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Citations de Marie de Quatrebarbes (29)


Tu vois, une fleur. Elle est seule au monde. Tu la touches, elle meurt. C'est moi.
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Il est persuadé que les inventions qui prétendent rapprocher les êtres humains désamorcent en réalité la possibilité d'un retrait fécond, d'une faille où la pensée peut s'introduire pour irriguer la pierre de la raison.
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La nuit je danse avec tous mes organes à l'extérieur.
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Elle se met nue sur le sol et bronze dans l'espace, attentive au poids de son corps, la proximité insolente
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Nous devrions danser au lieu de nous battre
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Hambourg, 1918



B/

Un jour, le doute saisit la pensée, il gagne un nouveau bastion de pensée et toute chose ébranlée à nouveau s'ébranle. Puis le château de la réalité vacille et se divise en détail de détails, et chaque détail se transforme en un autre détail de plus en plus petit et isolé. Quelque chose hésite et avance, imperceptible, comme la brume hésite et avance, et dans la terre retournée, les pieds s'enfoncent, les débris, la poussière, les chevilles se heurtent aux rochers et la terre palpite en dessous, battant le rythme d'un monde à peine saisi, flottant sur son manteau de lave. Les contours se distordent autour des choses, car plus rien ne les retient dans cet espace amenuisé d’où l’harmonie a été chassée, et nul ne sait comment ni où, quelque chose tombe, toujours, au même endroit, sans faire de bruit, de si petit, tout se dépose, en outre, dans ce mouvement de chute et s’étend, tiré vers l'horizon réduit à son minimum le plus strict, une ligne pâle à peine esquissée qui disparaît dans ce qui semble à première vue à peine plus grand qu’un trou de terre.
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On peut dire qu'il y a un triptyque de l'infortune, et tenter de cibler le point où se mélangent nos fortunes passées et nos doutes, nos fortunes perdues
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[lilas]2.[/lilas]


Désir et subir, du juste milieu
Conjuguer les écarts

S’abstraire et confondre passe par la solitude
des règles qu’il impose et exclut
Celui dont le bonheur résiste
pour le quitter, il te faudrait amoureuse

Un jour peut-être, foison de langue
Trop courtes ses nuits
La fille en lambeaux frappe des pieds,
ouvre ses bras comme voir
la main soulève,
         des formes ?
Tu es le vent passé derrière
par lequel claquent les portes
Ce que tu savais, écume grise
d’un matin gris légèrement froid
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[lilas]1.[/lilas]


Une audition de l’enfance
À peine achevée
La vie de l’adulte en l’occurrence
Un regard porté sur la ville – que la ville n’entend pas
un regard pour que la ville n’existe pas,
aux frontières, deux paysages
situation première : fiction du désir
Un récit entre mille témoignages
manière de bouger avec les choses
Plonger le bras dans la matière, informelle
des figures en pagaille
                   incompressibles
À chaque couleur de langue,
Résistance du grain
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Hambourg, 1918



A/

Et dans cette terreur, Aby pleure. Aby pleure l’espace de contact impossible entre la matière et les signes. Aby pleure les symboles qui filent entre les doigts comme du sable. Aby pleure les portes qui restent toujours closes et la clôture dont jamais ne sortira le parc. (...) Les murs sont des hiatus qui ne se dressent pour personne. Aby pleure la matière arrachée à ses cris. Il pleure l’odeur du rat musqué et le petit bout de fromage. Il pleure le premier indice et le tout dernier. Il pleure la boucle de cheveux de la gouvernante anglaise. Il pleure la forme de l’ongle et le lobe de l’oreille. Parfois même il pleure les lois de Kepler. Il pleure le mouvement pendulaire du temps. Il pleure la manière dont l’étoffe et le bruit se mélangent. Il pleure la victoire oublieuse et la défaite certaine (...)il pleure le ruisseau asséché et le feu se propage. Il pleure la perte du courage. Il faudrait un mot pour chaque début. Et le noisetier sur la berge, Aby le pleure aussi. En tout point du globe pleure, et plus encore il pleure à cet endroit précis.
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Nouveau-Mexique, 1893



