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Citations de Marie-Odile Ascher (31)


Je n'avais pas déniché le moindre bout de savon, j'avais également cherché en vain du sel. Par contre, j'ai fait l'acquisition d'un unique morceau de sucre. Une très vieille femme engoncée dans des lainages le proposait, sur un petit carré de papier blanc posé sur sa paume ouverte.
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Je n'en croyais pas mes yeux : je me trouvais sur le sol de l'Union soviétique, communiste et athée, en 1947, et j'assistais à un office religieux dans une église bondée !
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La Russie n'existe plus, monsieur. vous emmenez vos enfants en URSS. Ce n'est pas le même pays.
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Un jour, Katia, la plus bavarde, nous a raconté que sa soeur et elle avaient offert leur appartement de Lyon à l'ambassade d'Union soviétique, un grand appartement de six pièces, dans un bel immeuble en pierre de taille donnant sur la place Bellecour.
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Nous vivions à présent dans un pays où le prochain était un ennemi potentiel dont il fallait se méfier. Un ennemi à qui l'on annonçait d'emblée, par un visage fermé, qu'on ne lui faisait pas confiance.
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Après ces confidences, dans le train qui me ramenait chez moi, j'ai réfléchi au passé de notre famille - familles de Russes blancs émigrés dans le Sud de la France puis revenus au pays natal, pour certains, et de Russes demeurés sur place et ayant subi la tourmente stalinienne, pour d'autres-, et j'ai ressenti une bouffée d'orgueil. Mes parents, mes frères et soeurs et moi-même avions toutes les raisons d'éprouver de la fierté ce de ce que nous étions devenus, en dépit des difficultés et des douleurs traversées. Nous pouvons dire que nous avons réussi.
Quant à moi, la fierté -justifiée- d'avoir accompli tout ce chemin reste teintée d'un fond d'amertume. Le sentiment de la perte de mon destin français demeure, malgré mes efforts pour accepter l'existence qui m'a été imposée. Il m'arrive encore de ressentir une douleur sourde quand je pense à ma jeunesse française.
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-Ma liberté ne porte qu'un seul nom...elle s'appelle Igor...

-Igor est tout sauf ta liberté! Il est une chaîne, un cadenas, une entrave. Tu lui donneras tout, et lui que t'offrira-t-il en échange ?...

-Tu te trompes. Un cadenas forgé par Igor, je le veux. La chaîne qu'il représente, c'est mon bonheur...C'est ainsi et cela ne peut être autrement...

-C'est l'amitié que je te porte qui me fait craindre pour les risques que tu prends.

-Les risques que je prends! J'en suis consciente des risques ! Oui, il peut m'abandonner, oui, je peux devenir une fille mère, seule avec un enfant. Ces risques, je les assume. Mieux encore, je les désire! Ils sont comme du poivre sur le barszcz, ils donnent une saveur incroyable à ma vie comme le poivre donne du goût à la soupe...
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"Chers amis, soyez les bienvenus dans votre patrie, me traduisit papa à voix basse. Elle vous accueille à bras ouverts...Mes chers compatriotes..., vous êtes à nouveau chez vous... vous avez fait le meilleur choix possible pour vous et vos familles... Vos enfants vous en seront éternellement reconnaissants... Chers camarades... vous retrouverez toute votre place en URSS... Vous saurez le bonheur de participer à la reconstruction de votre patrie..."
Papa en bégayait d'émotion.
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bourbier, vase, fange, marais...elle avait appris et retenu tous les termes qui traduisaient sa détestation viscérale pour la boue du pays….Elle ne supportait pas de s'enliser dans la glaise des dessertes, criblée de trous creusés
par les sabots des troupeaux et remplis d'eau croupie à laquelle se mêlait la bouse ou le crottin. L'argile mouillée emprisonnait les pieds nus,, retenait le sabot, souillait de ses éclaboussures le bas du cotillon...On s'en arrachait dans un horrible bruit de succion. La gadoue personnifiait aux yeux de Jeanne l'avenir que lui réservait son hameau des Goelles, une œuvre du diable, pensait la petite fille créée pour enchainer les malheureux qui y vivaient.
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vous serez toujours soumise aux préjugés des Blancs vis à vis des personnes de couleur. Ils ne vous considéreront jamais comme l'une des leurs malgré votre apparence, vous ne pouvez l'ignorer, n'est-ce-pas? L'autre obstacle, ce sont les traditions de votre famille indienne. Vous venez de refuser une demande en mariage, mais cela ne va pas l'empêcher de vous arranger une union qui lui convienne, à elle, sans vous demander votre avis. Je ne sais quel est le pire des maux, la mentalité de votre milieu ou l'ostracisme des Blancs à votre encontre.
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[Maria à son fils Andreï]
- Comment sais-tu tout cela ?
- Je sais lire et je sais écouter. Vous savez, vous m'avez doté d'un cerveau capable de réfléchir !
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Ils ont fait de moi une bonne citoyenne bien comme il faut, une bonne petite fille bien sage, qui faisait et disait ce qu'on attendait d'elle.
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"Mais ma pauvre fille, tu n'imagines tout de même pas que tu vas pouvoir sortir de ce pays ! Jamais tu ne retourneras à Vence ! Ni toi ni moi ne reviendrons en France, jamais, tu entends !"
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Revivre ce temps de notre jeunesse. Nous étions au presque commencement de nos vies, l'un et l'autre tout juste sortis de l'adolescence, l'amour nous avait saisis et nous en restions éblouis. Ces années-là, tout semblait possible, j'avais la certitude que notre amour exalterait notre existence entière. Il nous protégeait, il était notre citadelle, notre abri, dans lequel nous étions tous deux en sûreté. Nous nous aimions, rien ne pouvait nous arriver. M'aurait-on annoncé la séparation qui nous guettait, je ne l'aurais pas cru. Je n'ai jamais pressenti les ombres menaçantes qui planaient sur nous.

