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Critiques de Marjorie Tixier (170)
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Un autre bleu que le tien

Voilà une lecture qui n'a pas, mais pas du tout, répondu à mes attentes ! l'histoire commençait bien, pourtant, avec une héroïne enfermée dans son mutisme depuis qu'elle a traversé une épreuve traumatique.

Arrachée à la mort par un ingénieur devenu bûcheron, la belle Rosanie se laisse aimer et épouser par son sauveur. Alors qu'elle se rend aux thermes de Bagnères de Luchon (Ville où se déroule l'essentiel de l'intrigue) elle rencontre Félice, amputée des deux jambes. Les deux femmes vont se lier d'amitié et Félice va insuffler sa force et sa volonté de vivre à Rosanie emmurée dans son silence et son secret. Elles vont avancer de concert pour surmonter leur handicap. Une troisième femme, énigmatique et fragile, va croiser le trio : Estelle, jeune mère célibataire, qui semble avoir fui son passé avec son petit garçon. On suit l'histoire de ces trois femmes qui cherchent à guérir de leurs traumatismes jusqu'au happy end, trop prévisible.

Il y avait une belle idée de départ dans cette histoire qui fait quelques emprunts aux contes. On y trouve des héroïnes mystérieuses aux prénoms surannés, et des épreuves à surmonter pour dépasser leur handicap, leur traumatisme. Hélas ! rien d'envoûtant dans cette intrigue mal ficelée, mais de l'ennui, de l'ennui, de l'ennui (Oui, trois fois comme ces mots répétés par Solen le petit garçon !)

Les personnages manquent cruellement d'épaisseur avec leur description physique détaillée qui prend le pas sur leur psychologie trop superficielle et convenue.

Le style, mièvre et sans envergure, plombe l'intrigue qui m'a très vite lassée. L'histoire aurait pu être émouvante, mais l'autrice se perd dans les méandres de son récit avec moult détails fort superflus.

Alors oui, cette histoire cousue de fil blanc écrite à points grossiers se pare d'une belle jaquette bleue illustrée d'une naïade. (Et ce livre, mis en avant dans ma médiathèque, m'a attiré l'oeil, j'en conviens) Mais, comme l'habit ne fait pas le moine, la couverture ne fait pas la littérature.



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A l'encre rouge

Dans un village du nord de la France, Jeanne et Pierre tiennent une auberge. A dix-sept ans, leur fille unique Lysiane, destinée à prendre un jour leur succession, n'a qu'une idée en tête : devenir chanteuse comme Dolly Parton, son idole. Elle fait la connaissance de Fred Solange, un obscur chanteur qui fait des tournées minables et l'accompagne dans son camping-car. Mais Lysiane a un caractère éruptif et Fred se lasse vite d'elle ; ils se séparent. Lysiane ne le sait pas encore mais elle est enceinte de lui. Elle veut avorter mais au moment de subir l'acte chirurgical et sous les supplications de sa mère qui lui demande de lui confier son enfant, elle renonce. Elle accouche d'une petite Jolene, d'après le titre d'une chanson de Dolly Parton. D'abord le bébé est confié aux parents de Lysiane, puis, sur un coup de tête elle veut reprendre l'enfant. S'ensuit une série de tourments et de tortures psychologiques que Lysiane fait subir à Jolene, avec des répercussions sur ses grands-parents. ● C'est le premier roman que je lis de Marjorie Tixier et je dois dire qu'elle m'a complètement bluffé. ● Elle a un vrai don pour raconter une histoire et tenir le lecteur en haleine. A chaque instant du récit on a envie d'en connaître la suite. ● Elle a le goût des nuances dans les sentiments et sait parfaitement en montrer l'évolution. Sous sa plume, les personnages changent imperceptiblement à mesure que le temps passe, et tout est d'une grande sensibilité. ● Les personnages sont travaillés, fouillés, complexes. Celui de Lysiane est détestable et pourtant on peut lui trouver des circonstances atténuantes : un milieu social difficile, des rêves brisés, une personnalité qui ignore le compromis. Elle considère qu'elle n'a pas eu de chance : « Pour Lysiane, tout était toujours une question de chance. […] Chacune [elle et sa fille] avait son destin à tracer, mais la vie était injuste et les chances inégales. Rien ne pouvait la libérer de cette croyance bien ancrée. » ● Au contraire Jolene est une victime qui bouleverse le lecteur et en même temps on a envie qu'elle soit plus combattive : pourquoi, une fois adolescente, ne se rebelle-t-elle pas contre cette mère maltraitante, jalouse, épouvantable ? ● Jeanne et Pierre semblent aussi prêts à faire trop de compromis pour cette fille qui leur gâche la vie. ● En tout cas, les relations entre Lysiane et Jolene, qui constituent le sujet même du roman, sont d'une grande complexité, faites de rancune, de jalousie, de possessivité, d'impulsivité et de manipulation du côté de la mère, et de culpabilité du côté de la fille... « Ta présence me tue et ton absence me brise. Entre les deux, il n'y a rien », dit Lysiane qui se considère propriétaire de sa fille : elle est « l'unique personne qui lui appartenait vraiment. » Araignée malfaisante, Lysiane enroule Jolene dans sa toile. ● La musique tient un grand rôle dans le roman, d'abord comme vecteur de célébrité inopérant pour Lysiane, puis comme exutoire pour Jolene. ● le style de l'autrice est très agréable, avec des touches poétiques bienvenues. ● C'est là un roman remarquable, sans aucune longueur, je l'ai dévoré d'une traite ! Je le recommande vivement. ● Je remercie NetGalley et Fleuve éditions de m'avoir permis de lire ce livre.
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Un autre bleu que le tien

Marjorie Tixier offre par son deuxième roman un livre sur la résilience mais aussi sur le courage de femmes qui – au travers de leurs faiblesses – en font des forces. Écrit avec beaucoup de douceur, son style envoûtant permet une lecture, tout en fluidité, comme la pluie s’écoulant un chaud soir d’été.



