance de formation intensive (...) pour approfondir ses connaissances. Toutes les femmes au foyer étaient présentes. Elles préparaient même l'entretien avec leurs maris avant cette séance de "coaching" comme l'avait appelée Claudie, se moquant de cette nouvelle émission télévisée de conseils en tout genre qui venait de voir le jour sur sa grille des programmes.
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Et puis, avec le temps, je me suis mise à vivre en bonne entente avec tous ces morceaux de moi.
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Elle se contentait de puiser le beau chez des êtres qu'elle choisissait. Elle avait rempli son immeuble pour être à l'abri de l'ennui.
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Leur quotidien devenu léger et simple, elles s'adaptaient sans exigence. L'esprit toujours un peu ailleurs.
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Elle se laissait bercer par la chaîne Arte, dans le noir, sur un écran miniature. Elle s’était endormie sur le canapé. Elle avait entendu des pas. Des portes qui claquaient. Elle croyait avoir rêvé. C’était souvent étrange les bruits des vieux immeubles qui grinçaient les soirs de pleine lune.
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Marie m'avait rejointe. Je lui livrais mon angoisse et l'ennui permanent qui escaladaient mes tripes. J'avais tout pour plaire et mon incapacité à accéder au bonheur faisait couler dans mes veines une mélancolie qui me plongeait dans les limbes. Elle avait sorti ses écouteurs et nous partagions les paroles amères d'une chanteuse new-yorkaise. Comme pour accompagner ce long et incompréhensible voyage. Grisaille, noirceur, abattement. La spleen machine égrenait sa mélodie.
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A part le mot "start-up" et le nombre de zéros sur son compte en banque, Sarah n'en savait guère plus sur l'univers professionnel de son mari.
Elle trouvait ces anglicismes terriblement ennuyeux.
Elevée pour devenir une bonne épouse, elle estimait avoir rempli sa mission.
Elie lui avait fait une cour assidue. Elle s'était laissé séduire par cette aisance qu'il affichait en toute situation. Elle avait conçu deux beaux enfants, mâle et femelle. Cuisinait à merveille et gérait avec élégance un intérieur assez surfait, mais qui arborait tous les signes de la réussite.

Sarah avait atterri dans cet immeuble cossu pur XVIIIe en attendant la réfection d'un loft extravagant. Elle avait acquis à prix d'or d'anciens chais qu'elle rénovait, convaincue d'avoir conclu l'affaire du siècle.
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Extrait : Le journal de Clotilde
C’est idiot. Je me demande par où commencer. Je me suis toujours promis qu’un jour je saurais à qui écrire. Que je trouverais l’envie de me confier. Voilà bientôt trente ans que je lis, dévorant la vie des autres, sans avoir jamais couché un mot sur le papier. J’ai du mal à tenir un stylo. C’est pour cela que je me suis offert un plumier. Avec une encre violette. Comme lorsque j’étais petite. Pour faire de belles lignes. Ce cahier a une carapace en cuir. Je l’ai voulu juste pour moi. C’est mon premier cadeau avec mon argent. Il me ressemble. Je l’ai trouvé dur et tendre à la fois. Comme moi. Rugueux et sans forme à l’extérieur. Un bloc. Un roc. Des feuillets doux et collés à l’intérieur. On souffle doucement sur les pages et elles s’entrouvrent. Comme des portes cachées. Moi, Clotilde, vingt-sept ans, dont vingt-six pétrifiée dans une roche, j’ai pour la première fois de mon existence envie de vivre. C’est sans doute parce que je peux enfin me demander ce que je ferai demain. Cela ne m’était jamais arrivé. J’ai toujours cru que je ne finirais pas la journée. À moins que ce soit elle qui ne se termine jamais. Le temps est un élément auquel je pense souvent. Comme un ennemi qui me poursuit. Comme si un sablier infini coulait en moi. Pour m’alourdir. Rendre mes membres gourds. Mes mouvements douloureux. Mon présent pesant.
Je suis venue sur terre laide. Pas de ces laideurs qui deviennent des atouts, car l’on acquiert grâce à elles une forte personnalité. Pas de ces grosseurs que l’on désigne girondes ou généreuses, créant le désir irrépressible d’y apposer les mains. Pas de ces disgrâces si frappantes que l’on peut les détourner. Réparer. Cacher. Opérer. Non, un corps et un visage inscrits dans une masse de chair alors même que le travail de façonnage n’a pas été achevé. Je ne sais pas d’ailleurs s’il reste une partie de mon être épargnée par cette infortune. Je me suis regardée dans un miroir pour la dernière fois à l’âge de six ans. J’observais cette autre avec curiosité. Sans vraiment d’appréhension ou de colère. Je pensais que j’étais comme le reste du monde. Et puis j’avais une jolie robe ce jour-là, avec des volants roses que je faisais virevolter autour de mes jambes. J’étais plutôt heureuse malgré tous ces accidents quotidiens qui venaient se coller à ma peau. Je me sentais leste bien que plongée dans un bloc de béton. Je n’ai pas de cou. Mes épaules sont tellement épaisses que l’on ne peut vraiment pas deviner si j’ai un corps de femme. Ma taille est large. Mes membres sans forme. Mes pieds, je ne les vois plus depuis des années. Mes mains ressemblent à des battoirs. Mon visage ? Je ne sais pas vraiment. Il est flou pour moi depuis si longtemps. À l’école, dans les couloirs, on m’appelait la grosse. La dodue. Le bidon. Le boudin. Le laideron. La couenne. Le lardon. Le quintal. Le tonneau. La tonne. Quand on est grosse, on vous croit bête aussi. Comme une double punition du ciel. Comme les deux bosses du chameau. Alors, j’avais droit aussi à la perchée, la pommée, la pauvre débile, la tordue, la neuneu, la naze. Là, c’était l’association physique et morale de ce qui leur semblait ma réalité. Il y avait aussi la bâtarde, insulte suprême vomie pour clore le chapelet d’injures dont j’étais recouverte. Je n’avais qu’une envie, disparaître. Me fondre dans l’espace. Rentrer sous terre. J’ai enfoncé un chapeau en feutre noir sur ma tête pour que l’on ne voie plus que le menton, à étage d’ailleurs, je crois bien. C’est comme ça quand on est gros.
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On parle à juste titre d'obésité morbide, non qu'on soit des morts ambulants, non, mais parce que cela insupporte. Les gros dégoûtent. Agacent les autres.
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Soudain le cri qui déchire l'aurore. Terre. Terre. Ils le répètent à voix basse. Le transportent de souffle en souffle. Comme un papier cadeau rempli d'espérances. Terre.
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Elle désire tellement être à la hauteur. C'est son moteur ce besoin de perfection. Elle aime qu'il soit fier. Il est si fort. Elle voudrait qu'on l'aime. Et l'aider aussi.Etre son arme fatale. Son supplémentd'âme pour aller à la victoire.
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Couper court. Ne plus l'entendre avec ses jérémiades, ses pleurs de petit chien quand elle ne sait plus quoi faire pour le culpabiliser.
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Avec son départ disparaissait la tendresse. Une onde froide parcourait mes os. Je me levais. Tournais autour de moi, comme un chien qui essaie d'attraper sa queue. Je palpais la solitude.
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Je suis une enfant de la guerre. Je n'ai pas connu l'herbe, les jardins, les fontaines. Je ne sais pas l'école, les livres, les jeux dans la cour.
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