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Critiques de Mary Doria Russell (51)
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Le moineau de dieu

Je ne suis pas croyante, je ne connais pratiquement rien aux Jésuites, je ne suis pas une spécialiste de science-fiction, l’astronomie est une science que je n’ai jamais étudié ni de près ni de loin, et je ne parle vraiment qu’une seule langue, j’en baragouine bien une seconde mais avec un accent à couper au couteau et surtout à grands renforts de mîmes.

Ce roman parlant d’un prêtre jésuite, spécialiste en linguistique, découvrant l’existence d’une planète habitée et partant presque du jour au lendemain avec un groupe hétéroclite pour un voyage complètement fou n’avait donc que peu de chance de m’attirer…et pourtant, c’est tout le contraire qui s’est produit.

J’ai dévoré ce livre avec voracité, j’ai savouré chaque réflexion qu’elle soit religieuse, scientifique, anthropologique, ou émanant simplement de gens normaux confrontés à des phénomènes extraordinaires.

Je me suis attachée à chacun des personnages de cette histoire, à leurs passés, à leurs vécus particuliers, à leurs espoirs.

J’ai adoré suivre l’évolution de ces personnes aux destins fascinants, j’ai été complètement happée par cette quête presque impossible, par ce besoin de savoir, de découvrir, de comprendre l’autre quel qu’il soit.

J’ai eu l’impression de lire une enquête policière, assemblant des indices au fur et à mesure, mais aussi un récit de voyage où les protagonistes découvrent une faune, une flore, des paysages déconcertants, tout en savourant le plaisir d’un vrai récit de science-fiction mais où jamais les termes scientifiques n’ont été rebutants pour la néophyte que je suis.

Je suis conquise par ce roman dense, riche, foisonnant, à la langue fluide, et poussant fortement à l’introspection philosophique.

Petit bémol cependant : la taille des caractères est vraiment petite, surtout quand on lit le soir et qu’on n’a pas des yeux de lynx !

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Le moineau de dieu

Un grand plaisir de relecture.



Signalons pour la forme qu'il y a une suite à ce roman accomplis mais en vo seulement : children of god .

Pour ce qui est de la caractérisation et des descriptions, ce texte est quasiment aussi parfait qu'il est dense .

Le lecteur est véritablement transporté en compagnie de ces gens sympathiques et dans un fabuleux environnement exo planétaire .



On voit bien quelles cultures ont servies de cadre de référence, mais c'est très bien fondu, opératoire , et étranger dans ce long récit de près de 600 pages.

Cependant , ce monde et ces cultures étrangères , reposent également sur une éthologie spécifique magistralement réfléchie.



Un pur délice de roman sur le thème du contact .Un texte très fin riche et subtile ,très riche éthiquement. Un texte chargé d'histoire aussi. ..

Cependant la mise en place est longue, près de 200 pages ,donc mode TGV, s 'abstenir car la route est longue et les détails sont nombreux.

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Le moineau de dieu

Une nouvelle fois un livre qui m’est tombé par hasard entre les mains, sorti du carton des livres à donner de ma bibliothèque.

Le titre m’inspire et me questionne.

Je l’adopte.

C’est un pavé de 500 pages que je redoute – je m’endors si souvent sur ces gros volumes – mais rapidement le sujet me passionne.



Je devrais dire les sujets. L’auteur, universitaire, à travers ce beau roman de science-fiction, aborde la psychologie, l’ethnologie, l’éthique, l’aventure, l’amour et la foi.

La foi qui parcourt le roman comme un fil rouge.



Mary Doria Russel maîtrise un art consumé du suspense. Elle nous distille la fin nous laissant dans l'attente puis, plus tard, développe le pourquoi et le comment, jusque dans les toutes dernières pages.



Mais ce n’est pas un space-opera et les amateurs de technologies terrestre ou extra-terrestre peuvent être déçus : pas de vaisseaux guerriers, pas de moteurs ioniques à pseudo-éjecta ou de moteur gravitationnel. Seule originalité, l’adoption d’un astéroïde comme vaisseau mère source d’énergie gigantesque et une vitesse proche de celle de la lumière.



Point forts, voire troublants, de ma lecture, je ne divulgâcherai pas le roman en précisant seulement qu’à travers l’étude des civilisations abordées par les humains se profile une société révoltante mais qui, après réflexion, se semble pas forcément plus injuste que la nôtre.



Et puis il y a ce mot « Dieu » dans la version française, tout au moins.



Je dévoilerai seulement que l’équipage qui partira à la rencontre d’une civilisation extra-terrestre est un équipage jésuite.



Que cela ne vous rebute pas, car ces hommes sont atypiques, cultivés, bourrés d’humour et de doutes. Ils sont accompagnés de membres, hommes et femmes, laïcs.



Alors au fil de la lecture on apprend comment fonctionne la compagnie de Jésus.

Le nom de « jésuite » sonnait à mon oreille sans que je sache précisément de quoi il retourne. Cela aura été un des mérites de ce roman que de m'enseigner un peu la nature de cette fraternité, son fonctionnement et ses missions.



Il y a ces passages émouvants décrivant comment Dieu investit l'âme d'un agnostique, cette révélation, cet abandon, cette mise à nu, cette confiance.

puis on trouve de belles envolées sur les doutes de ces hommes d'église, le parcours difficile et étrange qui mène à la foi, ce chemin à parcourir qui demande endurance et ténacité.



J’ai trouvé que cette dimension spirituelle originale donnait du piment au récit.



Cependant trois tout petits bémols ont entaché ma lecture :



D’abord une impression de « club des cinq » ou de « compagnons de la croix rousse » que j'ai eu lorsque nos cinq compères, que beaucoup de choses auraient dû séparer, deviennent les plus grands amis du monde.

Lorsqu'ils font leurs plans sur la comète - c'est le cas de le dire - pour savoir comment faire pour quitter le système solaire, qui participerait. Tout cela en catimini.

Ça fait bricolage de gamins, un peu comme le canon Columbia de Jules Verne censé expédier les membres du gun club sur la lune. Dommage cette partie affaibli un peu le roman.



