La sémiologue Marie Treps recense les mots qui font honte à notre langue : les insultes racistes. Dans « Maudits mots », publié aux éditions TohuBohu, l?auteure retrace les origines et les évolutions de nombreux jurons racistes, le plus souvent nés de la haine ou de la bêtise des hommes...
De là, vers 1881, l’argot réquisitionne kroumir pour désigner un voyou, un individu méprisable.
Tu savais que, d’après un sondage, un tiers des Français croient encore que le soleil tourne autour de la Terre ?
Ah ? Et les deux autres tiers ?
Ils croient que le soleil tourne autour de la France...
(...)
« Quel est à mes yeux la quintessence de l’ennui à la française ? C’est l’apéritif. Un apéritif servi avec lenteur et ostentation par des hôtes aux attitudes empesées : «Encore une goutte de Suze ? Vous prendrez bien un Apéricube avec ? Ou un bretzel ? Non ? Il faut manger, sinon, avec l’alcool, à jeun, vous aurez la tête qui tourne...»
Nancy Huston, Douze France, 1999.
(...)
Vous aimez les escargots ?
Oh oui ! Si j’ai la chance qu’on m’en serve.
Il y en plein notre jardin...Venez chez-nous !
Je viendrai, c’est gentil.
Oh non ! On a tout essayé pour s’en débarrasser, mais on n’a pas pensé à un Français !
Albert Hitchcock, L’homme qui en savait trop, 1956.
(...)
Le sergent :
«Tu crois qu’on va s’en sortir ? Tu sais comment on doit faire ?»
Le capitaine :
«J’ai vu une fois, je suis allé en France.»
(Série télévisée Zorro -1957- )
p.46.
CAUCHEMAR
Mot d’origine franco-néerlandaise
Cauchemar est un mot hybride : il est composé de deux mots d’origine différente. En première position, un vieux verbe français, caucher, qui veut dire « fouler, écraser ». Derrière, un vieux mot néerlandais, mare, qui veut dire « fantôme ». En résumé, cauchemar veut dire : « Tu as marché sur un fantôme. » Pour ne plus faire de cauchemars, évitons de déranger les fantômes !
p.39.
ABRACADABRA
Mot d’origine orientale
Voici la légende du mot préféré des magiciens : Abracadabra. Un calife, fort malade, fait appeler à son chevet les meilleurs médecins. « Guérissez-moi, leur dit-il, sinon vous périrez. » les deux premiers échouent. Le troisième, qui n’a aucunement l’intention de mourir, conseille à son patient de porter sur lui une formule de son invention : « Abra arbetma chimté arbakmli ! »
Ce qu’on peut traduire ainsi : « Guéris ! Si tu ne guéris pas, va à la tombe ! » On dit que le calife a guéri. Les magiciens ont gardé la formule… simplifiée.
p.48.
VACARME
Mot d’origine hollandaise
Il y a bien longtemps, nous avons emprunté à nos voisins néerlandais Wacharme, qui veut dire « Pauvre de moi ! » Et, au lieu de crier « au secours ! au secours ! » nous hurlions « vacarme ! vacarme ! » Aujourd’hui, les temps sont paisibles et, s’il y a du vacarme, c’est que de joyeux drilles chahutent et font du bruit.
p.26.
BOUQUIN
Mot d’origine hollandaise
L’ancêtre de notre bouquin, un mot néerlandais, cache un double secret. Derrière boeckijn, qui veut dire « petit livre », on trouve un très vieux mot venu du nord de l’Europe : boka, qui veut dire « hêtre ». Les peuples du Nord fabriquaient avec le bois de hêtre des tablettes sur lesquelles ils inscrivaient leurs textes sacrés. Ainsi, ce petit mot familier, bouquin, dit que, derrière chaque livre, il y a un arbre. Et il rappelle le caractère magique de l’écriture.
p.54.
CACHALOT
Mot d’origine portugaise
Ce sont les Portugais qui ont donné au cachalot son nom : cachalote. En portugais, ce mot veut dire « grosse tête ». Ce mammifère marin semble avoir une grosse tête. Oui… mais il y a une autre raison. Cet animal est très recherché car, à l’intérieur de sa tête, on trouve une substance rare, l’ambre. C’est la partie précieuse du mammifère marin qui lui a valu son nom.
p.29.
ROBOT
Mot d’origine tchèque
Le premier robot est sorti tout droit de l’imagination d’un écrivain tchèque. Karel Tchapek a inventé cette créature artificielle chargée d’accomplir, à la place des pauvres humains, les pires corvées. Et il l’a baptisée robota, ce qui veut dire « travail ».
p.30.
VASISTAS
Mot d’origine allemande
Le mot vasistas est arrivé en France par l’Alsace où il désigne une petite ouverture placée au milieu d’une porte, on ouvre cette petite fenêtre et l’on dit « Was ist das » ce qui signifie « Qu’est-ce que c’est ? » en allemand. L’origine de vasistas ? Une simple question !
Dans la même perspective euphémique, on recourt à des termes politiquement corrects [...]. Ce phénomène n'est pas nouveau, mais il fait désormais l'objet de recommandations officielles : "minorité visible", "issu de la diversité", par exemple, sont préconisés. Ce qui n'empêche pas certains de dénoncer la valeur stigmatisante subliminale des termes bien-pensants et de faire remarquer que l'escamotage de vocables suspects ne permet pas d'éviter le racisme.