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Citations de Marie Talvat (21)


Dans la police, les ressources humaines ne se font pas au cas par cas. Nous sommes tous des numéros à six chiffres qui ne servent qu'à remplir les cases des chefs de service. Et peu importe que ce numéro soit surqualifié pour le poste, ou l'inverse. Tant qu'il remplit la case, il ne bouge pas.
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J’appartenais à un pan de sa vie qui ne pourrait jamais lui suffire. Et ce n’était pas grave. Parce que si Lionel n’était pas généreux de son temps, il n’en restait pas moins un homme profondément bon, dévoué et attentionné. Au fond, je m’étais toujours dit que Gabriel et moi étions sa priorité absolue. Qu’il n’hésiterait pas une seconde à tout laisser en plan pour voler à notre secours. C’est ce que je croyais jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ces sonneries dans le vide, ce répondeur, ce temps qu’il a mis avant de me rappeler, celui qu’il a encore fallu avant qu’il n’arrive… Et puis le coup de grâce : les quelques secondes d’attente odieuse qu’il m’a imposées avant de sortir de sa voiture. Les mêmes secondes que d’habitude, tout simplement. Mais à un moment qui les rend impardonnables.

 
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J’ai eu l’occasion de protéger mon fils, et j’ai échoué. Il ne me reste plus qu’à passer le relais… et croiser les doigts. Soudain, ma vision se trouble. La morsure de l’inquiétude commence à faire effet, son venin se répand dans mes veines, tétanisant tous mes muscles sur son passage. Je me sens sur le point de défaillir quand une main douce se pose sur mon bras. La jeune flic s’est approchée de moi, elle tremble légèrement. Ses yeux vifs et humides m’enveloppent, comme une couverture que l’on placerait sur le rescapé d’un naufrage en haute mer. Puis se penchant vers moi, elle parle d’une voix ferme : « On va vous ramener votre fils, madame Raumann. On va le retrouver, je vous le promets. »   J’aurais donné tout ce que j’ai au monde pour ne pas voir le regard assassin que lui lance alors l’officier barbu. Sur son visage dur, ses yeux pleins de reproche s’abattent sur sa jeune collègue comme un aigle sur sa proie. Je sais ce qu’ils lui disent. Que l’émotion ne doit pas se mêler de travail. Que peu importe combien le cœur se fend devant le désarroi d’une victime, il ne faut jamais faire de promesse que l’on ne pourra pas tenir.
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Je ne pense qu’à une chose : s’il s’agit d’une revanche personnelle, rien ne dit que les ravisseurs se contentent de s’en tenir à leur mode opératoire. L’argent a ses règles, la colère beaucoup moins.
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Une situation de crise peut vous faire apprendre des choses insoupçonnées à propos des gens que vous croyiez connaître le mieux au monde. Cette nuit a amené son lot de surprises. La première, c’est que mon grand frère est capable de faire la route depuis Le Mans pour venir prêter main-forte à un beau-frère qu’il déteste. La seconde, c’est que l’homme avec qui je partage ma vie a planqué plus d’un million d’euros sur un compte en banque dont j’ignorais l’existence, domicilié dans un paradis fiscal.
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Elle est belle, intelligente, drôle, on fait le même métier. Dans une autre vie, j’aurais pu tomber amoureux d’elle. Nous aurions acheté une très belle maison en banlieue, aurions fait de beaux enfants et réussi une jolie carrière. Mais je suis incapable d’avancer correctement. Comme si un caillou pointu dans ma chaussure rendait ma démarche claudicante. Ce caillou s’appelle Pauline Raumann, et c’est peut-être la mère de mon fils.
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S’il y a bien quelque chose que mes vingt ans de police m’ont appris, c’est qu’il ne faut jamais croire un criminel sur parole. Si vous décidez de payer la rançon… À partir du moment où ils auront reçu l’argent qu’ils demandent, votre fils ne leur sera plus d’aucune utilité.
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Tous les flics ont leurs secrets, leurs zones d’ombre. Certains aiment trop les filles, d’autres la poudre. Mon secret à moi, c’est que je sors sur le terrain sans chambrer ma cartouche. Mes collègues ne le savent pas, mais je suis à une seconde de plus qu’eux d’être opérationnel. Aujourd’hui, ma vie compte moins que mon erreur, et je préfère me faire trouer la peau plutôt que de la reproduire.
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Il me scrute pendant trois longues secondes. Comme un animal qui cherche la peur dans les yeux de sa proie. Je pense à Gabriel. Ce carriériste insipide cherche à jouer à qui a la plus grosse alors que la vie d’un gosse est en danger.
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Nous nous étions rencontrés sur un reportage en Indonésie un an auparavant. Il était beau, célibataire, sans enfant, et j’avais immédiatement succombé à son charme. Ce qui devait au départ n’être qu’une histoire sans suite s’était vite transformé en une relation sérieuse quand j’avais constaté l’intérêt que Lionel portait à Gabriel, et réciproquement. Six mois plus tard, il prenait la tête du journal et, pour fêter ça, me demandait en mariage. Après les noces, nous avions décidé de retourner à Bali pour retrouver le cadre idyllique de notre rencontre. J’ignore à quel moment les choses ont commencé à se détériorer. C’est un changement subtil, imperceptible et pourtant fondamental. Comme un glissement de terrain. Des plaques tectoniques qui se déplacent peu à peu, creusant un fossé que d’abord on ne voit pas, et qui un jour nous apparaît comme infranchissable
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Ce genre de sourire m’énerve parce que je sais qu’il est fait pour cacher l’impuissance des enquêteurs dans un dossier qui n’avance pas d’un iota. Je refuse qu’on me le serve aujourd’hui. Je suis de l’autre côté du miroir, comme si je matais la parade de Disneyland après avoir passé quinze ans à me maquiller en prince charmant dans une loge cradingue. Il retire sa veste. À sa ceinture, son Glock me fait de l’œil. Un vrai mec de la BRI. Toujours prêt à ce que ça canarde, même pendant qu’il se tape un faux-filet.
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Cinq ans que je me tue à lui dire que sa galanterie ne sert qu’à nous faire perdre du temps au moment de passer les portes. Et, accessoirement, à m’agacer. Je ne suis pas une femme à qui on porte sa valise, et je me fiche éperdument de rentrer en premier, en deuxième ou en douzième dans l’ascenseur.
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Pour la première fois depuis quinze ans, je comprends ce qui en fait un si bon flic. Il est rassurant. À ses côtés, on sait qu’il ne peut rien arriver. Il est de ces hommes qui savent ne pas montrer leurs faiblesses. Pendant les cinq ans où nous avons fait équipe, je n’ai jamais douté que les choses s’arrangeraient s’il était à mes côtés. Et, pour la première fois, j’ai l’impression d’être une victime qu’il rassure. Simplement, sans fioritures. Après dix ans, notre binôme renaît de ses cendres. Et je me sens moins seul…
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Les gars qui m’ont pris Gabriel, c’étaient des pros. Ils savaient très bien ce qu’ils faisaient. Les cagoules, les armes, les gants. Les gestes précis, les coups bien calculés. Et puis le troisième larron qui reste au volant. Croyez-moi, mon fils n’est pas tranquillement en train de boire une limonade avec son papa dans un Campanile de banlieue !