« Un autre bleu que le tien » est l’histoire de la rencontre d’êtres blessés. Tout d’abord, il y a Rosanie, devenue muette à la suite d’un terrible traumatisme qui ne lui a laissé aucun souvenir. Ensuite, il y a Félice, amputée des deux jambes après un accident de montagne. Et pour finir, il y a Estelle, jeune mère célibataire dont le père de son fils a disparu du jour au lendemain. Après ces tragiques coups du sort, il y a la reconstruction nécessaire à la reprise de la vie. Ces êtres que tout oppose vont se trouver et pouvoir enfin voir la lumière au bout du tunnel.



La délicatesse de la plume de Marjorie Tixier procure un livre, malgré sa thématique difficile, tout en lumière et solaire. C’est avec beaucoup de justesse qu’elle trace le chemin de ces héroïnes principales, blessées mais qui ne cherchent que la petite étincelle pour renaître.



Aucune phrase inutile, aucun passage vain, l’auteure a réfléchi à chacun de ses mots pour en écrire un roman poétique où le lecteur en ressort grandi comme les héroïnes, avec le coeur serein. Une fois la dernière page tournée, c’est avec le coeur serré que j’ai dû dire au revoir à Rosanie, Félice et Estelle, un bleu à l’âme. Une plume à découvrir et à suivre…



Lecture dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs de L’Actu Littéraire.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Un autre bleu que le tien

Rosanie est muette depuis un traumatisme dont elle ne se souvient pas. Elle se rend chaque matin aux thermes pour y retrouver Felice, une femme handicapée dont elle ignore tout au départ. Le coté battante de cette femme va donner envie à Rosanie de se sortir de sa situation.

Ce roman parle du handicap visible ou non, de l’envie de se battre pour surmonter celui-ci. Une très belle histoire même si l’on arrive très rapidement à deviner la fin.

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A l'encre rouge

Une fausse mère, une vraie mère et une fille sans père



Dans son nouveau roman, Marjorie Tixier raconte le rêve de gloire d'une jeune fille qui préfère confier sa fille à sa mère pour faire carrière et décide, après son échec, de reporter ses espoirs sur sa fille. Fort en émotions, entre abandon et ressentiment, entre douleur et incompréhension.



Lysiane est une adolescente plutôt sage. Si ses résultats scolaires ne sont guère brillants, elle seconde sans rechigner ses parents qui tiennent une auberge près de Cassel, dans les Hauts de France. Mais Lysiane rêve de devenir chanteuse, alors le jour où un chanteur fait halte à l'auberge, elle n'hésite pas à le suivre, à engager une relation amoureuse. Quelques mois plus tard, l'artiste, qui n'a jamais voulu céder un pouce de son indépendance, prend la poudre d'escampette. Il laisse Lysiane désemparée et enceinte.

Sur les conseils de sa mère, qui lui assure qu'elle s'occupera de l'enfant, elle renonce à avorter et, dès la naissance de sa fille Jolene, part pour Lille où elle trouve rapidement un emploi de serveuse puis quelques cachets pour chanter dans les bars, laissant à ses parents le soin d'assurer l'éducation de sa fille. Elle ne se rend qu'épisodiquement à l'auberge pour regarder Jolene grandir, à la fois irritée de voir ses parents être appelés papa et maman par la petite fille et désireuse de gagner l'affection de ce petit bout de chou qui se passionne aussi pour la musique. Elle va prendre l'habitude de lui couper les cheveux et de dire son mal-être, au grand dam de ses parents. Puis ne viendra plus durant quelques temps, ayant rencontré Bob, un autre musicien. «Un soir, il lui avait proposé de l'accompagner en tournée et elle avait sauté sur l’occasion, persuadée qu’ensuite ils s’installeraient quelque part ensemble et peu lui importait où, pourvu qu'elle rompe sa solitude et mène la vie dont elle avait toujours rêvé. La scène, les concerts, les cocktails, le succès... Et tant pis si elle goûtait à tout cela par procuration. C'était mieux que la routine et le sentiment d’avoir trahi ses idéaux. Elle aurait tout accepté, quitte à être choriste, éclipsée derrière un micro sur pied entre la batterie et le clavier. Elle aurait tout accepté, même de se taire, pourvu qu'il l’'emmène.»

La tournée qui suit va apporter la preuve que le talent est très inégalement partagé et ruiner tous ses espoirs. De retour au pays, Lysiane va alors décider de se venger par procuration, en arrachant sa fille de ses grands-parents et en lui offrant une formation au Conservatoire de Lille.

Dorénavant Joline – un nouveau nom pour un nouveau départ – se doit de réussir.

Avec beaucoup de sensibilité, Marjorie Tixier va alors nous raconter les années qui vont suivre et qui tiennent davantage du duel entre une mère frustrée et une fille qui se sent flouée et manipulée que d’une volonté de recoller le spots cassés. Avec beaucoup de sensibilité, la romancière met le doigt sur les faiblesses de l’une et de l’autre, sur l’incompréhension qui croît au fil des mois jusqu’à prendre des proportions trop importantes pour que l’histoire se finisse bien. Un roman âpre, dur, sans concessions qui démontre la large palette de Marjorie Tixier, toujours à fleur d’émotion.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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A l'encre rouge

Lysiane, dix-sept ans, pratique l’école buissonnière, pique, dans la caisse de l’auberge de ses parents, pour s’acheter des vêtements et du maquillage.



Elle n’a qu’une chose en tête, devenir chanteuse, comme son idole, Dolly Parton, elle l’écoute en boucle, sur son vélo, dans sa chambre.



