Maris Black

- Oh que non. Personne ne touchera à mes cheveux.
- Tu te rends compte que ce que tu as, ce n'est pas un style, n'est-ce pas ? C'est plus un appel à l'aide. Tu devrais peut-être envisager de faire un petit effort, pour une fois.
- Tu es un tel salaud.
Je haussais les épaules.
- Je suis un salaud, mais ce salaud sait de quoi il parle. N'oublie pas que c'est mon gagne-pain.

- Oh, bordel, grogna Trey. Je savais bien que ce massage était une mauvaise idée. Il faut que je vous jette un seau d'eau ?
Je levai la tête, sentant mes lèvres bleuies et mes paupières à demi fermées par le désir.
- Non, on va aller dans la chambre. Si on continue ça ici, il faudra qu'on vous fasse payer le spectacle.

Tout le monde, y compris Braden, semblait sur ses gardes et réticent à m'adresser plus de quelques mots. J'avais l'impression d'être l'invité d'honneur d'un gala de bienfaisance pour récolter de l'argent pour la lèpre. Tout le monde voulait aider mais personne ne voulait s'approcher de près.

Je pense honnêtement pouvoir être en mesure de dire que je n'avais jamais vécu de véritable attente jusqu'à ce soir-là. Le temps était un monstre moqueur dans la pièce alors que je patientais, nu sur son canapé de coin.

Dans la vie, nous avons tous des charrettes à tirer, Enzo. Chacune d’elles est remplie de fardeaux, de chagrins et de regrets. Mais Dieu ne remplit pas les charrettes des faibles avec plus qu’ils ne peuvent le supporter.

𝙹𝚎 𝚕𝚎 𝚟𝚎𝚞𝚡 𝚙𝚕𝚞𝚜 𝚚𝚞𝚎 𝚕’𝚊𝚒𝚛 𝚚𝚞𝚎 𝚓𝚎 𝚛𝚎𝚜𝚙𝚒𝚛𝚎.

Ces derniers temps, j’ai commencé à craindre qu’il soit tout aussi difficile de créer des liens à la fac qu’au lycée, et qu’Eric puisse me manquer. Mais si mon premier jour est un indice pour les choses à venir, je n’aurai aucun problème à me faire de nouveaux amis.

Des amis vraiment sexy aux yeux dorés.

Je sais que c’est trop d’espérer que Beck soit gay. Et même si c’est le cas, encore faut-il qu’il soit intéressé par moi. Pourtant, ces foutus papillons se mettent à voleter dans mon estomac chaque fois que je pense que peut-être, juste peut-être, ça pourrait être le cas.

Je ne sais pas si c’est l’expérience, le talent naturel ou le désir qui le rend si doué, ou peut-être que c’est mon propre besoin impérieux. Je ne suis vraiment pas en état de juger. Quoi que ça soit, le monde vient de basculer et moi avec. Je ne sais pas comment me lâcher. Je n’ai jamais su faire. Pourtant c’est exactement ce qui se passe en ce moment, que je le veuille ou non.

— Doucement, Jeremy… Doucement. Je ne veux pas encore jouir.

Le salaud arrogant sourit narquoisement sans retirer sa bouche de moi, et au lieu de ralentir, il double ses efforts. Ma queue disparaît profondément dans sa bouche encore et encore tandis que je regarde, et il lève ses yeux bleus vers moi, m’épinglant avec son regard intrépide, aussi sûrement qu’il m’a épinglé avec son corps.

Je dois admettre que quand je les ai vus danser comme ça, se frotter l’un à l’autre, ma queue a sauté pile sur midi. J’ai imaginé un tas de choses vraiment sales où nous étions tous les trois impliqués. Ça n’a pas aidé quand je les ai rejoints sur la piste de danse, vu qu’ils semblaient tous deux totalement partants pour un trio.

Être avec plus d’un mec à la fois a toujours été mon fantasme, donc j’ai été surpris de ne pas vouloir arracher leurs culs de ce bar pour les emmener quelque part où nous aurions pu faire plus. C’était bizarre, mais il y a une raison. Une raison qui ne me plaît pas du tout.

Je ne veux pas partager Jeremy.

Je veux Jeremy. Après avoir perdu mon sang-froid et lui avoir sauté dessus dans les vestiaires, je le sais à coup sûr. C’est drôle : j’ai cédé à mes instincts les plus bas et fait quelque chose d’incroyablement stupide et risqué, mais cela a clarifié les choses comme jamais la prudence n’aurait pu le faire.

