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3.94/5 (sur 315 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1977
Biographie :

Marjorie Tixier écrit des romans et de la poésie.

Professeure de lettres modernes, elle transmet sa passion de la littérature et puise son inspiration dans la peinture, la musique et les voyages.

En 2020, elle publie son premier roman, "Un matin ordinaire" chez Fleuve Editions.

En septembre 2021, sort son second roman publié au Fleuve: "Un autre bleu que le tien" qui fera partie de la sélection du Prix Filigranes 2021. Il reçoit le Prix des bibliothèques de Merlieux en octobre 2022.

"À l'encre rouge", son troisième roman avec Fleuve Editions paraît en janvier 2023.

"La Danse du feu" et "Identité", sont ses deux premiers romans autopubliés en livres numériques chez Librinova.





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Rentrée Littéraire 2023 - FLEUVE EDITIONS - Marjorie Tixier - A l?encre rouge .


Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
La mer est puissante, épaisse de sel et d'iode mêlés. Rosanie s'y glisse pas à pas. Elle s'attend à ce que les souvenirs resurgissent au contact de l'eau, mais rien, rien que la voix de Félice pour l'inciter à la rejoindre vite et profiter de la baignade.
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Un soir, pour lui faire plaisir, il lui avait offert une place au Nouveau Siècle et ils étaient allés écouter Véronique Sanson, Il l’adorait, elle avait fait semblant. Ensuite, ils avaient bu un verre au Yéti. En la ramenant chez elle, il lui avait proposé de l'accompagner en tournée et elle avait sauté sur l’occasion, persuadée qu’ensuite ils s’installeraient quelque part ensemble et peu lui importait où, pourvu qu'elle rompe sa solitude et mène la vie dont elle avait toujours rêvé. La scène, les concerts, les cocktails, le succès... Et tant pis si elle goûtait à tout cela par procuration. C'était mieux que la routine et le sentiment d’avoir trahi ses idéaux. Elle aurait tout accepté, quitte à être choriste, éclipsée derrière un micro sur pied entre la batterie et le clavier. Elle aurait tout accepté, même de se taire, pourvu qu'il l’'emmène. p. 112
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La vie n'est rien d'autre qu'une succession d'obstacles. Tu les chevauches ou tu les contournes, comme tu veux mais tu les franchis. Fuir n'est pas une solution, capituler non plus.
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« J’étais démoli à la regarder répéter ce même geste. Elle a pris le shampoing, en a renversé une paume pleine et ses cheveux se sont transformés en mousse. Elle gémissait, parlait entre ses dents, pleurait aussi, la douche emportant le savon dans siphon. Je l’ai vu recommencé, le shampoing vidé dans la paume de sa main, les cheveux bulles, la voix un peu plus forte. Elle répétait son nom. Je m’appelle Laurence Vasseur, le shampoing pour la troisième fois dans le creux de la main, je m’appelle Laurence Vasseur, et ainsi de suite jusqu’à ce que la bouteille soit vide et qu’elle empoigne le savon pour se récurer les jambes et le sexe et je m’appelle Laurence Vasseur et le sexe et les jambes. (…) Moi, je pleurais contre la porte. Je la regardais faire, chaque rasade d’eau avait emporté chaque particule de la présence de l’homme qui l’avait violée, mais nous savions qu’il faudrait plus que de l’eau et du savon pour en venir à bout. »
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(Les premières pages du livre)
Elle éventre la plaine, juchée sur sa bicyclette, ses boucles au vent. Blondes, auréolées d’espoir. Elle est belle. Trop belle pour se laisser approcher. Ses lèvres sont rouges, ses paupières bleues. Ses yeux, on ne sait pas. Personne ne les a encore compris. Ils ont la couleur changeante des destins qui se cherchent. Elle roule. Le talon calé contre la pédale, la jupe courte. Jeune. Sillonnant sa terre natale, elle serpente entre les tournesols. Son cœur tangue encore, bat le rythme que sa tête imprime, envoûté par la musique qu’elle a écoutée toute la nuit.

