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Critiques de Marilynne Robinson (82)
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Chez Nous

Je vais écrire une critique dissonante, après celles des lecteurs qui ont apprécié ce roman. J’ai éprouvé de l’ennui à lire « Chez nous ». De plus, je l’ai lu simultanément dans la version anglaise, ce qui était une expérience permettant d’entrer dans l’écriture de Marilynne Robinson que nous avons rencontrée, lors de sa venue dans notre ville.

L’ambiance de cette histoire qui se déroule dans l’Iowa m’a intriguée, j’ai appris à connaitre cette famille et ses silences. La description du quotidien est bien rendue, mais je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, qui sont peut-être trop éloignés de moi. Jack, le fils prodigue, n’a pas su me séduire, pourtant l’auteure ne porte aucun jugement sur cet homme. Le personnage du père est plus touchant dans ce moment de sa vie qui s’achève.

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Chez Nous

Son écriture magnifique exprime toute la beauté du passé, la fuite du temps et l'espoir de rédemption.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Chez Nous

Critique de Augustin Trapenard pour le Magazine Littéraire



S'il s'est écoulé près d'un quart de siècle entre La Maison de Noé, son premier roman, et Gilead, couronné en 2005 par le prestigieux prix Pulitzer, Marilynne Robinson ne s'est pas fait longtemps prier, cette fois, pour revenir à ses vieux démons. On retrouve dans Chez nous la même géographie imaginaire que dans son précédent roman : cette petite ville de Gilead, toujours aussi paumée au fin fond de l'Iowa, admirable miniature d'une Amérique idéelle, aussi pieuse qu'immobile. C'est dans ce décor suranné, au beau milieu des années 1950, que le révérend John Ames écrivait une lettre vibrante à son fils de 7 ans, mémoires de trois générations de pasteurs et d'un siècle d'histoire américaine, comme un testament spirituel à mi-chemin entre la chronique, le psaume et le sermon. C'est là qu'il était troublé par le retour inopiné d'une brebis galeuse, le fils de son ami Boughton, son bon à rien de filleul et satané Doppelgänger. Et c'est donc à quelques maisonnées de chez lui, au même moment, que se trame Chez nous, somptueuse variation sur la parabole de l'enfant prodigue suivant le triple point de vue du vieux révérend Boughton, de son fils Jack et de sa fille Glory.

Car il s'agit bien de retours au bercail. Celui de la vertueuse Glory, la plus jeune des huit enfants, une bonne âme de presque 40 ans qui fait mine d'oublier ses rêves évanouis et se mure dans une vie de renoncement, entre la cuisine et la chambre d'un père vieillissant : « Il fallait bien qu'elle fût quelque part, comme tous les autres humains sur terre. » Et celui de Jack, son « étrange » frère, qui débarque tel un fantôme après vingt années de silence, traînant comme un boulet sa triste réputation de voleur, d'alcoolique et de vagabond. Dans Chez nous, ceux-là mêmes qui se sont ouverts au monde extérieur se retrouvent donc pris au piège d'un Éden régressif où règne un patriarche au seuil de la mort. Deux égarés, dont on perçoit d'emblée l'amère déception, deux étrangers dans leur propre maison : « Puis venait l'heure du retour au pays natal, où les mêmes vieux saules balayaient les mêmes pelouses mal entretenues, où la même vieille prairie poussait et fleurissait là où la négligence le permettait. Ils étaient chez eux. Quel endroit plus généreux pouvait-on trouver sur terre, et pourquoi cela leur semblait-il à tous être un exil ? »

La permanence et la complexité du lien humain, voilà ce qu'explore Marilynne Robinson depuis son premier roman. Dans Chez nous, plus que jamais, on se renifle, on s'apprivoise, on apprend à s'aimer malgré tous les ratés. Fascinantes scènes domestiques où surgissent de nulle part un dialogue, une confession, voire un geste d'affection ! Dans le jardin ou dans la cuisine, au hasard d'un désherbage ou d'une partie de Monopoly, on partage tout à coup un semblant de complicité. Et le processus de réconciliation ne semble pouvoir s'opérer que par un retour systématique aux valeurs d'autrefois. Ainsi du vieux révérend qui tricote les souvenirs et ne jure que par le passé, comme en témoignent son éternelle nostalgie d'un Gilead bucolique ou son refus catégorique de voir un signe du changement dans les tensions raciales qui marquent le début des droits civiques aux États-Unis. Ainsi de Jack, cette brebis égarée qui revient à ses fondamentaux et cherche dans les Saintes Écritures s'il est encore possible de trouver le salut : Peut-on seulement être touché par la grâce quand, aux yeux de tous et depuis toujours, on incarne la disgrâce ? Pour Marilynne Robinson, tout l'enjeu de ce huis clos résolument inactuel est de récréer, ne serait-ce qu'un instant, ce sentiment d'appartenance à une communauté.

