Marie-Renée Côté nous présente son livre-témoignage "
Mémoires d'une gardienne de prison". Un ouvrage à la fois émouvant, choquant et bouleversant.
L’uniforme des agents correctionnels impose l’autorité… à l’intérieur des murs seulement. Dans une cause de tentative de meurtre, gérée par le système de justice pénale, c’est radicalement autre chose. Nous avons parfois de la difficulté à faire accuser un détenu dans notre propre système disciplinaire interne, alors imaginez à l’extérieur!
Les armes ne me dérangent pas, mais je ne me trouve pas dans le bois en ce moment! Tout ça augmente mon stress. Après tout, je n’ai pas à manipuler d’arme dans ma formation en établissement. Même si j’ai été entraînée sur le champ de tir et que je m’y suis qualifiée haut la main, je me demande comment des armes semi-automatiques de si longue portée peuvent être utilisées dans un endroit aussi exigu que le pavillon dans lequel nous sommes. En plus, je devrai pointer à travers une meurtrière de quelques pouces pour intervenir. Vais-je m’habituer à cela aussi? Je ne me souhaite pas d’en venir aux armes. Mais une chose est sûre, elles font partie de mes outils de travail. Il est d’ailleurs probable que j’aie à m’en servir. Quel choix de carrière!
e suis convaincue aujourd’hui que la pire chose à faire pour donner envie à un criminel de reprendre le droit chemin du travail légal en société est de lui faire coudre des uniformes de screws à longueur de journée!
Pour notre clientèle, la couleur de notre uniforme importe peu. Nous sommes des chiens, des cochons, des schtroumpfs, et la plus utilisée des appellations: des screws. Quel que soit le grade, nous appartenons tous à ce groupe de travailleurs mal-aimés. Entre nous, nous sommes des officiers. On peut s’aimer, se détester. Le milieu carcéral nous affecte. Nous savons que nous serons en contact direct et parfois constant avec des criminels, mais aussi avec des monstres.
Nous pouvons suivre l’évolution du système carcéral au fil des ans. Mais sans le vivre, car ici il n’y a pas de vie. C’est ça! Il manque la vie de ceux qui habitent en prison et de ceux qui y travaillent.
Quelques vieux de la vieille m'ont appris une réplique mordante, appropriée à presque toutes les occasions : "Ce n'est pas une menace... c'est une promesse !"
C’est en vivant ce genre de situation qu’à la longue, je pourrai facilement entrer en mode robot. Pour l’instant, je ne maîtrise pas vraiment cette fonction!
Merci de m'avoir ri au nez. Tu me stimules !