Et puis cette imprégnation puritaine britannique, outrageusement amplifiée par le sang américain, dans cette débauche de grossièretés dont ils raffolent signe à leurs yeux de leur affranchissement du guindage anglais, comme on sent l'affranchissement de la pudibonderie puritaine dans cette insistance quasi obsessionnelle sur la chasteté des prêtres.

Cependant je ne nie pas que les propos olé olé ne soient pas amusants - j'ai ris de bons coups à certaines expressions - ni que l'auteur ne nous livre de très judicieuses idées sur le pourquoi de la chasteté.



Enfin, à partir du moment où l équipage atteint la planète Rakhat s'ensuit quelques longueurs ou, paradoxalement, les thèmes abordés auraient mérité plus de développements pour devenir intéressants. Me suivez-vous ?

Je le refais plus bref : c'est trop long pour du superficiel et trop court pour devenir intéressant.



In fine, une nouvelle fois un hasard qui a bien fait les choses avec cette lecture originale, enrichissante, déstabilisante et questionnante.

Un excellent roman que je n’oublierai pas de si tôt.





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Le moineau de dieu

C'est à la fois une histoire de premier contact et une réflexion sur la question du Mal.

De la découverte de la nouvelle planète habitée à la construction du vaisseau-astéroïde et à l'atterrissage sur Rakhat, nous suivons un groupe de personnages charismatiques et passionnés qui vont établir des relations harmonieuses avec les habitants de Rakhat. Si la construction du vaisseau et la constitution de l'équipe laissent à désirer (la suspension d'incrédulité est un peu difficile), les relations entre les deux espèces vivant sur la planète et l'écologie générale sont intéressantes.

En parallèle, nous assistons au jugement d'Emilio Sandoz, seul survivant de l'aventure. Il passe du rôle d'un père jésuite dévoué dans son bidonville à celui de quasi-saint rempli de la présence de Dieu et enfin à celui d'un homme brisé physiquement, psychologiquement et spirituellement. Il est obligé de se confronter à ce passé, à son ordalie et cette mise à plat par la parole permet de le reconstruire un tant soit peu - c'est du moins le but de ceux qui l'écoutent.

Nous savons dès le départ que l'histoire finit mal mais suivre Emillio dans son dépouillement progressif de tous ceux qu'il aime puis de sa simple humanité n'en reste pas moins une expérience de lecture dure et intense qui fait toute la valeur du livre.

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Le moineau de dieu

Un bon roman de science fiction est d'abord un bon roman tout court avec des personnages complexes et attachants, une intrigue avec flashbacks et suspense, avec une réflexion théologique en prime, autour d'une mission de découverte d'une planète inconnue et de ses habitants qui ne passe évidemment pas comme prévu.
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Le moineau de dieu

Salut les Babelionautes

Dans ce roman de Mary Doria Russell j'ai commencé par ne pas aimé, la religion plus l'utilisation du flash back sont deux choses que j'évite dans mes lectures.

Mais j'ai persévéré, car le flash back s'imposait, car si première partie ne sert qu'a installé les personnages, la suite avec la confession du prêtre, seul survivant et accusé des pires atrocités, ne pouvait sans passer.

Donc cela commence par la réception d'un signal radio en provenance d'un lointain système solaire. Mais le plus étonnant c'est que c'est de la musique accompagnée de chants.

Je vais passer sur tout ce qui a permis le voyage pour m'intéresser à la découverte d'un peuple d'extra-terrestre singulier.

Car nos explorateurs, vont sans le savoir, chamboulés l'équilibre précaire de cette nouvelle Humanité.

On suit avec attention la confession d'Emilio Sandoz, car au début tout porte à croire que ce qui lui est reproché est vrai.

Mais au fil du récit, qui par moment est atroce, on va comprendre la vérité.

Je me suis vraiment régalé, malgré le fait que la religion tient une place importante, car la compagnie de Jésus, autre nom donné aux Jésuites, a toujours eu une espèce de fascination pour moi.

Merci à Béatrice Vierne qui c'est chargé de traduire cette brique de 610 pages.
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Le moineau de dieu

Je vais faire une critique un peu spéciale : « ce que ce livre n’est pas ».

Attention, je divulgâche…



> Ce n’est pas un livre de science-fiction



Oui il y a une exoplanète, des observatoires, un vaisseau spatial, un voyage interstellaire…

Alors pourquoi ne serait-ce pas de la « SF » ?

Il faut consentir à suspendre son incrédulité en lisant un roman de science-fiction, accepter des prémisses.

Mais « Le moineau de Dieu » casse certains principes et certaines limites parfois allègrement.



Quelques exemples qui divulgâchent un peu…



* L’équipage arrive sur la planète et… ouvre la porte pour sortir sans scaphandre !

La comparaison avec « Aurora » de Kim Stanley Robison est frappante.



* Au bout de peu quelques jours, ils mangent même les plantes locales.

Chacun mange des aliments différents et si personne n’est malade alors c’est décrété comestible… sur une exoplanète !

Une procédure rigoureuse !

Un membre meurt d’ailleurs peu après et on s’étonne, on s’interroge un peu et la vie continue.



* Une courte utilisation imprévue du module d’atterrissage et paf la tuile… il n’y a plus assez de carburant pour remonter en orbite pour rentrer !

Personne n’a pensé à marquer « ne pas taper dans la réserve sinon on est coincés ici » ?

Trouver du carburant passe assez rapidement au second plan.



* On peut se promener en ville extra-terrestre sans susciter plus d’étonnement que ça.



* On croise un individu bien pourvu en griffes et en dents après avoir côtoyé une population pacifique de cueilleurs. Personne ne se méfie.

J’avais envie de leur dire : faites gaffe c’est un prédateur. C’est même le seul à la ronde.

Vous ne voyez donc rien ?

Vous n’avez pas lu « La machine à explorer le temps » d’H.G. Wells ?



> Ce n’est pas un roman qui va droit au but



Que raconte ce roman ?