Et c'est donc Glory, en discrète matriarche, qui maintient l'équilibre du foyer par ses repas copieux, sa constance et son regard empli d'empathie. D'un bout à l'autre du roman, elle est celle qui fait le lien. Celle qui préserve toute forme d'intimité autant par gêne que par crainte de brusquer l'autre. Celle qui « retient sa langue vingt fois par jour » et ne confie que rarement des bribes de son passé : une carrière avortée, un fiancé dont elle a compris trop tard qu'il était déjà marié. Celle, enfin, qui incarne la retenue et l'humilité, sans doute trop pudique pour prendre en charge l'ensemble de la narration, mais capable d'observer les courants d'émotion, de fouiller les recoins de l'âme, de déchiffrer tout autour d'elle les silences gênés et les soupirs à peine déguisés. Quel crime a bien pu précipiter le départ de son frère, vingt ans auparavant ? Qu'a-t-il donc fait pendant toutes ces années ? Et à qui sont destinées ces lettres d'amour qui lui reviennent presque toujours avec la mention « Retour à l'expéditeur » ? Dans ce roman du secret, entre tout ce que l'on garde pour soi et les questions que l'on ne pose pas, les personnages - comme le lecteur - doivent se prêter au jeu de l'interprétation.

Toute la beauté du texte réside en effet dans les silences et les non-dits. Dans ces visages figés où l'on devine tour à tour la honte, le malaise ou quelque rugissement intérieur. Souvent les larmes coulent, sans même qu'un mot soit prononcé, pour dire la détresse, la révolte ou le dilemme (central, ici) de celui qui voudrait pardonner mais n'y parvient jamais. La distance ou le rapprochement n'est parfois signifié que par la façon dont on nomme l'autre : un « Monsieur » de politesse quand on pourrait dire « papa », un malicieux « Miss Couettes » au lieu de l'abstraction théologique qu'est le prénom Glory. Et si l'on trouve dans Chez nous quelques règlements de comptes, ils se font à la messe, hors champ, par le détour d'un ou deux sermons où « le vrai texte, c'était Jack ». C'est bien le drame de l'incommunicabilité que distille la romancière américaine à coups d'euphémismes, de litotes et de périphrases. Mais, dans ce roman où tout est contenu, gare au retour du refoulé.

De la paix intérieure et l'absolue confiance en l'homme qui régnaient dans Gilead, on est passé à l'angoisse fiévreuse et au doute permanent quant à la possibilité d'une quelconque rédemption. Cette tension palpable va monter crescendo et ne sera désamorcée que par instants aussi fugaces que bouleversants. Une pointe d'humour ou d'autodérision. Un bref éclat de rire entre un père et son fils. Une virée à trois où l'on partage un bol de fraises à bord de la vieille DeSoto que Jack a ressuscitée. Marilynne Robinson excelle à magnifier ces moments éphémères, extases minuscules où l'événement le plus trivial prend soudain des allures de miracle. Et c'est pour ces instants de grâce qu'il faut lire Chez nous. La pureté de ses phrases lumineuses lorgne alors du côté d'Emerson ou de Thoreau, car, au-delà de l'enfant prodigue, nous dit-elle à demi-mot, c'est l'âme de l'Amérique qu'il s'agit de préserver. Une Amérique idyllique, de nature et de spiritualité. Une Amérique originelle qui seule peut sauver l'humain (trop humain) et vers laquelle, roman après roman, elle ne cesse de retourner.
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Chez Nous

Glory Boughton est de retour dans la maison familiale à Gilead (Iowa) auprès de son père malade, l'ancien révérend respecté de toute une communauté.



Âgée de 38 ans, la cadette  d'une fratrie de 8 enfants voit arriver Jack, le fils prodigue, le frère au passé douloureux et à  l'humeur inégale. Vingt ans qu'il n'était pas revenu. Vingt ans qu'ils ne s'étaient pas revus ?