Comme un trait d’arbalète, le héron cendré transperce le ciel dans le plus pur des silences, survolant les champs de blé mûr dont la moisson devient imminente. Elle roule, tournesol mouvant sur l’artère sinueuse de la plaine des Flandres. Les inflorescences dorées, gorgées d’insectes et de soleil, ondulent sur les coteaux, pareilles à de longs cheveux d’ange, tandis que la mosaïque des prairies forme une tapisserie de plaines agricoles entaillées de routes et de voies de chemin de fer qui relient la métropole à la mer.

Elle a l’âge de tous les possibles, la légèreté de toutes les illusions, l’assurance des promesses.

Les mains sur le guidon, elle relâche les freins, oublie ses ongles vernis, se laisse aller. Le dos droit, elle croit qu’elle le reverra bientôt. Vite, tout ira vite. Aussi vite que sa traversée de la plaine. N’est-ce pas ainsi qu’il l’a emmenée en ville, tailladant le soir au volant de sa moto ? Là-bas, plus loin qu’elle n’aurait cru, elle s’est sentie de passage, dans un sas de nouveauté si étranger qu’il paraissait sans conséquence. Un espace-temps défragmenté que la musique et l’alcool cristallisaient pour la sortir d’elle-même. Un autre univers, si différent du sien…

À l’aube, il lui susurre quelques mots à l’oreille, puis se met au piano et plaque une série d’accords en fumant une cigarette. Il ravive la musique du bar et de la nuit, rien que pour eux. Alanguie, elle se laisse bercer, hypnotisée, le regard fixé sur sa poitrine nue.

Depuis plusieurs semaines, chaque dimanche soir, il l’emmène, la promène dans la ville, la plonge dans son lit. Ses yeux, il en ignore la couleur. Elle l’amuse, c’est tout. Elle est mignonne, la fille de la plaine dont les boucles dépassent du casque sur l’autoroute. Elle se cramponne, le moteur vibre sous ses fesses, la vitesse la grise. Il lui donne plus de vingt ans, elle en est loin, mais joue les initiées avec l’aplomb aveugle des nécessités. Après la musique, l’amour et le piano du petit matin, il la ramène à moto. Elle s’agrippe, minaude, réclame d’autres baisers. Il file et reviendra.
— Quand ?
— Bientôt.
Et il revient.

Elle y pense toute la semaine, attend son retour et se répète son nom. Sa musique coule dans ses veines, son odeur est devenue la sienne, ses paroles sont des conquêtes à venir. Il joue à défaut de parler et, comme elle le fait pour deux, ce charme silencieux attise sa curiosité.

La nuit de leur septième rencontre, leurs corps ont pris l’habitude et se trouvent sans se chercher. Elle lâche prise, paupières closes, souffle haletant, elle ose tout :
— Je veux être chanteuse. J’ai une belle voix, enfin je crois. Tu me laisserais chanter avec toi ?
Il se redresse, les yeux écarquillés, surpris autant que déçu.
Encore une fille intéressée, pense-t-il, c’est à croire que je les attire !
Blasé, il ricane une réponse évasive avant de l’embrasser sur le front comme une petite fille.
Elle insiste. Il lui promet qu’il y pensera tout en lui jouant un dernier morceau de piano, une cigarette au bord des lèvres. Une manière détournée de lui dire adieu avant de la sortir du lit. Il est pressé, un rendez-vous important l’attend pour l’enregistrement de son premier disque. Elle est fière, l’encourage, se réjouit, mais il ne l’écoute plus et l’incite à s’habiller pour la pousser dehors sans même lui offrir un café.
Il est en retard, tellement en retard qu’il n’a pas le temps de la ramener à moto. Elle cache sa déception sous un sourire forcé.
Ensuite vient le silence jusqu’à la gare routière, à pied dans les rues de Lille. Le dernier baiser, à la va-vite au bord du trottoir, elle le sentira longtemps grésiller sur ses lèvres, pareil à un courant électrique.

Avant de la quitter, il pianote sur la vitre et lui adresse un clin d’œil. Elle rit, émue d’entrer dans l’intimité des garçons, ces matelots dont elle ignore à peu près tout. Fascinée, elle se colle à la vitre de l’autocar pour le contempler jusqu’à l’ultime soupçon de son blouson qui se perd dans le flot des silhouettes.