(...) Dans son journal, le ricordi comme il l'appelle, Aby prend des notes. Il recueille les traces d'un voyage à vive allure, des éclats arrachés à la route aux mille soleils. Plusieurs fois la nuit tombe. Autant de fois le jour se lève. Aby cligne des yeux. Ses pas brillent dans la neige. Nul ne l'attend de l'autre côté du voyage. Il traverse des pans entiers de sa mémoire. Ses souvenirs se mélangent aux paysages dans une lumière folle. Durant le trajet, il entrevoit un passé qui n'est pas celui des peuples autochtones d'Amérique seulement, mais aussi des Italiens de la Renaissance et des dieux, des astres, des pierres. Les rites amérindiens éveillent en lui la même énergie polarisée que celle qui l'avait capturé dans le voile de Vénus, la torsion des corps chez les peintres du Quattrocento, la chevelure d'une nymphe sur un bas-relief. Elle se branche à la même source, charriée depuis les nappes souterraines d'une matrice confinée dans le sombre, et qui fait retour, à intervalles réguliers, rejaillit à la surface comme une eau vive. Depuis qu'il s'est aventuré sur les traces des rites amérindiens, Aby se sent mû par un désir qu'il voudrait constituer en réserves. Il sent planer sur lui une menace dont il ne connaît pas l'origine, sorte de crépuscule, le Nibelung de toutes ses peurs ensemble, enroulées sur elles-mêmes comme un nid de serpents. (...)
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Hambourg, 1903



B/

Comment faire quand l’océan de la pensée n’a plus de bords pour refluer ? Comment rejoindre la rive où retrouver un corps sauf ? Peu importe si le souffle te manque, Aby, voyons où le vent te mène. Les symboles creusent dans le réel des niches votives et des planques.
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Hambourg, 1903


A/

Entre Aby * et Max, il y a un pacte de l’enfance, une résolution précoce par laquelle l’aîné choisit de céder sa place à son cadet. À treize ans, Aby renonce à reprendre les rênes de la banque familiale, en échange de quoi il fait promettre à Max qu’il lui achètera tous les livres qu’il voudra. Max tient parole et Aby bénéficie, tout au long de son existence, d’une source inépuisable de livres, venant d’année en année grossir les rayonnages de son immense bibliothèque.
...


* Aby est le grand historien d’art Aby Warburg.
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Tu vois une fleur. Elle est seule au monde. Tu la touches, elle meurt.
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On laisse une trace dans le monde seulement en survivant.
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L'espace autour de moi est une bulle de savon à l'intérieur de laquelle je m'oriente secrètement et mes actions ont lieu secrètement dans cet aquarium entre deux eaux
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[lilas]5.[/lilas]


Situation idéale, enchantement
effeuille les jours en sommeil
personne d’autre ne
          s’élance

Et
  coupant directement dans l’étoffe
Les idées dansent – roches brunes
Attendre des mots qu’ils précisent
comme traverser leur valeur

Fiction, mon seul voile
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[lilas]6.[/lilas]


Comme ça remue, l’herbe
les feuilles tombelottent nos archives
le grand vent tonne
          apparemment
dans sa mouillure

Alors allons, comment va ta façon ?
« Allégeons, allégeons »
Allongez-vous près de moi
ça bouge l’herbe

Aujourd’hui : trombes noires
votre faculté à mourir, allongez-la
Le vent grondelotte sous l’arbre mort
des feuilles bougent dans mon dos
ombres et jaunes

La différence, ne la pense pas
de sorte que d’être toujours en mouvement
ne se pense pas.
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C’est un cristal…


C’est un cristal qui peuple et renvoie sans cesse son image
sombre cristal, avec toi je n’ai jamais simulé
j’ai toujours joui
Petite faim, gourmandise, comment savoir ?
la boulangère me tend une serviette et essuie la torsade noire
Un rien me retourne
un jour je ris, l’autre je meurs
je connais le mordant des températures extrêmes
il faut faire avant le désir des parents
l’enfant a la clé de la situation
il sait qu’il vient du sperme et de l’ovule
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[lilas]4.[/lilas]


Début s’empare de quelque chose
La vie de l’adulte en l’occurrence
sourcils levés sur le monde
j’y vais, n’y va pas.

Penser à vider la machine
la journée agressive, elle sort de ses gonds
agressivement, abrasive
« Attention »
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