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Critiques de Marisha Pessl (261)
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Intérieur nuit

New-York, octobre 2011. Dans un entrepôt désaffecté de Chinatown, l'on a découvert le corps sans vie d'Ashley Cordova, la fille du célèbre réalisateur, Stanislas Cordova, maintes fois primé aux Oscars. A 24 ans, la jeune femme s'est, semble-t-il, donné la mort en sautant dans la cage d'un ascenseur vide. Internée dans une clinique très privée, elle s'était enfuie 10 jours auparavant.

Le journaliste d'investigation, Scott McGrath, ne croit pas trop à ce suicide. En effet, il y a 5 ans de cela, il avait enquêté sur Stanislas Cordova dont les films, maintenant devenus cultes, furent interdits du fait de leur violence. Accusant sans preuve le réalisateur de pédophilie et de meurtres d'enfants, le journaliste fut contraint de verser une somme rondelette à la famille Cordova et fut viré de son poste à Insider. Mais aujourd'hui, suite à ce soi-disant suicide, il décide de ré-ouvrir le dossier, s'intéressant au cas Ashley. Il fouille dans son passé de pianiste virtuose ayant abandonné sa carrière très jeune et aux derniers jours précédent sa mort. Il rencontre ainsi un jeune dealer un peu paumé croisé dans l'entrepôt peu de temps après le suicide d'Ashley et une apprentie comédienne, employée de vestiaire et dernière personne à avoir vu la jeune femme vivante. Un trio improbable qui va tenter de percer les nombreux mystères entourant la famille Cordova...



Avec Intérieur nuit, Marisha Pessl nous offre un roman tout à fait original et remarquable dans lequel sont insérés des articles de journaux, des photos, des interviews ou encore des pages internet. Procédé qui, d'une part, nous démontre toute l'étendue du travail et l'imagination de l'auteur, et, d'autre part, nous implique directement dans cette enquête. Une enquête qui commence par un suicide auquel un journaliste ne croit guère et qui nous emmène dans un monde empli de magie noire, presque irrationnel. Les personnages sont fouillés, de Stanislas Cordova, personnage énigmatique, angoissant, dont on doute de l'existence à Scott, ce journaliste déterminé et entêté en passant par Ashley Cordova, jeune femme talentueuse, envoûtante et mystérieuse. L'on est plongé dans une ambiance parfois oppressante, étrange, poisseuse. La tension est palpable au fil des pages et à l'instar de Scott, l'on a du mal à démêler le vrai du faux. Ce roman remarquable, tant sur le fond que sur la forme, nous happe dès les premières lignes et, malgré ses 700 pages, ne souffre d'aucune longueur.



Une seule question subsiste : "Pourquoi tous ces mots en italique ?"
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Intérieur nuit

Diable! Marissa Pessl s’était déjà fait remarquer avec la sortie de La physique des catastrophes, son premier roman, il y a 8 ans, et elle récidive avec un récit qui allie le polar et la magie noire, à un rythme …endiablé!



L’histoire commence banalement avec le suicide de la fille de Cordova, un cinéaste sulfureux qui a tout d’un gourou : ses films au contenu sulfureux, circulent sous le manteau, ses fans échangent sur le darknet, il suscite autant de haine que d’admiration.



Si le journaliste d’investigation Scott McGrath s’intéresse de près à ce fait divers, c’est que Cordova est à l’origine de sa déchéance professionnelle puisque quelques années plus tôt, sans vérifier ses sources, McGrath s’était lancé dans une diatribe accusant Cordova de pratiques inavouables sur des enfants….Le piège s’était refermé sur le journaliste dont la disgrâce a tout emporté sur son passage : vie privée et professionnelle ont volé en éclats.



Le suicide de la jeune femmes un bon prétexte pour relancer les investigations. Les hasards des rencontres (qui dans les polars sont très pratiques) font qu’il est contre son gré affublé de deux acolytes qui n’ont pas sur leur CV les éléments qui les feraient embauchés pour ce job. Le trio atypique se lance sans réserve dans l’enquête, au risque d’y perdre leurs âmes.



Si l’affaire démarre doucement, le temps que les éléments de cette histoire complexe se mettent en place, le rythme va crescendo avec un suspens de plus en plus fort, avec un dénouement assez inattendu (malheureusement pour moi, une ouverture intempestive sur une page ultérieure m’a dévoilé par un simple mot une issue possible….).



L’un des mérites de ce roman est l’insertion de fragments de mail, d’articles de journaux, de pages web, plus vraies que des vraies, qui donne une crédibilité à l’histoire. Cette tendance se répand dans l’édition, on avait le même procédé dans Juste avant l’oubli d’Alice Zeniter. On ne s’en plaindra pas.



Quand au fond de commerce de l’intrigue, il fait appel aux sciences occultes, à la magie noire et aux pratiques sataniques, une base idéale pour distiller l’angoisse au fil des pages.



C’est un roman qui se parcourt avec frénésie et impatience ( de comprendre ce qui a pu se passer et de découvrir les conséquences des prises de risque de nos intrépides enquêteurs).



L’ écriture est à la hauteur, particulièrement pour les dialogues et saluons aussi le travail de la traductrice qui a su très adroitement adapter des jeux de mots et expressions idiomatiques.



C’est donc une excellente récidive pour cette auteure dont on aimerait qu’elle se fasse moins rare, pour profiter plus souvent de son talent de faiseuse d’histoire.



Challenge pavés 2015-2016
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Intérieur nuit

Enfin arrivée au bout de cette interminable histoire !

Je ne dirai pas que j’en suis soulagée, car l’intrigue, bien que d’intensité inégale, est suffisamment rythmée pour qu’on ne s’ennuie pas – mais que diable ressort-il de cet improbable thriller ? Beaucoup de perplexité, pour ma part.

