Elle courrait, courrait si vite. Comme si son destin lui échappait sans qu’elle pût le rattraper, elle fonçait droit vers le dénouement funeste qui l’attendait au bout du chemin. Elle suffoquait. À bout de souffle, elle ralentit.
Quelqu’un la suivait. Un esprit sombre sans la moindre mansuétude, sans une once d’état d’âme.
Puis le bruit d’un sifflement ponctua l’impact d’une flèche qui la transperça entre ses omoplates.
La course de la jeune femme fut stoppée net. Son corps s’effondra face contre terre. Dans un geste désespéré, elle tenta de récupérer son téléphone éjecté de la poche de son blouson. Elle tendit son bras, l’étira encore, ses doigts touchant l’appareil sans pouvoir le prendre.
Épuisée et meurtrie, elle leva la tête. Ses yeux se posèrent sur des bottes qui se tenaient là, immobiles.
L’homme récupéra son projectile encore planté dans le dos de la malheureuse, générant les hurlements de douleur de la jeune innocente qui suppliait, pleurait et demandait pourquoi. Retournée sur le dos comme une vulgaire crêpe que l’on roule, elle n’eut comme réponse que la lame acérée d’un couteau qui trancha son abdomen.
Nous connaissons tous la peur. Elle peut être un frein, un blocage soudain qui paralyse et fait perdre tout sens commun. Mais elle peut aussi être le stimulus déclencheur d’un courage insoupçonné.
Les âmes voyagent, elles ne connaissent pas les frontières. Elles se posent où bon leur chante et dans le corps de qui ça leur chante.
"Nous nous réfugions dans des terreurs pour de faux afin d'éviter que les vraies nous terrassent et nous empêchent de mener notre vie quotidienne"
Stephen King