Le roman est celui d’une mission jésuite partant pour une contrée inconnue, car on y a entendu des « chants ». Mais un seul homme est revenu, un prêtre, affreusement mutilé et accusé de prostitution et de meurtre d’une enfant.



Vous aurez envie de savoir, mais le prêtre physiquement et psychologiquement ne peut pas « dire » ce qu’il s’est passé.

À l’aide de retours en arrière, on découvre petit à petit qu’une sorte d’alchimie a rassemblé un groupe d’amis.

Au moment où le groupe est rassemblé, les chants sont détectés.

Tout s’emboite à merveille et le groupe constitue le cœur de l’expédition.

Les chants, les obstacles qui s’aplanissent, les coïncidences suscitent déjà un sentiment religieux. « Il » doit être derrière tout ça.



Mais cela a accru ma frustration : ils étaient tous amis et il est revenu seul ! Ils sont donc morts, mais comment ? Pourquoi ?



Et les réponses ne viennent pas vite.

La planète semble être au début un paradis. Dieu semble se révéler par sa création exubérante.

On arrive à parler les langues respectives extra-terrestres et humaines, mais…



L’espèce d’euphorie et d’harmonie de groupe écarte tous les signaux d’alerte.



Et la chute terrible, totale, abjecte et au-delà de tout pour un prêtre qui cherchait Dieu et qui a cru le trouver au travers de chants et d’une planète dont ils ont tous fait une lecture erronée.

Complètement erronée.



> Conclusion



Ce n’est pas un livre de science-fiction. C’est un livre qui parle sans cesse de religion au travers d’une mission jésuite. Mission qui croyant trouver Dieu dans la beauté du monde et de ses heureuses coïncidences, se fourvoie et se prend l’impitoyable réalité crue en plein visage.

Jusqu’à la mort.

Jusqu’à l’humiliation.



Par certain côté, cela me rappelle le refrain de « Blasphemous rumors » de Depeche Mode



I don’t want to start any blasphemous rumours

But I think that God’s got a sick sense of humour

And when I die, I expect to find him laughing



« sick sense of humour » quel euphémisme.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Le moineau de dieu

C’est une véritable curiosité dans le domaine de la SF que ce « Moineau de Dieu », paru au début des années 1990. Mary Doria Russell s’est sûrement inspirée des missions réelles des Jésuites en extrême orient et en Amérique du Nord aux 16ème et 17ème siècles, qui souvent se sont soldées par des incompréhensions et des massacres, pour les transposer sur une autre planète.

On sait dès le début du roman que cette expédition, qui mêlait religieux chrétiens et laïcs a été un échec puisque sur huit personnes une seule, Emilio Sandoz, un jésuite linguiste, a pu être rapatrié sur terre, et dans quel état…

La narration prend tout son temps, ce qui ne me dérange pas car j’aime bien les intrigues un peu lentes à se mettre en place. Et les enjeux ne sont révélés que très progressivement.

J’ai été assez captivé par ce roman pour le lire vite mais je dois reconnaître que j’ai beaucoup de réserves à son sujet. Tout d’abord, j’imagine que c’est inévitable, croyants ou pas, tous les membres de l’expédition se posent beaucoup de questions sur l’existence (ou pas) de Dieu, et sur ce que faire sa volonté veut dire. Donc beaucoup de prêchi-prêcha, assez indigeste.

Mary Doria Russell n’évite pas non plus les situations ou la chasteté des religieux s’oppose à leurs inclinations amoureuses, un véritable poncif depuis au moins « Les oiseaux se cachent pour mourir » !

La partie proprement SF est réussie. Le lecteur est vraiment placé dans une situation où il découvre une société dont il n’a pas les codes et où il est donc facile de commettre des impairs.

Mais au final c’est une impression assez nauséeuse de dolorisme exacerbé que m’a laissé cette lecture. Il y a eu une suite, que je ne lirai probablement pas. Celui-ci m’a suffi.

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Le moineau de dieu

Des jésuites qui s'envoient en l'air, pas très sérieux. Alors Dieu se met en colère.

Un roman que j'ai adoré et détesté à la fois.



Un roman assez ardue au départ : plusieurs époques sont évoquées; dans une même scène, les points de vue passent d'un personnage à un autre, des informations importantes se glissent parfois l'air de rien, demandant une lecture attentive. Mais malgré cela, l'auteur débute son roman par la fin et l'on sait que l'expédition s’est mal déroulée : après quelques années, seul un survivant revient, mutilé et blessé. En outre, il se serait prostitué et aurait tué, pas glop pour un curé !



L'auteur prend son temps pour nous dépeindre ses personnages : Emilio Sandoz, jeune et dévoué dans les favelas; le vieux couple Edward, toujours plein de verve et d'humour, Sofia Mendes, la jeune et belle carriériste, une "anorexique émotionnelle" chargé d'en apprendre plus sur le travail de Jimmy Quinn, un astronome...

De même pour l'univers qui nous est fourni par petites touches au coeur des dialogues. L'intelligence artificielle a fait son nid dans la société, Sofia est chargée de collecter les données des travailleurs pour pouvoir construire une IA qui prendra la place des humains, un boulot de nettoyeur à la mode futuriste. Les astéroïdes servent de mines à métaux. L'univers SF ne prend jamais le pas sur les personnages.

L'histoire se déroule en deux périodes : celle de la décennie 2010 et la rencontre entre les différents protagonistes, et les années 2060, avec le retour de la mission et de son mystère. Nous rencontrons alors John Candotti, chargé de prendre soin d'Emilio Sandoz revenu seul de Rakhat. Journalistes tournent pour avoir la primeur du premier témoignage.



La décision et le montage de l'expédition se déroule sans mal, ce qui peut faire lever les sourcils, mais quand Dieu envoie des signes à droite et à gauche que voulez vous, tout glisse comme sur des roulettes...

Toute la mise en place prend un bon tiers du roman mais c'est la partie que j'ai le plus apprécié. Les personnages ont une histoire et des personnalités fortes, leurs relations sont crédibles. La foi est relativement mise en doute par différents protagonistes.