Passons sur la forme avec ces incrustations d’articles web, notes manuscrites et autres mails : ce n’est pas parce que c’est à la mode que ç’en est plus convainquant ; passons aussi sur les innombrables mots en italique, tellement nombreux que ça en devient horripilant, car après tout, c’est assez bien écrit.

Après un démarrage accrocheur ancré dans une atmosphère new-yorkaise plutôt réussie, le récit se met à rebondir de scènes d’enquêtes en scènes d’actions de moins en moins crédibles, pour finir par s’enliser dans un délire machiavélico-sorcelliqueux (pardon pour le néologisme) entre ficion et réalité, que je me suis donnée toutes les peines du monde à essayer de croire.

J’ai failli décrocher dans l’interminable scène, climax du récit, qui voit le narrateur se débattre dans les décors cauchemardesques des films de Cordova, le mystérieux et soi-disant sépulcral réalisateur dont il poursuit la vérité jusque dans les méandres obscurs de son propre cerveau. Enfin, si j’ai bien compris le propos de l’auteur , parce qu’ayant tout de même poursuivi ma lecture jusqu’au bout, j’ai eu le sentiment d’être revenue au point de départ, pas vraiment éclairée sur le sens du pitch brumeux de départ… Tout ça pour ça.

Apparemment ce bouquin est encensé partout : j’ai encore raté quelque chose !

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La physique des catastrophes

Blue Van Meer, vit en parfaite osmose avec son universitaire de père, le duo père-fille se trimballant d’universités en universités dans tout le pays, enrichissant leur bougeotte par une soif de culture boulimique. Mais un jour Hannah Schneider, un professeur de Blue, vient s’immiscer dans cette relation privilégiée. Ajoutez- y un évènement dramatique et zou la Marisha est lancée.

Et il faut bien avouer qu’avec ce premier roman la jeune américaine frappe un grand coup. Je ne sais pas d’ailleurs par ou commencer tant le livre accumule les plaisirs. Bien évidemment dans la narration tout d’abord, maitrisée de bout en bout, avec une impressionnante liste de références culturelles qui pourraient alourdir le rythme mais bien au contraire l’enrichit constamment. Dans l’empathie pour ces personnages : Blue jeune adolescente assoiffée de savoir mais aussi prête à s’émanciper, ce père extravagant et excentrique, Hannah Schneider ... Dans la réussite totale de mélanger plusieurs genres. Dans l’humour et la légèreté bien présente tout au long du roman. Dans le bonheur infini pour le lecteur de plonger dans un roman dont on sait qu’il tiendra ces promesses.

Ne vous laissez pas impressionner par ce gros pavé, vous ne regretterez pas de découvrir la talentueuse Marisha Pessl et sa « Physique des catastrophes ».



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Intérieur nuit

Il y a plusieurs années, Scott McGrath, journaliste au long cours, a tenté de percer le halo de mystère dans lequel évolue Stanislas Cordova, cinéaste mythique. Mal lui en prit : frustré de ne pas parvenir à cerner le personnage, McGrath en vint à lancer contre Cordova une lourde accusation basée sur un témoignage anonyme, qui se révéla impossible à vérifier. Cette faute professionnelle monumentale coûta à McGrath un procès ruineux, sa carrière et son mariage.

Mais qui est donc ce Stan Cordova ? Un réalisateur de films horrifiques et angoissants insoutenables, un homme tellement secret et inaccessible que certains doutent de son existence même. Depuis toujours ses admirateurs lui vouent un véritable culte, qui n'a fait que grandir lorsque ses films ont été interdits de diffusion en raison de leur violence terrifiante, et qu'ils ne circulent désormais plus que dans le plus grand secret du Darknet.

Aujourd'hui, on vient de retrouver le corps de sa fille Ashley, 24 ans, dans un entrepôt de New York. La police conclut au suicide, mais McGrath veut débusquer la réalité derrière les apparences, faire éclater la vérité sur la famille Cordova. Deux acolytes lui tombent du ciel à point nommé : Hopper, petit voyou qui a connu Ashley à l'adolescence, et Nora, jeune femme aussi jolie que paumée, venue à Manhattan pour réaliser son rêve d'être comédienne. L'improbable trio avance lentement dans son enquête, les bâtons dans les roues sont nombreux, comme si le suicide d'Ashley risquait de révéler des choses effroyables sur elle, sur son père, sur la famille. Chaque nouvel indice ouvre des pistes et des questions multiples. Pourquoi Ashley, pianiste prodige pendant son enfance, a-t-elle soudainement mis fin à sa carrière à 17 ans et a disparu de la circulation ? Quelle était sa relation avec son père ? Proie, complice, disciple, objet, rejet ? Pourquoi Cordova vit-il coupé du monde ? Pure excentricité, moeurs inavouables, agissements maléfiques, retraite d'un homme blessé par la vie ? Magie noire, paranoïa, malédiction, manipulation, crimes pervers, autant de conjectures qui emmènent McGrath davantage dans les ténèbres que vers la lumière, au risque de se perdre lui-même dans son obsession de la vérité.