Plus tard, dès le lendemain, elle roule juchée sur sa bicyclette, les cheveux lissés par la brise de midi, sous le soleil d’août, encore toute pleine de lui.
Elle roule pour l’attendre plus vite, le sourire angélique, gorgée de souvenirs qu’elle ravive à chaque coup de pédale, mais que la lumière trop crue s’obstine à rendre flous.

Souvent, elle implore sa mère : Apprends-moi, apprends-moi, les chansons de l’oncle. Mais Jeanne ne sait pas chanter et ne se rappelle jamais les paroles. C’est une pitié de l’entendre articuler un son, une offense à l’oreille. La fillette a beau insister, la mère chiffonne un bout de refrain avant de se remettre à l’ouvrage. Constamment débordée, elle laisse Lysiane pousser toute seule telle une herbe folle.

Il arrive que la petite se faufile entre la jupe et le tablier de sa mère, histoire de se rappeler à son bon souvenir. Elle s’y enroule et réclame inlassablement la part d’affection qui lui est donnée sans lui convenir, traînant autour de Jeanne à la manière des petits chiens qui reviennent à peine ont-ils été chassés. Et c’est une danse sans fin où les partenaires se frôlent sans jamais se toucher. La mère surveille, laisse sa fille grandir tout en imitant chacun de ses gestes, fière de l’avoir à ses côtés comme un clone en miniature.

La semaine, Lysiane passe plus de temps à mettre le couvert et à couper des légumes en rondelles qu’à faire ses devoirs. L’école, pour elle, c’est secondaire. Plus tard, elle tiendra l’auberge des Flandres comme ses parents le font en ce moment, elle en est persuadée. Pourtant, parfois, les jours de fête en particulier, lorsque l’oncle vient interpréter les danses traditionnelles, il lui arrive de s’inventer une autre vie. Elle se glisse sous la chaise du musicien, sent le souffle de l’instrument l’envahir et la faire vibrer. Transportée, elle s’imagine improviser sur les notes de l’accordéon. Elle rêve de chanter avec la voix des anges, limpide et haut perchée, cristalline et sans échardes.
Les danses de l’oncle font éclore les histoires d’amour, elle le sait. Le Mieke Stout met les jeunes couples face à face. Premières œillades, premiers sourires. Ce sont les préliminaires avant de s’offrir une bière ou une limonade en échange d’un baiser furtif. Le vrai baiser est donné ailleurs, loin de ses regards d’enfant curieuse, dans une voiture le plus souvent. Le scénario est tellement prévisible qu’elle ne peut s’empêcher de rêver plus grand.
Alors, elle réclame d’apprendre la musique. Elle veut imiter l’oncle et jouer d’un instrument. N’importe lequel. Un vieux tuba traîne sur le haut d’un buffet, elle se perche sur une chaise pour l’attraper. Les lèvres en cul de poule, elle souffle dans l’embouchure. Le cuivre tapisse sa bouche d’un goût de métal. Les sons sont graves et poussifs, disgracieux et aussi lourds que la relique aux pistons vert-de-gris. Dès que l’oncle arrive, Lysiane le tanne pour jouer de son accordéon trop grand, trop lourd et trop encombrant. En grandissant, elle s’amuse à chantonner.

L’écho de sa voix retentit dans le couloir de l’étage, dévale l’escalier et se répand jusqu’au rez-de-chaussée. Personne n’y prête la moindre attention, c’est pourquoi Lysiane insiste et consacre des heures à ses vocalises. Elle attend une remarque, un petit quelque chose, une ébauche de réaction, mais nul n’écoute ses prouesses vocales (ses délires, pense-t-on, sans le lui dire) ; alors elle serine, se plaint, invente des stratagèmes pour parvenir à ses fins. Tout le monde s’accorde à penser que c’est une lubie vouée à amuser la galerie, un caprice de petite fille qui lui passera avec le temps.