Les retrouvailles sont tendues, pudiques, particulières.



Chacun avec ses fêlures et ses parts d'ombre apprendra à se (re)connaître, grâce au regard bienveillant et déculpabilisant du père, au seuil de sa mort.



Le rythme un peu déroutant donné au texte épouse cependant parfaitement le quotidien et les retours en arrière de ces trois personnages inoubliables. L'enchaînement des petits détails actuels comme des drames anciens racontent avec justesse l'attachement spirituel de ce vieux révérend aux siens mais aussi au lieu.



La morale et la culture (biblique) contre la fatalité et la nostalgie.

L'amour de son prochain contre les erreurs de choix de vie.



Ce livre intime et rédempteur  très teinté de religion protestante nous parle de famille et s'articule autour de la triple question de l'amour,  du pardon et de la foi.



Même si je l'ai trouvé  longuet, en raison d'un style dense et d'une écriture serrée,  je n'ai pas pu le lâcher, tant les personnages sont merveilleusement humains et touchants d'amour. 



Leur densité, la très belle écriture de Marilynne Robinson, la profondeur de son questionnement rendent ce texte universel et en font une belle leçon d'humilité et de retour sur soi.
Lien : http://justelire.fr/chez-nou..
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Chez Nous

Glory âgée de trente-huit est revenue à Gilead une petite ville de l'Iowa. Nous somme sdans les années 50 et son père l’ancien révérend presbytérien Bougthon à la retraite est malade. Cadette d’une fratrie de huit enfants, Glory dont la vie sentimentale s’est soldée par la rupture de ses fiançailles est la plus disponible pour s’occuper de leur père. Son frère Jack parti il y a plus de vingt ans refait surface. Ni elle si son père ne savent ce qu’il a fait durant toutes ces années. Enfant rebelle, qui fuguait et volait, et pourtant il a toujours été le fils préféré de son père. Jack rongé par l’alcool a bien du mal à se sentir à l’aise dans la maison familiale. Son père se réjouit de ce retour et pour Glory c’est l’occasion de découvrir ce frère qu’elle connaît peu.



Ce roman donne l’impression d’être dans un huis clos avec ces trois personnages. Le temps semble s’écouler lentement mais il sert à détailler ces petits riens de la vie entre passé et présent. Et également à pénétrer dans l’intimité de chacun des trois personnages. Jack s’est toujours senti coupable de n’être pas à sa place dans cette famille où la religion est importante. Il porte encore ce poids de la culpabilité comme un fardeau et le jugement de son père le freine tout comme la méfiance de leur voisin le révérend Ames. Glory veut l’aider à aller mieux de tout son cœur, de toute son âme. Et Jack peu à peu lui raconte son histoire. Avec son père, il garde cette peur d’être rejeté pour ce qu’il a commis alors que ce dernier l’aime mais s’inquiète pour lui. Car l’amour comme la religion sont omniprésentes dans la maison familiale. Tous les trois essaient, quelquefois maladroitement, mais avec sincérité de communiquer.

Ce roman donne lieu à des réflexions sur la famille, la religion, la rédemption et la réconciliation avec soi-même ou avec les autres. Que ce soit dans les dialogues ou dans la description d’une scène du quotidien, Marilynne Robinson excelle à détailler les relations de ces personnages qui évoluent. Ca résonne, ça interpelle. Tout simplement superbe !




Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Chez Nous

J’ai découvert cette auteure un peu par hasard en lisant un article sur le Net. Marilynne ROBINSON a obtenu aux USA des prix prestigieux. J’ai eu envie de découvrir son univers. Car c’est bien d’un univers dont il s’agit.

Celui de l’Amérique profonde, des petites villes où tout le monde se connaît, où il ne se passe pas grand-chose, et où il est extrêmement important de bien se comporter, tout au moins de sauver les apparences.



L’action se passe dans les années 50, au début du mouvement pour les droits civiques des afro-américains.

Issue d’une famille nombreuse, Glory, célibataire âgée de 38 ans, est dans l’obligation de retourner vivre chez son père, le révérend Boughton, qui est mourant. Elle revient en partie pour s’occuper de lui mais également pour tenter d’oublier le terrible échec qu’est sa vie sentimentale : elle vient de rompre ses longues fiançailles.