Après « La physique des catastrophes », qui m'avait épatée il y plusieurs années, je suis à nouveau en admiration devant le talent de Marisha Pessl. Elle livre cette fois un thriller virtuose, remarquablement construit, entremêlé d'articles de presse, de pages internet et d'extraits de carnets de bord. Les personnages sont complexes, Ashley en particulier est fascinante, la tension monte progressivement jusqu'à l'angoisse (il y avait longtemps que je n'avais pas flippé autant), l'ambiance est d'une noirceur oppressante. Tout au long du livre on doute avec les personnages, comme eux on se demande ce qui relève de la fiction, de la réalité, de la croyance ou de la mystification, on s'attend à n'importe quel coup de théâtre. Avec une grande intelligence d'écriture (et une intelligence tout court), Marisha Pessl nous fait un film troublant qui bouscule les perceptions, nous invite à interroger les limites (les nôtres, celles de la société) et à « oser déranger l'univers » pour vivre plus intensément. Ce roman sur le pouvoir de l'imagination est lui-même une fiction puissante qui envoûte le lecteur. Impressionnant.
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Intérieur nuit

Intérieur nuit n'est pas le genre de roman qui invite à la rêverie ou à la ballade, on progresse dans la lecture plutôt avec l'idée qu'il vaut mieux fuir certaines histoires. Surtout lorsqu'elles sont à l'image du «lintwurm», «un ver solitaire qui a mangé sa propre queue. Çà ne sert à rien d'aller le chercher. Parce qu'il est sans fin. Tout ce qu'il fera, c'est s'enrouler autour de ton cœur et le vider de son sang en le serrant».

C'est avec cette allégorie que l'auteure met en garde son personnage Scott McGrath, ancienne gloire du journalisme d'investigation, qui voit, avec la mort de la fille de Cordova, l'opportunité d'enquêter à nouveau sur ce cinéaste mystérieux et excentrique enfermé dans une maison coupée du monde et à l'origine de sa déchéance professionnelle. Loin d'y prendre garde, McGrath se lance dans une enquête qu'il lui ouvre les portes d'un monde alors bien sombre, le drame ayant une source se révélant peu à peu inquiétante...

Marisha Pessl est assurément une auteure brillante. Malgré des coïncidences un peu outrancières et un affaissement de la narration dans le dernier tiers du bouquin, des éléments qui m'auraient normalement poussée à rouler des yeux, je n'ai pas pu lâcher le bouquin. Envoûtée par la construction du récit qui a façonné un personnage fantasmagorique, Cordova, invisible pendant tout le roman. L'auteure américaine ne laisse voir habilement que les ombres de ce personnage énigmatique à qui, tel un fantôme, on prête une force puissante, des pouvoirs réels ou imaginaires de nature à entraver l'enquête et à propager la peur autour de lui. Si bien qu'au fil de l'enquête, j'ai eu la sensation de voir la réalité du roman se confondre avec celle des films de Cordova décrits comme cauchemardesques.

Mais comment Pessl parvient-elle à jouer du mystère avec talent, associant au réel une dimension alternative, une réalité mystique d'une grande noirceur ? Il y a cette progression lente, sans trop en dire, sans trop en garder non plus, permettant au lecteur de sentir l'épaisseur tragique ou sordide autour de la famille Cordova. Mais il y a surtout un récit qui se nourrit du pouvoir de l'imagination, cette petite voix de l'esprit qui guide notre compréhension du monde lorsque la vérité nous échappe.Tous les ingrédients narratifs concourent à l'idée qu'on «ne sait pas où s'arrêtent les croyances des gens et où commence le réel». C'est peut-être cela qui m'a captivé, la sensation d'un monde à deux faces, un territoire avec deux paysages. Même si le dénouement de cet élément est un peu psychédélique.

Cette dimension anxiogène est d'autant plus réussie que l'intrigue se concentre sur un héros ou anti-héros qui réunit tous les canons du polar avant de le faire vaciller. Vous savez, cette convention littéraire qui veut que celui qui enquête est un solitaire sceptique, un professionnel aguerri mais tombé en disgrâce, un buveur de whisky à l'humour désabusé. Pessl le bouscule, le désarçonne, en le projetant méticuleusement dans un processus psychologique proche de l'obsession. Car ce dont McGrath s'acquitte, finit par devenir une idée fixe, presque une mission dans laquelle il s'engage avec un zèle fanatique. Jusqu'au bout, même après, lorsque l'histoire est finie, devenue caduque, on suit McGrath jusqu'à sa libération ou sa perte.





Malgré ses défauts, ce thriller qui ondule entre classicisme et psychédélisme a été pour moi la révélation d'une auteure dont je ne manquerai pas les prochaines parutions.

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Intérieur nuit

Mort d’une jeune femme dérangée. Pianiste prodige à treize ans, disparue de la scène médiatique depuis, fille de Stanislas Cordova cinéaste adulé et maudit dont le dernier interview, à Rolling Stone, date de 1977, Ashley Cordova se serait suicidée. Conclusion un peu hâtive pour le journaliste d’investigation Scott Mc Grath. Il n’oublie pas que quelques années plutôt, alors qu’il enquêtait sur le metteur en scène et l’odeur de soufre qui l’entoure, ce dernier avait ruiné sa carrière.



Alors, Scott décide de reprendre ses recherches, il va fouiller, creuser, disséquer les derniers jours de la jeune femme à Manhattan, au risque de découvrir la vérité. Le journaliste peut compter sur l’aide de Nora une jeune sdf préparant un CAP d’actrice et sur celle de Hopper un routard dégingandé, proche de la narcolepsie, traversé de fulgurances lorsqu’il se réveille.



Ce drôle de trio n’est pas le seul à mener l’enquête, Marisha Pessl interpelle le lecteur, il devient l’associé, le confident, le souffre-douleur du journaliste et pris au piège du roman il est, lui aussi, de plus en plus effrayé par ce qu’il découvre. Magie blanche, magie noire, conte Gothique, drame Shakespearien, tragédie Grecque en plein New York, la ville qui ne dort jamais.



Roman sur le pouvoir de la fiction, sur l’espoir et la crainte de la notoriété et plus encore, Marisha Pessl mène le lecteur par le bout du nez!



Dans ce fabuleux roman on y trouve pas mal de David Lynch*, un zeste de Kubrick*, du Dario Argento*, un peu de Billy Wilder *, une pincée de Sydney Pollack* finement saupoudré de Woody Allen*.



