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Citations de Mario Vargas Llosa (695)


Mario Vargas Llosa
J'ai toujours cru que la littérature devait essayer de toucher une grande masse de lecteurs. Sans renoncer pour autant à la rigueur ou à la recherche de nouvelles techniques et de nouveaux langages. Mais je ne crois pas que la littérature se réduise à un cénacle de privilégiés ne se comprenant qu'entre eux et se sentant supérieurs au lecteur lambda. [..]
Si la littérature doit mourir, que les écrivains, pour leur part, ne la tuent pas.

Extrait du Grand entretien, le Magazine littéraire, mars 2016
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- C'est ce que tu veux faire de ta vie ? Rien que cela ? Tous ceux qui viennent à Paris aspirent à devenir peintres, écrivains, musiciens, acteurs, metteurs en scène, à faire un doctorat ou la révolution. Et toi tu veux seulement cela, vivre à Paris ? Je ne l'ai jamais encaissé, mon vieux, je dois te le dire.
- Je sais bien, mais c'est la pure vérité, Paul. Petit, je disais que je voulais être diplomate, mais c'était seulement pour qu'on m'envoie à Paris. C'est ce que je veux : vivre ici. Cela te semble peu ?
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Le 15 octobre 2002, pour fêter sa réélection comme président avec cent pour cent des voix, Saddam Hussein ouvrit les prisons du pays, libéra tous les détenus de droit commun et fit tuer la majorité des prisonniers politiques. Combien en relâcha‑t‑il ? On me donne des chiffres farfelus qui vont de trente mille à cent mille. Cela n’explique pas toutes les exactions, mais tout de même une bonne partie d’entre elles, m’assure l’archevêque Fernando Filoni, nonce de Sa Sainteté. Spécialiste des catastrophes, il a commencé sa carrière diplomatique au Sri Lanka lorsque les Tamouls décapitaient ou égorgeaient ; puis il a représenté le Vatican à Téhéran sous les bombardements de la guerre avec l’Irak, « lesquels ne nous laissaient pas dormir ».« Le manque de pratique de la liberté produit, au début, des catastrophes. C’est pourquoi le pape, qui sait beaucoup de choses, s’est opposé à cette guerre. Les États‑ Unis qui ont voulu aller trop vite se sont soudain retrouvés face à quelque chose qu’ils n’avaient pas prévu : le vandalisme généralisé. »
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Je lui expliquai que l'amour n'existait pas, que c'était une invention d'un Italien appelé Pétrarque et des troubadours provençaux. Que ce que les gens croyaient être un jaillissement cristallin de l'émotion, une pure effusion du sentiment, était le désir instinctif des chats en chaleur dissimulé sous les belles paroles et les mythes de la littérature. Je ne croyais rien à cela, mais je voulais me rendre intéressant.
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La tasse de café ou le verre de rhum devait avoir meilleur goût, la fumée du tabac, le bain de mer par une chaude journée, le film du samedi ou les merengues à la radio devaient laisser dans le corps et l’esprit une sensation plus agréable quand on disposait de cela que Trujillo avait ravi aux Dominicains depuis trente et un ans : le libre arbitre.
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Mario Vargas Llosa
J’ai débarqué ici en 1959 et j’ai découvert que les Français, fascinés par la révolution cubaine, qui avait transformé en écoles les propriétés de Batista et consorts avant de devenir une tyrannie, ces Français-là avaient découvert la littérature latino-américaine avant moi, et lisaient Borges, Cortázar, Uslar Pietri, Onetti, Octavio Paz et, plus tard, Gabriel García Márquez. C’est donc grâce à la France que j’ai découvert l’autre visage de l’Amérique latine, les problèmes communs à tous ces pays, l’horrible héritage des putschs militaires et du sous- développement, la guérilla et les rêves partagés de libération. Et c’est donc en France – quel paradoxe ! – que j’ai commencé à me sentir un écrivain péruvien et latino-américain.

Discours de M. Mario Vargas Llosa, élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Michel Serres, le jeudi 9 février 2023 (page 5)
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Tous, dans le repli le plus ladre de leur âme, avaient vécu en redoutant de voir s'effondrer le régime. Quels salauds ! La loyauté n'était pas une vertu dominicaine, il le savait bien. Durant trente ans ils l'avaient adulé, applaudi, mythifié, mais au premier coup de vent, ils sortiraient leurs couteaux.
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L'obligation de la musique envers moi, c'est de me plonger dans un vertige de pures sensations qui me fasse oublier la part la plus ennuyeuse de moi-même, la civile, l'urbaine, qui me lave de mes soucis, m'isole dans une bulle sans contact avec la sordide réalité ambiante, et de la sorte me permette de penser clairement aux fantaisies qui me rendent supportable l'existence.
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Elle se sentait de bonne humeur et une délicieuse chaleur coulait dans ses veines, comme si son sang s’était transmué en vin tiède.
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Le fleuve de soldats, chevaux, canons, charrettes est sans fin. "C'est un crotale", pense Parjeù. Chaque bataillon en constitue les anneaux, les uniformes les écailles, la poudre des canons le venin avec lequel il empoisonne ses victimes.
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Mario Vargas Llosa
Flaubert est un immense écrivain, peut-être le plus important du XIXe siècle européen, ou du moins français, autrement dit mondial. Et son importance ne tient pas seulement à ses admirables romans – Madame Bovary et L’Éducation sentimentale, principalement –, mais à ses contributions à la structure du roman moderne, qu’il fonde d’une certaine manière, en aidant en chemin des écrivains adolescents – comme je le fus quand je l’ai lu pour la première fois – à découvrir leur véritable personnalité.

