À l'occasion du Quart d'Heure de Lecture initié par le CNL, nous étions en live avec l'autrice Marie Vareille et Caroline Tillette, l'une des voix du livre audio "La dernière allumette" qui vient de paraître chez Audiolib ! Revivez avec nous ce Quart d'Heure qui est passé à la vitesse de l'éclair !
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Le secret, chérie, c’est soit on fait ressortir les yeux, soit on fait ressortir les lèvres. Les yeux charbonneux et la bouche rouge, on te le pardonnera dans deux cas uniquement : si tu es Penelope Cruz ou si tu fais le trottoir au bois de Boulogne.
Tu sais à force de travailler avec mes petits vieux, j’ai appris deux choses essentielles. La première, c’est qu’on se prend la tête toute la journée pour des trucs dont on ne se souviendra même pas dans un an, alors à l’échelle de toute une vie, autant te dire que ça n’aura plus la moindre importance. Et la deuxième, c’est que vivre vieux, c’est une chance que tout le monde n’a pas, alors les choses que l’on veut vraiment faire dans sa vie, les projets qui nous tiennent à cœur, il ne faut pas attendre avant de les entreprendre parce qu’on ne sait jamais quand ça s’arrête.
La vie est faite de minuscules décisions. À chaque pas, chaque action, chaque choix, nous avançons un peu plus sur un chemin plutôt qu'un autre. On sait ce qu'on accepte, mais on ne sait jamais ce à quoi on renonce. La simple réponse à une question en apparence enfantine peut changer le cours d'une destinée.
J'ai recouvert les portes de mon placard de photos et de souvenirs du basket, des places pour des matchs, beaucoup de photos que je n'ai pas penser à regarder depuis des lustres, une citation d'Oscar Wilde dans un cadre, cadeau de mon père : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles. » Chaque fois que je la vois, elle me rappelle que plus tu vises haut, plus ça fait mal quand tu viens te fracasser en bas.
La vie ne peut pas être uniquement régie par le hasard. C’est impossible. Le hasard à lui tout seul n’a pas pu m’amener dans ce cimetière, deux jours avant Noël, sous cette neige glaciale, à quelques mètres de cette femme que j’avais juré, il y a bien longtemps, de ne jamais revoir. Il y a forcément quelqu’un, quelque part, un grand tireur de ficelles de l’univers ou une déesse omnipotente devant ses commandes qui se tord de rire en m’observant et en s’enfilant des Pringles, bien calé sur son canapé.
Quoi que tu aies fait, si ça ne marche plus entre vous, ça ne marche plus et c'est tout. On ne peut pas tout réparer. Souvent ça ne suffit pas de s'aimer ou d'être désolé.
Il faut que je sorte. Les vaches, les vignes, la campagne, le No Sex Land, ça va bien cinq minutes ! Ce n'est même pas l'abstinence qui me pèse le plus. L'air pur m'étouffe, la verdure m'angoisse, le silence me casse les oreilles. Je dépéris. J'ai besoin de respirer le parfum des pots d'échappement, de m'asphyxier au dioxyde de carbone, d'entendre un haut-parleur me murmurer à l'oreille que le trafic est perturbé sur la ligne une, de courir dans les escalators comme une folle pour attraper un métro, alors que le suivant est dans moins d'une minute trente. Je sais ce que vous pensez, mais ça m'est égal, je suis un rat des villes.
Je ne sais plus quel grand philosophe a dit un jour : « C'est au pied du mur qu'on voit le mieux le mur. »
Tout ressentir plus fort, c'est aussi s'émouvoir de la couleur d'une feuille d'automne, du son parfait d'un mot ou des reflets d'une bulle de savon, c'est pleurer en écoutant de la musique, goûter une joie authentique dans une bouchée de gâteau, partir en voyage chaque fois qu'on ouvre un livre. C'est savoir reconnaître les bonheurs immenses dissimulés dans les toutes petites choses.
Mais d'un seul coup, la perspective de rester coincée ici jusqu'à la fin de sa vie, tous les jours se rendre à la mine, travailler, crever de faim, crever de fatigue puis crever tout court, la terrifia. Ce n'était pas une vie. Ni pour elle, ni pour Tim, ni peut- être, maintenant qu'elle y réfléchissait, pour personne.