Bref, malgré toutes ces références, « Intérieur nuit » est un roman d’aujourd’hui parfaitement maitrisé et totalement passionnant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Intérieur nuit

Clap de fin! Quel bouquin!



Qu'est il arrivé à Ashley au cours les dix jours précédant sa mort dans une cage d'ascenseur désaffectée? On a conclu au suicide mais qui peut y croire?



Certainement pas un journaliste "has been", une apprentie-comédienne, et un dealer amoureux: un trio insolite que le sort réunit en enquêteurs, par dépit, curiosité ou chagrin d'amour.

Quelle réalité ou manipulation se cache dans le sillage d'étoile filante que fut Ashley, pianiste surdouée, fascinante fille d'un sulfureux et mystérieux cinéaste de films d'horreur?



Un petit pitch façon polar, tel un storyboard de metteur en scène, qui n'augure en rien la puissance narrative et le style très personnel de ce livre. Non seulement Marisha Pessl joue l'originalité en mêlant à ses longues pages denses et serrées des pièces à conviction en photographies, mais elle sait avec un talent fou construire des personnages puissants, décalés, atypiques, des lieux improbables et des rebondissements fantasques et étranges. On frise le point de rupture avec le réel en permanence, par une porte entrouverte sur un monde souterrain de paranormal ou de satanisme.



Je ne suis pas une spécialiste des histoires de sorcellerie mais j'ai trouvé celle-ci diaboliquement bien ficelée.

C'est un récit envoutant, cinématographique, entouré de sortilèges occultes, une pelote que l'on rembobine peu à peu, pour toucher une vérité plus cruelle que magique.



Huit ans ( il les fallait bien pour ce gros pavé) après La Physique des catastrophes, la jeune auteure maitrise donc un thriller original et brillant, peut-être un peu long mais sans conteste addictif.

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La physique des catastrophes

Démoniaque Marisha Pessl! Son premier roman, La physique des catastrophes, est un chef d'oeuvre de maîtrise narrative. Elle embarque son lecteur sur les routes américaines dans une Volvo bleue en compagnie de Bleue van Meer et de son universitaire de père Garreth. L'adolescente surdouée et fine observatrice raconte les pérégrinations d'une université à l'autre, les joutes livresques, les débats - souvent unilatéraux certes - sur la révolte, les révolutions, l'état lamentable par trop d'immobilisme et d'individualisme de la société américaine contemporaine, etc.

Parvenus à Stockton, Caroline du Nord, ils s'installent pour permettre à Bleue d'intégrer la classe de terminale dans un prestigieux lycée privé St-Gallway.



Ce qui pourrait n'être qu'une énième chronique d'une vie lycéenne prend à chaque page plus d'étoffe avec notamment l'apparition dans l'existence de Bleue d'Hannah Schneider, professeur de cinéma et envoûtante créature nimbée de charme et de mystère. Celle-ci réunit autour d'elle chaque dimanche un cénacle de cinq lycéens auxquels vient s'ajouter Bleue. L'adolescente fait un peu tache sur le lot, au départ, avec ses connaissances livresques absolument gargantuesques, son raisonnement et son acuité très (trop?) développés et son parcours hors norme à sillonner les routes, déménager trois fois par an. Sans compter la mort de sa mère dans un accident lorsqu'elle avait cinq ans.



Petit à petit, Marisha Pessl nous conduit dans un récit qui réserve moult surprises. La fascination de Bleue pour Hannah transparaît à chaque page mais ne l'empêche pas de rester observatrice. Bleue est un personnage formidable. J'ai adoré son esprit, sa vivacité, ses comparaisons souvent déroutantes (avec références du Livre ou du film, bien sûr! De la méthode, diantre!).

J'ai ressenti dans ce roman la même sensation de me faire manipuler que dans Intérieur nuit. L'auteure nous conduit par le bout du nez entre chausse-trapes et changements d'ambiance, mystères et mensonges, ...



Le portrait que trace Miss Pessl de l'Amérique et de sa jeunesse, individualiste et consumériste, est acide et grinçant. Le récit de Bleue est émaillé d'ironie. L'écriture, le rythme, l'intrigue, les personnages, tout est maîtrisé. C'est captivant, foisonnant et impossible à lâcher une fois entamé.
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Intérieur nuit

Il a sans doute fallu beaucoup de travail (et pas mal de collaborateurs ? C'est ce que l' on devine dans ses remerciements) pour que Marisha Pessl peaufine cette arme de guerre littéraire qu'est Intérieur nuit. Le bandeau sur la couverture parle de blockbuster et en effet, tout semble avoir été conçu pour livrer un best seller implacable. On rétorquera que rien n'est jamais sûr en la matière mais nombre d'ingrédients y figurent pour que le succès soit au rendez-vous. Ce qui est certain c'est que la romancière a parfaitement réussi à créer un véritable univers autour de la figure d'un cinéaste culte, sorte de mélange entre Kubrick, Hitchcock, Lynch, Polanski, Coppola et Argento, et de sa fille virtuose et "magicienne", retrouvée suicidée. Le cinéma est l'art du mensonge et il est parfois malaisé de dissocier l'oeuvre de son créateur : Intérieur nuit joue avec un certain brio sur les fantasmes liés au 7ème art et sur cette idée que pour imaginer des histoires insensées voire perverses, il faut être soi-même passablement dérangé. Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont Marisha Pessl déroule son intrigue entre le rationnel et le surnaturel avec magie noire et présence du diable à la clė. Pour ce faire, elle utilise des procédés qui ont fait leurs preuves avec un enquêteur journaliste has been pour commencer, qui sera le héros forcément manipulė de l'histoire et le lecteur avec lui puisque c'est sa version et nulle autre qu'il lira. Identification immédiate : le coup est classique mais malin. Ce n'est que le moindre des reproches que l'on pourrait adresser à ce livre dont le style ne parvient pas à atteindre l'ambition affichée par son "scénario". Les dialogues frôlent parfois l'insipide et l'usage immodéré des phrases en italique (au cas où on n'aurait pas compris ? Heureusement, on a échappé aux caractères gras) est très très agaçant. Et puisqu'on en est aux réticences, le caractère linéaire de l'intrigue et cette manière de progresser laborieusement au fil d'indices ou de témoins qui surgissent juste au moment propice ne sont pas d'une colossale finesse. Bon d'accord, c'est un thriller, mais Intérieur nuit vise plus haut que la série B et certains artifices sont trop voyants et appuyés. Ceci, évidemment n'a aucune espèce d'importance si le lecteur est "ferrė" dès les premières pages. Si ce n'est pas le cas, il est assez amusant de tenter de comprendre les rouages de ce roman noir machiavélique mais trop "fabriqué". Avec une virtuosité certaine, bien entendu, ceci ne souffre d'aucune contestation.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Intérieur nuit

