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Citations de Martin Winckler (760)


Certains médecins, on se demande d'où ils sortent. On se demande s'ils se souviennent qu'ils n'ont pas toujours été médecins. On se demande s'ils ont été jeunes, un jour. On se demande si ça leur est arrivé de souffrir et d'avoir à aller chez le médecin. (p. 246)
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J'ai senti la colère monter en moi et je suis allé demander ce qu'on lui avait fait, j'avais envie de frapper.
La réanimatrice m'a dit qu'ils le laissaient se reposer, mais qu'ils allaient recommencer.
J'ai dit : laissez-le tranquille. Il a soixante-dix ans. Il est hémiplégique à cause de l'intervention. Il a une pneumonie. Vous pensez vraiment que vous allez le remettre en état ? Vous voulez vraiment le maintenir comme ça indéfiniment avec des tuyaux dans les bras et un autre dans l'oesophage ?
Vous trouvez ça digne, vous, de lui coller ce spaghetti en latex dans le nez sans rien lui dire, sans rien lui demander, de vous y mettre à trois ou quatre pour le tenir et, quand vous voyez qu'il ne veut pas, de le planter là sans essuyer le sang de son visage jusqu'à ce que sa femme ou son enfant débarquent avec leur espoir de le voir mieux et le découvrent ligoté comme un passant qu'on vient d'attaquer dans une ruelle sombre ?
Vous appelez ça soigner ?
Laissez-le tranquille !
Elle m'a regardé, m'a fait un sourire maternel.
"Je vais réfléchir à ce que vous venez de me dire".
Je l'aurais tuée de mes mains.
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"Le corps d'un patient n'est ni un tube à essais, ni un cahier de brouillon."
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"Que puis-je faire pour vous ?"
C'est pour ma fille. Elle voulait pas venir mais je l'ai obligée.
C'est pour mon petit garçon. Il ne mange rien. Il fait encore pipi au lit. Il veut pas dormir. Il me fait des colères. II hurle dès que j'éteins la télé. Il se réveille la nuit et il vient dans notre lit, je suis obligée de le prendre avec moi pour qu'il dorme, et comme mon mari embauche à cinq heures, il va dormir dans le lit du petit. (Ou bien) Il est pas propre. Il parle mal. Y a pas moyen de lui faire manger de la viande. Il est infernal à l'école, les maîtresses s'en plaignent. (Ou-bien) Il a été enrhumé pendant trois semaines et il a eu des antibiotiques deux fois et il arrive pas à s'en remettre, faut m'arranger ça. (Ou bien) Il n'aime que les yaourts et le pain beurré, le goûter c'est son meilleur repas. Je le trouve pas gros, il faudrait lui donner des fortifiants.
C'est pour ma visite du deuxième mois, je sais que c'est pas obligatoire et je suis pas malade mais puisqu'on est remboursés...
C'est seulement pour lui faire enlever ses points de suture, mais il a peur.
C'est pour renouveler ma pilule, mon traitement pour les veines, mon calmant, mon médicament pour le cœur, ma pommade pour les hémorroïdes.
C'est pour renouveler ma prise en charge à cent pour cent, mon ordonnance d'insuline, mes pansements d'ulcères de jambe par l'infirmière tous les jours matin et soir y compris les dimanches et fériés pendant un mois.
C'est pour ma prise de sang qu'on fait tous les mois rapport au taux de prothrombine ce mois-ci y avait trente-cinq au lieu de vingt-cinq le mois dernier mais j'ai mangé des poireaux et surtout vous n'oubliez pas de me marquer à domicile sur l'ordonnance, l'autre fois j'ai pas pu me faire rembourser, merci.
C'est pour un papier que j'ai reçu de la sécurité sociale de l'hôpital de l'assurance de la mairie et j'y comprends rien on m'a dit qu'il fallait que je vous le fasse remplir.

