Citations de Marilou Addison (123)
Mon regard s’est arrêté sur une forme rectangulaire. L’album. Théo l’avait apporté ici. Sûrement pour que sa soeur n’y fourre plus son nez.
Je n’ai pas résisté et m’en suis approché. Du bout des doigts, j’ai effleuré la couverture rigide. Un frisson m’a parcouru. J’ai retiré ma main en hésitant, pour finalement décider à l’ouvrir. Les photos étaient exactement comme dans mon souvenir. En noir et blanc. Pas toujours très claires. Avec des sujets assis soit sur des chaises, soit sur des sofas...
Je ne saurais dire pourquoi, mais l’ensemble était morbide à souhait. Pourtant, il n’y avait rien de choquant dans ces photos, si ce n’était du regard fixe des sujets, de leur expression figée et de...
Je suis crevée !
Je savais que c'était fatigant de s'occuper de jeunes enfants -je suis habituée, avec mon travail d'éducatrice spécialisée-, mais gérer un groupe de petits monstres qui courent partout, c'est une toute autre histoire. Pourquoi je dois faire ça ? Disons que je n'ai pas fait exprès de me retrouver dans cette situation.
"Quand la vie vous envoie des citrons, faites-en de la limonade, qu'ils disaient. Moi, contrairement à l'expression, la limonade, j'aime autant la jeter au visage de ceux que je déteste."
N’importe qui peut abandonner, c’est la chose la plus facile à faire, mais tenir le coup lorsqu’il serait compréhensible de tout laisser tomber, voilà la vraie force.
"Ma vie a pris un autre tournant depuis mon déménagement. Depuis que j'ai rencontré Fred, en fait. Et pour la première fois depuis longtemps, j'ai vraiment l'impression que ça va bien aller. Que l'avenir n'est pas seulement rempli d'épreuves et de mésaventures...qu'il est également parsemé de joie et de grands bonheurs."
« Théo et Océane acceptent avec joie. Je ne sais pas pourquoi , mais j’ai le sentiment que Fred a compris que j’avais envie d’être seule quelques instants .
Je reste dehors à contempler mon nouveau chez- moi temporaire .
Se pourrait - il que mon calvaire s’achève ?
Que je m’apprête à passer un bel été? .
Une larme naît au coin de mon œil , et je décide de la laisser couler.
Ce n’est pas une larme de tristesse . C’est l’espoir qui grandit en moi . »
Ca va me faire du bien de m'éloigner de cette vie. De ma vie.
Elle m'a fait une liste de tous les mots grossiers que je pouvais utiliser pour l'insulter. Ou cette fille a trop d'imagination, ou elle n'a pas eu la vie facile jusqu'à maintenant... Malheureusement pour elle, j'opterais pour la seconde hypothèse. Je ne comprends pas trop pourquoi, d'ailleurs, car plus je la côtoie, plus je la trouve vraiment cool. Pas autant que ma best, mais pas trop loin derrière.
Ma lecture est loin d’être facile, mais je comprends rapidement qu’il existe une distinction réelle entre le suicide, l’euthanasie et l’interruption de traitement. Je découvre même qu’autrefois, selon l’Église, l’euthanasie ou le suicide assisté étaient synonymes d’un ticket direct pour l’enfer ! Mais maintenant, alors que peu de gens sont encore pratiquants, les mœurs ont changé…
Je ne veux plus vivre dans ces conditions. De toute manière, on ne peut même pas appeler ça " vivre ". Rester étendu à longueur de journée dans un lit, sans bouger, à attendre que d’autres s’occupent de moi, que des inconnus me lavent, me fassent manger, m’aident pour mes besoins les plus primaires, ce n’est pas MA définition de la vie ! Le pire, c’est que si je voulais crever et en finir avec cette vie de merde, je ne le pourrais même pas sans aide !
J’ai besoin que quelqu’un veille à ce que mon corps fonctionne correctement sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! ! ! Bonjour l’autonomie ! J’en ai plus qu’assez des machines qui font un vacarme autour de moi, du regard compatissant du personnel médical, de la présence constante de ma mère… Elle qui n’arrivait même pas à se débrouiller pour être libre une toute petite heure par semaine pour me voir, avant l’accident !