Je ne suis pas tout à fait sûr que Flaubert ait été pleinement conscient de la révolution qu’il nous a léguée avec son œuvre. Mais plus que les lectures à voix haute de chaque phrase – chaque mot – qu’il écrivait sur ce bout de terre qui existe encore et qu’il baptisa du nom de Gueuloir, ce qui me paraît important c’est l’invention du narrateur anonyme, ce Dieu – comme il le nomme – sur lequel se fonde le roman de nos jours. Ce narrateur invisible a permis de supprimer une foule de personnages qui encombraient le roman classique et qui étaient là simplement pour feindre qu’ils étaient les auteurs d’une histoire. Et il a permis au roman moderne de les sacrifier sans état d’âme – leur remplacement couvrant, dès lors, toutes les étapes du roman – et de faire un bond en avant qui a servi à tout le monde –, que le sachent ou l’ignorent les écrivains qui écrivent des romans.

Discours de M. Mario Vargas Llosa, élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Michel Serres, le jeudi 9 février 2023 (page 12-13)
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Sa seule présence chez les membres de la Force publique produisait un effet d’intimidation : les yeux des Noirs, Négresses et Négrillons s’agrandissaient quand ils la reconnaissaient, le blanc, dans leur visage d’encre ou bleuté, étincelait d’effroi à imaginer qu’à la moindre erreur ou faute, au moindre faux pas, la chicotte cinglerait l’air de son sifflement caractéristique et tomberait sur leurs jambes, leurs fesses et leur dos, en les faisant hurler.
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- Ce qu'il y a de terrible pour une femme divorcée, ce n'est pas que tous les hommes se croient obligés de te faire des propositions, m'informait tante Julia. Mais qu'ils pensent, puisque tu es une femme divorcée, qu'il n'est pas besoin de romantisme. Ils ne te font pas la cour, ils ne t'adressent pas de propos galants, ils te proposent la chose de but en blanc le plus vulgairement du monde. Ça me met hors de moi. [...]
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La Maison du jouir fut achevée en six semaines. Elle était en bois, nattes et paille tressée et, comme ses farés de Mataiea et de Punaauia, elle avait deux étages. [...]
Paul sculpta un panneau de bois pour l'entrée, en gravant au linteau Maison du jouir, et deux longs panneaux verticaux qui flanquaient cet écriteau, avec des femmes nues dans des poses voluptueuses, des animaux et une verdure stylisés, ainsi que des invocations qui mirent en émoi tant la mission catholique ( la plus nombreuse ) que la petite mission protestante de Hiva Oa : " Soyez mystérieuses " et " Soyez amoureuses et vous serez heureuses ".
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Tu avais peint ta meilleure toile non seulement avec tes mains, avec tes idées, ton imagination et ton métier, mais aussi avec ces forces obscures venues du fond de l'âme, le bouillonnement de tes passions, la fureur de tes instincts, ces impulsions qui surgissaient dans les tableaux exceptionnels. Les tableaux qui ne mourraient jamais, Koké. Comme l'Olympia de Manet.

Koké, surnom de Paul Gauguin à Tahiti
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Mario Vargas Llosa
J’en appelle à ceux qui croient comme moi qu’on ne peut comparer la parole écrite à l’image périssable qui nous saisit et n’est qu’éphémère mémoire. Le mot écrit est déterminé à durer, comme l’image de ce Jean Valjean et du jeune Marius dans ses bras qui traversent la nuit de Paris dans le sous-sol des catacombes, comme un défi de l’esprit dressé sur la périssable chair humaine. Son souvenir, comme celui des quatre immortels mousquetaires – d’Artagnan, Athos, Portos et Aramis, ennemis mortels du cardinal de Richelieu, notre fondateur – est là pour nous remonter le moral et nous tirer de l’abîme, comme la reine de France, quand nous sommes sur le point de succomber.