Ce n'est pas un roman, c'est de l'envoûtement ! Rarement été happée à ce point. On y trouve du polar, de l'aventure, du fantastique, de la philo, de l'amitié, de l'amour, du cinéma, des acteurs, des groupies. le tout entrecoupé par des coupures de presse, des pages web, etc. C'est tellement bien fait que l'on a du mal à croire que ce n'est pas réel. Tout démarre lorsque Ashley, pianiste prodige, est découverte morte, à New-York, dans un entrepôt abandonné. Suicide. Juste avant, McGrath l'a vu dans son manteau rouge. En tant que journaliste d'investigation, il ne peut en rester là. D'autant qu'il y a cinq ans, il a monté un dossier contre son père. Car Ashley n'est pas la fille de n'importe qui. Elle est la fille du grandiose cinéaste Cordova, spécialiste du film d'horreur qui s'est retiré dans le château où il a fait ses tournages. Lorsque McGrath arrive sur les lieux du suicide, un jeune s'y trouve aussi et il récupéra le manteau rouge à une jeune fille tenant le vestiaire d'une boîte. Les trois feront équipe. Et en avant pour ‘La grande Histoire'. Un coup de maître que nous offre Marisha Pessl. Aucune faiblesse tout le long de ces 710 pages. Un chef d'oeuvre.

Lu grâce à la critique de marina53. Et comme elle je cite : Une seule question subsiste : "Pourquoi tous ces mots en italique?"







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La physique des catastrophes

7 bonnes raisons de lire ce roman :

1) C'était un des romans les plus originaux, dans le fond comme dans la forme, de la rentrée 2007.

2) Parce que ce livre marque la naissance d'une romancière avec laquelle il faudra compter dans les années à venir : c'est une nouvelle voix de la littérature américaine.

3) Parce que c'est un roman très dense qui renferme un vrai propos critique sur la société américaine contemporaine et sur les limites de l'engagement politique.

4) Parce qu'on s'amuse autant à le lire que Marisha Pessl a dû s'amuser à l'écrire.

5) Parce que Bleue est un personnage attachant dont on voudrait connaître le suite de l'histoire.

6) Parce que c'est un roman qui brasse tout un pan de la culture populaire américaine et la grande culture classique légitime : il n'est pas si fréquent de trouver dans un même roman des références à Madonna, Tim Burton et Dante.

7) Parce que c'est un roman total : à la fois roman policier, roman initiatique, campus novel, etc.

Avec tout ça, si vous n'avez pas envie de le lire, je renonce (d'autant qu'il est disponible en poche et que vous les trouverez dans toutes les bonnes bibliothèques municipales près de chez vous).
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Intérieur nuit

Je ne sais pas faire des critiques de quinze pages, ce n’est pas mon style. On aime où on n’aime pas.

Ici, avec « Intérieur nuit » de Marisha Pessl, c’est un roman que j’ai eu du mal à démarrer. Je trouvais la mise en place du personnage principal, Scott McGrath, trop longue et je ne savais pas ou l’auteur voulait arriver.

Dès que j’ai commencé la partie investigation, j’ai dévoré ce livre. Ashley, suicide ou meurtre ? L’enquête est bien menée, les personnages sont intéressants, le suspense est permanent, etc..

Arrive ensuite la visite du « Peak », la résidence de Cordova. Je retrouve à nouveau des longueurs, on fait le tour de la propriété en passant en revu l’ensemble des film de Cordova et il me semble que l’on quitte le fil de l’histoire d’Ashley.

Et l’on fini avec l’entretien entre McGrath et Gallo, génial, la fin de ce roman nous parait limpide. Mais est-ce la fin…



Bonne lecture à vous.

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La physique des catastrophes

Comparaisons loufoques à gogo (un exemple parmi mille : "Toutes les têtes étaient tournées vers moi comme une troupe de Turcs seldjoukides qui ont repéré un chrétien solitaire ayant pris un raccourci par leur camp pour atteindre Jérusalem.", références éclectiques à tout type d’œuvres littéraires, universitaires, philosophiques, pratiques ou cinématographiques (telles que : "Il suffit de consulter l'édition 2002 de Statistiques et comparaisons parlantes entre les époques, chapitre « Deuil » de R. Stanbury. On y apprend que se sentir brisé, misérable, triste et désespéré n'est plus à la mode...", citations innombrables de son admirable père et brillant universitaire Gareth van Meer ("Bien entendu, papa mettait un point d'honneur à lutter contre cette « anesthésie culturelle », ce « repassage des sentiments humains qui ne laisse qu'une surface lisse, sans le moindre faux pli »"), ces trois éléments constituent les modes d'expression privilégiés de Bleue Van Meer, agée de 16 ans, dans le récit qu'elle fait de ses aventures lors de sa dernière année de lycée au St Gallway School de Stockton (Caroline du Nord) et on peut dire qu'elle en use sans compter.