"Qu'est-ce qui vous amène ?"
Rien de neuf, que du vieux.
En tout cas, j'amène pas le soleil.
Ah, je me serais bien passé de venir.
Je vous amène ma mère, elle consultait un docteur à Tourmens mais elle ne veut plus le voir, elle s'est fâchée avec lui parce qu'il a voulu la faire opérer alors qu'elle ne voulait pas...
C'est pas pour moi mais pour mon mari. Il ne veut pas venir vous voir, alors je me suis dit que j'allais vous en parler, parce qu'il faut vous dire que depuis six mois il n'arrête pas de tousser et de boire et de se mettre en colère après moi les enfants tout le monde, et son patron a dit que si ça continue il ne pourra pas le garder.
Je venais juste vous dire que ma grand-mère est décédée avant-hier et que les obsèques ont lieu demain.
Je venais pour vous montrer mon résultat d'examen.
Je venais vous demander si par hasard vous pourriez pas me dépanner. Voilà : je suis toxico et en ce moment je décroche et j'ai besoin de morphine en comprimés parce que le protocole c'est ça, on décroche en prenant de la morphine à doses dégressives, c'est un médecin de Tourmens qui m'a prescrit ça... vous le connaissez sûrement, le Docteur Bober, à l'hôpital... C'est que je dérouille en ce moment alors si vous vouliez bien me prescrire de la morphine en comprimés, quelques-uns seulement, le temps de rentrer chez moi, non je suis pas d'ici, non j'ai pas de famille dans le coin juste des copains et je suis de passage mais j'ai besoin que de quelques comprimés...
Je viens parce qu'on m'a parlé de vous, il paraît que vous savez bien soigner l'asthme/la sinusite/les verrues/les migraines/la dépression/les rhumatismes/les furoncles/les personnes âgées et que vous êtes très doux avec les enfants. C'est ma voisine dont vous soignez la tante qui l'a dit à sa sœur qui habite près de chez ma belle-mère. Alors je me suis dit que j'allais venir vous voir, ça ne coûte rien d'essayer, hein ? on cotise assez pour ça. Mais je vous préviens, moi je suis un cas !

"Comment allez-vous, depuis la dernière fois ?"
Pas bien, sinon je serais pas venu !
Il faut bien que ça aille, sinon ça n'irait plus.
Moi, ça va, c'est ma femme qui ne va pas.
Mieux. C'est pas encore ça, mais c'est mieux.
C'est pareil. Vos remèdes ne m'ont rien fait.
C'est pas pire, mais j'ai toujours du mal à dormir.
Eh bien, j'ai plus mal, mais maintenant ça me démange.
On fait aller.
Vous allez me disputer, je n'ai pas pris mes médicaments comme vous me l'aviez dit, quand vous m'avez trouvé une tension plus forte, vous aviez dit qu'il fallait que j'en prenne un le matin et un le soir mais au bout de trois jours, comme je me sentais bien, j'en ai pris seulement le matin. Du coup, évidemment, la boîte a duré plus longtemps, alors je ne suis pas revenue au bout de trois mois comme vous me l'aviez dit, vous allez sûrement me disputer...
Très bien, mais je suis à court de médicaments alors je venais pour mon renouvellement.
Pas mal, mais vous m'aviez demandé de repasser pour voir si tout était rentré dans l'ordre.
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Mais tant qu'on n'est pas mort, on n'est pas vaincu.
Tant qu'il y a de la vie, la lutte continue.
La seule vraie défaite, c'est la fuite.
Et si j'ai appris quelque chose ici, c'est à faire face.
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De temps à autre, l'une d'elles reste entièrement habillée, la main sur la poignée du sac, signifiant ainsi qu'elle n'a pas l'intention d'y passer la matinée, d'ailleurs elle vient pour une toute petite chose.

Il y en a qui croisent les jambes et s'installent confortablement pour parler,
si elles venaient prendre le thé.

Il y en a qui restent les jambes serrées le sac posé sur les genoux ou les mains jointes et parlent en regardant le sol ou leurs mains ou la fenêtre, enfin partout sauf devant elles.

