Il en va peut-être des souvenirs comme des nuages : certains, magnifiques, volent très haut, inatteignables, pendant que d'autres, plus lourds, restent longtemps perchés sur nos épaules, dans l'attente du jour où nous serons enfin prêts à les laisser s'envoler.
Au nord de toute chose, je peins le tableau de la pire espèce, j'énumère la noirceur au bout de l'œil - nuit repoussée d'heure en heure, jusqu'à ses premiers aveux de lumière. Encore un peu de fatigue, et la fenêtre débouchera peut-être sur une clairière où rendre les armes.
Il faut savoir qu'à cette époque de ma vie, chaque fois que je fermais les yeux, j'avais l'impression de rater quelque chose. Comme si on profitait de mon absence pour abîmer un peu plus le monde.
Il en va peut-être des souvenirs comme des nuages : certains magnifiques, volent très haut, inatteignables , pendant que que d'autres, plus lourds, restent longtemps perchés sur nos épaules, dans l'attente du jour où nous seront enfin prêts à les laisser s'envoler. Ce jour viendra, c'est une question de vent.
Maman dit qu'on ne guérira pas tout de suite. C'est normal d'être triste, il ne faut pas s'en faire. Papa comptait énormément pour nous. Il était au début de toutes nos phrases. Au bout de tous nos regards. Maintenant, il faudra apprendre à lui faire une place à l'intérieur de nous. Une maison juste à côté de notre coeur.
Maman me regardait, la tête penchée. Elle était incapable de parler. Elle tremblait comme un arbre que le vent secoue. De grosses larmes coulaient sur ses joues et tombaient à l'endroit où papa s'asseyait toujours.
Mais papa n'était pas là. On ne voyait que son absence.
Nous formions autour de son cercueil un grand cercle. Aussi rond qu'une larme énorme.
Le ciel est ce livre ouvert à la mauvaise page.
Mes lèvres ne sont jamais que deux parenthèses.
Une par une, tes larmes retournent à la mer.