Ce copieux roman de plus de 800 pages (dans l'édition Folio) se situe à la croisée du roman universitaire (campus novel) et du roman d'enquête et, par l'accumulation volontairement exagérée de références, on peut y voir aussi quelque lointaine parenté avec les romans oulipiens tels que "La vie mode d'emploi" de Georges Pérec. Est-ce que la forme n'accapare pas tout l'espace de ce livre, le laissant sans profondeur, comme s'il s'agissait de concourir pour le Guinness Book dans la catégorie du roman comportant le plus de références à d'autres ouvrages ? Les dernières pages du livre, avec leur côté potache, viennent renforcer ce sentiment qui m'a, je l'avoue, habité pendant une bonne moitié de ma lecture. Mais au final, même si La physique des catastrophes reste pour moi avant tout un roman de divertissement, je trouve que c'est un divertissement de qualité et que le soin que met Marisha Pessl à peindre – et à grimer ! – ses personnages est assez remarquable. Je me plais à penser que le personnage du professeur Hannah Schneider, mais aussi le passé africain du papa de Bleue, constituent une sorte d'hommage à Hannah Musgrave, le personnage central d'American Darling de Russel Banks, au passé très mouvementé .



Laissez-vous donc porter par les obsessions de Bleue, vous ne le regretterez pas et vous en garderez peut-être un peu de "Bleue" à l'âme...

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Intérieur nuit

Que dire ? Que dire sinon que Marisha Pessl est diplômée avec mention maître ès fiction! Déjà, avec "La physique des catastrophes" j'avais été bluffée alors disons qu'avec "Intérieur nuit", elle maintient magistralement le rythme et maitrise le genre.

Vite fait, voici: Ashley Cordova, fille d'un mythe du cinéma -Stanislas Cordova- est retrouvée morte, on présume suicidée. Un journaliste -Scott McGrath- qui s'était autrefois acharné sur le père cinéaste de films d'horreur tout autant grandioses que terrifiants, décide de gratter un peu sur cette mort. L'enquête déborde immanquablement. Scott McGrath enquête sur la mort d'Ashley Cordova ou veut débusquer le père qui vit reclus loin du monde et des médias ? Qui est Ashley ? Qui est cet invisible et génial réalisateur?

Marisha Pessl réussit le mélange des genres à la perfection. On sombre avec le personnage dans le malaise. L'auteur nous maintient toujours sur la mince frontière entre le réel et le fantastique, entre le cinéma et le quotidien. C'est bien écrit, c'est soutenu, c'est enivrant. Et malgré quelques longueurs, j'ai été subjuguée. À découvrir si ce n'est déjà fait.
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La physique des catastrophes

Special Topics in Calamity Physics

Traduction : Laetitia Devaux



Je viens de sortir de ce livre, absolument bluffée par la maîtrise avec laquelle son auteur parvient à mener le lecteur jusqu'au bout de l'intrigue sans qu'il soupçonne la fin qu'elle lui a concoctée.



Pourtant, j'avais eu quelques difficultés à m'habituer au style de Marisha Pessl. Toutes ces références, à des films, à des livres, à des articles d'encyclopédie, etc ... m'ont, au début, plutôt agacée. Puis j'ai adopté le point de vue donné par le titre original de cette "Physique des Catastrophes" :



1) après tout, il s'agit d'un dossier dont le thème central est axé sur un universitaire veuf, ayant tenté d'inculquer un maximum d'érudition à sa fille unique et l'ayant gavée pour ce faire dès l'enfance d'un nombre ahurissant de lectures au-dessus de son âge.



2) En outre, toute l'action se situe sur des campus - qu'il s'agisse de l'action passée, à l'Age d'Or de l'activisme gauchiste aux USA, ou de l'action présente, puisque Blue, la narratrice, entame son année de Terminale avant de postuler avec succès à Harvard.



3) Enfin, élève exemplaire et tête de classe, il est clair que, pour mettre à plat les mystères qui l'accablent en cette année décisive, Blue ne saurait concevoir une autre façon de procéder : rédiger un récit solidement étayé, littéralement hanté par l'esprit de son père (cet amour, cette manie des citations, c'est Gareth Van Meer plus que sa fille) et qui analyse point par point les différentes étapes d'un parcours qui, on s'en rend compte à la toute fin du livre, a commencé bien avant la naissance de la jeune fille.



Si l'on conserve tout cela à l'esprit, les citations finissent par ne plus causer problème, surtout que Marisha Pessl s'est amusée à en imaginer de fausses ainsi que des auteurs tout à fait fantaisistes - mais très pontifiants. Un reproche que je maintiendrai, par contre - mais il est léger - c'est que l'on a parfois l'impression d'une violence faite au style pour le rendre brillant à chaque mot. C'est oublier qu'Oscar Wilde lui-même s'autorisait des moments de répit qui ne font que souligner le naturel de ses mots d'esprit. Il y a donc, çà et là, des images un peu forcées, qui se promènent sur le fil de rasoir et que le lecteur verrait sombrer dans le néant sans en éprouver la moindre peine. Mais, d'un autre côté, ce style ressemble tellement à celui que Gareth Van Meer aurait souhaité voir sa fille adopter ...



Venons-en maintenant à l'intrigue. Les premiers chapitres sont évidemment des chapitres d'exposition, il faut donc patienter un peu avant de se retrouver au coeur de l'histoire. Mais on ne regrette pas d'avoir eu cette patience.



Gareth Van Meer, veuf (depuis 1992, la date a son importance) et ayant la charge de sa fille unique, Blue, avec laquelle il vit une relation quasi fusionnelle (sur le plan intellectuel seulement, il n'y a ici aucun parfum d'inceste, peut-être un complexe d'Electre de la part de Blue mais typique de son âge, 17 ans, et de son statut d'enfant sans mère), décide de planter leur tente dans la petite ville de Stockton pour la dernière année de collège de sa fille.



