Pendant la terrible année 1870 (Lejean) ne m'écrivait plus. Il garda le silence sous les désastres de la France qui venaient le frapper en Orient. Il revint désespéré en Janvier 1871, alla droit à son pays, malade de ses voyages, épuisé, miné de fièvres, empoisonné par ses débauches de café noir, dont il se nourrissait depuis longtemps pour se soutenir. Il revenait chargé de documents pour carte ethnographique (sic) de la Turquie. Il méditait un ouvrage en breton qu'il devait faire avec le savant M. Luzel archiviste à Quimper, que Lejean honorait comme le plus éminent bénédictin de la langue bretonne. Un jour, il descendit de son bourg de Plouégat-Guerrand à la ville de Morlaix ; les poches de son paletot pleines de papiers débordaient. Il passait sous les arbres de la promenade du collège le long de la rivière du Jarlot, l'air sombre, farouche, les regards défiants, absorbé dans sa méditation intérieure. En voyant passer ce petit homme noir, à l'aspect étrange, une femme qui lavait au bord de la rivière, cria : "Voilà Bismark !"