Cette nuit-là, juste après m’être endormi, je rêvai qu’une vieille dame jaguar tachetée me tenait tendrement mais implacablement entre ses griffes et me léchait le visage de sa grande langue râpeuse. Elle cessait par moments et me murmurait des secrets à l’oreille en un sourd grondement qui n’était pas sans rappeler un orage lointain. Elle m’apportait la connaissance, m’expliquait la substance de ma destinée encore hermétique pour moi. Tremblant et heureux, je me réveillai au beau milieu d’une de ces séances de débarbouillage, sachant que la dame jaguar était ma femme-esprit, l’oratrice dont les secrets issus de la terre originelle m’ont gardé en vie jusqu’à aujourd’hui. Il s’agissait de cadeaux en provenance de l’autre monde que je recevais pour avoir libéré les prisonniers que j’avais par ailleurs bien traités, les bébés jaguars de retour vers la Terre florissante, vers les étendues sauvages, vers le pays des rêves. Il s’agissait des secrets du jaguar.
Il n’existe aucun mot, aucune expression, en tzutujil, qui permette de dire: je vais quitter ma maison. Tout ce que cette langue peut vous autoriser à faire, c’est quitter un endroit qui n’est pas votre maison, pour rentrer chez vous. [...] L’action d’aller n’existe pas, elle fait partie de l’action de revenir. Quoi que vous puissiez faire, vous prenez toujours la direction de votre foyer.
Cette nuit-là, juste après m’être endormi, je rêvai qu’une vieille dame jaguar tachetée me tenait tendrement mais implacablement entre ses griffes et me léchait le visage de sa grande langue râpeuse. Elle cessait par moments et me murmurait des secrets à l’oreille en un sourd grondement qui n’était pas sans rappeler un orage lointain. Elle m’apportait la connaissance, m’expliquait la substance de ma destinée encore hermétique pour moi. Tremblant et heureux, je me réveillai au beau milieu d’une de ces séances de débarbouillage, sachant que la dame jaguar était ma femme-esprit, l’oratrice dont les secrets issus de la terre originelle m’ont gardé en vie jusqu’à aujourd’hui. Il s’agissait de cadeaux en provenance de l’autre monde que je recevais pour avoir libéré les prisonniers que j’avais par ailleurs bien traités, les bébés jaguars de retour vers la Terre florissante, vers les étendues sauvages, vers le pays des rêves. Il s’agissait des secrets du jaguar.