Nous nous sommes dit au revoir le dimanche 5 octobre 1947. Nous sommes aujourd'hui le vendredi 25 juin 1993. Cela fait, si je ne me suis pas trompée dans les années bissextiles, 16 700 jours, 16 700 nuits que je t'attends.
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Tu as disparu, évanoui dans un temps révolu. Tu as traversé comme un météore un espace de mon existence, modeste au regard de toute une vie, mais qui a suffi pour l'illuminer pour toujours. Mais je n'ai même pas de photos de toi et moi ensemble, rien, même plus une image pour me dire que mes souvenirs ne sont pas un mirage, une illusion, que ces années tombées dans le néant des choses disparues, nous les avons ensemble traversées.

Je suis revenue à Vence, Marc, avec l'espoir de savoir avec certitude, si ce que nous avons vécu, toi et moi, a réellement existé. Et pour pouvoir, enfin, te dire adieu.
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Je me souviens que lors de mes premières années soviétiques, je scrutais souvent mon image dans un miroir. Je reconnaissais mes traits, certes pâlis, émaciés et tirés de fatigue, mais c'était bien mon visage que je contemplais, celui de Marina Vladimirovna Sandansky. Cela m'étonnait car j'avais le sentiment de ne plus savoir qui j'étais. Je ne me reconnaissais pas, je n'étais plus la même. Seuls mon nom et mon visage me reliaient encore à la Marina du temps de Vence, cette jeune fille au regard déterminé, plein d'étincelles de joie, confiante en son avenir, qui piaffait d'impatience devant la vie. Tout cela avait disparu. Ma flamme intérieure était passée du flamboiement à une modeste lueur, vacillante, mais, heureusement, elle ne s'est jamais éteinte. Elle m'a donné la force de survivre au désespoir, mais avec une âme différente, comme endormie. J'ai ployé sous la résignation.
Puis les années ont passé. La vie a coulé, la souffrance de mon amour perdu s'est peu à peu estompée dans le temps, dans les préoccupations du quotidien. Mes rêves sont morts.
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L'URSS, « l' autre coté » selon notre terminologie familiale, avait aspiré et comme digéré sans laisser de traces une bonne part de la famille. Notre enfance, à mes cousins et à moi, a été baignée par ce drame, imprimé dans notre histoire. Vous êtes ceux que nous appelions, lors de nos réunions de famille «Nos Absents.» J'aimais bien ces mots, « nos absents » dans la bouche de Grand-Père; il appuyait sur le possessif « nos » plus que sur le mot « absents » et ce petit mot de trois lettres prenait dans sa voix, d'habitude rocailleuse, un accent de rondeur, de tendresse, d'affection que mes oreilles discernaient.
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Les courriers que mes grands-parents vous ont ensuite adressé sont restés sans réponse, nous ignorions même si vous les receviez. Vous vous étiez tous évanouis dans l'immensité russe, comme dissous dans le temps qui passait. Où étiez-vous ? Que vous était-il arrivé ? On vous imaginait emprisonnés dans un camp travail, malades peut-être, menacés certainement. Nous ne savions même pas si vous étiez encore en vie. Nous comprenions, bien entendu, que l'interruption des échanges n'était pas de votre fait, mais due aux conditions politiques de votre pays d'accueil. (...)
