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Citations de Martine Hermant (76)


Avertissement
Les courts récits qui vont suivre relèvent plus de la nouvelle que du conte, pour ce qui est de la formule narrative. Cependant, il y a dans le mot « conte » une ouverture vers le merveilleux que je revendique en apanage de la Licorne, à laquelle j’ai toujours donné le pouvoir du Passage entre le monde réel et celui où tout est possible. Les nouvelles, donc, de ce recueil datent de plusieurs périodes, certaines ont déjà été publiées dans des revues suite à des concours ou des appels à texte. Elles explorent des pistes d’inspiration différente, mais toutes relèvent des lectures de l’imaginaire avec, en dénominateur commun, cette indispensable transgression qui fait que le cours du destin devient, d’un coup, plus intéressant. J’espère ainsi vous faire voyager de l’Auvergne à des mondes complètement irréels (?), d’autres faisant la part belle aux mythologies, mais toujours derrière les traces de l’insigne Licorne.
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Martine et Patricia parlent :
Depuis les beaux discours de Tibert, de Grisette, de Beauty, du Chat qui s’en va tout seul et, surtout, de Kiki-la-Doucette,* il est communément admis que les chats parlent. D’ailleurs, il suffit pour s’en convaincre de vivre avec eux : que ne nous racontent-ils pas ? Que ce soit en mimiques évidentes, en regards ô combien expressifs, ils nous offrent même de véritables conversations… Nous sommes donc très fières de vous transmettre ce qu’ils ont à dire, ces chats et ces chattes qui ont vécu, ou vivent toujours avec nous, emplissant notre vie de leur amour absolu, de leurs facéties, de leurs désirs et, parfois, de leur détresse. Nous tenons également à signaler que toutes ces histoires sont vraies ! Pas une seule ne se fait porte-parole d’un chat imaginaire, nous signalant alors comme de simples conteuses… Et jusqu’à présent, même si certains chats ne doutent vraiment de rien, nous n’en avons encore rencontré aucun qui fût mythomane.
Également, en tant que simples « nègres » de nos chers félins, il nous a paru impensable d’exploiter leurs vies et leurs sentiments dans l’intérêt d’un profit personnel. Nous avons donc décidé que, si profit il y a, celui-ci sera converti dans sa majorité en la seule monnaie qu’ils connaissent (depuis que les souris ne sont plus obligatoires) : les petites croquettes !
Nous vous convions donc à écouter ces chats et ces chattes tant aimés, avec autant d’émotions que nous en avons éprouvées à vous transmettre leur espoir d’être entendus.
* Merci à Pierre de Saint-Cloud, à Mme Deshoulières, à Balzac, à Kipling, à cette chère Colette et à bien d’autres auteurs… d’avoir transmis la voix des chats avant nous.
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Son esprit vagabonde à travers siècles et lieux, rencontre des personnages connus qui nourrissent son introspection, sans jamais la délivrer de cette angoissante question : qu’est-il arrivé à Jeanne ?
(Extrait de la préface de Pierre Chassang, historien)
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L'enseignement des phuranas ne leur interdisait pas de protéger leur vie mais cela restait une mesure exceptionnelle. L'elme, affilié au cycle immuable de la vie et de la mort, ne devait pas servir une destruction passionnée et aveugle.
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Chapitre I
LA DAME

« Point de plorerie...contretenir à si sotoarte feblece...»
Lysandre s'appliquait à garder les paupières closes.
« A Dieu ne plaise que Géraud merquie ma doliance ! »
Une haleine chaude lui effleura le visage, un baiser moite se posa sur son front, mais ce qu'elle redoutait ne s'enchaîna pas : Géraud s'éloigna de la couche. Elle osa l'observer entre ses cils : il enfilait sa chemise, sans se hâter, devant la présence discrète du valet, l'inévitable Pierre Bec-Clos qui avait déposé dans l'angle de la chambre une cuve fumante d'eau chaude pour les ablutions.