 
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Le père de Gabriel n’a jamais su qu’il avait un fils. Si on peut parler d’un père. Géniteur, plutôt. Un coup d’un soir il y a dix ans. On ne s’est jamais revus. Pour tout vous dire, je ne me souviens même plus de son nom.
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Je ne suis pas une simple victime venue se plaindre comme mille autres dans ce bureau. Je suis un concept. Terrible. Une mère à qui l’on a arraché son enfant, la chair de sa chair, sous ses yeux. Il m’est arrivé ce qui n’arrive qu’aux autres. Cette femme est jeune, elle porte un uniforme bleu marine qui voudrait lui laisser croire qu’on peut tenir le mal à distance. Elle est gardienne de la paix, rien de moins, elle a la peau lisse et le regard doux. Elle n’est que bonnes intentions. Et par ma présence, c’est une angoisse originelle qui prend corps et vient transpercer sa carapace. Je suis le numéro malchanceux de la loterie criminelle. Je suis l’égérie de la poisse. Me toucher serait attraper une maladie mortelle, dévoreuse de chair. Croiser mon regard serait, peut-être, rester pétrifiée pour l’éternité. Elle voudrait me le cacher, mais je le sais. Je ne lui en veux pas.   — Pernot, vous pouvez venir une seconde ? Une forme humaine a passé son buste par la porte et fait signe à l’officier de la suivre dans le couloir. Je les entends deviser à travers le mur tandis que la petite blonde tâche de garder une contenance en m’adressant par intermittence quelques sourires contrits. Trente secondes plus tard, Pernot revient s’asseoir en face de moi et ouvre enfin la bouche. — On m’informe que la brigade criminelle va reprendre votre dossier, madame. La brigade criminelle. Sans que je le veuille, ces mots me ramènent quinze ans en arrière, au moment où la Crim’ a fait irruption dans ma vie en la personne d’Arsène Galien. Je revois ses boucles brunes, ses yeux noirs, sa fougue. Les années qui ont suivi, brûlantes dans ma mémoire au point que je ne m’autorise jamais à y repenser. Et au bout de cette guirlande de souvenirs, le bruit mat du choc auquel on ne s’attend pas. Arsène, le chevalier blanc puis l’enflure. L’oiseau sauvage de mes deux. L’incident de parcours. Je me souviens de sa fierté à porter l’écusson brodé d’un chardon. « Qui s’y frotte s’y pique ». C’était la devise de la Crim’. Pour moi, ça restera surtout la sienne.  
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Et pour avoir fait dix ans de psychanalyse, je sais aussi que la mémoire est une pâte qui change sans cesse de forme. Si je dois en tirer des informations utiles, il faut les cracher maintenant, avant que mon traître de cerveau n’ait eu le temps de les oublier ou de les distordre.
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Pauline porte un trench-coat, le même que lorsque je l’ai rencontrée. Elle semble ne pas avoir changé, elle a simplement un regard plus dur encore, celui d’une femme que j’ai trahie et que cela a rendue impitoyable. Sa silhouette est restée la même, sa démarche aussi. Légèrement sautillante mais déterminée. Même lorsqu’elle flânait, Pauline semblait savoir où elle allait, comme si le destin l’emmenait vers un endroit précis, en tout temps.
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Rien n’est pire que de sentir contre soi le corps d’un homme que l’on n’a pas désiré.
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En l’espace de dix minutes, Chuck est capable de défoncer une porte à coups de pompe et de rassurer une victime traumatisée, le tout en s’enfilant l’éternel shaker de protéines que je le vois trimballer dans son sac depuis quinze ans. En plus de ça, il n’a pas trop vieilli. Comme quoi, il n’y a pas de secret : quand on passe deux heures par jour à soulever de la fonte et que l’on déloge des forcenés trois fois par semaine, la bedaine vient moins que quand on est chef d’état-major qui passe ses soirées à picoler dans les bars.
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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