Je cours en direction du cimetière. Je me fous qu'il soit au bout du monde. Je sais qu'Adrianne est là et je veux être avec elle. Je veux qu'elle comprenne que je ne vais pas l'abandonner, qu'elle n'a pas raté son coup en me prenant sous son toit, qu'elle m'a sauvé la vie, à moi.
Elle m'a fait devenir meilleure. Et surtout, elle m'a fait comprendre comment on se sent quand quelqu'un se soucie de nous.
En tournant au coin de la rue, je vois la clôture qui enceint les pierres tombales. Je vois ce décor funèbre et je continue de courir de plus belle. Malgré ce que les autres peuvent en penser, je ne vais pas rejoindre une vieille folle, une recluse qui fait peur à son voisinage, une femme qui a laissé mourir sa fille.
Je vais rejoindre une femme merveilleuse, qui a droit à une seconde chance et qui est prête à m'accueillir, moi l'écorchée, moi la sans-abri, moi qui me sens différente des autres jeunes.
Nous allons prendre soin l'une de l'autre...
Moi, c'est Bonoeil ! Peut être que ça va me permettre de voir un peu mieux..
Il y a même eu un monsieur qui a reçu un jet d'eau dans la bouche, pendant qu'il criait, et ça m'a fait éclater de rire. Comme nous étions parmi les prochains à embarquer dans le manège, j’étais tout près de l'employé qui surveillait la grille et il s'est tourné vers moi en ce moment. Il m'a fixée quelques secondes avant de relever ses lunettes de soleil sur sont front et de me dire :
Employé juste troooop cute : Wow, t'es vraiment mignonne quand tu ris !
Moi : Euh... Ah, merci... Mais je suis pareille quand je ne ris pas, tsé.
Employé : (qui a souri encore plus) : Je n'en doute pas une seconde...
Fausse alerte. Je viens de vivre le moment le plus humiliant de TOUTE ma vie!!! Sans compter que c'était un truc pour me traumatiser le restant de mes jours! Devine un peu qui faisait du bruit dans la chambre: Anto! Avec une fille que je ne connais pas du tout. (Il l'a appelée Léanne, je pense.) Et tous les deux, ils étaient en train de... Sans aucune couverture pour se cacher. Léanne était assise à califourchon sur mon frère (à cheval,quoi) et elle se balançait d'avant en arrière.
Quand je suis entrée en trombe dans la chambre d'Anto,le rouleau à tarte haut dans les airs, ils se sont mis à crier. Moi aussi. On a tous crié très fort. Sans s'arrêter. Jusqu'à ce qu'Anto se lève (NU!!!) et me repousse pour que je sorte de la pièce.
Je pense que je vais vomir. Je ne me sens pas bien.
- Il m'a souri ! Andréanne ! Liam m'a fait son premier sourire ! C'est fou ! Pour son papa !!!
Elle revient dans le salon, une suce à la main, mais reste accotée contre le cadre de la porte. Un sourire complice se forme sur son visage, alors qu'elle répond :
- Mais non, il est pas encore capable de sourire. C'est juste un réflexe de bébé.
Je secoue la tête, sans perdre ma bonne humeur. Puis, je me rapproche de mon fils, pour luu murmurer à l'oreille :
- Moi, je le sais que tu viens de faire ton premier sourire. Juste pour ton papa.
Il n’y a rien de légal dans le fait de mettre fin aux jours d’un ami quadraplégique. Même si cette personne nous le demande ! Il y a un nom, pour ça, si je me souviens bien… L’euthanasie, c’est ça… Ce n’est qu’avec les animaux que c’est permis. Dans le cas d’êtres humains, j’ai aussi entendu le terme « meurtre par compassion »… Selon moi, un meurtre reste un meurtre et il n’y a personne qui va me convaincre du contraire !
Toute vérité n’est pas bonne à dire, alors on la cache et on garde le sourire.
Il a le droit d’avoir un ami sur qui il peut compter. Un ami qui ne déserte pas au moindre problème. Un ami qui va l’aider, quoi qu’il arrive. Et, surtout, un ami qui ne va pas lui voler sa blonde, même s’il en a eu envie par le passé…
J’ai poussé un soupir de fatigue. Les squelettes dans mon placard ne semblaient demander qu’une chose : sortir au grand jour. Si au moins ils n’avaient pas été si nombreux. Peut-être alors aurais-je eu une chance de les y enfermer pour de bon…