Puis tout se gâte, la révélation mystique de l'un, la conversion des autres face à ce nouveau monde m'a vite lassé. D'un début de roman critique sur la foi, on nage ensuite dans les eaux plus troubles de la croyance comme certitude.

Et c'est long, très long. Alors que nous sommes enfin sur la découverte de la planète, le rythme est lent, les révélations peinent à venir, la crédibilité scientifique en prend pour son grade et certaines péripéties sont à la limite du grand guignol.

L'explication finale sera bâclée en quelques pages, alors que le lecteur attendait depuis le début son explication.



Du bon, du très bon, du moins bon, un roman qui aurait pu être parfait sans tout ce bazar religieux. Une allégorie sur la découverte des Amériques qui donne au final une vision de la volonté des premiers colons mais fait l'impasse sur le ressenti des indigènes. Les bourreaux n'étaient pas si bourreaux, quand aux victimes, si Dieu l'a voulu ainsi...



Une postface, Des jésuites dans l’espace, postface écrite pour le 20e anniversaire du Moineau de Dieu par Mary Doria Russell et une interview ponctue le livre. Des petits plus toujours apprécié à leurs justes valeurs.
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Le moineau de dieu

En Résumé : Le Moineau de Dieu est un roman qui malgré le fait qu’il ait eu du mal à complètement me captiver, la faute à quelques défauts dont j’ai eu du mal à passer outre, mérite d’être découvert pour les réflexions qu’il offre. En effet l’auteur nous offre un roman de premier contact qui ne laissera pas indifférent et s’avère très intéressant d’un point de vue anthropologique et linguistique. On sent clairement que de ce point de vue là Mary Doria Russell a voulu nous offrir quelque chose de soigné, de dense et d’efficace. Elle soulève aussi des réflexions prenantes et réussies sur la notion de Foi, la place de la religion dans la science, la morale, les différences sociales et culturelles, les incompréhensions liées au langage ou bien encore la notion d’observateur. Les personnages ne manquent pas non plus d’attrait, s’avérant travaillés et charismatiques et dont on suit les péripéties avec plaisir. J’ai par contre trouvé dommage que l’auteur les pousse parfois à faire des erreurs trop grossières pour faire avancer on récit, mais rien de non plus trop dérangeant. Là où j’ai eu du mal avec ce roman, c’est parfois son absence de logique et de cohérence, principalement dans les aspects scientifique, comme par exemple concernant le voyage dans l’espace ou encore l’étude de la compatibilité de la planète qui m’ont paru aberrantes. De plus j’ai du mal à imaginer, au 21 ème siècle, une expédition aussi mal gérée et préparée. Je ne dis pas qu’on enverrai une expédition parfaitement préparée, mais je pense qu’il y aurait un peu plus de protocoles que 7 personnes qui font ce qu’ils veulent sur une planète. La plume de l’auteur est simple, efficace et entraînante, construit le récit un peu comme un puzzle ce qui fait qu’on se laisse assez facilement captiver par les mystères liés à cette expédition. Une suite a été écrite, je ne sais pas s’il est prévu de la publie en VF, mais si c’est le cas je pense que je la lirai.





Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Le moineau de dieu

Voici un roman de science fiction avec tout ce qu'il faut pour en faire une réussite : des personnages bien campés, avec des profils riches et attrayants, une intrigue haletante et un suspens fort, une vision ethnologique des êtres de la planète visitée pleine d'idées originales et intelligente, un point de vue en science dure qui tient la route, une structure avec 3 périodes qui se chevauchent (avant leur départ en 2019, pendant l'expédition jusqu'en 2041 et après le retour de Sandoz sur terre en 2060) qui maintient la tension dramatique, et une écriture de qualité.

Mais, car il y a un "mais", J'ai quand même été agacé à la lecture de ce roman pour deux raisons. Ce livre a bien failli me tomber des mains à plusieurs reprises.

Tout d'abord, je sais bien que l'approfondissement du caractère des personnages pour qu'on puisse s'attacher à eux impose de les camper avec minutie et précision, mais avant que l'action ne commence, il faut avoir lu 200 pages sur les 500 du livre, c'est trop long, surtout à cause du deuxième point noir. le fait de choisir le cadre "jésuite" pour cadre de l'expédition d'exploration est franchement exaspérant. Autant du point de vue hard SF ou ethnologique le livre est une grande réussite, autant le point de vue théologique est un poids à la limite de l'insupportable. La Phrase "Deus vult" revient comme un leitmotiv et que ça soit la volonté de Dieu ou pas n'apporte rien à l'histoire, sinon un prétexte spirituel superflus et une lourdeur du propos. A force de vouloir intégrer trop d'ingrédients pour réussir sa recette, on fini par y mettre celui de trop.

Dans ce genre de littérature, je préfère me tourner vers la subtilité, la poésie et la justesse de Ursula le Guin.
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Le moineau de dieu

Le Mal est le sujet central de ce livre. le problème de sa co-existence avec un Dieu créateur bon et tout puissant est la douloureuse aporie à laquelle se heurte la foi.

Une expédition organisée et financée par la Compagnie de Jésus est envoyée vers une planète d'Alpha du Centaure dont proviennent des signaux radios faisant présumer de l'existence d'une vie intelligente.

L'expédition est un échec. Ses membres rencontrent le mal absolu et n'y survivent pas, à l'exception du Père Sandoz, l'un des jésuites membres de l'expédition, qui revient ravagé moralement et psychologiquement. L'histoire nous est racontée à travers deux récits entrecroisés, celui de l'expédition, très riche, où nous faisons la connaissance des membres de l'expédition, de leurs histoires personnelles entrecroisées, de leurs relations, et nous attachons à eux, et celui du retour de Sandoz sur Terre et de la relation qu'il fait de son aventure à ses supérieurs.

La révélation complète de ce qui s'est passé sur la planète, qu'on attend jusqu'à la toute fin du livre, est épouvantable, comme on a pu le pressentir dès le début.