Dans le même temps, son frère Jack, qui a toujours été l’enfant terrible de la famille et qui n’avait pas donné de nouvelles depuis plus de 20 ans, annonce son retour. Ce frère aîné est devenu un adulte instable ayant les plus grandes difficultés à trouver un emploi et à le conserver. Son addiction à l’alcool y est pour beaucoup.



Si vous aimez les romans d’action, passez votre chemin car dans celui-ci, il ne se passe rien. Rien que l’on puisse voir de façon concrète mais tout est dans le rapport entre cette soeur, son frère et leur père. Il ne s’agit pas d’un règlement de comptes, mais d’une découverte des failles, des déceptions et des espoirs de chacun des protagonistes.



J’ai particulièrement apprécié le style de Marilynne ROBINSON dans ce roman qui se lit avec lenteur.



» Jack avait quitté tôt la maison. Glory avait entendu le grincement de la moustiquaire avant que le soleil ne se fût complètement levé. L’agitation de Jack avait pris les aspects de la vertu, le tirant de son lit au coeur de l’obscurité, l’expédiant jusqu’au jardin où il dépensait l’énergie frustrée du sommeil avorté. »
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Chez Nous

C'est un livre que j'ai beaucoup aimé. Il faut au départ s'habituer au style car l'auteur passe facilement de l'évocation de souvenirs ou de pensées au récit de l'histoire actuelle.

Mais cette difficulté s'estompe facilement et le lecteur se laisse emporter par cette histoire très touchante.

Dans cette famille de presbytériens où règnent la compréhension, l'amour et le pardon, les différents membres de la famille ont du mal à communiquer.

Jack, le fils rebelle, n'a jamais pu s'intégrer dans cette famille. Adolescent, il a enchaîné les bêtises afin d'attirer l'attention sur lui. Après de nombreux méfaits, il a quitté sa famille.

Quand, désespéré, il revient à la maison familiale, il y trouve sa jeune soeur, Glory, qui elle aussi vient de vivre une histoire amoureuse difficile et est revenue vivre auprès de son père souffrant.

Pourtant bien accueuilli, il va se heurter au jugement de son père et du voisin, tous deux révérends.

Ces rencontres sont l'occasion de subtiles conversations sur la prédestination, la grâce divine, l'âme, le destin, la souffrance, la rédemption. Le lecteur conçoit alors toute la difficulté de la réinsertion, d'une part à cause du jugement et de la méfiance des autres mais aussi et surtout à cause de la notion de culpabilité de Jack.

Cela donne un magnifique livre sur l'importance de la famille, avec tous ces petits riens qui réunissent (une virée en voiture, un bol de fraises, un bon repas avec une recette ancestrale) mais aussi tout l'amour, la présence et le soutien d'une fratrie. Le lien humain entre Glory et jack est très fort. Glory veut absolument aider ce frère désespéré. Elle ne voit en lui que sa bonne âme. Les dialogues sont difficiles mais on ressent tous les échanges de regard, de sourire, de larmes aussi.
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Chez Nous

CHEZ NOUS de MARILYNNE ROBINSON

Glory revient à Gilead dans l’Iowa, voir son père vieilli et affaibli comme la maison. Dès son arrivée, Blake, la gouvernante, en profite pour prendre sa retraite, sachant désormais le révérend en bonnes mains. Rien ne semble avoir changé, le voisin surnommé Trotski, se moque toujours de leurs croyances. Elle se souvient de ses 4 frères et sœurs, de Jack bien sûr qui échappa de peu si souvent à la prison. Glory a 38 ans, a enseigné l’anglais 13 ans, son ex fiancé vient de la quitter et elle se demande ce qu’elle est venue faire à Gilead. La routine s’installe, les jours passent, interminables et puis, un jour, une lettre de Jack dont on ne savait même pas s’il était encore vivant. Il annonce sa visite. Le vieux révérend prévient la fratrie et le vieux pasteur Aymes. Les semaines passent, puis Jack finit par arriver, une cohabitation silencieuse va s’installer, on se souvient de la fille et du bébé mais on ne dit rien et d’ailleurs Jack attend une lettre, d’une femme. Il demande à Glory de le surveiller, la boisson, qui l’a mis dans des situations très inconfortables…

Ce livre fait partie de la série qui comprend Gilead et Jack, on retrouve les mêmes personnages à différentes époques. Jack même absent est au cœur du récit, on suit ses aventures par bribes, par sous entendus, on tente de deviner ce qu’il ne dit pas, ce qu’il ne peut pas dire, ce qu’il regrette mais ne peut changer.