Il y en a qui...
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- Alors n'invoquez pas des motifs à la con ! Quand une femme demande une contraception, c'est qu'elle en a besoin. La demande se suffit à elle-même. Le médecin de Sabrina aurait dû se contenter de faire son boulot, c'est-à-dire lui demander ce qu'elle voulait savoir et lui donner le plus d'informations et d'options possible. Si elle avait envie d'en dire plus, libre à elle. Mais non, il lui est... rentré dedans avec sa question toute naturelle » et...
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L'effet le plus pernicieux de la suprématie psychanalytique en France apparaît dans la propension qu'ont beaucoup de médecins français (y compris quand ils ne sont pas psychanalystes) à décréter qu'ils savent ce qu'un patient pense, même (et surtout) si ces pensées sont inconscientes. Comme s'ils pouvaient les lire. Cette incroyable vanité (...) conduit ainsi des praticiens à prononcer, au sujet de chaque parole ou de chaque geste de patient, des interprétations qui sont autant d'oracles.
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... et je m'ouvre à ses plaintes, à ses peurs, à ses pleurs...
... ses espoirs, ses désirs, ses échecs, ses plaisirs, je me fonds dans son air, son couplet, sa ballade, son chant solo montant du chœur de femmes.
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Le pouvoir est incompatible avec le soin. A fortiori, avec l'enseignement du soin.
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Sauver la vie était le blason des médecins; donner la mort, un privilège de leur caste.
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Tu n'as pas de jugement à porter... mais tu en porteras quand même. Et ils reviendront te frapper en pleine gueule.
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" Je vais d'abord m'occuper de la douleur";
Une fois soulagés, ils pouvaient exprimer leur souhait.
Pour certains, l'entrevue se limitait à ça: ils ne voulaient plus avoir mal et lorsqu'ils n'avaient plus mal, ils se remettaient à sourire, à recevoir des visiteurs, à jouer aux cartes ou aux échecs avec leurs vieux copains et leurs petits-enfants. A lire. Ils retrouvaient une vie de relation. Ils ne demandaient rien de plus. Ils s'étonnaient que personne avant moi ne soit parvenu à les aider. Est-ce que je disposais de médicaments..ou de.." pouvoirs" particuliers?
Ce que j'avais dans ma sacoche, tous les médecins y avaient accès. Mais beaucoup avaient peur. De quoi? Je ne sais pas. D'être trop puissants? De dépasser leur but? Quelle blague. Quelle illusion. Quelle vanité.
La douleur précipite dans un cercle vicieux. La morphine amorce un cercle vertueux. Dès qu'un homme souffre moins, son angoisse diminue. Et, parce qu'il a moins peur, il souffre moins.
Je n'ai jamais eu peur de trop soulager. Quand la douleur est intolérable, personne ne doit la tolérer.
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- Tout le monde ment. Les patients mentent pour se protéger ; les médecins mentent pour garder le pouvoir.
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[Une interne en médecine, service gynéco]
Qu'est-ce qu'il me chante, là ? J'ai déjà vu des patrons faire sortir des internes parce qu'ils veulent bavarder tranquillement avec un ami ou une relation, ou même pour se rincer l'oeil tranquillement sur une nana bien roulée, mais je n'ai jamais entendu parler d'un praticien qui met l'interne dehors lorsque la patiente le demande ! Comment peut-il avoir la prétention de m'enseigner quoi que ce soit s'il me fait sortir à tout bout de champ parce que telle ou telle gonzesse ne veut pas que je voie ses fesses ?
(p. 35)
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Le meilleur moyen de croire qu'on est important, c'est d'afficher les valeurs les plus traditionnelles.
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Soigner, ce n'est pas décider à la place du patient, mais l'accompagner et l'épauler dans ses décisions (...) Quels que soient les soins et traitements qu'on délivre, nul n'a le pouvoir de guérir les autres. Qu'il s'agisse d'une pneumonie, d'une dépression ou d'une leucémie, quand la guérison survient, c'est toujours le PATIENT qui guérit. Avec ou sans l'aide des soignants.
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On ne voit pas le temps passer, on voit seulement qu'il a passé. Et quand tant de jours ont disparu de la mémoire, 'il y a longtemps' ressemble à 'hier'. Dans nos mémoires, tous les moments passés sont contigus. Certains sont plus nets que d'autres, mais pas parce qu'ils sont plus récents. Seulement parce que nos émotions les ont colorés plus vivement.
(p. 17)
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Elles sont drôles les femmes. Elles ne veulent pas faire comme leur mère. Elles ne veulent pas subir ce que leur mère a subi. Ou fait subir à leur père. Elles veulent prouver qu'elles sont de bonnes filles ; elles ont la trouille de n'être qu'une bonne femme de plus. Elles ont peur, au fond, que leurs bonshommes, grands ou petits, jeunes ou vieux, puissent se passer d'elles. Elles sont drôles, les femmes, d'aimer des hommes qui les aiment aussi mal et de fabriquer des petits bouts d'homme qui aimeront d'autres femmes encore moins bien qu'ils ne les aiment, alors même qu'ils ne les aiment pas comme elles l'auraient voulu. Quand à leurs filles...
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- Vous voyez mes cheveux [noirs et bouclés] ? Les leurs sont fins et blonds comme les blés. Comme ils ne sont pas stupides, ils ont anticipé : j'avais six ou sept ans quand ils m'ont expliqué mon adoption. Je me suis toujours sentie privilégiée. Plus tard, à l'école, une de mes camarades a cru m'insulter en me disant : 'T'as vu ta tignasse frisée ? T'as été adoptée ou quoi ?' Je lui ai répondu : 'Ouais ! Mes parents m'ont choisie. Les tiens n'ont pas eu cette chance.'
(p. 503-504)
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