Le jour où ses parents découvrent le pot aux roses, "sans gêne ni culpabilité, elle admet qu’elle sèche les cours depuis plusieurs semaines parce qu’elle s’ennuie ferme. C’est sa nouvelle façon de parler." Elle exigera des leçons de musique qu’elle n’a jamais pu avoir, "ce n’est pas un métier chanteuse" lui disait son père et un salaire pour travailler au restaurant.



Elle aime se faire remarquer, elle est jolie. Un jour, au bar, elle fait la connaissance d’un beau garçon, quand elle apprend qu’il chante dans un groupe, et va sortir son premier album, elle s’accroche à lui, en espérant pouvoir démarrer une carrière. Lui, se lasse et disparait



Peu de temps après, horreur, elle s’aperçoit qu’une petite virgule, a poussé dans son ventre. Elle n’en veut pas, elle persistera tant que sa mère n’aura pas signé, n’étant pas majeur, elle ne peut décider toute seule. Mais cette dernière la poussera à garder cet enfant, elle s’en occupera pour elle, en espérant que l’amour maternel prendra le dessus.



Au dernier moment, elle acceptera et accouchera d’une petite Jolene, le titre d’une chanson de sa chanteuse adorée. Lysiane, n’en veut toujours pas, l’enfant sera confié à ses parents. Elle ira vivre à Lille.



Au bout de quelques années, Jolene, deviendra sa poupée, elle l’habille et la coiffe, comme elle veut, avec brutalité, sans amour. Juste pour l’abîmer.



"Elle avait déjà amnistié la femme en colère et la femme en pleurs. Consolé l’une et l’autre par une caresse et une paire de ciseaux. Puis elle s’était éclipsée dans la nouvelle chambre au balcon qui, comme la potion magique des contes de fées, effaçait jusqu’au dernier soupçon d’une blessure. Mais après les mimiques simiesques et la prise de conscience de la coupe déstructurée, elle se rapprocha encore un peu plus du miroir et laissa tomber ses mains le long de son corps. Abasourdie. Cette fois, ses doigts saisirent délicatement ses mèches brunes pour les remettre en ordre et constater que jamais, au grand jamais, elle n’aurait ni boucles blondes ni longs cheveux pour ressembler à sa mère et lui plaire. A bien y regarder, elle n’avait que son mètre dix de hauteur pour se faire remarquer. Ce qui était déjà trop pour la mère qui courait ailleurs, de nuit, dans la ville inconnue, toujours en quête de nouveaux bars où chanter sa frustration de n’être pas devenue la star qu’elle voyait en elle comme une oasis que seule l’imagination atteint."



Lysiane, développe, une jalousie terrible, envers sa fille, plus aimée, qu’elle ne l’a été, par ses parents, qui réussit, où elle a échoué. Elle est emportée, blessante, maltraitante, horrible.



Ni ses parents, ni sa fille, n’émettent un reproche, ils acceptent tout, surtout ne pas l’énerver. Je vous assure que je me retenais de bondir et de lui dire ma façon de penser.



Ce n’est pas, parce qu’elle n’a pas réussi sa vie, qu’elle doit passer sa hargne, sur ses proches et surtout sa fille, qui subit son ascendant, elle essaiera de la pousser, à faire une carrière, juste pour son ego. Mais elles n’ont pas les mêmes motivations dans la vie. Et pourtant la musique aurait pu les rapprocher. "Pour Jolene, la musique se résumait à un plaisir simple, spontané comme la cueillette d’une fleur sur le bord d’un chemin. Ce n’était rien de plus que boire ou manger, rien de plus que respirer. C’était naturel. Normal et sans histoire."



Lysiane se croit tout permis, gérer la vie de sa fille, sa chose, son instrument, qui va lui permettre, croit-elle, de briller au firmament, comme elle a toujours rêvé.



Un très beau roman, sur les relations toxiques, entre mère et fille.



A l'encre rouge de Marjorie Tixier. Rouge, comme la colère, la jalousie, rouge, les humiliations, la rancune, rouge, le manque d’amour, rouge la couverture, les carnets, les stylos. C’est mon premier livre de cette autrice, mais pas le dernier.



Une très belle écriture, les pages se tournent très vite, on a hâte de découvrir la suite. Je vous le conseille. Très touchant, rempli d’émotions, beaucoup de sensibilité.

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Un matin ordinaire

Publié dans un premier temps chez Libri Nova, le roman de Marjorie Tixier est édité en ce début d'année par Fleuve Noir. Une reconnaissance méritée pour cette histoire construite et racontée de façon originale et attachante.

Dans les premiers chapitres, l'auteur présente les personnages, leur mode de vie, leurs craintes, leurs doutes et leurs interrogations. Elle laisse à penser que sous le bonheur assumé, des cadavres se cachent dans les placards. le style est clair précis mais laisse planer une ombre…

Laurence est infirmière et court une fois par semaine ses écouteurs aux oreilles

« Me voilà devant cent mètres de ligne droite, c'est comme un sorbet après un repas trop copieux. Mes jambes se détendent, mon rythme cardiaque ralentit. »

Charles, le père de Laurence souffre de la mort de son épouse Anne :

« (…) jusqu'à preuve du contraire, je crois que personne n'a encore jamais pensé à inventer les cercueils à deux places. Il y a bien des lits à deux places. »

Annie la plus jeune fille de Laurence découvre le monde des adultes

« Un jour, j'ai vu une émission à la télé où une dame cuisinait de petits oiseaux à la chair tendre, des ortolans, je crois. Elle les mangeait ensuite, comme ça, en entier. Elle gobait l'oisillon après l'avoir trempé dans la sauce, ça coulait sur son menton, c'était dégueu ! »

Edmond le père n'en revient pas encore d'avoir épousé Laurence

« Quand Laurence a bien voulu m'épouser j'ai cru qu'elle avait fait une erreur dont elle s'apercevrait très vite. Elle n'a pas changé d'avis, m'a donné deux filles, est restée la même, toute de douceur, jamais triste, juste pensive, parfois, aspirée par un rêve, un rêve de voyage probablement. »

Sans rien dévoiler de l'intrigue, tout au long de la lecture on sent qu'un drame va se produire en suivant la joggeuses dans la forêt…

D'autres éléments viennent confirmer ce sentiment :

Thérèse, la voisine, épie Laurence de sa fenêtre, un rien de nostalgie dans la tête

« Quand je m'installe, à midi pile, pour dîner (parce que moi, c'est comme ça que je dis les choses), ma poitrine se pose naturellement sur le rebord de la table. Mes seins sont ma serviette, dans quelques années, ils deviendront mon bavoir. »

Jérôme, un flic de la ville fait son boulot avec conscience.

