Martine Audet

Xavier-la-lune ne s’appelle pas ainsi pour rien : il est toujours dans la lune. Et à l’occasion de ce premier jour d’école qui l’inquiète tout de même un peu, sa mère l’a bien avisé de ne pas apporter la lune avec lui. Mais il faut croire qu’elle l’a suivi puisque Xavier n’a pas été long à la retrouver, au détour d’une phrase ou d’un mot.



Album illustré par Luc Melanson portant sur les rêveurs sans qu’ils ne soient pointés du doigt parce que différents des autres, Xavier-la-lune que signe la poète Martine Audet que j’aime beaucoup, qui a dû rêveuse à ses heures tant elle connaît le procédé, est un album qui m’a ravie, Oui, ravie. (J’avoue, il y a du Xavier-la-lune en moi.)



Intelligent et ludique, l’album devrait faire partie de toute bonne bibliothèque scolaire.
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Sur les pages de gauche de ce recueil, des cercles dans lesquels flottent de minces traits noirs, des formes se détachant d'un fond gris qui laissent la lectrice que je suis perplexe.

Serait-ce des spermatozoïdes sous la lorgnette d'un microscope? Rien n'est sûr.

Sur les pages de gauche donc, des formes inutiles puisqu'il est impossible d'y donner du sens ou si peu.



Sur les pages de droite, d'autres traits noirs s'alignent, prennent la forme de lettres, qui se juxtaposant prennent la consistance de mots. Des formes utiles, cette fois, puisqu'elles nous permettent de donner et de trouver du sens.



Cette mise en page originale est en quelque sorte une métaphore des propos de Martine Audet qui nous invite à explorer avec elle l'importance du langage, l'importance des mots qui nous permettent de passer d'impressions diffuses, de la pré-vie des spermatozoïdes à une réelle existence ou du moins- restons prudente - à une existence car les mots ne sont pas nécessairement la réalité. Les mots ne sont pas nécessairement la vérité nous dit par ailleurs l'auteure :



« Je suis connue pour mentir

à ma peine.

D'ailleurs,

je suis tout habillée de noms. »



Les mots nous permettent bien sûr de circonscrire notre expérience, de la nommer, de nous nommer, de la partager.



« C est ainsi que les peines

ont d'autres yeux

de peine. »



Les mots c'est aussi l'outil qui peut faire de la place à ce qui n'est pas là ou ce qui n'est plus là.



Les mots



« le théâtre de ce qui me manque?

Ce qui de la disparition,

fait miroir?"



Mais les mots sont encore bien plus que cela car ils permettent à notre imagination de créer, de combler, de réparer. De faire de la place à ce qui n'est pas là et dont nous avons tant besoin.



« Je donnais aux mots la puissance d'être

avant d'être,

de croire

avant d'y croire. »



Nous prenons conscience que les mots, grâce à leur fenêtre sur l'imaginaire, peuvent être le creuset de notre résilience, qu'ils le sont ou l'ont été pour Martine Audet et au fil de la musique de ses phrases, au fil de ses images nous recevons toute la force et la détermination de l'auteure.



Les mots, que Martine Audet nous présente à la fois, soif et remède.



Écriture envoutante de Martine Audet.

À lire. À relire.

Littéralement envoûtant, ce recueil se relit parce qu’il relie à une certaine vérité notre part commune d’incertitudes.
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Dans Le ciel n'est qu'un détour à brûler, d'abord exposition présentée à la Maison de la culture Plateau Mont-Royal au printemps 2009, on la découvre à la fois comme poète et photographe - presque plasticienne. Sous son regard, prennent vie des feuilles blanches, sur lesquelles on devine des mots, froissées, déchirées, auxquelles se superposent parfois des touches de couleurs. On aurait pu considérer les assemblages comme des natures mortes. Plutôt, on y décèle volumes, reliefs, ombres, on y devine le geste créateur, pulsation essentielle au milieu des paysages parfois désertiques des courts poèmes juxtaposés, entre haïkus et aphorismes.

Dans ce recueil, l’auteure explore les formes et les traces, laissées sur le corps ou celles évanescentes de la danse, des oiseaux…

Des dessins accompagnent le texte, sortes de formes vues sous microscope ou simplement variations de formes (utiles ?)…

Le recueil est dans don’t partie, la seconde sous forme d’hommage à la danseuse Louise Lecavalier et à la poète Nicole Brossard.