« Ne peut-il aller viaz ? Il alente a tot ses chausses... Quelle longuece pour desmetre cotte et surcot de la perche et s'en afubler ! Va-t-il départir, à la parfin ? Nenil... il reverte et s'aproismie derechef de la couche »
Lysandre referma précipitamment les yeux et soupira doucement. Il se contenta de redresser le chevecier que Pierre Bec-Clos avait secoué sous la tête de son maître pour le tirer du sommeil. Géraud se décida enfin à gagner l'oratoire voisinant la chambre, Pierre Bec-Clos disparut derrière lui en emportant le baquet. Lysandre put relâcher sa feinte. Elle ouvrit un regard trouble sur la pièce sombre.
L'effort qu'elle avait fourni pour paraître endormie avait sur l'instant engourdi son découragement qui, délivré maintenant de toute contrainte, put revenir à la charge avec plus de virulence pour avoir été entravé. Lysandre se laissa submerger par le flot brûlant des larmes qui jaillit librement pour inonder ses joues. Elle tenta vainement d'en endiguer le cours mais aucune nécessité ne se présentait pour l'y aider, pas même le remords d'avoir manqué aux trois signes de croix du réveil de la conscience. Elle se retourna face contre l'oreiller, étouffant ces humiliants sanglots, pensant brusquement que Margue-la-Mère ne devait absolument pas être témoin de sa défaillance ! Cette perspective, plus que tout, agit sur sa volonté. Essuyant fébrilement ses pleurs avec le drap, elle se redressa pour accueillir l'intimidante meschine et s'acquitta rapidement, quoique un peu tard, des signes de superstitieuse piété.
L'autoritaire matrone intervenait habituellement peu de temps après que Pierre Bec-Clos ait averti la maisnie du lever du maître. Son apparition commençant sérieusement à se faire attendre, Lysandre supposa que Géraud avait donné des ordres pour qu'on la laissât reposer plus longtemps. Ceci ne manquerait pas de soulever les réflexions ironiques de Margue-la-Mère qui relevait chaque occasion de souligner la dolence de la jeune épousée... Mais Lysandre remerciait mentalement son époux du sursis qu'il lui octroyait. Ce répit lui permettrait sûrement de reprendre empire sur elle-même, avant d'affronter la nouvelle journée.
Elle entendit vaguement sonner prime, confuse de penser que chez son père, on n'eut pas toléré qu'elle laissât passer la messe en faisant fi de l'appel des cloches. L'exigence religieuse était moins sévère à Boisgésir où, si Géraud tenait à ses devoirs, il ne s'offusquait pas qu'on remplaçât la messe de prime par des heures dites avec application dans l'oratoire de la chapelle. Elle ne pouvait que s'en réjouir, non que ses pratiques de piété fussent relâchées, mais le jeûne prolongé jusqu'à la grande-messe de tierce la mettait à la torture.
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Je remarquai alors que le motif déployé sur le tapis représentait le Zodiaque dans une forme ancienne où les constellations côtoyaient leur iconographie antique.
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Les damoiselles s'agenouillent. L'eau, d'une pureté parfaite, miroite en un cercle argenté sur lequel, à présent, se penchent trois visages intrigués. Le fond se révèle de sable et de mousse émeraude. Il paraît si proche à travers le cristal liquide ! Ce n'est qu'une illusion de l'onde capricieuse. Fontaine païenne, fontaine de jouvence, intimité sacrée où, dit-on, les fées viennent s'ébattre à l'aube. D'ailleurs, l'envie de plonger dans l'eau claire est si irrésistible que les visiteuses y trempent leurs bras. Six jolis bras qui noient leur carnation pâle dans les couleurs d'abysse. Elles les retirent aussi vite : la fraîcheur est saisissante et peut-être s'y rajoute un peu de crainte instinctive.
