Mais sa vraie passion c'était encore d'être là, parmi ses brebis, au pâturage ; il les reconnaissait une par une à la couleur de la laine, à la façon de bêler même si elles semblaient toutes pareilles ; il savait aussi quel était le caractère de chacune : celle qu'il fallait tenir à l'oeil parce qu'elle avait l'habitude de s'éloigner du troupeau, celle qui était la plus avide d'herbe nouvelle et trempée de rosée et qui était donc sujette au gros ventre, l'agnelle qui voulait toujours téter sa mère alors qu'elle aurait du être sevrée depuis des mois, celle qui mettait le plus de temps à ruminer. Quant au vieux chien noir, il suffisait d'un signe, même pas besoin d'un mot, pour qu'il comprenne sa pensée.