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3.36/5 (sur 36 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Grand reporter à l'hebdomadaire "Marianne", spécialiste du monde arabe et de l'Islam, Martine Gozlan a publié L'Islam et la République. Des musulmans de France contre l'intégrisme (Belfond, 1994, épuisé). Pour comprendre l'intégrisme islamiste paru chez Albin Michel dans une édition grand format en 1995.

Source : Grasset éditeur, http://www.amazon.fr/gp/product/2226131043?keywords=islamiste&qid=1441303514&ref_=s
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Jean-Claude Lescure : "La question sécuritaire est extrêmement importante pour les Israéliens." .
"Israël-Palestine : un conflit sans limites ?"Le débat du Grain à Moudre du mardi 15 mai 2018 avec Martine Gozlan, grand reporter et rédactrice en chef à l?hebdomadaire Marianne, Alain Gresh, journaliste, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et fondateur du journal en ligne Orient XXI, et Jean-Claude Lescure, professeur des universités en histoire contemporaine à l?université de Cergy-Pontoise. https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/israelpalestine-un-conflit-sans-limites
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Mardochée était arrivé de son Algérie la plus profonde, loin de la capitale, quelques années auparavant avec ses trois frères. Leur père Haï, né à Constantine en 1840, trois ans après la difficile conquête de ce piton rocheux par les Français, avait bourlingué comme forain sur les marchés du département avant de se fixer dans une petite ville rugueuse et froide, sur la route de la Tunisie: Souk Ahras, le marché aux lions en langue berbère. C’est aussi le lieu de naissance de ma mère, Béatrice. Celle qui ne revient jamais me voir depuis les profondeurs, pas plus que mon père ou Mariella. p. 78
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La voilà au coeur de la condition juive, dans sa diaspora torturée. Aux captifs de Budapest, la prisonnière est libre d'apporter l'espérance de Sion. C'est pour cela qu'elle a quitté Césarée, ses vagues et son soleil, les rue larges de Tel-Aviv, les monts de Galilée, dans la pureté et l'intensité des premiers jours sur la terre d"Israël.
Berechit. Au commencement.
De son enfermement, Hannah fait un recommencement.
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INCIPIT
Quelqu’un vous demande
L’hiver s’est abattu sur le carrefour, venteux et scintillant, Noël approche. Au Canon des Gobelins, les clients terminent leur café. La salle se vide, j’étale mes notes sur la table.
— Cappuccino, comme d’habitude ?
Victor a sa mine bienveillante de 15 heures passées, quand les serveurs peuvent souffler un peu. Il y a bien trois ans que je viens terminer mes articles ici le mardi, jour de bouclage. Une position stratégique, au confluent du boulevard Saint-Marcel et de l’avenue des Gobelins. Je prends du recul en attendant de m’élancer vers le journal, rue de Valence, pour glisser entre d’étroites colonnes une explication de l’inexplicable. « Écrivez court, clair, et méfiez-vous de vos émotions », martèle le patron, Jean Vallières. C’est la loi du métier : contrôler l’itinéraire des mots en évitant qu’ils vous faussent compagnie pour aller se balader sur des chemins tortueux.
— Elle voudrait vous parler…
Victor pose la tasse devant moi, l’air gêné.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— La dame, là-bas, elle vous demande depuis deux jours.
Il montre de la tête une cliente attablée en terrasse.
— Elle me demande, moi ?
— Oui, vous. La journaliste de la rue de Valence.
L’inconnue regarde dans notre direction.
— Vous l’avez déjà vue ?
— Jamais. Entre nous, elle a un drôle de look. Vintage, comme qui dirait.
Sans doute une lectrice. Nous autres plumitifs avons des tas de lecteurs au drôle de look. Hortensia, la cerbère-assistante-hôtesse et par ailleurs diplômée de psychologie qui veille au grain à l’accueil de notre hebdo, La République, sait de quoi il retourne. Il y a les fans qui veulent rencontrer l’auteur, les obsessionnels qui viennent contester ses sources, les quémandeurs qui lui attribuent des pouvoirs exorbitants. Et, depuis quelques années, les terroristes. Mais ce n’est pas le genre de la dame.
— Bon… je vous ai prévenue.
Il repart vers son comptoir.
Elle me fixe. Vintage, mais de loin, ça lui va bien. Une silhouette mince, des cheveux noirs plaqués en bandeau. Une robe vert sombre. Trop longue.