Le Père Sandoz s'efforce jusqu'au bout de concilier son expérience et sa foi en un Dieu bon. La conclusion est ambiguë. En effet le Père Sandoz avait vu sa foi confortée, voyant dans les circonstances de la découverte la réalisation d'un plan de Dieu. Mais le rêve tournant au cauchemar, ou bien Dieu n'existe pas ou bien il a voulu lui donner un mauvais tour. Dans ce cas, Sandoz doit continuer à croire en lui. Quitte à le haïr ?

Je ne donne ici qu'un pâle reflet de la richesse du livre, à la fois sur le plan romanesque. ( C'est un excellent roman de science-fiction et un excellent roman tout court ; sa première édition a d'ailleurs eu lieu chez un éditeur mainstream, sans mention du genre) que métaphysique, où il atteint un niveau poussé.

Pour les fans de SF, ce n'est pas la première oeuvre de ce domaine où apparaissent des Jésuites. On peut citer au moins

- la très bonne nouvelle d'Arthur C. Clarke,"Le jésuite et l'étoile", dont la problématique est proche de celle du Moineau de Dieu

-le très mauvais roman de James Blish, Un cas de conscience, imprégné d'une vision caricaturale bien anglo-saxonne de l'Église catholique.

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Le moineau de dieu

Curieuse, curieuse lecture. Le quatrième de couverture était pourtant (je trouve) prometteur. Mais il ne tient pas ses promesses. Ou plutôt, il nous laisse attendre autre chose de cette lecture que ce gloubi-boulga religieux à la limite du prosélytisme...



Je ne vous assommerai pas avec un résumé, vous le trouverez en le cherchant sur Google. Mais il faut d'emblée préciser qu'il s'agit ici plus de religion-fiction que de science fiction...

L'histoire elle-même met bien 200-300 pages (version pocket en tout cas, pour un total de presque 800 pages) à vraiment démarrer. Avant, on nous brosse en long en large et en travers les circonstances capillotractées de la rencontre des divers protagonistes. Comme de par hasard, ils se connaissaient presque tous avant d'être envoyés dans l'espace.Ils sont tous, grosso-modo potes. Ou plutôt "amis", du style "amis pour la vie". Leurs relations ne fleurent pas forcément le naturel. Ils sont tous affublés de tics de langages digne de la plus caricaturale des mères maquerelles tout droit sortie d'un film des années 80 : "mon chou", "mon lapin", "mon amour" en voici en voilà, à toutes les sauces dès que l'un des gugusses s'adresse à un autre. C'est soit fatigant, soit limite vulgaire à la longue... Les traits d'humour tombent toujours à plat, d'ailleurs il est souvent précisé que c'est de l'humour... Signe que ça n'est pas drôle (sinon, pourquoi le préciser ?). Néanmoins, effectivement, si ça n'était pas signalé, on ne le remarquerait pas tellement la notion d'humour de l'auteur doit être diamétralement opposée à ce dont je suis habitué...



Donc tous ces gens biens sous tous rapports baignent dans la religion, même les athées, et s'embarquent pour une autre planète après avoir capté des chants venus de l'espace. Chants dont on n'entendra quasiment plus parler tout au long de l'histoire. Il en sera vaguement question dans les dernières pages, histoire de boucler l'histoire, mais ça fait quand même léger.

Ils sont tous agaçants, ils s'adorent tous, aiment passer du temps ensemble, faire des repas, s'inviter les uns les autres, bref, ils sont sans doute comme la famille américaine moyenne telle qu'on la voit dans des films/sitcoms (et conforme aussi aux rares spécimens que je connais personnellement) à ne pas savoir vivre détaché(s) des autres.

Pourtant on voit bien que l'auteur a voulu brosser des personnages dont les caractères diffèrent (Yarbrough, Robichaux...), mais elle ne parvient jamais à s'affranchir de son modèle. Son personnage typique est beau, intelligent, cultivé. Il aime ses semblables et il aime Dieu. Même s'il ne comprend pas vraiment ce que "Dieu" signifie pour lui/elle-même.



Au final l'idée qui sous-tend ce roman pourrait tenir en 2-3 lignes. Une délégation catholique part dans l'espace pour prendre contact (/évangéliser ? Même quand ils disent le contraire, je me permets d'en douter) les auteurs des chants captés de l'espace. Ils y arrivent. Tombent sur une planète abritant 2 espèces intelligentes. Voilà.

200-300 pages de mise en place des personnages. La vie sur place sera vaguement décrite un chapitre sur deux ensuite. L'autre chapitre sur deux sera consacré au procès/débriefing de la mission sur place par l'unique survivant auprès de sa hiérarchie jésuite.







Au final, pour un roman qui se veut de science-fiction, on parle beaucoup de Dieu, et relativement peu de la nouvelle planète et de ses habitants (en dehors des quelques pages entre la découverte des chants et le lancement de l'expédition).

Une lecture somme toute décevante, pour un livre que je ne recommanderai pas.

Lisez plutôt "les croisés du cosmos" de Poul Anderson, pour une histoire à peu près similaire, qui, bien que capillotractée, est beaucoup plus agréable, et qui assume sa quintessence.



Dans la petite interview disponible après l'histoire, il est stipulé que l'auteur a voulu décrire les contacts entre un nouveau peuple et notre civilisation, un peu comme lors de la découverte des Amériques. Ses personnages reproduisent alors toutes les erreurs qu'il aurait fallu éviter (déjà la première : ne pas ramener son Dieu avec soi pour le fourrer sous le nez des autres, ne pas se pointer avec sa technologie chez un peuple moins avancé technologiquement, ne pas ramener ses microbes avec soi sans savoir ce que ça va faire, ne pas modifier les habitudes de vie locale en important des façons de faire...).

