Trois entrevues en solo et en rafale avec des auteur.rice.s autour d'un même sujet: le polar. Enquêtes, trafic d'armes, justice
le polar se développe à travers des histoires haletantes de crimes, de fugitif·ve·s et d'inspecteur·rice·s. Venez à la rencontre de ces auteur·rice·s contemporain.e.s qui font augmenter notre rythme cardiaque au fil des pages: Maureen Martineau (Criminelles), Marie-Ève Bourassa (Tout écartillées) et André Jacques (Les gouffres du Karst). Animation: Morgane Marvier.
Avec:
Maureen Martineau, Auteur·rice
André Jacques, Auteur·rice
Marie-Eve Bourassa, Auteur·rice
Morgane Marvier, Animateurrice
Livres:
Les gouffres du Karst
Criminelles
Tout écartillées
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Pour passer au travers, on s’encourageait avec des promesses de printemps. Mais quand on y regardait de plus près, on se rendait compte que le printemps existait rarement passé seize ans.
(vlb, p. 157)
Ils étaient tous là, les journaux, les policiers, les comités de bienséance, tous là à montrer du doigt ces filles sans vergogne qui, selon eux, corrompaient le cœur de la cité. Alors qu’en réalité, c’étaient eux qui les façonnaient, toutes ces poupées bien dressées, supposément impures. Eux qui, sans avoir jamais tenu un marteau de leur vie, avaient pourtant planté le premier clou dans chacune de ces maisons de passe, sans exception. Il n’y a pas de vice sans vicieux.
(vlb, p. 258-9)
N’y avait pas que les hommes qui étaient passés dessus : le temps, la misère aussi. Usée. Vulgaire. Trop maquillée. C’était une femme qui avait manqué de tout et qui remplissait le vide comme elle le pouvait, ignorant que ça ne faisait que le creuser davantage chaque fois.
(vlb, p.35)
… j’suis d’avis qu’on a tous une musique, quelque chose qui sonne à l’intérieur de nous, qui rythme nos airs. Y’en a plein qui décident de pas l’écouter. En temps de guerre, par exemple, avec les bombes pis les shrapnels, on entend plus notre musique. On est forcés de marcher au pas, pis on finit par se perdre. C’est la même chose en amour : mais, dans ces cas-là, c’est le cœur qui vient fausser le tempo.
(vlb, p. 59)
Il faisait maintenant presque tout à fait noir et un vent frais s'était levé. On allait avoir droit à un bel orage. Les feuilles des arbres se retournaient dans tous les sens, et j'ai pensé à regret que, bientôt, elles seraient au sol. J'avais beau tempêter contre la chaleur, c'est le froid qui m'affectait le plus, ce froid qui s'accompagnait toujours d'une profonde sensation de vide et intensifiait le mal qui me grugeait les membres. Pour passer au travers, on s'encourageait avec des promesses de printemps. Mais quand on y regardait de plus près, on se rendait compte que le printemps existait rarement passé seize ans.
Personne ne voulait être dans la mire du lieutenant-détective Gariépy. Aux dernières nouvelles, c’était encore le pire enfant de chienne du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal, et il collectionnait les ennemis des deux côtés de la loi. On dirait qu’il les faisait vivre… Il se vantait à qui voulait l’entendre qu’il était né pour faire régner l’ordre, une tâche dont il s’acquittait avec zèle. Hélas, Raoul Gariépy, c’était un peu comme le fils illégitime que Pax Plante aurait eu avec Monica Proietti: trop droit, mais tout aussi croche.
On apprend de ses erreurs, disait sa mère: mes dernières aventures m’avaient fait bien comprendre que la profession de détective privé ne m’allait guère. Malheureusement, une gueule cassée dans mon genre doit faire avec un choix de carrière limité. Ce commerce d’alcool illégal s’avérait donc une petite magouille inoffensive qui nous permettrait, à Herb et à moi, de nous remettre à flot, et je dois avouer que ça fonctionnait plutôt bien. Suffisait de ne pas jouer dans les pattes des grosses pointures du crime organisé et l’affaire était pinotte!
Depuis belle lurette, on accusait le Red Light d’être un véritable berceau pour les voyous de toutes classes: cette réputation était plus que jamais méritée. Les vols de banques et de voitures blindées étaient fréquents, et pas toujours perpétrés par des cerveaux du crime. En conséquence, les arrestations pullulaient, et les prisons étaient pleines à craquer de pères de famille coupables, en fin de compte, de n’avoir pas trouvé d’autre façon de nourrir leurs flos.
La loi du cadenas: une mesure qui permettait aux policiers de l’escouade des mœurs de fermer définitivement un bordel, en laissant tout le mobilier et les possessions des locataires à l’intérieur. On espérait ainsi décourager les gueuses, et peut-être même les forcer à retourner vivre chez leurs parents, mais la plupart du temps ça les obligeait surtout à faire le trottoir. Heureusement pour les prostituées, leur piaule avait presque toujours des portes cachées.
— Pour toi, garçon. T’as l’air de vouloir passer la nuitte ici d’dans, fait que j’t’ai apporté de quoi toffer.
— Toi, dit le suspect d’une voix éraillée, t’en bois pas?
Kirouac se cala dans sa chaise, comme il avait vu d’autres policiers le faire dans les films que Loulou aimait tant.
— Nan, fit Kirouac en mordant dans le filtre de son Export ”A”. Le café est pas buvable, icitte. Un bon avocat, pis t’aurais des chances de faire passer ça pour de la torture.