C’était la première fois que je lâchais prise et que je reconnaissais avoir des désirs qui ne cadrent pas avec mes plans soigneusement élaborés. Je ne peux pas continuer à les voir comme de simples inconvénients et à les ignorer dans l’espoir qu’ils disparaissent.

Si j’avais cédé à mon désir pour Jeremy dès le début, je n’aurais pas été dans cet état dans les vestiaires. Je n’aurais pas pris un tel risque.

— Tu veux me provoquer, petit bonhomme ? demande-t-il en regardant Jeremy de haut. On peut aller régler ça plus loin si tu veux, mais je pense que tout le monde ici sait qui gagnera.

Bien sûr, Jeremy ne recule pas du tout, et c’est exactement ce qui le tuera un jour. Le seul point positif à voir Caleb menacer d’écraser mon copain contre le béton, c’est que ça fait instantanément disparaître mon érection embarrassante.

Je saute hors de l’eau et me précipite vers eux. Truck et Vlad me suivent, comme toujours. Maintenant tous les mecs sont tous nus en groupe, et toutes les filles nous regardent. L’idée invraisemblable me traverse soudain l’esprit qu’elles sont en train de mater cinq des mecs les mieux bâtis de Southeastern State. Si la situation n’était pas si explosive, ce serait tordant. Mais le problème est que tout peut déraper, et je veux m’assurer que ça ne se termine pas mal.

— Pas besoin d’avancer, me dit Caleb en levant les mains en signe de paix, les yeux réduits à deux fentes. Je m’amusais un peu. Je ne voulais pas offenser ton pote. Il a son petit caractère hein ?

C’était moi le patron désormais. Je détenais le pouvoir.
À mon retour à l’Alcazar, mon manager m’appela pour me dire qu’on me proposait un combat. Je ferais face à Anthony Rodriguez, qui était actuellement le deuxième prétendant au titre des poids mi-moyens.
— Dis-leur que j’accepte, répondis-je. J’ai besoin de ce combat.
J’espérais que me battre m’aiderait à retrouver un peu de normalité dans ma vie. Ne pas être autorisé à vendre mes entreprises pendant deux ans me bouffait. Jamie allait bientôt venir et tout ce que je voulais, c’était prendre l’argent et me laver les mains de tout ça, sauf de l’Alcazar. Malheureusement, ce n’était pas une possibilité.

À l'atterrissage, deux hommes baraqués en costume sombre m'attendaient. Il s’agissait des deux mêmes mecs qui étaient avec Michael Kage le soir où nous nous étions rencontrés, l'un des deux portait une pancarte avec mon nom mal orthographié.
Jammey Atwood.
Je ne fis pas de remarque. Des hommes qui avaient l'air de sortir tout droit du tournage de Les Affranchis pouvaient écrire mon nom comme ils le désiraient. Du moment qu'ils ne me tiraient pas dessus pour jeter mon corps dans la rivière du Colorado, je pouvais bien avoir la grâce de leur pardonner leur analphabétisme.

Je m’avance derrière Andrew.

— Tu es un putain de mec sexy, m’entends-je dire en passant mes bras autour de sa taille et en baissant ma main vers son érection impressionnante.

Il pose immédiatement ses mains sur le distributeur et pousse son cul contre ma bite, ne laissant aucun doute concernant le fait qu’il ait envie de moi lui aussi.

Génial… Pas de nez cassé ce soir.

— Je me demandais si tu allais me suivre, dit-il de cette voix de velours qui me retourne l’estomac.

Je ris.

— Eh bien, tu le sais maintenant.


(Initiation page 16)

— Bla, bla, bla. Quand il s’agit de sa carrière, il faut mettre toutes ces conneries de côté et se concentrer. C’est la différence entre un perdant et un gagnant. Hydra Records ne fait signer que les gagnants. Tous les autres peuvent aller propager leur médiocrité ailleurs.

Miles secoua la tête.

— Tu vois ? Tu es dur, mec.

— Je ne suis pas dur, je suis réaliste.

— Eh bien, pourquoi ne pas amener tes petites fesses réalistes sur la côte pour parler à Luca Wayne ? On a besoin de quelqu’un comme lui. Junior Grimes ne peut continuer que pendant un temps, ensuite qui y aura-t-il ? Est-ce que tu vas te contenter du deuxième rang aux Country Music Awards ?