Bien qu'habituée à changer de ville à chaque rentrée scolaire, Blue a toujours autant de mal à se faire des amis. Mais cette fois-ci, le professeur en art cinématographique de son collège, Hannah Schneider, lui favorise la chose en conseillant à quelques uns de ses élèves préférés, qu'elle reçoit régulièrement à sa table chaque dimanche, de nouer connaissance avec Blue.



D'abord réticents, les membres du petit cercle d'Hannah, que le reste du collège surnomme "le Sang Bleu", intègrent Blue parmi eux. Pour faire passer la pilule à Gareth, qui n'apprécie pas les teenagers dont le niveau intellectuel semble inférieur à celui de sa fille, Blue lui raconte qu'ils l'ont en fait invitée à participer à un groupe de travail sur l'"Ulysse" de Joyce.



En réalité, ils s'amusent comme on peut le faire à cet âge-là, surtout que leurs parents ont les moyens. Un soir, mécontents de constater que Hannah ne les a pas conviés à une fête "entre adultes" qu'elle a organisée chez elle, les adolescents se faufilent chez leur professeur bien-aimée et un fâcheux incident se produit : l'un des invités est retrouvé mort dans la piscine ...



Peu à peu, Blue, qui réfléchit beaucoup (trop), sera amenée à se poser des questions non seulement sur cette mort mais aussi sur son père, qu'elle a cru apercevoir à la soirée, puis sur Hannah Schneider.



Quand elle obtiendra les réponses, elle sera passée de l'autre côté : elle sera devenue adulte.



Un roman riche, foisonnant, superbement maîtrisé, que je vous conseille de lire avec le plus grand soin. Car finalement, toutes ces citations ne seraient-elles pas là dans le but de détourner l'attention du lecteur agacé de ce qui, dans le texte, est réllement important ? Réfléchissez-y et bonne lecture. ;o)
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Intérieur nuit

Alors là, chapeau ! Je ne peux que m'incliner devant tant de dextérité, de savoir-faire et d'intelligence. J'ai dévoré les 700 pages comme une morte de faim, replongeant à chaque fois que mon esprit commençait à douter par la grâce d'un retournement de situation parfaitement bien placé. Pourtant, La physique des catastrophes, son premier roman était tellement parfait que l'on pouvait s'interroger sur la capacité de l'auteure à réitérer son exploit. Non seulement elle y parvient, mais elle se place définitivement dans la catégorie des romanciers dont j'attends les prochaines livraisons pour les acheter les yeux fermés.



Dans Intérieur nuit, on retrouve ce jeu à plusieurs niveaux qui était déjà proposé au lecteur dans La physique des catastrophes, ce principe que tout n'est qu'apparence et question d'interprétation, la réalité n'étant que le résultat de notre volonté de croire. Ici, l'auteure nous entraîne dans une course effrénée sur les traces d'un sulfureux et légendaire réalisateur de films d'horreur, habitué à susciter l'illusion. Mystérieux, retiré dans une propriété mieux gardée qu'un arsenal militaire, Stanislas Cordova n'a pas donné d'interview depuis 1977 et a veillé à s'entourer d'un parfait secret. Lorsque sa fille, Ashley Cordova est retrouvée morte, a priori suicidée à 24 ans dans un immeuble désaffecté de Manhattan, le journaliste Scott McGrath est soudain replongé dans un univers qui a déjà détruit sa carrière cinq ans auparavant alors qu'il enquêtait sur Cordova sur les bases du témoignage d'un mystérieux informateur. Bien décidé à faire la lumière sur toute cette histoire, Scott McGrath décide de repartir à la chasse, en quête de vérité, persuadé que l'aura sulfureuse qui entoure le réalisateur cache les pires perversités, sources d'explications de la mort d'Ashley. Épaulé par deux énergumènes ayant croisé la route d'Ashley au cours de ses dernières heures, une apprentie comédienne sans le sou et un sympathique zonard, il remonte peu à peu le cours du temps... Une enquête qui le conduira à explorer les confins d'un monde plus rêvé que réel, où il sera confronté à ses propres fantasmes et devra choisir ce à quoi il veut réellement croire.



"Quelle que soit la vérité autour de Cordova, en l'espace de quinze films effrayants il nous a montré à quel point nos yeux et nos cerveaux nous trompent sans cesse - et que ce que nous tenons pour certain n'existe pas".



Le talent de Marisha Pessl tient à la façon dont elle réussit à mener son lecteur par le bout du nez et à le faire passer par tous les états à l'image de son héros, Scott McGrath, d'abord très rationnel dans sa réflexion puis prêt à croire aux effets de la magie noire et finalement capable de s'écrier : "Je crois que je suis coincé dans un film de Cordova". Pour cela, les pages sont parsemées d'indices à partir desquels n'importe quelle imagination peut s'enflammer. Histoire de rendre l'existence de Cordova encore plus palpable, elle n'hésite pas à insérer les reproductions de soi-disant documents d'archive ou d'articles de journaux qui font endosser au lecteur le costume de l'enquêteur et finissent d'attiser sa curiosité. Et puis, à chaque fois qu'une piste est explorée, juste au moment où l'on s'apprête à frôler l'invraisemblance, paf, d'un petit retournement bien senti, voilà l'intérêt relancé et l'emprise une nouvelle fois assurée.



Marisha Pessl est une illusionniste. Elle réalise ses tours face au public, pose chacun de ses ingrédients sur une table aux yeux de tous... et pourtant, nous ne voyons rien. Ou seulement ce que nous voulons voir. Son roman est si dense que l'on pourrait presque écrire une thèse pour en décortiquer tous les effets. Ce serait dommage. A chacun de se laisser happer, de s'y perdre et de sentir sur lui les effets de l'illusion.



