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3.26/5 (sur 23 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bayeux
Biographie :

Marie Rouzin est auteure et enseignante. Elle écrit des textes poétiques et des textes pour la scène, dans lesquels elle interroge le collectif, les gestes d’émancipation et la métamorphose des êtres. Elle aime aussi, au jardin et dans les bordures, observer les pousses spontanées et cultiver les salades.





Source : blog
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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Par les ombres je vous maudis, disait-elle. Tous ceux qui entrez et sortez ainsi de sous la terre. Hommes étranges. Étrangers. Et les autres aussi. Ceux que j’ai connus là-bas d’où j’arrive. Hommes de guerre. Hommes de pouvoir. Gardiens, douaniers, militaires, policiers, officiers je vous maudis tous. Hommes des camps où la violence est le seul langage. Hommes de la grande prison de mon pays. Hommes du désert violent au-delà de toute mesure. Vous, les hommes, tous les hommes, je vous maudis. J’ai traversé les déserts, et la mer, et des routes, encore et encore, et j’ai trouvé ici une terre plus dure encore. Liberté je te maudis. Et vous, les oiseaux, qui m’avez accompagnée, pourquoi ne m’avez-vous rien dit, je vous maudis. 
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Tu cherches le silence tu ne sais pas te taire
  
  
  
  
Oui
       Tu te déclasses et tu te reclasses et tu te déplaces
       Tu fuis
Oui
       Tu passes à l’ennemi du silence
Le bruit
       De la langue dans ton cou
Là oui
       Où le retentissement te brûle
Là même
       Où tu devrais lancer tes jambes
       Courir
       Souffler
       T’étrangler
       Te taire
Tu cherches le silence tu ne sais pas te taire
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Tu cours dans les pages
  
  
  
  
Tu cours dans les pages
       C’est une ivresse
       Très désirable
       Pleine de manques
       Il t’en faut toujours plus
       Toujours plus d’idées
       Toujours plus de temps
       Toujours plus de travail
       Il n’y a pas de satiété possible dans cela
       Qui te meut
Souvent tu t’élances dans une parole
Tu inventes tu lis tu effaces
Des mailles que tu fais et défais
Des liens des nœuds serrés
Pour un rang régulier
Impossible à parfaire
Impossible de te taire
       Pourtant
Tu cherches le silence
Tu aimerais qu’il soit d’or
Tu aimerais le donner en héritage
Tu voudrais une ruée vers le silence comme une nouvelle veine à explorer
T’installer dans une mine sans métaphore
T’y construire un abri y vivre
Sans déplacement ni fugue
       Immobiliser ta langue
Sans image sans artifice
       Te retirer dans une terre pauvre
Sans colonisation de nouveaux territoires
       Être sédentaire
       Rester là où tu es là d’où tu viens
Sans conquête sans occupation ni siège
       Mais transfuge tu es
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Et moi petite, j'avais peut-être huit ans, je ne savais jamais ce qui était normal, acceptable ou pas, je ressentais un malaise à voir ces scènes où ma mère était si mal avec la cible à son cou ou sous les mots durs et abaissants de mon beau-père, mais comme elle ne se plaignait pas, ne réagissait pas, je ne savais pas ce qui était acceptable, mais je sentais que quelque chose montait en moi, que je ne pouvais pas nommer, et c'était plus fort que la peur même.
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Tu cherches le silence
  
  
  
  
Tu cherches le silence
Ta langue est sans or sans capital
Pauvre héritage
À peine connais-tu l’art de creuser pour trouver les filons des métaphores
       Qui te font voyager
       Qui te font te déplacer
       D’un territoire à un autre
       Qui te font traverser des domaines
       Inappropriables
Bien que tu te plaises à courir dans les phrases
À les parcourir
Fouler leurs couches superficielles ou profondes
Les terres connues ou celles intouchables intelligibles insuffisantes
Les sillonner sans raison
À peine connais-tu la syntaxe de la parole publique
De la société haute et hautement lisible
Tu ne connais pas l’histoire de la beauté
Ton ignorance est profonde comme la roche que tu creuses pour trouver le gisement
D’autres silences
Aux aurores quand le sommeil n’a pas retenu ton esprit dans sa maille
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Un soir, cachée dans l’obscurité d’un bois, perdue et sans attache, sans recherche, (avais-je même un corps?) j’ai entendu des voix qui s’éparpillaient au milieu des feuillages. 
Elles m’ont sortie du demi-sommeil où ma vie somnolait, ces voix, et m’ont embarquée dans un mouvement qui me dépasse et dont j’ignore la cause. 
Ce que je vais te dire, maintenant, ce que j’ai vu alors, lorsque je suis sortie de ma nuit et que j’ai fait un pas à travers les branchages, lorsque les mots que j’avais perçus sont devenus des voix, c’est cela. 
Ne vous rongez pas, les hommes, ne soyez pas mortifiés comme vous l’êtes, à vous bouffer la barbe et à vous tordre les doigts ! La voilà morte, c’est vrai, mais il n’y a plus rien à faire, rien de rien. 
C’était une femme assise par terre, près d’un feu, qui parlait. 
Un homme à la barbe et aux yeux noirs, assis en face d’elle, a répondu : 
Nous, nous, on ne va pas crever ici comme des chiens, on a droit à la terre, et à un lit, à quelque chose de digne, on a le droit de ne pas crever comme ça ! 
Ses mots sortaient de sa bouche comme des crachats, ses yeux allaient furieusement du feu à une boîte en bois, dans laquelle était assis le corps d’une très vieille femme. 
Il a continué: Le feu je l’ai le feu, et pas seulement devant ma putain de tente, le feu je l’ai partout et il va falloir qu’il se passe quelque chose avant que je me transforme en torche vivante! 
Il s’est mis à taper la cendre avec sa chaussure. Les toutes petites braises se sont éteintes sous les coups de semelle, étouffées. 
Calme, calme, a dit un autre homme que je ne voyais pas, tu te ferais brûler que personne ne ferait attention, il faut déjà trouver l’endroit, là où il peut y avoir de l’émotion, où on va te regarder, sinon, à quoi ça sert. 
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Le reste du temps c'était des humiliations avec les mots dits tout bas, pour abaisser ma mère, l'enfoncer, comme avec un maillet, comme les piquets de la toile du stand, il l'enfonçait toujours un peu plus, et elle se tassait ma mère, s'enfonçait, jusqu'à être enterrèe, la terre au bord des lèvres avec la peur des prochains mots, de la prochaine humiliation qui ferait rentrer la terre dans sa bouche et dans son nez. Elle s'enfonçait jusqu'à l'étouffement.
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Vous, les hommes, tous les hommes, je vous maudis. J’ai traversé les déserts, et la mer, et des routes, encore et encore, et j’ai trouvé ici une terre plus dure encore. Liberté je te maudis. Et vous, les oiseaux, qui m’avez accompagnée, pourquoi ne m’avez-vous rien dit, je vous maudis.
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Un soir, cachée dans l’obscurité d’un bois, perdue et sans attache, sans recherche, (avais-je même un corps?) j’ai entendu des voix qui s’éparpillaient au milieu des feuillages.
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Elle sera le témoin de tout ce que je vais faire pour que mon enfant ait un nom digne, un nom d’homme.
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