Marjolaine Beauchamp

Viens dormir avec moi, viens t'coller contre moi

J'vas t'protéger, j'ai des gros bras

J'vas t'flatter les cheveux

Te parler de nous deux en forme de deux, en forme de un

J'vas regarder ton dos courber par l'extase quand tu jouiras,

pis j'vas fixer tes yeux quand le sexe nous scellera

Pis après, j'vas t'parler d'amour

Juste pour pas que tu te sauves en disparue

Parce que la terre veut juste ton cul et que le monde te laisse

des traces sur les bras

Mets pas ta main devant ta face

Regarde-moi

Il n’y aura pas de déflagration ni de scène de film uplifting où on se sent régler toute notre vie par procuration et on y croit et on y croit jusqu’à la fin, le choc du générique. Il n’y aura pas de sexe torride, il n’y aura pas tes bras, peu importe qui tu es, tu ne seras en rien le moment que j’attendais. Et avancer, on fera ça seuls, avec peut-être une flashlight à la rigueur. Il n’y aura pas de rendez-vous ratés parce qu’il n’y a juste pas de rendez-vous. Rien de plus haut en mégahertz que le cri d’une chenille et on n’attend personne parce que nous sommes des soirées seules et des gens libres et des assassins du cours normal des choses.

Celui où tout le monde attend que quelqu’un prenne.

Et où personne ne prend rien.

J’suis allée dans son lit

En traînant ma carcasse de trop d’chair

Mais j’tais légère

J’étais légère pis la vie était légère pis sa bouche était puissante

Elle aimait les corps atypiques

C’tait la première fois qu’être une mère m’avait semblé être du capital de consistance

J’préfère être celle qui goûte

Je l’ai savourée en mettant tous mes silences accumulés dans mes gestes

Elle qui semblait avoir accès à tout l’plaisir du monde

Elle qui n’avait pas besoin de moi

Se recroquevillait, happée par ma dévotion

J’aurais voulu lui sucer un peu d’son âme

Pour rentrer dans les places pis éclipser les autres

Des fois j’pus capable j’réponds juste : « Parlez-moi pas »

J’ai même pas d’jus pour leur dire que j’vas leur parler talheure

J’ai l’goût d’être méchante

J’les vois pus comme des enfants

J’les vois comme des voleurs

Des p’tits voleurs de temps

Des p’tits crisse de suceurs d’énergie

Mais je l’fais pareil

J’les abandonne pas

J’reste

J’pars pas

Pis j’leur crie pas qu’y m’ont tout scrapé le corps

Y ont pas fait exprès

Mais y m’ont rendue laide

On dort-tu ensemble ?

Juste pour faire semblant que c'est samedi pis

Qu'on est passé à travers la semaine

Tsé les contraires, ça s'attire pus

Y'ont annulé le proverbe

Ça faisait trop de dégâts

Le jour s'arrête et met les mains dans ses poches

Impuissant

Comme d'habitude

Je le consens, c'est sale l'amour

Mais c'est quand même ben chaud l'hiver

Ne ris pas de mes miettes

Je sais où les remettre tu sauras