« On est trois dans la voiture, tous en uniforme pour l'escorter. On traverse la ville, deux villages et un bout de forêt avant d'arriver au grand pré. Je connais bien le secteur, j'y passe quand je cours. C'est une prairie avec vue plongeante sur la ville et le lac. »

Claude, le banquier est sûr de lui

« J'étais mignon, si mignon qu'elles craquaient. Si j'avais eu un maître, il m'aurait fallu encore plus d'adresse pour retomber sur mes pieds, mais ça ne m'est jamais arrivé. »

La suite du récit confirme le sentiment du lecteur.

Marjorie Tixier aborde un sujet qui a fait souvent la une de l'actualité. Son récit est précis, juste, crédible sans excès. Elle décrit la lutte d'une femme pour recouvrer son intégrité physique et psychologique après une agression dont elle subit les séquelles longtemps après. le rôle de la famille est également présenté avec justesse.

La justesse de ton, une grand qualité de ce roman qui pour une première tentative sur un sujet sensible est une réussite.

A lire absolument.


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Un autre bleu que le tien

Rosanie est le premier personnage féminin de ce roman. Vingt ans plus tôt, elle a subi un traumatisme qui l’a laissée muette. Depuis, elle vit à l’écart de la foule, dans les Pyrénées, avec son mari, l’homme qui l’a sauvée physiquement et psychologiquement. C’est ensuite au tour de Félice de nous être présentée. Elle porte elle aussi les stigmates d’un passé douloureux. Amputée des deux jambes à la suite d’un accident d’escalade, elle tente de se reconstruire et fréquente quotidiennement les thermes où elle fait la rencontre de Rosanie. Malgré le mutisme de cette dernière, s’engage entre les deux femmes une discussion, qui sera un premier pas vers une affection profonde, faite de respect et de compréhension. Enfin, Estelle fait son apparition, une jeune femme que l’on sent un peu paumée, une mère célibataire qui cherche à retrouver la pièce manquante de son passé. Ces trois destins seront liés à jamais.

Disons le tout de suite, je ne me serais jamais dirigée vers ce roman s’il ne m’avait pas été envoyé par l’éditeur, tout simplement parce que je connais bien mes goûts : j’ai pressenti à la lecture de la quatrième de couverture une tonalité feel-good que je fuis en général. Je ne dénigre rien, il en faut pour tous les goûts, mais ce n’est absolument pas ce que j’aime. Bref, dans la catégorie « la vie est dure mais elle est belle et tout est bien qui finit bien », je demande Un autre bleu que le tien. Si j’ai trouvé certains passages assez intéressants, je regrette le très relatif effort concernant le suspense car il est évident que l’on devine tout très rapidement, j’en suis même venue à la conclusion que c’était voulu. Tout va très vite dans cette histoire où les éléments se dénouent en un rien de temps – je suis d’ailleurs incapable de dire si c’est plausible ou pas – et en même temps, cela m’a semblé très lent, pour la simple et bonne raison que je n’y ai pas pris de plaisir. Je n’ai pas grand-chose à dire sur le style, c’est plutôt bien écrit, avec quelques jolies tournures poétiques, mais rien de complètement bluffant. Le problème majeur reste que je n’ai rien ressenti au fil de ces 330 pages. Il y a des histoires qui nous touchent profondément, d’autres qui nous échappent. Celle-ci m’a échappé, sans regrets.


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Un autre bleu que le tien

Dès le début du roman, Rosanie nous intrigue. Elle ne parle plus suite à un traumatisme. Mais que cache-t-elle derrière ce mutisme ? Sa rencontre avec Félice, amputée des jambes, va changer son destin. Nous allons peu à peu, apprendre son secret.

Je m’attendais à de beaux portraits de femmes et une histoire forte, Certes, c’est émouvant que le destin de ces femmes abimées par la vie, mais leur portrait manque cruellement de densité. Heureusement, il y a Solen, un petit garçon timide et solitaire qu’on a bien envie de prendre dans ses bras. Mais il est bien impuissant à sauver une histoire qui se traine.

Et l’intrigue, sans surprise, se déroule mollement, desservi par une écriture affectée qui ne m’a pas touchée.

Donc, une déception (dont je me remettrai !)

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Un matin ordinaire

Comme tous les vendredis matins, Laurence Vasseur va courir une heure en forêt à côté de chez elle. Ce loisir lui permet d'évacuer son quotidien d'infirmière et de prendre du temps pour elle en-dehors de sa famille. Ce jour-là, elle est victime d'une agression sexuelle au cours de son footing. Très durement éprouvée psychologiquement, cette violente agression a des conséquences profondes sur son couple et sa famille car elle devient très angoissée et s'enferme chez elle. L'amour de son mari, ses repères quotidiens seront-ils suffisants pour retrouver une certaine stabilité ?



J'avais entendu parler très positivement de ce roman sur Internet et j'ai eu l'occasion de le trouver à la médiathèque que je fréquente.

J'ai beaucoup apprécié ce roman qui fait alterner les voix des différents personnages, y compris celle du violeur. On voit chaque partie de l'histoire sous leurs yeux et ce procédé permet de mieux comprendre l'histoire de l'intérieur, de pénétrer leur intériorité.

