AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de le_Bison


Je suis réveillé de bonne heure par un cri inquiétant et incessant. Je ne me dis pas : Ce sont les cris d'une femme, d'un ours ou d'un cheval.
Je ne dis rien. Je sens mon cœur battre plus vite, s'emballer. Pendant un instant, j'ai l'impression que la terre tremble et va s'ouvrir, que je suis pris dans les mâchoires d'un immense accident. Je saute hors du lit, j'enfile mon pantalon, je mets mes bottes et je cours hors de la maison. Je cours tout en passant ma chemise. Le bruit paraît surnaturel, aussi furieux que le hurlement d'un dieu courroucé. Je cours vers ce bruit parce que je suis convaincu de ne pouvoir y échapper.
Mon esprit parcourt le rapide catalogue des victimes. Il y a le cri de l'homme coincé sous un derrick cassé et écroulé, cri de douleur et de stupeur intenses ; le cri d'un couguar qui a pris une balle dans le ventre, d'un aigle à tête chauve tombé dans ce que j'imaginais alors être un combat perdu, combat familial ou sexuel. Je sais maintenant que tous ces sons ne font qu'un, un son qui dépouille les os de leurs muscles, qui réduit l'auditeur à l'état de squelette vibrant, nu et blanc comme un diapason d'ivoire. Je cours plus vite. Je pense à un ermite fou, accablé par le poids de sa solitude. Je pense que c'est ce que je risque de trouver. Je pense au hurlement comme à une prière folle, déchaînée, arrachant un homme à ses passions.
Le cri m'attire vers son centre, contracte et relâche mes tendons et mes ligaments, précipite mes genoux en l'air, rend tout mon corps élastique et rapide, sous l'effet de la peur. Ce n'est pas tant que je veux connaître la source du bruit. C'est que je veux le faire cesser.
Commenter  J’apprécie          225





Ont apprécié cette citation (21)voir plus




{* *}