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Citations de Mariolina Venezia (20)


Lucrezia dissimulait dans un trou, près de la cheminée, ce qu'elle arrivait à économiser. Elle aurait préféré mourir plutôt que de le placer à la poste.
Mais elle continuait de s'y rendre pour s'enquérir de l'argent que son mari y avait déposé et inviter l'employé à le lui verser. Elle repartait en murmurant entre ses dents blasphèmes et malédictions, puisse la foudre lui tomber sur la tête, à lui qui avait son trésor et qui refusait de le lui donner : Et pourtant il lui aurait permis d'acheter un domaine, de le cultiver et de payer des études à son fils. Mais elle se débrouillerait pour lui offrir des études, par respect pour son serment et par vengeance, elle l'entretiendrait jusqu'à ce qu'il apprenne à lire et à écrire, dut-elle cracher son sang.
Le soir, la pauvre femme fabriquait descontient-moi en chaume, réparait les besaces, rempaillait les chaises. Elle réussit à s'acheter une poule qu'elle plaça sous son lit. Chaque matin, elle donnait un oeuf frais à son fils et, au printemps, la faisait couver. Elle tuait un poulet et le servait à Rocco le jour de sa fête. Les autres, elle les vendait. Grâce à l'argent mis de côté, elle acheta un porcelet à la foire, une femelle rondouillarde et bruyante à la queue en tire-bouchon.
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1969. Grand mouvement populaire. Des barrages s'élèvent partout,parce que la vallée du Basento n'a pas droit aux financements gouvernementaux destinés à l'industrialisation. des usines,nous voulons des usines. Stop à l'émigration.
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En effet, on ne comprenait plus rien désormais : quelque temps plus tôt, elle avait vu avec son mari un film au titre romantique, plein de promesses, Le dernier Tango à Paris. Ils étaient sortis du cinéma dès le début, les yeux bas. Était-ce bien utile, je vous le demande?
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Il régnait parmi les pensionnaires une rigoureuse hiérarchie,dont témoignait leur répartition pendant la récréation. L'institut était l'un des rares pensionnats féminin des environs ,et les jeunes filles affluaient des Pouilles, du Basilicate et des Abruzzes.
Ces élèves n'appartenaient pas aux mêmes classes sociales.
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Alba avait dix ans quand elle abandonna la bruyante maison familiale, les taquineries de ses frères et les longues histoires que sa grand-mère racontait pendant les après-midi de canicule.
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Les garçons étaient de véritables diables. Ils grimpaient partout,se répandaient comme une tache d'huile dans le village,perdaient leurs chaussures et se perdaient eux-mêmes,si bien qu'il fallait les compter à l'heure du déjeuner: il y en avait toujours un ou deux d'absents.
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Son attention fut d'abord attirée par l'étrange coupe de cheveux de la jeune fille. Mais il se produisit une chose bizarre lorsqu'elle le contempla à son tour:on eût dit qu'une porte s'ouvrait.
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La tâche la plus ardue consistait à éloigner ces hommes (ouvriers maçons) des six soeurs: les autoriser à vivre sous le même toit équivalait,en effet, à héberger le loup dans la bergerie ou à tenter le diable. Concetta fut donc obligée de monter la garde jour et nuit afin que ses filles soient épargnées et les dégâts limités aux jeunes voisines qui venaient l'aider aux travaux domestiques.
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Fais-moi un papier car je ne me rappelle plus rien. Ni les prénoms de mes enfants, ni qui était mon père. Je l’aurais toujours dans ma poche. D’accord, je te le fais.
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Un enfant apprit à jouer avec le vent : il le faisait courir sur sa tête, l'enroulait autour de son poignet, le lançait au loin et le ramenait à lui, regorgeant de forêts, de montagnes, d'autoroutes. Dès lors, il n'y eut plus rien à dire.
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quand sa valise fut prête, elle salua sa mère avec une froideur dissimulée […] et partit, à la grande satisfaction de sa génitrice, qui ne tenait pas à garder chez elle une femme qui fleurissait alors qu’elle-même se fanait
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Elle était en train de se déshabiller.
Vincenzo la contempla un instant sans piper, puis il lui sauta dessus avec la fureur d’un assoiffé du désert, lui qui n’était plus autorisé à la toucher depuis des lustres. Mais elle ne le repoussa pas : une étrange idée avait soudain germé dans son cerveau.
Vincenzo posséda sa femme avec violence, s’enfonçant dans ce qui n’était plus pour lui qu’un mirage et son cœur malade faillit sortir de sa poitrine. Albina le sentit battre comme un tambour contre ses seins, battre de plus en plus fort, puis sursauter et s’écraser.
Elle s’attarda un moment sous lui. Le poids de son corps était agréable. Elle s’en extirpa non sans peine puis le retourna. Vincenzo affichait une expression de bonheur, ce plaisir même qui l’avait, un instant, envahie elle aussi en traitre. Elle lui dispensa une caresse rapide car, à force de lui faire la guerre tout au long de ces années, elle s’était attachée à lui, bien que ce fût jamais au point de le contenter. Enfin, elle lui ferma les yeux afin de chasser les pensées qui lui, venaient à l’esprit.
C’est ainsi que les prières de Candida furent exaucées. On célébra les fiançailles dès que le deuil prit fin
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Albina ne pouvait pas le croire. Il devait y avoir une erreur. Le plus beau garçon qu’on eut jamais vu à Grottole , « celui » que toutes les filles désiraient mais qu’aucune n’avait jamais réussi à attraper, avait demandé la main de sa chatine de fille, de cette micro puce, de cette demi portion.
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Et pourtant c’était lui qui se désquelettait pour nourrir la maisonnée. Mille fois il avait pensé envoyer ce beau monde au diable, et aller chercher fortune aux Amériques ; selon les dires, cette terre belle et dévergondée s’offrait à ceux qui désiraient la prendre. S’il restait là, c’était pour une raison insoupçonnable, la raison même qui l’incitait si souvent à partir ; sa femme.
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la première menace de fausse couche survient au moment des semailles , et le blé était vert quand le travail commença . Il dura une nuit et la journée du lendemain ; la nuit suivante, elle mit au monde un monstre à tête de poisson qui vécu à peine quelques heures et qu’elle suivit dans la tombe.
C’est ainsi que don Francesco installa Concetta chez lui afin qu’elle lui serve de domestique et de putain.
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Don Francesco obéit docilement et suivit sa femme jusque dans leur lit. Il la craignait parce qu’elle savait lire et écrire et qu’elle avait le sang froid des lézards.
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Elle était pourvue de la résistance d’une mule, de la mansuétude d’une brebis et de la légèreté d’un papillon, qualités sans lesquelles elle n’aurait pu vivre longtemps auprès de don Francesco dont la nature furieuse évoquait une journée de mistral, et qui n’était même pas son mari. Il en profitait, d’ailleurs, pour la menacer de la renvoyer chaque fois qu’il y avait un problème, c’est-à-dire chaque fois qu’elle accouchait d’une fille.
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(p. 100)

