Femmes enfermées
Bernard PIVOT reçoit cinq femmes qui toutes vont parler de la
condition féminine à des époques et dans des situations différentes.
Marie LEBEY dans son livre "Dix sept ans porte 57" relate sa liaison avec le Shah d'Iran alors qu'elle était âgée de 17 ans, liaison qui a duré un an et dont elle semble garder un excellent souvenir.
Marie ROUSSEAU après avoir découvert la
foi assez tard...
Petit à petit, je pris conscience que si je ne changeais pas de comportement, je ne tarderais pas à être rejetée par la communauté. Mais devais-je jouer un personnage, faire semblant d’être d’accord avec tout ce que je ne pouvais admettre ?
Je me sentis subitement seule, déprimée et malheureuse.
« Ne te fatigue pas trop », ce à quoi je répliquais que, si je me fatiguais, c’était volontairement, pour oublier ma peine et pouvoir dormir sans problèmes jusqu’au matin.
J’étais de plus en plus malheureuse, je savais que je ne pouvais rester, mais j’avais de plus en plus peur de retrouver la vie extérieure, le bruit, les gens aussi. Il faudrait retrouver du travail, expliquer mon échec à tous ceux qui n’avaient pas compris mon choix, trouver un autre mode de relation à Dieu.
Comme, par pauvreté, il ne fallait rien gaspiller, les chutes – ou déchets – étaient servies une ou deux fois par mois au petit déjeuner.
Manger des denrées saines serait de la gourmandise, et, de toute façon, n’y avait-il pas toujours suffisamment de pain ? Enfin, elle me rappela que nous étions pauvres et qu’il en découlait que tout devait être économisé au maximum.
Étourdie, l’esprit vide, je rejoignis ma cellule. Je pris le broc et allai chercher de l’eau froide au lavabo du noviciat. Une fois dans ma cellule, je restai perplexe, me demandant comment j’allais faire une toilette convenable dans des conditions aussi rudimentaires. En effet, la cuvette destinée à ma toilette était de dimensions si restreintes qu’il me fut impossible d’y poser à plat l’un de mes pieds. Je décidai de me contenter, pour ce soir-là, de me laver les aisselles et le visage, puis allai jeter l’eau dans la cuvette des W.-C. Je retournai ensuite au lavabo pour me brosser les dents. C’était à mon avis beaucoup plus simple, même si je n’étais pas censée procéder ainsi, la toilette devant se faire avec un minimum de moyens et dans la cellule. Je pensais également qu’il devait bien y avoir une douche quelque part et que je m’en informerais le lendemain.
Survint ensuite un événement que jamais je n’oublierai. En effet, de retour dans la salle communautaire, sœur Saint-François, le plus naturellement du monde, demanda à quelle heure il fallait agiter la crécelle, pour la « flagellation ». La réponse de notre mère fut tout aussi naturelle : « À cinq heures trente… »