Je replonge dans mes notes : un entretien avec le principal opposant algérien. Celui qui jure de remettre le pays à flot, les chômeurs au boulot et la corruption sous les verrous. On boucle dans deux heures.
La robe verte a bougé. Elle se lève. Sinue entre les cinq ou six tables qui nous séparent. Et s’immobilise devant moi.
Mon Dieu, qu’elle est belle. Des yeux gris, des traits doux. Et qu’elle est triste. Une tristesse vertigineuse. Qu’est-ce que je lui dis? «Asseyez-vous, je vous ai déjà vue quelque part»? Dans un film vintage, peut-être?
C’est elle qui parle :
— Je suis si heureuse de te voir. Tu es exactement comme dans mes rêves.
La dame triste et belle a rêvé de moi? Et me tutoie?
Elle s’assoit et presse ses mains l’une contre l’autre. De longues mains sans bagues. On sent qu’elle a froid et envie de serrer ses doigts maigres autour d’une tasse brûlante.
Je fais signe à Victor et ouvre enfin la bouche:
— Que voulez-vous boire?
— Un café au lait.
— Avec un croissant?
Car il est clair qu’elle a faim, la pauvre.
— Oui, merci.
Cinq minutes silencieuses avant l’arrivée du café au lait. Elle boit deux gorgées et reprend :
— Depuis que tu es arrivée dans le quartier, je te cherchais. Je te voyais de loin, toujours pressée. Je ne pouvais pas te suivre dans Paris, je suis obligée de rester par ici.
Rien. Je ne comprends rien. Blague ou défi, mon job, c’est de rendre la réalité compréhensible en me méfiant du magma intérieur. Connais-toi toi-même, disait le vieux Socrate. Sage conseil dont je ne me suis jamais préoccupée. Je ne suis pas psy et je les fuis.
Elle grignote un morceau de croissant.
— Quand je suis revenue…
Revenue d’où? Que me veut-elle? Il y a une raison à tout. Et l’heure qui tourne, avec l’interview en vrac sur la table.
Je ne sais pas où elle a chiné cette robe. Bien coupée, mais le velours est si fin qu’il pourrait se déchirer d’un seul coup. Comme si on l’avait tissé depuis des lustres. Au moins un siècle.
Elle prend ma main et l’examine. La sienne est glacée, malgré la tasse à laquelle elle a tenté de se réchauffer.
— Ton alliance, j’ai eu presque la même, c’est de l’orfèvrerie arabe.
L’alliance que Claude m’a achetée au souk d’Amman. Pour me protéger car je roulais toute seule, deux jours plus tard, vers la guerre d’Irak. On s’est mariés à mon retour. Je m’entends dire:
— Elle me protège.
— La mienne m’a perdue.
Mon portable sonne.
— Dites donc, il arrive quand, votre papier? Comment on titre en une?
— La résurrection de l’Algérie, voilà l’idée. J’arrive.
— Avec un point d’interrogation, tout de même! Dépêchez-vous!
Vallières raccroche. Il a toujours été là au bon moment quand se profilait le chaos intérieur.
— Tu as du travail? Pars. Je reviendrai demain, à la même heure. Moi, je n’avais ni heure ni temps, je n’étais utile à rien ni personne.
Une dépressive. Je déteste.
Au lieu de ça, je dis:
— D’accord, à demain.
Je règle l’addition au comptoir en laissant un billet à Victor:
— C’est pour son dîner, si elle demande…
— Vous la connaissiez, finalement ?
— Oui.
À quelle logique tout cela obéit-il? Je file en trombe rue de Valence. Là où tout peut s’expliquer.
C’est un bon mercredi. Le journal est fini et réussi. Dopée par un verre de Pessac Léognan, je sors très gaie de chez Marty, la cantine préférée de Vallières. Les murs sont décorés de longues femmes languissantes derrière leur éventail ou leur fume-cigarette. L’escalier, gardé par deux tigres, s’envole vers un étage bleuté et discret comme les cabinets particuliers dans les brasseries des grands boulevards vers 1900. Les collègues, un peu éméchés eux aussi, forcent le pas pour s’aligner sur celui de notre général qui cavale vers le prochain numéro. Je m’attarde, je lambine, je surprends avec indulgence mon reflet dans les vitrines: des joues rondes, des yeux rieurs. Personne ne m’indiquera la route, je la choisis moi-même. Je suis libre à chanter toutes les chansons.