Série admirable, on peut lire Chez Nous, Jack, Gilead dans n’importe quel ordre, l’écriture est précise, exigeante, les thèmes moraux sont au cœur des débats avec l’amour, la foi, et on ne peut que se passionner pour cette famille de l’Iowa.
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Chez Nous

Eh bien, que puis-je dire à propos de celui-ci ? En bref : je ne comprends pas pourquoi Marilynne Robinson n'a pas encore reçu le prix Nobel de littérature. Si c’est possible pour un écrivain hermétique comme Jon Fosse, pourquoi pas pour elle ? Car cela doit être clair : Robinson n’est pas pour tout le monde. Il y a d'abord l'intensité de ses romans, et certainement de celui-ci : quand on démarre, c'est comme si on était obligé de sauter dans un train déjà assez rapide ; elle suppose que vous êtes juste au courant de l'histoire, et si vous ne l'êtes pas (et presque par définition vous ne l'êtes pas), alors vous devez la reconstituer au fur et à mesure. Ce fut le cas du premier roman du cycle Gilead (juste Gilead), et aussi de ce deuxième: le narrative commence lorsque Jack Boughton, le mouton noir de la famille, revient après 20 ans dans sa maison parentale à Gilead, où seul son père, le vieux révérend Robert Boughton, malade, habite et où sa plus jeune sœur Glory est récemment revenue. Cette intensité est également due aux thèmes de Robinson : ils sont lourds, existentiels, profondément psychologiques. Dans ce cas, il s’agit de culpabilité et de pénitence, de pardon et de grâce, et surtout de damnation prédestinée. Parce que Jack en particulier a beaucoup de choses à expliquer. Et forcément avec Robinson on se retrouve dans l'univers calviniste, autre chose qui ne facilite pas vraiment la lecture. En particulier, les discussions entre Boughton et son voisin John Ames, cet autre ancien ministre que nous connaissons de Gilead 1, nécessitent un certain bagage théologique et philosophique.

Pourquoi alors mon score relativement élevé de 4 étoiles ? Eh bien, pour commencer parce que c'est la meilleure histoire de fils prodigue que j'ai jamais lue : pas la version simple du retour festif, tout pardonné et fini, non, ce retour s'accompagne d'un sédiment de sentiments très variés qui ne cessent de s'approfondir, testé et devenant de plus en plus complexe à mesure que l'histoire progresse. Deuxièmement, parce que le dessin psychologique de Robinson à travers les dialogues, l'introspection et l'observation minimaliste témoigne d'une énorme connaissance de la nature humaine et d'un sentiment empathique pour l'infinie complexité de l'existence humaine. L'interaction entre Jack et Glory en particulier est d'une sensibilité presque insupportable. Et troisièmement, parce que ce livre parle aussi du « chez-soi », la maison parentale, et de ce que cela signifie pour les personnes blessées par la vie, tant dans un sens positif que négatif. Ce thème inclut également la position ambiguë du vieux Boughton, dont la joie sincère du retour de son ou ses enfants suscite certes de la sympathie, mais qui est également repoussant par sa nature patriarcale, l'imposante figure paternelle qui contrôle volontairement et/ou involontairement la vie de ses enfants d'une manière malsaine. Ayant moi-même élevé 4 enfants, je dois concéder que ce fût une lecture assez émouvante aussi dans ce sens.

Assez d'arguments ? Bien sûr! Et je n'ai même pas mentionné le style précis et la composition équilibrée de ce livre. Non, s'il vous plaît Stockholm, elle a 80 ans maintenant, n'attendez plus.
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Chez Nous

Marilynne Robinson pose, dans ce huis clos familial, d’essentielles et humaines questions qu’elle soumet à la foi.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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Chez Nous

A Gilead, petite bourgade de l'Iowa, dans les années 60. Le révérend (presbytérien) Brougton a pris sa retraite, son état de santé se délabre tout doucement. Glory, la plus jeune de ses filles, au sortir de longues fiançailles n'ayant débouché sur rien de tangible, est revenue à la maison familiale pour s'occuper de son père. "Il fallait bien qu'elle fut quelque part, comme tous les autres humains sur terre. Comme c'était humiliant d'être quelque part parce que vous n'aviez nulle part ailleurs où être."