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Tout a commencé par une réminiscence. Celle-ci était olfactive. Ce sont les plus traîtres, elles vous connectent par surprise à la partie la plus enfouie de votre inconscient et vibrent sur un rappel sensible qui ne parvient pas à se clarifier.
La suite en lecture à la radio en téléchargeant le fichier :
http://www.radiocraponne.com/wp/2016/03/12/pascale-blazy-un-livre-par-semaine-les-contes-de-la-licorne-le-couloir-des-licornes-de-martine-hermant/
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Martine Hermant
Quelques citations de La Disparue d'Alleuze dans cet échange radiophonique :
http://rcf.fr/radio/rcf63/emission/139285/939747
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Chapitre I : Jeanne

« -Pastorèl delai l’aiga, venetz en deçai… »
Pastorèl (répertoire de Marie-Jeanne Besseyrot)

Le bruit du ruisseau était actif et allègre, seule expression de vie dans l’immobilité sombre du ravin que n’atteignait pas la lumière vibrante de cette belle journée d’automne. « On l’entend toujours, surtout la nuit… » Viviane soupira : la voix de Jeanne lui revenait, avec ce timbre particulier qui reflétait son enthousiasme, et dans nul autre endroit son amie n’avait été plus passionnée.
Les lieux semblaient bien différents à cette période, rendus à une solitude dont ils avaient fait leur norme depuis des siècles. La montagne unissait ses vallées en une grisaille aux tons de tapisserie fanée, flancs couverts de genêts moutonnants, vert usé comme du velours râpé qu’égratignaient à peine les rochers feutrés de lichens. Végétation complice d’une impression intemporelle où seuls les rehauts flamboyants des cerisiers sauvages trahissaient l’avancée de la saison.
Hiératique sur son piédestal, le château s’accordait au paysage, pierres indissociables de la roche dont il pouvait être issu. L’émergence de son identité l’en distinguait pourtant : une présence forte, faite de patience, de garde et, peut-être, d’attente… armée des secrets que lui conférait l’aura de l’Histoire.
Viviane le comparait à un guetteur dont elle aurait aimé décrypter l’hermétique veille. Il avait forcément assisté, lui, à ce qui était arrivé à Jeanne… un détail au cours de sa longue existence.
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Ménuisel se garda bien de l’interroger sur les motifs de cette convocation de groupe. Son expérience lui avait appris que la patience était de mise avec ce genre de personnage, prompt à faire sentir le respect dû à son rang.
Elle se contenta de conclure :
– Nous serons donc cinq…
Cette simple phrase eut pour effet d’assombrir encore Hermeric. Elle le vit hésiter, puis se dominer pour répondre :
– Non… il manquera encore mon frère qui nous rejoindra ensuite.
Ménuisel dissimula sa stupéfaction. Nul n’avait jamais entendu que le seigneur de Falc’hon eût un frère !
Hermeric, pour couper court à l’entretien, se préoccupa des règles de l’hospitalité :
– Vous devez être affamée après votre longue marche, je vous fais immédiatement servir une collation.
Il sortit et revint un instant plus tard. Deux serviteurs ne tardèrent pas à faire leur apparition, avec des plateaux chargés d’une grande variété de fruits et de petites pâtisseries. L’un d’eux portait une aiguière remplie d’un vin
herbé dont il remplit six hanaps d’argent.
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La charrette avait dépassé le dernier verger, Lysandre s'absorba dans la contemplation des fantasmagories que faisait naître le brouillard dans la campagne. Qui aurait pu dire où conduisait ce chemin, et dans quel paysage ? La buée du diable uniformisait l'entour. Les arbres s'esquissaient comme de grands personnages, vaguement menaçants. A mesure que la charrette avançait, leurs silhouettes se matérialisaient sombrement pour disparaître aussitôt, reculant dans l’anonymat implacable. Lysandre se dit que le brouillard rendait plus présents les éléments isolés dans un espace réduit, leurs environs restant dissimulés. Ainsi, en passant près d'une mare, d'une bâtisse, d'un arbre....ceux-ci, pour un instant, revêtaient une valeur particulière, rassurante, que l'on s'empressait de détailler, alors qu'ils n'auraient recueilli en temps ordinaire à peine l'aumône d'une observation générale, les englobant dans leur cadre familier. Elle s'imagina l'inconnu pouvant d'un coup surgir de l'invisible ; le brouillard n'était-il pas l'univers bien aimé des fées où elles circulaient avec l'aisance de tous les avantages ?