« L'autre coté !» Que de questions, enfant, ne me suis-je pas posé au sujet de cet étrange territoire dont parlaient les grandes personnes avec des mines graves, un endroit plein de mystères et plus encore de dangers. J'en discutais avec mes cousins, nous comprenions que c'était une zone dans laquelle on pouvait entrer mais dont on ne ressortait jamais. La contrée vous avalait tout cru, comme dans un conte terrifiant. Dans mon esprit, cela ne pouvait pas exister en « vrai », ce ne pouvait qu'être une histoire destinée à faire peur, non seulement aux enfants mais aussi aux grands. Ce n'est que plus tard, grâce à mes leçons d'histoire et de géographie, que j'ai su que ce pays existait vraiment.
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Le jour du Sacre. Notre Dame avait été métamorphosée en une sorte de théâtre au décor pompeux, alourdi de tapisseries, draperies, bannières frappées aux armoiries impériales.Les rambardes recouvertes de tentures rouges ornées de broderies d'or, comme à l'opéra.
Dans l'attente de la cérémonie, la cathédrale, déjà comble, bourdonnait comme une ruche. Pas moins de quinze mille invités se pressaient dans les tribunes.
Il était neuf heures, quand Jeanne et ses compagnes s'installèrent . Les morceaux de musique en alternance avec les chœurs se succédèrent. Le froid se faisait de plus en plus insupportable.
Enfin vers quinze heures trente, la musique s'étant tue, on put voir un personnage en bleu, le chapeau emplumé de blanc, tenant un bâton insigne de sa fonction de chef des hérauts d'armes, s'avancer vers le milieu de la nef, à la vue du plus grand nombre. Il proclama d'une voix forte :
Le très glorieux et très auguste Empereur Napoléon, Empereur des Français, est couronné et intronisé. Vive l'Empereur!
L'acoustique de la cathédrale porta l'annonce jusqu'au fond des tribunes.
Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice!
Il sembla à Jeanne que c'était le monument lui-même qui acclamait l'Empereur des Français.
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L'aube hivernale pointait et les blessés arrivaient encore sans discontinuer à l'ambulance, établie dans un hangar ouvert à tous les vents. Paul avait obtenu l'autorisation de Dominique-Jean Larrey, le chirurgien en chef de la Garde impériale, de se mettre au service de ses chirurgiens-majors.
Il avait pansé, cautérisé, épongé du sang, donné à boire, réconforté. Toute la nuit, les chirurgiens avaient scié les membres de pauvres diables maintenus par de solides gaillards sur des tables récupérées dans les fermes des environs.
Beaucoup d'amputations auraient pu être évitées, mais les chirurgiens étaient formels, ce geste était la seule solution dont ils disposaient pour éviter la gangrène et donc la mort.
Les chirurgiens l'exécutaient d'une main sûre, en quelques minutes, la rapidité permettant d'atténuer, dans la mesure du possible, les souffrances des malheureux patients.
Le choc restait si effroyable que beaucoup mouraient sous la scie de menuisier qui sectionnait l'os. Les plus chanceux s'évanouissaient, échappant ainsi à une douleur insupportable.
Les blessés, les opérés, les amputés s'entassaient sur la paille souillée de vomi et d'excréments, de sang coagulé. Des cadavres gisaient sur les paillasses à côté des opérés encore vivants.Près d'eux un amoncellement de membres coupés, sanguinolents.
On n'entendait que hurlements de douleur, gémissements, râles d'agonie mêlés aux beuglements des chirurgiens exténués, qui, scie en main, houspillaient leurs assistants.
L'enfer existe, se révoltait Paul. Un lendemain de bataille nous en préfigure l'image.
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