— Merde.

Je fermai les yeux et me penchai dans mon fauteuil, explorant mes options dans mon esprit.

Puis il leva la tête, et la vue de son visage fut comme un coup de poing dans l’estomac. Pas de peau déchirée, pas d’œil crevé, pas de visage monstrueux comme dans mon cauchemar. En fait, Luca Wayne n’avait rien d’effrayant. Il avait une lèvre inférieure pulpeuse, bombée comme une invitation, et une lèvre supérieure qui s’étirait comme un arc avant que les coins de sa bouche s’affaissent. De grands yeux verts trouvèrent les miens, regardant entre les mèches de cheveux filasses qui n’avaient peut-être pas vu de shampoing depuis un mois. Il était maigre, fatigué, avec de grands cernes noirs sous ses yeux.

Il était magnifique, tout comme sa voix. Je sus que je devais l’avoir.

Luca termina la chanson et j’essayai de ne pas écouter. J’étais là pour venir le chercher et je ne voulais même pas écouter la fin de la chanson. Il avait libéré tellement d’émotions chez moi que tout ce dont j’avais envie, c’était de tout fourrer à l’intérieur à nouveau. Dave Ballard ne pleurait pas à cause des chansons tristes. Dave Ballard était un pro. Dave Ballard était un salaud. Tout le monde le savait.

— Et si je te disais… que tu es mignon et que c’est à moi de te supplier, d’accord ? Tout en sachant que c’est une erreur, je me sens extrêmement attiré par toi. Je ne suis pas le mec du département Artiste & Répertoire qui essaie de séduire un artiste potentiel. Je suis un homme qui veut désespérément apprendre à te connaître et si je dis une connerie, il faut te montrer indulgent. Ça me dépasse, tout ça. Généralement je ne… tu sais… je ne fais pas ce genre de truc. Je garde mes affaires aussi éloignées que possible de ma vie personnelle. Je ne couche même jamais avec des musiciens.

Il acquiesça et aplatit ses paumes contre mon torse, puis il se pencha et appuya ses lèvres contre les miennes.

— Je sais aussi que c’est une erreur, marmonna-t-il contre ma bouche. Tu m’attireras des problèmes. Je le sais.

— Mais j’attire le bon genre de problèmes. Laisse-moi te montrer.

Je léchai sa lèvre inférieure et glissai dans sa bouche, essayant de reprendre là où nous nous étions arrêtés, à l’extérieur du club.

— Si tu veux rentrer, parle maintenant ou subis-en les conséquences. Les choses vont devenir vraiment inappropriées sur cette plage. Il ne parla pas et je ne pus résister à l’envie de m’allonger sur le sable, dans mon costume à deux mille dollars. Je posai ma tête sur ses cuisses et le pris dans ma bouche.

Il me regarda lui faire l’amour avec mes lèvres et ma langue, une myriade d’émotions s’étirant sur son beau visage, sous la lueur de la lune. Quand il jouit, il laissa échapper un énorme soupir, versant tous ses espoirs en moi comme s’il pensait que j’étais la réponse à ses prières.

J’aurais tellement aimé être ce mec – celui qui le sauverait. Mais je ne pensais même pas une seconde en être capable.

Un violent coup de pied m’atteignit au même endroit et j’entendis un crac. Mon estomac se tourna et la bile monta jusqu’à ma gorge comme une marée amère. Puis d’autres coups de pied s’abattirent sur moi : sur mon torse, mes bras, mes cuisses, mon dos, mon entrejambe. Tellement de fichus coups de pied, tous me rappelant que l’acier ne fléchit pas.
Après ça, tout ne fut qu’un brouillard de douleur et de colère si forte qu’elle en devenait palpable. Et de honte. Ce fut ça le pire. Parce que putain, je n’étais pas censé être allongé sur le sol à me faire tabasser. J’étais censé être sur le point d’emmener mon petit ami dîner.
De tout mon entraînement, il ne m’était jamais venu à l’idée que d’être le meilleur dans un combat à mains nues puisse ne pas suffire. Qu’un jour, je serais face à la mauvaise extrémité d’une arme et que je me ferais frapper jusqu’à ne plus pouvoir respirer, parler, combattre.
C’était humiliant et je ne m’étais jamais senti aussi dépourvu. Lorsque mon oncle m’avait drogué, j’avais au moins eu le luxe d’avoir l’esprit embrumé.