AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Pivoine29


Tu aimerais lui dire quelque chose de pensé, de pesé, d'essentiel, à la mesure de ce qu'elle t'a apporté, de ce qu'elle a chamboulé en toi, mais tu ne trouves pas les mots. Tu te contentes de murmurer un merci, et encore un - merci, merci - tous deux à peine audibles.

Tu emportes, au creux de ta valise, le bol qu'elle t'a offert. Un bol bleu laiteux, de cette couleur indéfinissable qu'ont les yeux des tout-petits lorsqu'ils ouvrent sur le monde, de l'océan qui tempère l'or du sable au couchant, de l'infini pluriel de ton coeur réparé.

Tu es la même et pourtant autre, à l'autre bout de toi. Tu as l'impression qu'autre chose peut commencer. Quoi ? Tu ne sais pas au juste, mais pour la première fois, tu as la sensation d'appartenir à un grand tout qui te dépasse, le tout des vivants reliés entre eux par une énergie palpable, arc électrique qui embrase et vivifie.
Tu as retrouvé ta joie, fragile, mais intacte au fond de toi, comme un cristal précieux transparent et sonore. Personne ne pourra te la voler. Surtout pas Elle.
Elle est ombre, Elle est autre, Elle ne réussira plus à te faire croire que vous êtes semblables. Tu ne partages pas sa folie.
C'est son histoire, pas la tienne. Tu n'as que faire d'une vie dominée par la haine. Tu ne te laisseras pas entraîner dans le sillon boueux tracé par Grandma. Une, ça suffit.
[...]
Comment-est-Elle devenue cette femme aux ailes froissées, ligotée dans sa plainte et dans cette vie étriquée qui ne lui convient pas ? Pourquoi s'est-Elle fabriqué cette cage ?
Tu la voyais bourreau et tu la découvres victime. Et si, en fin de compte, Elle était plus à plaindre que toi ?

Tu n'es plus l'oiseau mazouté aux ailes goudronnées, tout poisseux, incapable de voler, tu es une rescapée, une survivante.
Il y a de la lumière là-dedans, ça crépite, tu le sens. Rien n'est gagné, tu en as bien conscience, mais quelque chose frémit. Y a de l'espoir, comme dirait Bonpa. Va falloir que tu te battes, ça tombe bien, tu te sens guerrière. Aux armes, à la vie !
Alors oui, il y aura d'autres plongeons, de grands ploufs dans des eaux glaciales et puantes, et sans doute des déserts de pierre à traverser, pieds nus sur des cailloux tranchants. Rien n'est jamais tout rose ou tout noir. Tu vas encore trébucher, tomber, en baver, mais quand on est du côté des vivants, on trouve la force de se relever.
Il y a du sang frais qui pulse dans ta grande marmite.
Ta vie est devant toi. C'est un petit capital qui t'appartient en propre. Tu es libre d'en faire ce que tu veux : un champ de mine, un cloaque ou un atoll enchanté. Il n'y a pas de fatalité. A toi de ne pas te laisser entraîner là où tu ne veux pas aller.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}