Bien plus qu'une lecture, une expérience. Une fantastique expérience.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Intérieur nuit

Le talent d'écriture de Marisha Pessi déjà découvert lors de la lecture de son précédent ouvrage "la physique des catastrophes" explose littéralement dans "Intérieur nuit.". Les 704 pages se dévorent en quelques jours à peine.



Cinq ans après avoir perdu un procès pour diffamation contre le cinéaste sulfureux Cordova, Scott McGratt, journaliste d'investigation, apprend le suicide à 24 ans d' Ahsley, fille de Cordova.



Doutant du suicide il décide d’enquêter. Il est rejoint par deux marginaux assez sympathiques. Nora, apprentie actrice et Hopper, un marginal qui a connu Ahsley. La veille de sa mort elle lui adressé par la poste un vieil ours en pluche.

Ils reconstituent les derniers jours d'Ashley, explorent les adresses où elle a été vues les jours précédant son décès (clinique psychiatrique, hôtel, appartement, vendeur de piano, salon de tatouage, une boîte de nuit mystérieuse), interrogent non seulement les dernières personnes qui l'ont croisée mais également ceux et celles qui l'ont rencontrée enfant et adolescente. Après tous ces entretiens et visites ils sont convaincus : Ashley a basculé dans la sorcellerie, la magie noire...

Leur dernière expédition les conduit au Peak , ancienne résidence de Cordova où il réalisait ses films d’horreur.

J'ai trouvé les pages sur cette expédition et tout particulièrement celles décrivant les décors de cinéma particulièrement angoissantes.

Le trio se sépare juste après. McGratt continue seul.



Question : McGratt connaîtra-t-il la vérité sur Cordova et sa fille après son entretien avec Inez Gallo, l'assistante de Cordova ? A chaque lecteur sa conclusion ?



Livre passionnant, intéressant, écriture fluide avec des passages angoissants.

Ouvrage que j'ai acheté il y a cinq ans , je ne m'explique pas pourquoi j'ai attendu si longtemps pour le lire ?
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Intérieur nuit

Je suis épatée par le caractère totalement immersif et addictif de ce roman. Je lève mon chapeau à Madame Pessl pour la maîtrise et la virtuosité d'Intérieur nuit. L'ensemble est travaillé, ciselé avec autant de minutie que de talent. Les insertions d'articles, de photos et de sites web ajoutent à l'intrigue un éclat supplémentaire de crédibilité et de véracité.



La lecture est prenante, confondante, déstabilisante, perturbante et bien des choses encore. Elle nous amène à nous interroger sur la création, ici cinématographique, mais qui peut s'élargir à toute autre forme. La forme même du livre, partagée entre la narration à la première personne du journaliste, les témoignages de divers protagonistes et ces extraits d'Internet, illustre parfaitement la difficile question de la frontière entre l'art et la vie, entre l'illusion et la réalité, entre la chimère et la vérité.

Marisha Pessl nous offre également une vision cinglante de la fan-attitude avec le comportement exacerbé des cordovistes.



Les personnages sont bien construits et intéressants à suivre, quels qu'ils soient. L'auteure, pour les principaux - et plus particulièrement Ashley - en a taillé les facettes en lapidaire de qualité. Elle en dévoile et masque les traits au gré d'une palpitante enquête d'investigation qui finit par prendre un caractère ésotérique voire métaphysique. En effet, sous l'art, sous les strates de secrets, réside la question de la vie et de ce qu'elle est. Comment la vivre? Comment en reprendre le cours après des événements hors du commun? Le peut-on seulement? Autant de question auxquelles McGrath et son improbable mais attachant duo d'assistants vont devoir faire face.



Les 700 et quelques pages du roman ne doivent pas effrayer. Le clap de fin arrive encore trop vite. Chapeau l'artiste!
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La physique des catastrophes

Bleue van Meer vit avec son père Gareth, professeur en sciences politiques, une vie itinérante, érudite et hautement cultivée depuis que sa mère a trouvé la mort dans un accident de voiture lorsqu’elle avait cinq ans.

Mais pour sa dernière année de lycée, ils décident de poser leurs valises pour un an à Stockton, Caroline du Nord. C’est dans cette ville de 53400 habitants, perdu dans les Appalaches que Bleue va faire la connaissance de Hannah Schneider, un professeur fascinant et mystérieux, qui l’introduit dans son cercle d’étudiants. Surnommés Le Sang Bleu, Bleue et ses cinq compères naviguent entre les cours, les dîners du dimanche chez Hannah, ses longs discours et les joies et plaisirs de l‘adolescence. Tout en cherchant également à percer le mystère qui entoure la vie, le passé et les activités de Hannah.

Mais au cours d’un week-end de camping organisé par celle-ci, Bleue la découvre pendue à un arbre… et elle ne veut pas admettre, malgré ce que dit la police, que cela puisse être un suicide.

Lire « La physique des catastrophes », c’est comme monter dans Space Mountains, sauf que le décor serait issu de l’Encyclopédie Universalis ! Ca va à 300 km/h, ça secoue la tête d’intelligence tous les paragraphes et l’on est grisé par les trouvailles de narration et de style. Un véritable page-turner, tant sur la forme que sur le fond, car on ne peut s’empêcher de s’attacher à Bleue, jeune fille de génie au QI de 175, mais complètement immature en ce qui concerne les rapports humains, surtout ceux avec d’autres ados.

Superbe livre d’initiation, « La physique des catastrophes » aborde avec sensibilité tous les thèmes chers aux adolescents : la quête de liberté et d’indépendance, la confiance en soi, les relations avec l’autorité parentale, le sexe, le mensonge… et la nécessité de se rebeller.

Un très beau roman, qui n’est pas sans rappeler « Le maître des illusions » de Donna Tartt.

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