Il est dit quelque part dans cette interview que de (vrais) astronomes et astrophysiciens ont nommé une planète du nom de Rakkat en honneur à ce livre... Je ne comprends pas pourquoi. Les romans de SF ne manquent pas, les bons romans de SF non plus, et il y a quelques oeuvres cultissimes où piocher de l'inspiration sans avoir à taper dans un livre d'une moyenneté assourdissante.
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Le moineau de dieu

Un signal musical venu d'ailleurs a été capté sur terre. Une mission scientifique est alors organisée pour partir dans la galaxie à la rencontre des extra-terrestres. Celle-ci est dirigée par Emilio Sandoz, prêtre et linguiste, qui seul survivra à l'expédition. A son retour sur terre, il devra mettre son âme à nu et répondre de ses crimes devant un tribunal religieux.



Tout ceci étant dit dans le résumé en quatrième de couverture, je ne dévoile donc rien de l'histoire. En fait, rien de bien intéressant à rajouter. J'aurais voulu en savoir davantage sur ces « extra-terrestres musiciens », mais, bien qu'il s'agisse d'une mission scientifique, le côté musical n'a pas été creusé, pas plus que le côté linguistique d'ailleurs. Et j'ai trouvé les habitants de Rakhat plutôt « ordinaires » dans leur apparence et leur mode de vie, et peu curieux ou intrigués par ces quelques terriens débarqués parmi eux.



Bref, un long voyage inter-galactique de plus de 500 pages assez décevant.
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Le moineau de dieu

ActuSF nous propose la réédition d’un roman mêlant la religion et le space opera (enfin, peut-être surtout le planet opera), avec le récit d’une expédition partant découvrir une nouvelle planète. Des sons en ont en effet été captés, et il s’agit en fait de chants. Tandis que les Etats s’interrogent sur les moyens à mettre en oeuvre, les jésuites prennent tout le monde de vitesse et lancent leur propre vaisseau spatial !



Le récit alterne deux périodes. Le présent de l’histoire, tandis que le père Emilio Sandoz, seul survivant de l’expédition, mutilé, brisé psychologiquement, lâche à regret des informations fragmentaires quant au désastre qui le voit accusé de prostitution et de meurtre. Le passé, avec le long récit de la mise en place de la mission, l’histoire des différents membres, leur préparation et leur choix de quitter la Terre, sachant qu’ils perdront toute famille et amis à cause du voyage et de la relativité.



Un long début, au rythme assez lent, et avec de nombreux détails sur l’équipe hétéroclite qui va se constituer peu à peu et se retrouver à bord du vaisseau. Les personnages sont assez attachants, même si certaines scènes sont quand même assez gentillettes et si les choses s’arrangent un peu trop facilement.



L’arrivée sur la planète d’où les chants sont émis amène peu à peu les problèmes liés à l’incompréhension culturelle, puis la confrontation finale à la barbarie et à la cruauté (selon le point de vue humain) qui peuvent en découler. Comment dans ce cas ne pas remettre en cause sa foi ? C’est l’épreuve que subit le père Sandoz, traumatisé physiquement et psychologiquement, dont le récit, allant crescendo, sera dévoilé lors d’entretiens laborieux avec ses pairs, impatients de comprendre ce qui s’est finalement passé et si le prêtre est réellement coupable des maux dont il s’accuse.



J’ai trouvé que le récit souffrait parfois de longueurs, et d’un esprit trop bon enfant dans la première moitié. Heureusement, la suite est plus intéressante, les concepts évoqués également, ce qui fait que la lecture de l’histoire est au final satisfaisante. Bien sûr, les révélations finales, même si elles sont partiellement devinables, contribuent au choc et à la compréhension des réactions du héros malheureux de l’histoire.
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Le moineau de dieu

J’ai longtemps apprécié ce roman, mais il aura vraiment fallu attendre la toute fin pour que je le trouve génial. Il commence comme un banal roman de Hard SF, si ce n’est que le personnage principal est un jésuite, avec la découverte d'une civilisation extraterrestre et l'envoie d'une expédition vers leur planète (dans le système Alpha du Centaure, comme d’habitude). Les descriptions techniques sont riches dans tous les domaines (physique, astronomie, linguistique, botanique, sociologique...) ce qui a facilité mon immersion (c’est pour ça que j’apprécie la Hard SF).

Seulement, l’expédition a échoué et seul un membre, Emilio Sandoz, en a réchappé. Les circonstances de cet échec vont être dévoilées tout au long du roman selon deux axes : on suit à la fois Emilio au présent, à son retour de l’expédition, traumatisé physiquement et psychologiquement par ce qu’il a vécu sur cette planète, et à la fois au passé, lors de la découverte de l’existence des extraterrestre et la préparation de l’expédition. Cette narration met en évidence deux aspects distincts dans ce livre: une dimension SF et une dimension psychologique. Ces deux aspects sont d’abord assez clairement séparés : la science et la technique occupent une grande partie des chapitres antérieures aux événements, tandis que les chapitres actuels insistent sur le traumatisme vécu par Emilio. Puis les deux narrations se mélangent progressivement tandis que le roman s'enrichit de questionnements psychologiques, interroge sur le sens de la foi, sur le traumatisme, sur la résilience, sur la rédemption et le pardon pour atteindre son paroxysme dans le dernier chapitre. Ces thèmes pas souvent abordées dans des romans de science-fiction en font un roman très original.

La composition de l’expédition complètement hétéroclite est une autre originalité bienvenu. Les personnages sont très attachants, très variés et très humains sans tomber dans le cliché. Le seul personnage qui m’a un peu déçu est celui de Jimmy Quinn, qui ne me semble pas faire partie de l'histoire mais plutôt d'apparaître selon les besoins du roman.

Rétrospectivement, je dirais que le début est trop long et trop lent, ce qui aurait pu me décourager, mais peut-être est-ce nécessaire pour apprécier pleinement la suite. Car le voyage est long, mais il en vaut la peine.

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Le moineau de dieu

En 1492 a eu lieu le premier contact entre les Indiens d'Amérique et les colons européens. Un événement historique qui a été analysé, digéré et jugé avec un regard moderne pas toujours approprié car hors-contexte. Les colons européens ont été critiqués pour avoir eu des comportements immoraux ne correspondant pas à nos critères actuels – et je suis d'accord : bien des souffrances auraient pu être épargnées si nos ancêtres avaient fait preuve de plus de jugeote.