Le drame vécu par le personnage principal est glaçant, en tant que femme on ne peut que trembler pour Laurence, être remplie d'effroi puis de colère contre son agresseur. Ce que Laurence a vécu, c'est notre terreur à toutes et pourtant, il faut avancer, vivre sa vie quotidienne sans se laisser enfermer par cette angoisse.

J'ai trouvé très intéressant que le livre montre qu'un tel drame ait autant de répercussions sur une famille entière, que tout le monde en ressente des conséquences, cela souligne toute la violence subie par le personnage principal, le sentiment de voir sa vie lui échapper des mains et son impuissance totale à y faire face, au moins dans un premier temps.

J'ai trouvé ce roman puissant et vraiment réaliste, à tel point que je me suis demandé où était la part de fiction et la part de réalité ici. Je n'ai pas la réponse à cette question mais si tout a été inventé, c'est vraiment très vraisemblable.

Ce roman est donc difficile par le thème évoqué mais en même temps, l'auteur préserve des moments d'affection et de douceur comme les attentions de son mari pour sa femme après le drame, alors qu'au début, il faut le dire, il n'est pas forcément très sympathique, la présence à distance mais chaleureuse du père de Laurence et cela permet au roman de n'être pas exclusivement noir, tout comme les chapitres plus légers consacrés à la voisine des Vasseur qui apportent un peu d'ironie et d'humour.

Ce livre pourrait s'adresser à un lectorat féminin essentiellement, je pense qu'il peut toucher chacune d'entre nous.
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A l'encre rouge

Pendant que Pierre et Jeanne s'échinent à tenir l'auberge du petit village d'Hazebrouck, leur fille Lysiane rêve de devenir chanteuse comme son idole Dolly Parton qu'elle écoute en boucle avec son walkman.

Le jour où le beau Fred Solange pousse la porte de l'auberge, elle est immédiatement séduite et s’enivre sur sa moto, elle vole avec lui vers Lille et la musique, le succès. Elle rêve, ah s'il l'aidait, et si cet amour de jeunesse était le vrai, le beau. Ce qui n'est pour lui qu'une passade est une déchirure pour Lysiane. La déception est grande, abandonnée, meurtrie, enceinte. Elle décide d'avorter, mais Jeanne implore. Un enfant plus tard, Jolene est là, mais la vie de Lysiane est bouleversée.



Elle est belle Lysiane, avec ses cheveux blonds ses jolis ongles peints et ses envies d'ailleurs. Alors elle part et laisse son bébé aux mains de ses parents. Après tout, ils l'ont voulue, ils n'ont qu'à l'élever.

C'est un courant d'air qui débarque chaque quinzaine pendant quelques heures dans la vie de l'enfant. Une femme exigeante, sans tendresse ni affection mais de plus en plus jalouse de cet amour qui éclaire la relation entre ses parents et sa fille. Années difficiles pendant lesquelles la petite fille trouve l'amour qui lui manque auprès de ses grands-parents. Mais Lysiane est une femme jalouse, meurtrie, blessée, une mère exigeante.

Elle arrache la gamine au cocon familial et espère enfin pouvoir vivre ses rêves par procuration. Ce seront alors de longues années difficiles pour cette enfant mal aimée, ces grand-parents meurtris à qui on a enlevé le soleil de leur vie.

Puis Jolene grandit et s'épanouit loin de sa mère, loin de ses grands-parents, enfant meurtrie sauvée par la musique, celle qu'elle aime, pas celle de Dolly Parton.



L'autrice aborde ici le délicat problème d'une maternité non souhaitée, de la difficulté d'être mère, de la relation toxique qu'il peut y avoir parfois dans les familles entre parents et enfants. Mais aussi des forces et souvent des faiblesses qui s'affrontent et font que l'on ne sait pas ou ne peut pas protéger les enfants qui souffrent.



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Un matin ordinaire

Un roman choral sensible sur un fait divers hélas trop banalisé, le viol d’une mère de famille qui courait dans la forêt proche de son lotissement.



L’auteure choisit de laisser s’exprimer les émotions et ressentis de la victime mais également du mari, des filles, du père, de la voisine, de l’agresseur, du gendarme et même de la femme de l’agresseur. Nous avons ainsi un large éventail de points de vue sur un même sujet.

Mais l’auteure ne se contente pas de narrer le fait divers. Elle puise également dans le passé de chacun pour mieux apprécier le ressenti présent. Personne n’est bon ou mauvais ici, chacun a une part de faiblesse ou de noirceur, un traumatisme, un regret profond, une blessure, un manque. Et chacun a un côté positif, agréable. Des gens bien ordinaires en somme… pour un roman qui n’est pas ordinaire du tout !

J’ai aimé le style soigné tout en restant simple, la construction progressivement bien rythmée qui évite de tomber dans le répétitif. J’ai apprécié l’analyse assez fine de l’humain et surtout le fait que l’on ne discerne aucun parti pris spécifique.

Une des médiathèques que je fréquente l’a classé en jeunesse (à partir de 13 ans) bien qu’il n’y ait aucune indication à ce sujet. Pourquoi pas ?



Un premier roman très réussi, une auteure à suivre !

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A l'encre rouge

C'est parce que j'avais découvert l'auteure avec son roman précédent "Un autre bleu que le tien" (2021), que j'avais beaucoup apprécié, que j'ai eu envie de lire son dernier opus.

Lysiane, fille de restaurateurs dans un village entre Lille et la Belgique, se voit en la prochaine Dolly Parton, loin de la grisaille et de l'ennui de sa vie; mais à 17 ans, elle tombe enceinte d'un chanteur qui commence à avoir du succès, auquel elle s'est accrochée pour réaliser son rêve mais qui l'abandonne au bout de quelques jours.