"Hope était sereine, Luke était généreux, Teddy était brillant, Jack était Jack, Grace était douée pour la musique et Glory prenait tout trop à coeur." Voilà. Jack était Jack. A part. Pas comme les autres. Durant leur enfance, disparaissant, réapparaissant sans crier gare, jamais là où on le cherchait.

"En passant dans ce monde, je crée autour de moi une sorte de remous, qu'on peut à juste titre appeler des troubles. C'est un mystère, me semble-t-il... Et la raison pour laquelle je me tiens à l'écart. Quand je peux."



Vingt ans auparavant, il était connu comme responsable de petits larcins, et finalement avait fait un bébé à une jeune fille, et était parti. Maintenant il annonce son retour.



S'entremêlent donc le récit du passé avec l'histoire du séjour de Jack "à la maison". Son père accueille l'enfant prodigue à bras ouverts. Mais Jack a du mal à se sentir à l'aise et à trouver avec Glory une relation de confiance, malgré tout l'amour qu'ils ressentent l'un envers l'autre.



Voilà un très beau roman, écrit avec une simplicité trompeuse et beaucoup de subtilité. Des dialogues qui ponctuent les rencontres et la simple vie domestique émanent une grande tendresse, une belle émotion. La religion - celle du père est une religion de l'amour- est omniprésente dans leur façon d'être, Glory et Jack ne pouvant totalement rejeter l'héritage de leur enfance.



Petit à petit se dévoilent les événements des vingt années précédentes, par petites touches les relations évoluent, les zones d'ombre s'éclaircissent, jusqu'aux pages finales , absolument superbes.



Un gros coup de coeur pour cette superbe histoire intimiste.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Chez Nous

Chez Nous évoque cette fragile, et pourtant indestructible, relation entre frères et soeurs. Parce qu'une fois adultes, il est beaucoup plus difficile de caresser les cheveux de son frère ou de partager son dessert avec sa soeur. Et pourtant, il suffit parfois de prendre un café au petit matin dans la cuisine familiale ou de jouer une partie de dames pour que les liens se renouent tels qu'ils étaient avant.
Lien : http://demeninges.blogspot.f..
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Chez Nous

L'atmosphère du 1er tome de la trilogie "Gilead" se retrouve dans ce roman. Le lecteur se laisse bercer par les dialogues, la vie simple et les réflexions, voire les ruminations des personnages. L'idée de pardon et de salut sont très présentes. Le "Chez nous" est chez un pasteur, voisin du pasteur chez qui se déroule le premier tome. On retrouve d'ailleurs quelques scènes du premier roman, vécues de l'autre point de vue. La vie simple et dédiée à la prière est hantée par la vie marginale du fils, qui vient chercher refuge à la maison, chez le père qui se prépare à mourir, et qui aime son fils, malgré tout. La fille, qui pense aussi avoir raté sa vie, est également de retour au domicile de l'enfance, pour chercher refuge et assister son père.



....donc si vous avez envie de vous marrer, il ne faut pas lire ça. Si vous avez envie de vous plonger dans des réflexions sur ce qui fait et défait les liens familiaux, sur ce qui fait espérer et pardonner, alors cela peut vous convenir.



Je lirai le 3ème volume de la trilogie "Lila", prénom de l'épouse du pasteur au centre du tome 1.
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Chez Nous

Des personnages subtils et denses, au cœur de l'Amérique des années 50.

Des liens riches et complexes entre frère et sœur, des questionnements sur la difficulté de vivre, sur la famille composite et enchevêtrée, beaucoup d'introspection et de questionnement religieux, mais le récit s'y prête tout à fait.
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Chez Nous

Remarquable
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Chez Nous

Voilà un livre assez difficile à définir. Tout d'abord parce qu'il contient fort peu d'action, ensuite parce qu'il est totalement rempli de références religieuse et pourtant il n'est absolument pas ennuyeux, bien au contraire. On se laisse assez vite emporté par cette atmosphère de souvenirs, de réflexions sur la famille, et surtout sur ce que l'on avait imaginé de notre vie et finalement ce qu'elle est réellement devenue.