Mais la question à laquelle tente de répondre Mary Doria Russell est : peut-on réellement les condamner ? Si nous avions été à leur place et si nous avions été propulsés dans un environnement inconnu presque sans espoir de retour, aurions-nous fait mieux ? La bonne volonté et l'ouverture d'esprit suffisent-elles à assurer de bonnes relations de voisinage ?

La dame est tranchante sur le sujet : non, ça ne suffit pas. Dès le premier chapitre, elle nous présente un protagoniste défait, affaibli et profondément blessé. Aussi bien physiquement que mentalement. Un seul survivant, plus aucune nouvelle des autres. Et de terribles rumeurs dues aux derniers rapports : les relations avec les extraterrestres sont affreusement tendues, et Emilio Sandoz, prêtre jésuite de son état, se serait prostitué et aurait tué une enfant lorsqu'il était sur la planète Rakhat… Il convient de faire la lumière sur cette affaire, ne serait-ce que pour laver l'honneur de la Compagnie de Jésus. Ce sont donc John Candotti et Edward Behr, prêtres jésuites de leur état, qui seront mandés afin de faire passer Sandoz aux aveux.



La narration s'effectue sur deux temporalités :

- Une en 2015-2019, dans laquelle les personnages de la mission se rencontrent, sympathisent, captent le signal extraterrestre et décident de partir rencontrer ces autres enfants de Dieu ;

- Une en 2059-2060, dans laquelle Emilio revient ravagé, sa réputation défaite, son corps et son esprit brisés.

La plus abondante est la première : Mary Doria Russell a à coeur de ciseler chaque détail de ses protagonistes et de leurs relations. Sur plus de deux cents pages, il ne sera pratiquement pas question d'espace et d'extraterrestre, mais de rencontre, d'amitié, de religion et d'amours contrariées. C'était très intéressant, mais un peu long : comme si elle essorait ses personnages afin d'en faire ressortir toute l'humanité. Et à les rendre trop attachants, on finit par ne plus y croire. Tout est trop parfait, trop fusionnel.



Ne vous y trompez pas : j'ai adoré le début. Il aurait peut-être juste fallu en retrancher un peu et dé-idéaliser Anne, Georges et Emilio – qui semblent être totalement étrangers à l'égoïsme, l'emportement et la haine. Par ailleurs, Emilio (le protagoniste) fleurait bon le fantasme : c'est un sex symbol plein de charisme, de douceur, d'empathie, accroché à des idéaux contre-nature, mais beaux (ou bien beaux car contre-nature), viril quand il le faut, sensible quand il le faut.

Anne et Georges ont la relation de couple la plus équilibrée que j'ai jamais rencontrée dans la littérature. Basée sur l'empathie, le partage, la communication et l'humour, ils peuvent tout se dire, car en plus d'être mari et femme, ils sont aussi meilleurs amis.

Jimmy, en comparaison, est quelqu'un de plus abordable. Trop grand, trop candide, trop dépendant de sa mère, il a bon coeur mais est loin d'être un canon de beauté. Il est la raison pour laquelle tout ce petit monde sera appelé dans l'espace : travaillant à la SETI (Search for ExtraTerrestre Intelligence), c'est lui qui entendra le chant et décidera d'impliquer ses meilleurs amis.

Par le plus grand des hasards (hum hum), ceux-ci ont toutes les compétences nécessaires à ce genre de mission : Emilio est un linguiste polyglotte d'exception, Anne est anthropologue, George est bricoleur touche-à-tout-bénévole-à-la-SETI-depuis-sa-retraite, et Sofia a un esprit d'analyse, de synthèse et d'adaptation hors normes.

Je ne vous ai pas encore parlé de Sofia Mendes. C'est la cinquième (roue du carrosse ?) membre du groupe. Intégrée tardivement à ce dernier, elle est le love interest de presque tous les hommes (tout comme Emilio est le love interest de presque toutes les femmes). Et tout comme Emilio, elle n'est absolument pas disponible, non pas pour des raisons d'engagement religieux, mais pour des raisons émotionnelles. D'un abord froid, presque inhumain, si concentrée sur son travail qu'elle ressemble à un robot, c'est l'histoire de son passé qui nous la rend attachante. Elle en a bavé, croyez-moi.

Mais bien sûr, au contact de ce groupe si hétéroclite et bienveillant, elle ne pourra que baisser ses barrières.



En fin de compte, c'est la temporalité de 2059 que j'ai trouvé plus intéressante. Un peu plus oppressante et un peu moins feel good, elle laisse planer un épais mystère : qu'est-ce qui a foiré ? Comment ces gens-là, si attachants, si touchants, ont pu commettre des crimes ? Qu'est-ce qu'Emilio a subi pour revenir avec de telles blessures et de tels traumatismes ?

Le seul défaut que je trouve à cette timeline, c'est Sandoz lui-même. Le bougre devenait franchement irritant à répéter : « Vous ne pouvez pas comprendre ce que j'ai enduré. — Non on ne peut pas comprendre, c'est pour ça qu'il faut que vous nous expliquiez. — Non, je ne veux pas en parler parce que j'ai trop souffert. — Emilio, il FAUT que vous vous justifiiez, vous allez être trainé en justice ! — Je m'en fiche, personne ne peut me comprendre ! »

Ce genre de scène n'est clairement pas choquant quand elle concerne une personne traumatisée, mais elles reviennent tellement souvent que je me suis surprise à soupirer en attendant que ça avance.