Devant les supplications de sa mère, Lysiane accouche et abandonne le bébé à ses parents pour vivre sa vie à Lille. Elle rejette sa fille, Jolene, ne vient la voir que rarement, essaye de l'enlaidir en lui coupant les cheveux n'importe comment. Mais lorsque la petite à 10 ans, elle l'arrache à l'amour de ses grands-parents car elle a décidé que sa fille serait sa revanche sur la vie, qu'elle deviendrait une grande musicienne classique. Mais Jolene prendra un autre chemin, s'arrachant à l'emprise de sa mère dans la douleur et la culpabilité.

Le personnage de Lysiane incarne les dégâts que peuvent faire des rêves piétinés et le besoin de faire porter la responsabilité de ses échecs à d'autres (les parents, l'enfant d'une grossesse non désirée). On ne peut que détester cette femme aigrie, dure comme la pierre, qui ressent un profond sentiment d'injustice, mordue par la jalousie à l'égard de sa fille plus talentueuse, plus aimée.

Le personnage de Jolene incarne, elle, les dégâts que peuvent provoquer le rejet et la dureté d'une mère sur sa fille; les non-dits sur son père, la culpabilité qu'instille sa mère en lui répétant que c'est à cause d'elle qu'elle végète comme serveuse, le poids de la revanche que sa mère fait peser sur ses épaules la rongent.

C'est la musique, très prégnante dans le roman, qui permet à Jolene de sortir de sa relation toxique avec sa mère, musique qui aurait pu les réunir mais les éloigne; Jolène vit, respire la musique, c'est comme le sang nourricier qui circule dans ses veines alors que, pour sa mère, la musique n'est qu'un moyen d'être dans la lumière, d'échapper à une vie étriquée.

Ce roman sur une relation mère-fille inexistante, sur le combat d'une petite fille devenue adolescente puis femme pour sortir de l'emprise délétère d'une mère frustrée et jalouse est poignant. La couleur rouge qui teinte ce roman, en commençant par la couverture est le symbole du déchirement, de la douleur mais aussi de l'énergie créatrice, de l'amour qui unit Solène à Jan avec lequel elle partage la passion de la musique.

Malgré quelques longueurs, un bien beau roman.

#Alencrerouge #NetGalleyFrance
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Un matin ordinaire

Rituel immuable, comme chaque vendredi matin, Laurence va courir. Un moment doux, une parenthèse apaisante. Un temps pour elle, une respiration. Une musique douce dans les oreilles, la forêt, ses parfums. Loin de toute agitation, dans sa bulle, elle avance. Des pas de côté pour oublier son travail prenant d’infirmière, la routine familiale, son père malade, des foulées pour rêver à la baie de Valparaiso – un voyage fantasmé, idéal, mais impossible car son mari a une peur panique de l’avion. D’ailleurs ce dernier, de nature anxieuse, n’aime pas savoir sa femme seule dans la forêt. Tout comme leur voisine, dont Laurence devine la silhouette derrière le rideau de sa fenêtre. À les écouter, le danger est partout… mais Laurence chérit trop cette échappée belle. Pourtant, ce matin-là ne sera pas ordinaire. Sur son chemin, un inconnu se dressera. Un homme. Un monstre. Ce matin-là, rien ne sera plus jamais comme avant. Touchée, abîmée, meurtrie au plus profond de son intimité. Des sentiments mêlés d’horreur de tristesse de honte de peur… Elle refusera de porter plainte ; elle sait bien que cela ne servira à rien. Elle en a vu souvent des femmes dans sa situation, à l’hôpital. Et puis pour préserver ses filles aussi, elle se taira. Elle cheminera vers la résilience, mais à quel prix?

Judicieusement, Marjorie Tixier a tissé cette histoire de plusieurs fils, de plusieurs voix. Ainsi tour à tour, le mari, les enfants, le père de Laurence posent leurs mots leurs ressentis mais aussi la voisine, la femme de l’agresseur, l’agresseur lui-même. Et de ces voix s’élève l’histoire de chacun avec ses fêlures, ses travers, ses angoisses, ses vertiges. Une lecture éprouvante mais éclairante.
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A l'encre rouge

Une lecture sublime, incroyablement belle.



Ce livre c'est tout d'abord une écriture forte, magnifique, qui n'a rien à envier aux auteurs classiques autour de nous.

C'est ce qui m'a le plus frappée.



Et puis, c'est une histoire, celle de quelques-uns, d'une mère toxique, d'une fille abîmée par celle-ci, jalouse, envieuse, insupportable. Dès le début, j'ai ressenti une antipathie pour cette femme idiote et imbécile.

Je crois n'avoir pas autant détesté un personnage de roman.



Encore une fois, pas de résumé. C'est trop riche, trop précieux pour écrire un résumé qui serait bien fade, trop concis, trop douloureux aussi...

Je m'autorise tout de même quelques lignes en avant-première, pour les chanceux qui n'ont pas encore lu le livre, petits veinards !



Il s'agit de maltraitances d'une mère jalouse de sa fille, méchante et bornée qui laisse son enfant non désirée, Jolene, dès la naissance à ses parents restaurateurs dans le nord de la France. Ils sauront l'aimer de toutes leurs forces, un amour incroyable, pur, si beau, si profond. Sa mère veut chanter, faire carrière et ne pas s'encombrer d'une gamine.

Voilà, c'est tout ce que vous lirez, je n'en dis pas plus.



C'est tellement bien écrit, que j'ai eu la sensation d'être tout là-bas, avec tous les personnages, d'être avec eux pour les aider à mieux comprendre pourquoi tout ce malheur, cette injustice, cette douleur, ces douleurs.

J'ai eu peur pour la petite, les maltraitances d'une mère peuvent gâcher une vie tout entière, et rompre dans l'oeuf les bonheurs à venir.



J'en sais quelque chose..



Alors oui, on rit, on pleure (si, si), on se réjouit ou bien on est dans la haine profonde, mais quelle lecture forte ! J'en suis encore toute tourneboulée, encore rêveuse.



