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4.25/5 (sur 10 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 20/05/1950
Biographie :

Martin Melkonian est écrivain, éditeur et peintre.

Né dans une famille arménienne du Faubourg-Saint-Martin, il est notamment l’auteur d’une suite autobiographique : "Le Miniaturiste" (1984), son premier livre, prix Thyde Monnier de la Société des gens de lettres, "Désobéir" (1986), "Loin du Ritz" (1988), "Les Marches du Sacré-Cœur" (1995), "Monsieur Cristal" (1997), "Le Clairparlant" (2000).

Ses autres livres comme, par exemple, "Le Corps couché de Roland Barthes" (Armand Colin, 1993), "Clara Haskil, portrait" (Josette Lyon, 1995), "De la boulimie et de la privation" (Armand Colin, 1993) ou "Edward Hopper luttant contre la cécité" (éditions d’écarts, 2005) engagent un dialogue avec des figures de notre mythologie contemporaine.


Source : http://www.acam-france.org
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Martin Melkonian. Arménienne.


Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Il faut beaucoup de maîtrise de soi pour éviter de considérer certains signes du destin comme des menaces. Par exemple, ce Pleyel qui est offert à Clara en 1910 en récompense de son premier prix de piano obtenu au Conservatoire de Paris. Eh bien, Berthe le vend six ans plus tard afin de permettre à Jane, sa fille cadette de poursuivre des études musicales… Clara se trouve au moment de la transaction entre vie et mort à Berck-sur-mer, où elle est sans compagnie, presque sans bagages.
Nous savons ce que représente pour elle le meuble encombrant : un rêve, un territoire, une grappe dorée de souvenirs, le minerai brut de la nostalgie. « Une enfant appuyée au long piano d'ébène», écrit dolemment Anna de Noailles. Appuyée. Comme à un bastingage.
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Toute une vie. Rien. Tous ces gestes. Rien. Ses paroles, ses écrits. Rien. L'enfant que la mère tient par la main ; l'adolescent timide revêtu d'un costume mal taillé ; le jeune homme mince en tenue de sport ; le militaire aux yeux cernés ; l'homme plus tard se voûtant, déjà ramassé sur un lot de photographies jaunies. On mettrait ça dans une poubelle. Sans regrets. L'individu avec.
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Je cherche un cahier. Je cherche un crayon à la mine de plomb ou une pointe Bic ou un feutre. Je cherche un lieu pour écrire. Les mois passent. Je commence dans ma tête, sur des bouts de papier en couleur, des cahiers de divers formats. Je n'arrête pas de commencer. Ma tête bourdonne. Les papiers, je les déchire. Sauf un, sur lequel j'ai écrit : "Je n'ai pas la bonne langue pour parler d'elle."
J'ai acheté un cahier à petits carreaux. J'ai choisi un feutre noir. Je vais dans les bibliothèques publiques. Cette mise en place est en soi un roman. Un roman pour aller vers elle.
Maman. Une mère. Ma mère.
Arménienne.
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Tout l'art de la communication littéraire est contenu dans l'aveu (qu'il soit sincère ou pas, maquillé ou pas, celui d'un homme vil ou pas : il doit avoir un accent de vérité, nous libérer de l'empire du générique, nous désengager, compromettre). L'aveu, qui est le symptôme du partage. L'aveu, sans lequel le mystère littéraire ne saurait s'épanouir pleinement. Or Roland Barthes ne nous montre pas la photographie du jardin d'hiver ; or le lieu de sa villégiature et réduit à une lettre capitale et à un point ; or sa marche est écrasée par le poids d'une pratique ancestrale.
Nous lisons maintenant un monde lu. Nous lisons une écriture pédagogique. Elle statue, elle radote, elle met en spectacle l'acte de la scription, elle l'affiche avec une volonté insupportable de recouvrement physico-critique.
(...)
L'écriture, traversée par un manque (banal) que son producteur ne sublime pas, endosse de façon disproportionnée les "problèmes personnels d'aliénation amoureuse". Il n'est dès lors pas étonnant que tard dans sa vie, Roland Barthes se soit interrogé sur le statut de l'écrivain - sur son propre statut. De fait, en amont, nous sommes incapables de répondre à cette question "Qui est-il ?"
Nous restons à la surface de l'être, sans doute requis par son pressentiment (son désir de transcender une posture), mais déçus de ne pouvoir louer un au-delà formel et existentiel. Nous ne pouvons qu'enregistrer l'infinitésimal progrès de la personnalité extérieure enfermée à ciel ouvert.
