Martin McDonagh

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas une bourgade tendre et riante, Leenane. Non, définitivement non, ce n’est pas là que je vous conseillerais d’aller vous installer : difficile de faire plus glauque et sordide que cette Irlande profonde telle que la représente McDonagh.

L’Ouest solitaire est donc une pièce sur la fraternité - enfin pas celle du fronton de nos mairies, du moins j’espère, plutôt celle des vieilles histoires, style Abel et Caïn, un lien fort pas de doute mais pas joli-joli. Et certes, il y a de l’humour un peu à la Tom et Jerry dans les sales coups que Valene et Colemane s’infligent, mais du genre à provoquer un rire qui reste coincé dans la gorge et qui grince, tandis qu’on s’interroge: mais lequel est le pire? Le pire en fait, c’est qu’il y a presque quelque chose d’attachant dans ces deux pourritures qui ne sont pas non plus des masses gâtées par la vie.

Pourtant pourtant il y a bien deux personnages qui pourraient les aider - les sauver?

Il y a Welsh, le prêtre alcoolique, désespéré par la noirceur de ses paroissiens, bien obligé de reconnaître qu’il n’est pas fait pour cette ville - Bon, en vrai, ce n’est pas seulement parce qu’il prend les choses trop à cœur, il en est conscient: « En fait, faudrait que j’ai tué la moitié de ma famille pour être fait pour cette ville. » Et malgré tout, jusqu’au bout, ça reste un objectif pour Welsh, d’empêcher Val et Coleman de s’entretuer, de restaurer cet amour fraternel qui manque cruellement entre eux, un truc qui lui tient vraiment à cœur et ça cloue un peu le bec de voir son ultime tentative pour les réconcilier.

Et puis il y la belle Girleen, et il ne fait pas de doute qu’une présence féminine, ça ne leur ferait pas de mal à ces deux-là. Mais, et on la comprend bien, Girleen préfère le père Welsh qui certes ne respire pas la joie de vivre mais a indéniablement des notions d’humanité beaucoup plus étendues que nos frères terribles.

Martin McDonagh a beaucoup de talent mais si vous vous sentez une envie de fleurs bleues passez votre chemin!



Merci Bookycooky, très heureuse d’avoir découvert cet auteur!