Malgré le dédain non dissimulé des frères Young envers le punk, qui, quoi qu'ils en disent, était également un mouvement social que leur insularité ne leur permettait pas d'appréhender correctement, AC/DC avait bien plus en commun avec l'esprit anarchique des punks qu'ils ne voulaient l'admettre. Au début de son séjour à Londres, le quintette partageait souvent les affiches des clubs anglais avec des groupes punks, et il faut reconnaître que ce qu'ils jouaient était d'une intransigeance suffisante pour être accepté par des fans de punk. Mais comme Angus et Malcolm le comprirent instinctivement, les réels partisants d'AC/DC seraient des jeunes qui en auraient assez de la suffisance des rockers classiques, et qui ne se sentiraient pas à l'aise avec la position conflictuelle et politisée des punks.
Malgré ses excès, la rébellion de Bon Scott n'était ni nihiliste ni antisociale. De plus, il avait toujours maintenu une relation pleine d'amour et de respect avec ses parents et était infailliblement estimé par ses amis et ses fans. Mais toute sa vie d'adulte fut bâtie autours de son rejet de la norme et de l'ennui de la classe sociale dans laquelle il avait été élevé, et la toute-puissance de sa rébellion personnelle se reflétait à la fois dans son chant et dans ses paroles. Le rock a donné un nouveau sens à sa vie, et lui a donné une nouvelle famille.
"C'est très facile de devenir en un instant un groupe dont on parle beaucoup", se moqua Angus plus tard. "Les Sex Pistols ont prouvé qu'il était facile de parvenir à la célébrité immédiatement, mais ils n'ont pu jouer nulle part et ils se sont séparés. Le punk a bien plus à voir avec la mode qu'avec le rock. AC/DC est un groupe qui bosse dur, on est des prolos, pas des anciens étudiants des Beaux-Arts, comme beaucoup de musiciens punks."
Le mouvement punk reprochait au rock classique d'être devenu paresseux et de n'avoir plus aucun rapport avec l'énergie rebelle qui était sa source d'inspiration originale. Poussés par cette même frustration juvénile qui avait nourri le rock à ses débuts, beaucoup de punks reconnurent ce qu'ils avaient en commun avec AC/DC.
Le rock'n'roll, c'est la voie pour donner libre cours à toutes nos frustrations. Manque d'argent, manque de femmes, manque d'alcool, manque de quoi que ce soit, le rock, c'est un moyen pour faire sortir tout ce que tu ressens quand t'as mal.
Propos de Bon Scott.
Quelles que fussent ses origines, le personnage théatral dément que joue Angus ajouta un côté surréaliste à l'image relativement simple qu'AC/DC avait au début. Il symbolisa ainsi fortement, et un peu bizarrement aussi, la rébellion sociale implicite du groupe.
Vers la fin des années 80, un journaliste s'est plaint dans un article de ce qu'AC/DC avait fait dix albums qui se ressemblaient tous. Quand cette accusation lui fut répétée, le membre le plus facilement reconnaissable de la bande, Angus Young, co-fondateur du groupe et lead guitariste, répondit sans hésiter :
"C'est un menteur. Nous avons fait onze albums qui se ressemblent tous."
Récemment, plusieurs personnes estimant devoir préserver la morale publique ont tenté de lier la musique d'AC/DC à toutes sortes de dépravations, allant du satanisme au meurtre en série, en passant par la perversion sexuelle.