Discours de M. Mario Vargas Llosa, élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Michel Serres, le jeudi 9 février 2023 (page 16)
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Mario Vargas Llosa
Comment un roman peut-il émouvoir avec cette histoire qui se fait chaque jour ? Simplement en existant, en remplissant d’aspirations et de désirs ses lecteurs, en leur inoculant le virus de l’ambition et de la fantastique projection d’une vie meilleure, ou en tout cas différente ; comme celle que nous découvrons dans les livres de Flaubert, de Victor Hugo, de Gide ou de Céline – ce grand auteur et cette vile personne qui avait deux mains, une pour écrire avec génie ce Voyage au bout de la nuit et une autre pour alimenter la haine contre les Juifs. Et Balzac et sa fantastique intuition de ce qui est possible et impossible dans la littérature. Et Stendhal. Et Zola avec ses romans engagés dans le problème social. Et les grands feuilletonistes, comme Alexandre Dumas, qui repensent, mais en mieux, ce que d’autres ont pensé. Comme aussi les romanciers russes, maîtres de l’épouvante.


La littérature française a fait rêver le monde entier à un monde meilleur. Un monde en tout cas différent, et elle a renouvelé de la sorte la démocratie en soutenant le rêve d’un autre monde, surtout pour les collectivités affamées et marginales : et, comme bien souvent, la latino- américaine entre autres. Et elle a permis à ce rêve de devenir réalité dans les démocraties du monde qui connaissent des progrès suffisants – chaque jour qui passe : le seul progrès possible pour les sociétés toujours menacées de perdre la raison et de rêver à une révolution, après tant d’échecs et de morts, qu’elle seule nous a réservé et, si nous nous y accrochons, nous réservera.

Discours de M. Mario Vargas Llosa, élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Michel Serres, le jeudi 9 février 2023 (page 15)
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[...] je lui affirmai que, quelles que soient les différences, l'amour basé sur le physique pur durait peu. Avec la disparition de la nouveauté, avec la routine, l'attrait sexuel diminuait et finalement mourait (surtout chez l'homme), et le couple ne pouvait alors survivre que s'il y avait entre eux d'autres aimants : spirituels, intellectuels, moraux.
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Mario Vargas Llosa
Mais elle fut enchantée de la finesse de l’évêque, qui lui parla aussi d’art, littérature, musique et histoire avec compétence et bon goût. Quand elle entendait quelqu’un de la sorte, elle ne pouvait éviter d’avoir un sentiment de nostalgie, tant elle mesurait ce qu’elle ne savait pas, tout ce qu’elle n’avait pas lu et ne lirait jamais désormais, car il était bien tard pour combler les lacunes de son éducation. C’est pour cela que George Sand te méprisait, Florita, et pour cela que tu éprouvais toujours, devant cette grande dame des lettres françaises, une paralysante infériorité. « Tu vaux mieux qu’elle, nigaude », l’encourageait Olympe.
Être inculte en plus d’être pauvre, c’était être doublement pauvre, Florita. Elle se le répéta plusieurs fois cette année de sa libération du joug d’André Chazal — 1825 — quand, avec son fils aîné malade, le cadet en nourrice à la campagne, et Aline qui venait de naître, elle dut affronter une circonstance qu’elle n’avait pas prévue, obsédée qu’elle était par la seule idée de se libérer du carcan familial. Ces enfants, il fallait leur donner à manger. Comment faire, en n’ayant pas un centime ?

(Le Paradis - un peu plus loin, page 76)
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Mario Vargas Llosa
Ce qui accaparait ton attention maintenant, ce n’était pas la peinture, mais la maladie imprononçable qui, quatre mois après ton arrivée à Hiva Oa, avait à nouveau frappé, féroce.
Les plaies lui mangeaient les jambes et souillaient ses bandes si vite qu’à la fin il n’avait plus le courage de les changer. C’est lui qui était obligé de le faire parce que Vaeoho, dégoûtée, s’y était refusée, le menaçant de le quitter s’il l’obligeait à le soigner. Il conservait ses pansements sales deux ou trois jours, sentant mauvais, couvert de mouches qu’il était également fatigué de casser. Le docteur Buisson, directeur du dispensaire de Hiva Oa, qu’il avait connu à Papeete, le piquait à la morphine et lui donnait du laudanum. Cela calmait ses douleurs, mais le maintenait dans un état de somnambulisme hébété, avec le pressentiment aigu d’une détérioration rapide de son esprit. Allais-tu finir, Paul, comme le Hollandais fou ? En juin 1902 il lui fut presque impossible de marcher, si grande était la douleur dans ses jambes. Il ne lui restait presque plus d’argent de la vente de sa maison de Punaauia. Il investit ses dernières économies dans l’achat d’une carriole tirée par un poney que, chaque après-midi, vêtu d’une chemise verte et d’un paréo bleu, portant sa casquette parisienne et une nouvelle canne qu’il s’était fabriquée, avec pour pommeau — à nouveau — un phallus en érection, il conduisait, en passant par la mission protestante et les beaux tamariniers du pasteur Vernier, jusqu’à la baie des Traîtres. Elle grouillait à cette heure de gosses se baignant dans la mer ou montant à cru les petits chevaux sauvages qui hennissaient et sautaient sur les vagues turbulentes.

(Le Paradis - un peu plus loin, p. 421-422)
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