Nous sommes dans la maison familiale des Boughton, où Glory, une des filles est rentrée s'occuper de son père mourant. Et pour cause, elle est la seule des enfants à ne pas être mariée, donc en quelque sorte c'est son devoir. Il faut dire que le patriarche est l'ancien révérend de cette petite ville de l'Iowa, et que l'éducation de la famille est basée sur les Saintes Ecritures.

Mais très vite , Jack, le "vilain petit canard" de la fratrie revient lui aussi à la maison, après une vie de troubles, d'échecs et de mauvaises actions. Se joue alors une discussion entre ces trois personnages, qui se reprochent tous quelques choses, qui se connaissent fort peu et qui pourtant on tellement besoin les des autres.

Pour moi une très belle lecture qui nous fait nous poser de sacrées questions sur la famille, et la place qu'on y occupe. Une belle histoire dans laquelle on se laisse emportée et surtout pas ennuyeuse. A lire!
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Chez Nous

Contrairement à d'autres livres et d'autres auteurs, Chez nous et son auteure Marilynne Robinson, se lisent lentement, à l'instar de la vie qui s'écoule pour ses protagonistes. J'ai donc partagé ce temps qui ne file pas, ces pauses indispensables afin de poser un regard lucide, et aimable sur ce qui a été accompli ou pas. Avec ses trois personnages principaux (Glory, la fille et la soeur, qui a semble-t-il renoncé à toute vie professionnelle et sentimentale, le père, pasteur, patriarche, dégoulinant de compassion et de pardons, mais on lui pardonne, et Jack, le frère, le fils, exclu, rebelle, raté, névrosé), Robinson nous emmène et nous laisse surtout dans une bourgade états-unienne des années 50's, improbable mais sans doute bien réelle. On égrène les heures, les longues heures de la journée comme une neuvaine pour expier des fautes qu'on a jamais commises. A un tel point, que parfois, souvent même, je ne savais plus à quels moment de la journée l'action ne se déroulait pas. Car il n'y a pas d'action au sens où on peut l'entendre. Non. Ces trois là se retrouvent, s'aiment, mais ont bien du mal à l'exprimer, tout le temps en train de s'excuser ou de demander pardon, mènent leur train train quotidien, préparer un déjeuner ou un dîner, réparer une vieille guimbarde, lire la Bible, se lever, se coucher, s'asseoir. Et nonobstant. Nonobstant, l'auteure nous prend par la main et un peu la tête, pour nous amener sur un chemin proche de la méditation. Il s'agit d'une lecture très particulière, parfois agaçante (le pardon, le péché... pour qui n'est pas chrétien cela peut être irritant), parfois redondante (la compassion obligée). Chaque lecteur mettra son filtre, moi j'ai mis celui qui m'est propre (je le tais) mais il me semble que la religion presbytérienne dont il est beaucoup question dans ce roman n'a pas beaucoup aidé à la construction dans l'épanouissement ni de Glory ni de Jack. Néanmoins, je ne regrette pas du tout cette lecture.
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Chez Nous

Glory est de retour dans la vieille maison familiale de Gilead, dans l'Iowa, cette fois pour une durée plus imprécise que les autres. Elle a trente-huit ans, son père le respecté pasteur Boughton s'éteint tout doucement, et à vrai dire plus rien ne la retient ailleurs, sa vie sentimentale s'est soldée par un échec aussi retentissant socialement que blessant, mais de ce qu'il en a été véritablement et de ce "mari" peu scrupuleux, jamais elle n'en parle, jamais elle n'en a parlé.

Et voilà que Jack, l'un de ses grands frères, refait surface, telle une apparition, après une absence de plus de 20 années. De tout ce temps écoulé, personne ne sait rien, mais tout le monde suppose. Jack était l'enfant "impossible" de la famille, l'éternel absent, même présent, l'éternel fugueur, l'adolescent mystérieux et toujours sur la brèche, le jeune homme brillant, séducteur mais dévoré par un mal obscur tout autant que par l'alcool. Il est parti sur un drame, un de plus, et rien de bien, semblait-il ne pouvait plus lui arriver désormais.

Et pourtant, pourtant, Jack, l'enfant prodigue, reste dans le coeur du père, le révérend, l'enfant qu'entre tous, il aimait et chérissait le plus au monde. Celui qui le fit le plus souffrir aussi, bien sûr. Quand le révérend apprend son retour, lui l'homme âgé pour qui les jours sont désormais comptés, c'est le bonheur et l'inquiétude, à nouveau.