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Il n’avait pas été facile de choisir une quelconque destination. Rien dans l’appel n’indiquait la direction la plus favorable. Ménuisel, Garnone et Jézina avait assemblé leur don d’oracle en une séance commune, mais il n’en était ressorti que le même développement d’images sur leur pérégrination, dans des paysages aux reliefs accidentés. Or, en considérant que le Kaharmilos offrait un bel ensemble montagneux dont certaines chaînes, vers l’orient, restaient pratiquement inexplorées, sauf par quelques pisteurs téméraires, ils prirent leur parti de quitter la citadelle par la porte des Neiges.
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Avec le recul du temps, je sais que je me trouvais déjà sous quelque emprise surnaturelle. Certes, ces vagabondages nocturnes m’étaient coutumiers et j’y prenais toujours grand plaisir, mais rien n’explique la résolution soudaine qui m’avait poussé si loin. Pas même un de ces étranges phénomènes familiers au Berry. Cette nuit-là avait tous les aspects favorables à l’éclosion de ses mystères. La beauté du paysage baigné de lune s’ingéniait à distiller l’atmosphère consacrée de la province. J’avançais sans risque de m’égarer car je connaissais le chemin pour l’avoir suivi plus d’une fois. Il faisait très doux. Je respirais avec gratitude les odeurs fraîches des herbes multiples. J’entrevis le vol lourd d’une chouette qui s’enfuit devant moi, surprise par mon approche. Je l’ignorais mais c’était la dernière fois que je rendais grâce à la vie pour d’aussi simples plaisirs.
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Pour la plupart, une jonquille est une jonquille, sans rien de plus que l'attrait de sa couleur éclatante à garnir les parterres et à envahir les près, lorsqu'elles sont des milliers à éclore en montagne. Depuis le passage du Flouriste, nous sommes quelques-uns à imaginer le concert silencieux de leurs clochettes d'or sous la bise aigre, afin d'appeler les beaux jours et de contrer l'hiver dont la vengeance a été de les rendre muettes.
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« S’il existe un univers où les rêves se rejoignent (ceux d’un petit chat comme ceux de sa mère adoptive, fut-elle humaine), il est forcément envahi de la douce espérance que perdure longtemps cette tendresse à dormir ensemble. »
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« Il est communément admis que les chats parlent. D’ailleurs, il suffit pour s’en convaincre de vivre avec eux : que vous racontent-ils ? »
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(…) Jusqu’au jour où elle est arrivée. Je ne sais pas pourquoi mais lorsqu’elle m’a parlé, un murmure coulant et doux, je n’ai pas eu envie de fuir… Alors, de l’autre voix tonnante est tombée cette sentence :
- Si vous l’tenez, le lâchez pas : ça fait deux mois que j’essaye de l’attraper pour lui éclater la tête contre le mur et j’arrive pas à mettre la main dessus !
Pas besoin de comprendre les mots pour savoir ce que ça voulait dire. Eh bien, je ne sais pas pourquoi…peut-être son expression indignée, ou quelque chose dans son regard quand elle m’a appelé si gentiment, mais j’ai rendu les armes : je me suis couché sur le dos, mon petit ventre vulnérable exposé à des caresses auxquelles je n’osais croire. Risquer de mourir juste pour un espoir…
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De sève au sang
Les corps feuillant,
De chair s'offrant
Aux doigts du vent.
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https://rcf.fr/culture/livres/30-septembre-gerard-georges-recoit-martine-hermant-auteur-de-louvrage-chat-parle-edit
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