Cette lecture miraculeuse, je vous la souhaite aussi belle que déchirante.

Vous savez, amis lecteurs, ces livres que l'on n'oublie pas, que l'on relit pour le plaisir, une seconde fois, puisqu'une fois ne suffit pas à tout entendre, à tout comprendre.



Que les mauvaises mères font des dégâts !

Mais heureusement, l'enfance ne fait pas tout, et l'on est tout de même acteur de sa propre vie. Mais l'ombre maternelle n'est jamais bien loin...hélas.

Et puis une victime victimise c'est bien connu. Cette mère de pacotille n'a pas dû recevoir beaucoup d'amour finalement..

Et oui, les non-dits, les mensonges, empoisonnent les enfants même tout petits. Ils "savent" même si la parole est silencieuse (merci Mme Dolto).

La parole bienveillante, et salvatrice qui ôte toute ambiguïté. Ils en ont le droit.

Apprenons à parler "vrai", c'est essentiel.



À lire absolument, vous l'aurez compris.











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Un matin ordinaire

Laurence est adepte du jogging qui lui permet de se défouler et de s'évader. Elle cours une heure tous les vendredis matin. Ce rituel lui permet de supporter son quotidien difficile, elle travaille dans un hôpital, son père est gravement malade et elle assure la gestion de son foyer et de ses filles. Elle rêve que son mari l'emmène à Valparaiso, synonyme pour elle de paradis, éblouie par la sonorité du nom...

Thérèse la vieille voisine guette ce rituel tous les vendredis, elle sait exactement quand Laurence part et quand elle revient. Aussi lorsqu'un matin elle ne revient pas, elle appelle le mari de Laurence. Ce dernier prévient la police et part à sa recherche...

Mauvaise rencontre , Laurence va voir son équilibre voler en éclat et devoir surmonter ce traumatisme, pour cela le soutien de son mari est fantastique.

J'ai bien aimé ce roman polyphonique qui traite d'un thème courant, l'agression sexuelle mais qui ne se contente pas de retracer le combat de la victime pour surmonter sa douleur.L'auteur donne aussi la parole aux enfants de la victime mais également à la femme de l'agresseur et à ses enfants. Il est intéressant de voir l'impact qu'a ce crime sur ces deux familles et sur le voisinage car les "dommages collatéraux" sont peu souvent traités. Le crime produit un effet "rond dans l'eau" avec plus ou moins de dégât selon la position du personnage et sa place par rapport au point de chute, les ondes se déplacent vite et loin...
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Un autre bleu que le tien

Très beau moment de lecture que ce roman qui nous offre trois magnifiques portraits de femme blessées physiquement ou moralement, dont le passé est douloureux et traumatique, qu'elles ont fui au lieu de l'affronter.

Rosanie, a voulu se noyer 23 ans auparavant alors qu'elle avait 18 ans après avoir subi un grave traumatisme; mutique depuis lors, n'ayant aucun souvenir de ce qui l'a conduite à un tel geste, elle a été sauvée par Antonin qui l'a emmenée avec lui dans la montagne au-dessus de Bagnères-de-Luchon, l'a épousée et la protège avec amour du mieux qu'il peut.

Felice a été amputée des deux jambes suite à une chute alors qu'elle escaladait une paroi avec son compagnon qui en est décédé. Elle a décidé de se battre mais hésite à accepter les prothèses.

Estelle est arrivée à Bagnères-de-Luchon 5 ans auparavant, alors qu'elle avait 18 ans et était enceinte; elle vit seule avec son fils Solen qu'elle a du mal à aimer.

Ces trois femmes perdues, originaires de Dinard, qui ont peur d'être rejetées à cause de leur différence, qui essaient d'oublier leur passé pour pouvoir survivre au présent vont se rencontrer et vont pouvoir envisager un avenir grâce aux liens qu'elles établissent entre elles, grâce à l'aide qu'elles s'apportent mutuellement pour pouvoir affronter leurs failles.

Nous découvrons petit à petit le passé des trois femmes dont les mystères se dévoilent au fil de la lecture.

Le thème de l'eau comme renaissance, retour à soi est très présent dans ce roman que ce soit celle des thermes où se rencontrent Felice et Rosanie, celle du lac où le petit Solen a failli tomber ou celle, indomptée, de l'océan où se baignaient les trois femmes quand elles vivaient en Bretagne.

Ce beau roman est servi par une belle écriture pleine de sensibilité et de poésie qui nous porte comme si on se laissait aller au fil de l'eau entre douceur et violence.

Ce livre m'a, par ailleurs, permis de découvrir Aimee Mullins, souvent citée par l'auteure, qui a été amputée des deux jambes en dessous du genou à l'âge d'un an; devenue athlète handisport, mannequin et actrice, elle est le symbole d'un combat réussi contre l'adversité et a fait de son handicap un étendard auquel peuvent se raccrocher et y trouver un espoir celles et ceux souffrant d'un handicap .

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Un autre bleu que le tien

La couverture du livre est attractive ! Ce bleu du tréfonds des mers est comme un appel du pied …. De la même manière, l’eau est l’élément fil rouge de cet excellent récit où les personnages sont profonds voire même captivants. Au début du récit, on apprend à les connaître, on fait connaissance avec eux avec leur présent, leurs douleurs, leurs handicaps … Ce sont trois femmes, dont les vies vont être intimement liées … mais le récit est construit de telle manière que les indices vont se construire au fur et à mesure de la lecture. Rosanie est une femme muette, elle a perdu sa voix depuis des années, marquée par un profond traumatisme. Felice est une sportive dont les jambes ont été amputées et sa vie est un combat de tous les jours. Leur rencontre sera un des éléments fatidiques du récit. Le 3ème personnage qui apparaîtra plus tard est une femme plus jeune, Estelle, maman d’un jeune Solen, désœuvrée, en proie à un passé compliqué. De leur rencontre, va naître une belle amitié et qui sait, une avancée surprenante sur le chemin de la guérison. A lire absolument !
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Un autre bleu que le tien

J'ai d'abord aimé le titre. Puis j'ai eu un petit moment d'hésitation. Et si c'était trop "feel-good" ? A quelques exceptions près, je ne suis pas très coutumière du genre. Et si justement c'était l'exception ? Alors, je me suis lancée...Et...Le résultat fut à la hauteur de mes attentes. Alors oui, il y a une veine feel-good dans ce livre mais suffisamment délicate pour qu'elle me soit agréable.