Se nouent alors entre les trois, durant ces quelques semaines, une tension affective et émotionnelle sans pareille, extrêmement troublante, doucement bouleversante.

Le temps du livre s'écoule lentement, au rythme des âmes qui se retrouvent peu à peu, se donnent lentement et plus sûrement leur confiance. Peu à peu, très progressivement, le frère et la soeur se confient, se confessent, toujours dans la mesure, chaque mot comptent, chaque geste a de l'importance. Et Glory de découvrir plutôt que de redécouvrir ce frère, blessé depuis l'enfance, l'exclu qui s'excluait lui-même, jamais aussi loin ni distant qu'on le supposait alors, en marge toujours, parce qu'il ne se sentait pas le droit, tout simplement et très étrangement d'appartenir à cette famille nombreuse, brillante et si vivante.

Le portrait en creux, tout doucement brossé de Jack, le "vaurien" de la famille, et tel qu'il est perçu par sa petite soeur au travers des paroles feutrées, des gestes esquissés, des manques et des ratures, est tout simplement inoubliable, comme l'est aussi la figure du père, fort et fragile tout à la fois, vacillant et protecteur, parfois en vain.

Histoire de vie et de mort mêlées, de rédemption envers et contre tout et malgré les tourmentes, de pardon.... Dieu est au centre de cette histoire, bien sûr, mais jamais comme une évidence, il est le noeud, l'arrête tranchante, où se heurte et se blesse Jack plus souvent qu'à son tour. Les relations avec son père sont tendues parfois jusqu'à se rompre, non par une attitude purement sévère ou intolérante du vieil homme, mais par l'inquiétude de le voir refuser, peut-être, l'espérance qui fut la pierre d'angle de toute son existence. L'angoisse d'un homme pour son fils, une angoisse sans fin, une éternité en somme...

Rien de bigot, non, loin s'en faut, juste un amour pur, lumineux et transpercé.

J'ai beaucoup aimé.
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Chez Nous

Une très belle découverte de ce livre de Marilynne Robinson, tout en "dentelle" et nuances. Un roman intimiste, presqu'un huis clos, au sein de cette famille Américaine des années 50. Glory, 38 ans, rentre chez elle, dans la petite ville de Gilead, Ihowa, après, d'après ce que l'on comprend, une rupture amoureuse. Elle rejoint son père, révérend qui a officié des années durant au sein de l'église de la ville, mais qui désormais, malade et très âgé, atteint la fin de ses jours. Et puis voilà Jack, le fils qui a rompu les liens durant 20 ans. Jack était parti dans des circonstances particulières (je ne raconte pas tout!) et il retrouve son père et sa soeur cadette, Glory, qu'il connait finalement très peu. Frère et soeur vont, au fil des jours, apprendre à se connaître, se dévoiler quelque peu, tout en finesse, autour de ce père qu'il convient de rassurer, d'apaiser, après avoir eu tant de raisons d'être inquiet et angoissé d'avoir un fils silencieux durant 20 ans.

Marilynne Robinson tisse son récit avec lenteur mais sans ennui, la nature des liens et la nature des lieux occupe le récit. Elle pointe ça et là les préoccupations politiques de l'époque, dans une Amérique rurale qui entend sonner au loin les luttes des noirs américains contre la ségrégation raciale. C'est d'ailleurs un point qui oppose père et fils.

Pour ma part, le texte est fabuleux à lire, le niveau de langage très soutenu (merci au traducteur!) fait que le texte est un régal, d'une délicatesse que l'on retrouve dans les relations entre les personnages. Le poids de la religion et de l'éducation religieuse, le "destin" et l'héritage familiale, tout ceci est abordé avec sensibilité et finesse.

J'ai passé un merveilleux moment et je suis reconnaissance à l'auteur pour cela. C'est un très beau moment littéraire.
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Gilead

J'ai eu du mal à terminer ce roman, pourtant assez court. On est à la fin des années 1950 à Gilead, petite ville de l'Iowa. Un prédicateur se confie par lettre à son jeune fils. Il est en fin de vie et veut laisser une trace de ce qui importait pour lui. Le problème c'est que le ton, assez retenu, truffé de références bibliques, est très lent. Et le contenu a plus à voir avec de la théologie qu'avec une optique de roman. Malgré cela, j'ai voulu aller jusqu'au bout. Il y a quand même là un ton unique.
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