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texte court mais très dense; démythification acide (non caustique) des motivations d'écritures d'un Roland Barthes "soucieux de construire sa propre figuration"; analyses très pertinentes et questionneuses de la place de "l'écrivain" dans le système de "la littérature" ainsi qu'un style très vif malgré quelques passages hermétiques de Martin Melkonian, dont je découvre l'écriture avec grand intérêt; évocation en comparaison des motivations à l'écriture de Proust qui lui semblent plus incarnées, de l'intérieur de celles de Barthes... Livre très troublant car on est tenté de croire ou de voir selon notre porosité aux arguments de l'auteur, que la plus importante de ses motivations à oeuvrer était un manque aride à une individuation sourçante, extraordinairement dénié par le biais d'une oeuvre monstrueuse faisant écran à une douleur intraduisible, surtout romanesquement, ainsi qu'à sa solitude d'homme trop fixé à son histoire d'orphelin et de surcroît chéri, investi du rôle "d'homme" de la famille, par sa mère...
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L'être sensible est par excellence un être amoureux : l'abandon est sa source. Chaque fois que l'amoureux exerce sa sensibilité, il prend pour ainsi dire un bain. Au lieu d'apprendre, il se déleste. Chaque fois que l'être sensible se déleste, il prend des airs de papillon – l'extrême légèreté est son rêve (« tous les parfums, ni gravité ni pesanteur » dit une chanson).
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Martin Melkonian
Dans Conversations au bord du vide : Aller vers quelques uns. Je ne suis jamais arrivé à les atteindre. Je partais en expédition, prêt au partage - alors ? - alors, rien, une épouvantable idéologie de l'amitié qui gagnait les cours, en fait un dénuement moral. Il ne faut jamais oublier, quand on lit Melkonian, son état à jamais d'enfant unique, unique rempart aussi de ses parents contre leur propre vide, et donc, dès cet humble appartement parisien du Xe arrondissement, voué à la solitude. Dans Un petit héros de papier, on sent bien que le narrateur tente à sa manière d'élargir le cercle dans lequel il évolue, de conjurer cette solitude. Il convie ses lecteurs dans sa bibliothèque idéale. Les livres ont été et demeurent ses amis, ses complices. Mais par l'écriture, c'est une toute autre affaire. Ses lecteurs, il a l'ambition de les inscrire avec cet espoir immodeste, excessif, amoureux, de les habiter un peu.
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Martin Melkonian
« Ceux qui pensent que le journal intime n’est qu’une logorrhée complaisante omettent qu’il faut aussi de l’inspiration pour énoncer la vie chaude, fumante, parturiente, qui sort de chacun de nous sans laisser de traces visibles. Le désir de la trace cherche à convoquer un amour plus vaste, qui n’a rien à voir avec le bien-être personnel, la paix intérieure que prônent marchands de thérapies et de spiritualité. L’hyperindividualisme ambiant, ainsi que le narcissisme médiatique, ont beau jeu de condamner cette part intime qui réclame pourtant des soins et, au fond, le respect de la personne. Étrange renversement : le journal intime est un gage de pudeur circonstanciel. Freiner in vivo le bavardage sur soi afin d’extraire, dans le silence neigeux de la page journalière, nos beautés incorruptibles. Ces beautés – second renversement – ne sont pas personnelles. Elles ressortissent à l’ordre caché du monde. […]
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Martin Melkonian
Paradoxalement (paradoxe apparent), si j’écris encore en mon nom, c’est pour mieux disperser ce qui n’a plus lieu d’être en mon nom ; c’est pour apprivoiser l’absence d’un jour prochain, faux trouble d’une disparition annoncée […].
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Martin Melkonian
Mais en même temps qu'écrire signifie le manque d'alter ego, la cruelle et moderne absence de l'autre, il faut à tout prix conjurer la bien réelle solitude de ce carrefour. Aussi le lecteur est-il convié à la réflexion - écrire, c'est être aussitôt relié - et l'écriture est-elle vécue comme un partage. Martin Melkonian se trouve encore et toujours à la recherche d'une créature camarade à la sensibilité concertante, comme il le dit d'une manière si émouvante dans Le clairparlant.
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