Au-delà de ces quelques défauts, l'écriture est précise et riche. Scrutant les détails afin de nous rendre un maximum d'émotion. Et Mary Doria Russell aborde des thématiques qui me fascinent :

- La religion : étant issue d'une famille très catholique et ayant moi-même embrassé l'athéisme, je me sens toujours très concernée par le sujet. Pendant la majeure partie du roman, j'étais dérangée par le discours légèrement pro-chrétien : Sandoz a souvent le dernier mot, et même les personnages agnostiques semblent se laisser tenter par le réconfort de la croyance. Cependant, la timeline de 2060 contrebalance cette tendance. ;

- Dieu : c'est un thème que je séparerais de la religion, surtout dans ce roman. Les personnages s'ébahissent que tout leur soit si facile, s'étonnent que les astres s'alignent pour leur permettre d'accomplir leur mission. Est-ce la volonté divine ? Pour Sandoz, oui : Dieu se cache dans les petits hasards du quotidien. ;

- L'amour contrarié : là aussi, très concernée par la question, moi qui suis si fleur bleue ! L'auteure a intégré une profonde réflexion sur le sujet du désir et de son renoncement (qu'elle a entremêlé avec la religion, évidemment). Comment gère-t-on la tentation après quarante ans de mariage ? Après un serment de chasteté ? Quand les personnes de l'autre sexe ne sont pas intéressées ? Une thématique riche et ouverte, très liée à la suivante ;

- L'engagement : est-il toujours bon de suivre des voeux qu'on a fait il y a plusieurs décennies ? Que ce soit pour le mariage ou la prêtrise, est-il naturel, est-il SAIN de s'engager en toute bonne foi sur le restant de son existence ; sachant que le changement fait partie intégrante du vivant ? Je n'ai pas pu m'empêcher de relever quelques passages que j'ai trouvées très pertinents ;

- Le destin : à rejoindre avec le thème de Dieu. Les personnages s'interrogent énormément sur le sens de leurs actes, leurs libre-arbitre et la volonté de leur Créateur. Était-ils prédestinés à aller sur Rakhat ? Ont-ils été façonnés par une puissance supérieure, ou leurs compétences sont-elles bien les fruits de leur travail et de leurs choix ?





Non, le point fort de l'histoire n'est pas l'exotisme : ce sont les relations « humaines ». Je me répète, mais Mary Doria Russell fait la part belle à ses personnages, leur laisse toute la place de croître, de s'étoffer, d'approfondir leurs liens. Ici, la technologie future est à peine évoquée (tout juste voit-on apparaître quelques « bloc-notes électroniques » – l'équivalent des tablettes, je suppose). Amateurs de hard SF, passez votre chemin !



En conclusion, j'ai passé un très bon moment en lisant le Moineau de Dieu, malgré un passage un peu longuet à la fin du premier tiers. Des personnages riches, creusés, une écriture fluide et précise, et des thématiques fascinantes ont stimulé mon engouement. L'intrigue est un peu longue à démarrer, mais la seconde moitié du roman est tout simplement fascinante et se finit dans une apothéose qui m'a coupée le souffle et laissée brûlante d'émotion. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu ce sentiment de ne pas pouvoir décrocher de mon livre et de me sentir vaseuse une fois refermé.
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Le moineau de dieu

Cela fait un peu plus de deux semaines que j'ai fini ce livre et je n'ai toujours pas écrit ma chronique. Il faut dire que ce roman ne m'a pas enthousiasmé plus que ça, ce qui ne motive pas vraiment.



Pourtant, tout commençait bien, le pitch était accrocheur : Emilio Sanchez un linguiste jésuite est l'un des membres de LA mission spatiale qui doit permettre de rencontrer pour la première fois une espèce intelligente extra-terrestre. Malheureusement, il revient seul de ce voyage, dans un état déplorable, décharné, affamé, les mains atrocement mutilées. Un malheur n'arrivant jamais seul, il est de plus accusé à son retour sur Terre de meurtre et de prostitution...



Dans une première partie, nous assistons en parallèle à la réception du message extra-terrestre, aux préparatifs du voyage et aux premieres explications du jésuite sur son voyage. Cette alternance permet de découvrir tous les protagonistes, leurs antagonismes et de se projeter dans l'horreur qu'a vécu Emilio. Malgré quelques longueurs, quelques lenteurs cette première moitié est la plus intéressante à mes yeux, celle qui ouvre les portes à l'imagination, qui interpelle et qui donne envie de connaître la suite...



Cela se complique par la suite, l'arrivée dans le système planétaire, la découverte de la planète et la rencontre avec les habitants... et là il faut laisser une grande partie de son incrédulité au placard. De nombreuses invraisemblances, des facilités de narration font que je ne suis pas arrivé à m'identifier ou à me fondre dans le décor. J'ai perdu le fil de l'histoire, je n'y crois plus et à partir de ce moment j'ai lâché l'affaire et lu les dernières pages en diagonale.



Que reste t-il de ce roman ?

La difficulté de communication entre deux espèces totalement différentes l'une de l'autre, cela me rappelle les problèmes de langage qu'évoquait China Mieville dans Légationville.

Et surtout une immense réflexion sur l'(in)existence de Dieu, où les arguments des croyants, agnostiques et athées s'entrecroisent le long des six cents pages. Immense réflexion qui parfois tourne en une litanie sur la foi, un peu usante sur la longueur.



Pour conclure, Le moineau de Dieu n'est pas un livre pour moi, un peu trop porté sur le questionnement d'un hypothétique Dieu et sur la foi qui s'y rattache. Il pourra plaire à certains et je sais que certains de mes blogopotes l'ont dans leur PAL... j'attends avec impatience leur retour.




Lien : https://les-lectures-du-maki..
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Le moineau de dieu

Une savante construction avec l'alternance de deux récits, l'un qui suit le cours du temps et l'autre qui le remonte. Quelques belles pages mais j'ai trouvé le rythme du livre trop lent à mon goût.
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Le moineau de dieu

On démarre doucement, sans trop savoir où l'on va et même si on va continuer, mais on s'obstine et puis on est pris dans une spirale qui devient passionnante avant de plonger vers la fin, comme il se doit, quand tout est dit, tout est révélé, dans l'horreur à l'état pur, la déréliction ultime. Je n'ai que rarement ressenti un tel sentiment à la lecture d'un livre. Un livre pour ceux qui aiment les sensations fortes. J'ai adoré !
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