Ce livre, c'est d'abord une histoire de résilience, de courage, une histoire de femmes.

Rosanie ne parle plus depuis 23 ans. Son mari ne sait rien de son passé. Tout a commencé entre eux lorsqu'il l'a sauvé de la noyade. Il l' a emmené loin de l'océan pour mieux mettre la distance entre elle et ses cauchemars.

Felice a perdu ses jambes suite à un accident d'escalade. Elle essaie de se reconstruire, redonner un sens à sa vie en suivant chaque jour une rééducation savamment orchestrée.

Estelle est la jeune mère de Solen. De son fils, elle ne voit que l'ombre car c'est le père de ce dernier qui lui manque et qu'elle attend, figée dans un passé dont elle ne peut se résoudre à se détacher complètement.

Ces 3 femmes portent des bleus en elle. Elle sont cabossées, blessées et pourtant elles sont en vie. Et il faut parfois juste une petite étincelle pour passer du statut "en vie" à celui de "vivante". Leur rencontre, marquée sous le signe de l'eau, va les révéler les unes aux autres mais aussi à elles-mêmes.

Le lecteur assite à cette renaissance avec beaucoup d'émotions car souvent l'auteure suggère plus qu'elle ne dit. Les mots sont pesés, tout précieux qu'ils sont. Ici, pas de place pour le superflu, mais de petites touches de poésie qi forment presque une mélodie. Celle du bonheur retrouvé. Pas tout à fait le même qu'avant. Un autre. Pas du même bleu mais tout aussi intense. Un très beau moment de lecture.
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Un autre bleu que le tien

Rosanie est originaire de Bretagne, elle vit à Luchon dans les montagnes avec Antonin qui est aujourd'hui son mari. Il y a 23 ans Antonin l'a sauvée de la noyade, Rosanie ne voulait plus de ce monde. Un grave traumatisme lui a fait perdre la voix. Elle vit dans le mutisme depuis. Antonin veille sur elle, c'est son amour mais parfois le silence pèse...



Rosanie est correctrice, après avoir entièrement décoré et aménagé le chalet perdu dans la montagne, il fallait bien trouver une occupation pour remplir sa vie. Le soir, elle brode inlassablement des roses sur des pochettes avant de s'endormir, cela l'apaise.



Un manuscrit est arrivé, du travail en perspective mais sans savoir pourquoi, Rosanie n'a pas envie de s'y mettre, ses cauchemars sont revenus, l'eau l'attire à nouveau. C'est plus fort qu'elle, nécessaire. Elle se rend aux thermes de Luchon et va y faire une rencontre qui va bouleverser sa vie sans le savoir.



Aux thermes, une autre femme, Felice. Elle aussi a subi un énorme trauma, suite à un accident d'escalade, elle a perdu ses deux jambes et bien plus, son compagnon Eliott et sa vie d'avant. Elle aussi enfouit son passé.



Chaque matin, Felice se rend aux aurores aux thermes, début du long chemin de sa rééducation et de l'acceptation de ses prothèses.



Les deux femmes s'observent. Rosanie admire sa force, sa détermination. Felice admire ses jambes et est intriguée par le mutisme de Rosanie. Mais qui se cache derrière ce prénom de conte de fées? Felice va le savoir car les deux femmes vont rapidement devenir amies, trouver l'une dans l'autre, la force et le courage, la motivation pour avancer.



Elles ont tant de choses en commun.



Un manuscrit à traduire, une lettre reçue vont changer le cours des choses pour Rosanie.



D'autres personnages comme Estelle, une jeune femme et son fils viendront apporter une autre dimension au récit mais je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de cette belle découverte.



C'est construit comme un thriller, un roman polyphonique où les femmes s'expriment tour à tour, le voile se levant petit à petit. L'écriture est addictive, fluide, dynamique, imagée. Les personnages m'habitaient et me tenaient compagnie durant la lecture, impossible de laisser le livre, l'envie de le finir, de connaître le fin fond de l'histoire. J'ai vraiment passé un excellent moment de lecture, le plaisir était vraiment au rendez-vous.



Un roman qui parle des traumas, du passé, de l'acceptation de celui-ci mais aussi du regard des autres face à un handicap. Un récit qui parle des bleus à l'âme, à vaincre, à surmonter pour trouver le chemin de l'acceptation, de la reconstruction et de la renaissance. Une ode à la vie.



Ma note : il n'a pas manqué grand chose pour être proche du coup de coeur 9/10


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Il a écrit : "Tous les peintres impressionnistes pèchent par insuffisance technique. Dans les arts comme dans la littérature, la forme seule soutient les idées nouvelles et les méthodes nouvelles. Pour être un homme de talent, il faut réaliser ce qui vit en soi, autrement on est qu'un pionnier. Les impressionnistes sont précisément selon moi des pionniers. Un instant ils avaient mis de grandes espérances en Monet ; mais celui-ci paraît épuisé par une production hâtive ; il se contente d'à-peu-près ; il n'étudie pas la nature avec la passion des vrais créateurs. Tous ces artistes-là sont trop facilement satisfaits. Ils dédaignent à tort la solidité des œuvres longuement méditées." (Indice : le bonjour d'Alfred !)

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