Les danses de l’oncle, elle finit par les savoir par cœur, jusqu’à la nausée ; et ce qui faisait sa joie autrefois, tourne au supplice. Quinze ans d’un rituel immuable, éternel et bien rodé auquel elle assiste en jupe longue et en tablier, digne réplique de sa mère. Après la carbonade flamande, le potjevleesch ou la flamiche au maroilles, l’oncle s’installe sur un tabouret pour jouer les airs traditionnels. Rompus à l’art d’alterner pas sautillés et pas courus à grand renfort de tours en moulinet, les convives se mettent à danser.
Chacun participe de bon cœur à cette chorégraphie que Lysiane rejette désormais avec mépris. Depuis qu’elle a entendu « Jolene » à la radio en montant dans le bus, elle ne jure plus que par la country. La chanson a beau dater, elle sonne à son oreille comme une nouveauté. La cassette, elle l’achète chez le disquaire de Cassel où elle se rend dès le samedi suivant à vélo. Elle en profite pour rafler tous les albums de cette interprète américaine qu’elle trouve magnifique sur les jaquettes.

En rentrant à l’auberge, elle pose sa bicyclette contre le mur et se précipite dans sa chambre. Elle attrape son baladeur et se jette sur son lit avant de chausser son casque. Aussitôt que la voix de la chanteuse à la coiffure de lionne frôle ses tympans, elle commence à fredonner. L’artiste lui est parfaitement inconnue, bien que son visage lui paraisse familier. Entre elles, il y a comme une ressemblance, étrange sensation de mimétisme que rien, à l’exception de la couleur des cheveux, ne vient confirmer dans la réalité.
Le boîtier vide entre les mains, Lysiane se souvient. Apprends-moi, apprends-moi, les chansons de l’oncle. Elle se souvient d’avoir tant réclamé que sa requête s’
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Un moment tout doux, hors du temps, en compagnie de trois femmes que la vie a écorchées : une femme muette amnésique, une ancienne sportive amputée des jambes et une jeune mère célibataire partie sur les traces de sa maman présumée morte, noyée dans la mer lors de sa naissance.


Une belle leçon de vie, de force et de courage. Un peu lent, contemplatif mais le tout raconté grâce à une magnifique plume!


Au départ, l'histoire est rapidement prenante, même si le rythme est plutôt lent. Un choix qui colle finalement parfaitement à l'intrigue. On a l'impression de vivre un moment suspendu hors du temps tout en découvrant le quotidien de ces trois femmes : Félice, Estelle (et son petit garçon Solen) et Rosanie (et son mari Antonin).


Le côté "spécial" et "magique" du roman est accentué par les paysages enneigés de la montagne en plein hiver, les vagues de la mer bretonne ou encore les vapeurs de l'eau bouillante des thermes.


Une histoire touchante sur la résilience avec trois destins qui se rejoignent pour former une fin magnifique !


Un roman pour prendre conscience que rien n'est perdu... et que la rencontre de certaines personnes dans notre vie peut nous aider à surpasser le plus grave des traumatismes.


Un petit bonbon de douceur et d'optimisme !
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Elle s'est bercée d'illusions, préférant l'attente à l'action. Voilà ce qu'il advient quand on se quitte sans s'expliquer. Voilà comment on se surprend à mener une vie enlisée dans une espérance vaine.
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Chacun souffre à sa manière, chacun se bat, mais dans tous les cas, partout où l'on jette un regard, c'est du bleu que l'on voit. Au corps, à l'âme. L'un ne va sans l'autre. Et qu'importe que ce soit un autre bleu que le tien, c'est toujours une blessure profonde et définitive qui éloigne ou réunit sans se justifier.
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La violence laissait des traces, trop de traces. La maîtresse n’osait même plus me punir, au cas où. Elle disait à mes parents que tout allait bien, que j’étais mignon et bien sage pendant que moi, je la faisais tourner en bourrique à longueur de journée. Ça m’a donné de la force, la force de me battre, struggle for life, climb up the social ladder, ou quelque chose dans le genre que j’ai retenu des cours d’anglais parce que c’est ce que je voulais pour moi.
Une autre vie, ailleurs, loin de toute cette merde.
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À part courir, je n’ai pas de passion. Tout en moi est dévoué, offert, surtout pour Julie, mon aînée, qui me réclame beaucoup d’attention. Elle craint toujours que je ne l’oublie, pourtant jamais je ne l’ai laissée de côté, jamais je ne l’ai négligée, mais toute ma tendresse va pour Annie, allez savoir pourquoi je la préfère. Il paraît qu’une mère reste plus attachée au dernier de ses enfants qu’elle estime avoir toujours à protéger. Annie n’a pourtant pas besoin de moi.
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