Personne, à Grottole, n’avait jamais été aussi heureux que ces deux-là. Tandis que le village glissait vers la guerre, Candida et Colino s’abandonnaient sans remords à leur amour conjugal. Albina grommelait en secouant la tête car, dans la région, le bonheur était un état dont seules pouvaient s’approprier les personnes convenables: le malheur était plus stable, plus sûr et en fin de compte plus digne. Mais elle ne pouvait le dire ouvertement parce que Colino apportait à la maison du pain et parfois de la viande, qu’il cachait sous son manteau pour ne pas blesser les autres villageois. Cependant, les paradis sur terre ne sont pas faits pour durer, et Colino reçut lui aussi la carte postale qui l’appelait sous les drapeaux.
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(p. 70)

Dans son esprit naïf, l’amour sacré et l’amour profane se confondaient en un mélange subtil. Et voilà comment elle s’éprit de Jésus. Non pas du concept abstrait du divin qu’il représentait, mais de son profil, de ses hanches, de ses jambes qu’elle contemplait à l’église mère: c’est là que se tenait la statue de Jésus déposé de la croix, la Piéta. (…) C’était un homme magnifique.
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S’il ne perdit pas complètement la tête, ce fut grâce à un sachet d’olives noires au sel que sa mère lui avait donné avant le départ. Il en mangeait une chaque soir en la mâchant lentement avec le pain qu’il mettait de côté à midi, et la saveur de la chair saumâtre lui ramenait à la mémoire son nom, le visage des membres de sa famille, le souffle chaud de ses frères qui dormaient avec lui, le grommellement des animaux, les odeurs et les sons de sa maison ; elle lui permettait de transformer l’angoisse en nostalgie, l’effroi en regret, la démence en résignation.
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