«Quand tu es née, les oiseaux sifflaient à tue-tête», répétait mon père. C’était un jour d’avril, un printemps chaud comme un été, paraît-il, dans une rue tranquille du Marais.
Le rendez-vous. J’avais réussi à l’expulser de mon cerveau et elle me rappelle à l’ordre, ou plutôt à son désordre, aussi pâle que les femmes peintes sur les murs de chez Marty. Elle a dû en avoir la beauté, mais probablement pas les riches protecteurs.
— Elle est partie après avoir poireauté une heure, dit Victor, réprobateur.
De quoi se mêle-t-il?
Je ressors.
D’où vient-elle, où va-t-elle, qui est-elle?
J’inspecte le paysage. Rien sur le terre-plein où s’arrêtent les bus. Rien, à gauche, en remontant les Gobelins. Peut-être en reprenant à droite le cours du boulevard Saint-Marcel?
Cette silhouette, en face, échouée sur le banc. D’une fragilité effroyable.
Je traverse.
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Vous êtes libres. Vous êtes libres d'aller au temple, vous êtes libres d'aller à la mosquée ou à n'importe quel autre lieu de culte de cet Etat qu'est le Pakistan. Vous pouvez être de n'importe quelle religion, caste ou croyance, ce n'est pas l'affaire de l'Etat. Nous sommes tous des citoyens et les citoyens égaux d'un même Etat. Nous devrions conserver cet idéal en ligne de mire, et vous verrez qu'avec le temps les hindous cesseront d'être des hindous, et les musulmans des musulmans, non au sens religieux, parce qu'à cet égard c'est une affaire de foi personnelle propre à chaque individu, mais au sens politique comme citoyens de l'Etat.
Mohamed Ali Jinnah, fondateur du Pakistan
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Il est peu de pays où la religion peut en même temps être absolument dictatoriale et radicalement contestée, où la piété la plus tranquille côtoie sa sœur la plus excitée, où le scepticisme le plus total croise la ferveur la plus absolue. (p. 79)
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"il est extrêmement difficile de trouver une attitude qui ne soit pas humiliante, orgueilleuse ou isolationniste. Car le moindre mouvement personnel peut servir de prétexte à une généralisation."
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Qu'on le veuille ou non, les fantômes existent. Ils ne hantent pas les châteaux et les manoirs, n'agitent pas de grands draps blancs et ne se démènent pas entre les toiles d'araignée. Ce sont des gens comme nous autres, mais tellement oubliés qu'ils en deviennent insomniaques. Leur sommeil éternel est une fumisterie car on ne peut dormir pour une nuit ou une éternité que dans la chaleur de l'amour ou du souvenir.
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La Bièvre a été recouverte en 1912, mais le Ve arrondissement et le XIIIe sont truffés de galeries sous lesquelles certains bras d’eau vive continuent à circuler. Jeter un cadavre là-dedans, c’est difficile, il faudrait des complicités chez un agent des Égouts de Paris ou de la direction de l’Assainissement… Cette rivière, c’était le fief des tanneurs, des mégisseries et des teinturiers. Sans la Bièvre, il n’y aurait jamais eu les tapisseries des Gobelins! C’est grâce à la qualité de ses eaux qu’on a obtenu un procédé miraculeux de teinture de l’écarlate. J’ai un ami collectionneur qui avait trouvé plusieurs peintures intéressantes sur les activités des artisans vers la fin du XIXe siècle. Il m’a offert un petit tableau pas mal du tout. Je vous le montrerai à l’occasion. Bon, regardez un peu de quoi il s’agit, enquêtez et on en reparle. p. 48
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Au commencement, Théodor Herzl voulut l’Etat d’Israël pour qu’ils n’aient plus jamais peur. (…) Les Juifs virent que cela était bon. Ils séparèrent la lumière de Sion des ténèbres de la Diaspora. David Ben Gourion dit: « Que l’Etat soit ». Et l’Etat hébreu fut. (p. 34)
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Je dois y aller, il n'y a pas d'autre solution. Je ne veux pas mourir. Non, je veux vivre. J'attends énormément de la vie. Mais je dois racheter mon droit à la vie !
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